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Reflexion autour du Kubaho et Kubana, Gutunga et Gutunganirwa à travers l'action psychotherapeutique

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par Simon NSABIYEZE
Université Nationale du Rwanda - Maitrise 2008
  

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ABSTRACT

Fifteen years after genocide, post traumatic suffering in Rwanda is becoming more complex and chronic requiring contextualised multimodal treatment protocols.

The research was conducted in order to explore what can contribute in the healing process from the Rwandan culture and or other man made actions without intentional psychotherapeutic effect or clinical endpoints. We wanted also to think about the content of what can be an effective healing modal.

Having gone through what made sense contained in Kubaho and Kubana, Gutunga and Gutunganirwa, the research observed that although the traumatic event has made considerable damages, cultural values are still valid and full of potentialities that can contribute in the rehabilitation of the Rwandan society and individuals.

There are some initiatives that are well contributing to the effective healing of post traumatic sufferings. The research analysed them and recommended a multimodal approach that stresses on individual and community rehabilitation. This approach should include psychotherapy and pharmacotherapy, physical, social, legal and other interventions to rehabilitate the sufferer and reintegrate him in the active life of his society.

Chapitre 1. INTRODUCTION GENERALE 1.1. Introduction et mise en perspective

Les événements traumatiques que traversent les groupes, les civilisations, les peuples et les cultures façonnent leur destinée et influencent le type de désordres psychiques que présentent les populations touchées par de telles catastrophes. Le Rwanda a connu le génocide qui a pratiquement tout endommagé, qui a détruit le matériel et l'immatériel, les vies humaines et surtout le tissu social. Le génocide a détruit l'homme au sens biologique et s'est attaqué à ce qui fait l'humain au-dessus du biologique; qui pourtant était le pilier de l'existence. La construction que la société avait faite de l'homme a été démolie.

En ces moments de l'après génocide, nous assistons à des souffrances traumatiques consécutives au vécu de beaucoup de Rwandais durant la guerre, le génocide et les massacres de 1994. Ces souffrances sont si complexes et diversifiées qu'elles méritent d'être étudiées dans leurs divers facettes et contextes. Des propositions et dispositifs de prise en charge ont été mis en place, les uns fonctionnent bien mais d'autres semblent peu efficaces. Des raisons de cet état de choses sont multiples. L'impuissance et des fois les frustrations des professionnels face à une problématique croissante des troubles psychotraumatiques au Rwanda les poussent à penser à de nouveaux dispositifs de prise en charge de ces troubles.

D'aucuns avancent que les lacunes des dispositifs existant sont liées à la

complexification et à la chronicité des troubles ; d'autres pensent qu'elles seraient liées à la non contextualisation des thérapies occidentales importées et utilisées telles quelles dans des contextes fort différents. Il y a aussi ceux qui affirment que les psychothérapies à elles seules ne suffiraient pas dans le traitement des troubles qui dépassent de loin la sphère psychique. Et ces derniers croient en la nécessité d'un dispositif dépassant la réhabilitation psychologique, mais touchant toutes les sphères de l'humain au sens large.

Le traumatisme psychique, l'une des pathologies mentales issues du carnage de génocide, est une véritable maladie du non sens et de la rupture des liens comme l'a bien écrit N. Munyandamutsa.

Selon ce dernier, il s'agit de « ..., la rupture brutale avec les valeurs intrinsèques, la fracture dans l'histoire de l'éprouvé traumatique, la sidération de la parole et enfin l'intrusion du non sens dans l'univers psychique de la victime de violences humaines ou plutôt inhumaines » (2001, p9).

Pourtant, ces deux notions de « lien » et de « sens », quoique peu explorées dans nos dispositifs de prise en charge, constituent la base de la « philosophie rwandaise de l'être » et de la santé mentale des Rwandais comme l'ont souligné bien d'auteurs rwandais. [BIGIRUMWAMI, A, (1974,1983), MUNYANDAMUTSA, N. 2001, MANIRAGABA, B. (1985, 1987), KAGAME, A. (1956,1976)].

Nous expliquant l'importance de la notion de « lien », un sage nous avait parlé de la métaphore des maillons d'une chaine qui, pour être qualifiée en bon état; les maillons doivent être biens connectés, bien graissés et les engrenages en leur place chacun pour que la chaine tourne. Avec la destruction de la culture et le tissu social qu'a connu le Rwanda, l'état de la santé mentale qui en résulte devait être « on ne peut plus pire ! ». Des liens qui fondent la santé mentale des rwandais dépassent de loin ces liens interindividuels et incluent les liens intergénérationnels.

Concernant la question du « sens » pour les Rwandais, MANIRAGABA (1987, p.58), dans une dissertation sur l'idéal d'existence, de bien-être intégral que poursuit tout Rwandais, parle de quatre concepts qui déterminent le sens de l'existence pour les Rwandais. Il s'agit de Kubaho (exister,vivre) et Kubana (vivre avec et parmi), Gutunga(posséder) et Gutunganirwa (vivre heureux, tranquille en paix, dans la prospérité).Ces quatre concepts sont réduits à trois par le langage populaire, à travers les formules de voeux de bonheur par exemple, où on se souhaite Kubaho, Gutunga et Gutunganirwa. Celui de Kubyara et Guheka étant sous-entendu dans le premier Kubaho, car on existe à partir du moment où on a eu des enfants pour pouvoir transmettre la vie.

Après la recherche effectuée à la fin de la Licence sur la part de la culture rwandaise dans la compréhension et la prise en charge des psychotraumatismes (NSABIYEZE, 2004), nous voulons affiner notre réflexion sur la question du sens, et nous attarder aux quatre concepts qui résument la philosophie rwandaise de l'être et par là les piliers de la santé mentale.

1.2. Questions, objectifs et hypothèses de la recherche

Le questionnement sur le traumatisme et sa prise en charge qui nous a occupé depuis un temps déjà nous a amené à répondre à certaines des questions ou à affiner notre questionnement. A travers cette étude, nous tentons de répondre à ces trois questions :

· La quadrilogie « Kubaho et Kubana, gutunga et gutunganirwa » reste-elle encore actuellement la pierre angulaire d'une vie qui a un sens au Rwanda ?

· Existent-ils des interventions, non classiquement psychothérapeutiques par essence et par intention, qui ont un effet thérapeutique sur les psychotraumatismes au Rwanda ?

· Quel peut être le contenu d'une intervention holistique de prise en charge des psychotraumatismes qui serait adapté au Rwanda ?

Nous avons entrepris cette recherche, au départ sans contraintes et rigueur académiques comme amateur pour nous fournir un cadre théorique d'exercice professionnel. Avec le temps et notre inscription au programme de maitrise, et la participation à des conférences qui avaient discuté des approches de prise en charge du traumatisme, les trois objectifs de recherche, correspondant à nos préoccupations majeurs suivantes se sont dégagées :

· Montrer en quoi la conception du sens de la vie et la réhabilitation de ce qui donne sens à la vie sont des clés d'une approche contextualisée de prise en charge des psychotraumatismes,

· Explorer le potentiel thérapeutique des interventions diversifiées qui s'opèrent autour du patient,

· Proposer le contenu d'une intervention dite intégrale de prise en charge multimodale des psychotraumatismes au Rwanda.

A ce questionnement qui traversera la présente recherche, nous émettons des hypothèses que le travail, comme réponses provisoires, que le travail tentera de confirmer, infirmer, élargir ou clarifier. Les deux hypothèses sont libérées comme suit :

· « Les valeurs culturelles de base qui donnaient sens à la vie des Rwandais sont encore valables actuellement malgré les dégâts causés par les événements traumatiques »,

· « L'efficacité et la pertinence des modèles de traitement des psychotraumatismes dépendent de la prise en compte de ce qui donne du sens à la vie à travers un dispositif multimodal incluant des aspects de réhabilitation individuel et communautaire ».

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein