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Études empiriques
Toutes les études effectuées sur un panel de
pays telles que les études de B. Eichengreen et de R. Portes (1986),
Elbadawi et al. (1996), Patillo et al. (2004), Clemens et al. (2003), ont
toutes constaté que l'endettement excessif a un effet négatif sur
le taux de croissance. Les travaux de Barry, E. et de Portes, R. (1986) se sont
intéressés à l'identification des déterminants du
stock de la dette d'une trentaine de pays à un moment donné de
leur économie. Ils ont abouti à la conclusion selon laquelle
l'endettement excessif et le défaut de paiement tendent à
réduire le taux de croissance réelle et la
crédibilité de l'Etat. Elbadawi et al. (1996) ont confirmé
l'effet du surendettement sur la croissance économique au niveau de 99
pays en voie de développement et ont tenté d'identifier le canal
par lequel l'endettement agit négativement sur la croissance. Pour cela,
ils ont identifié trois canaux de transmission des impacts de la dette
sur la croissance. Il s'agit de l'effet de la dette sur la croissance, l'effet
de la dette sur la liquidité en raison de la ponction due sur le service
de la dette et enfin l'effet de la dette (de manière indirecte) sur les
dépenses du secteur public et des déficits. L'étude a
conclu que c'est l'accumulation de la dette qui a un impact négatif sur
la croissance.
Hansen (2001), quant à lui, tient compte des
spécificités de financement des pays pauvres en analysant
l'impact de l'interaction entre l'aide au développement et la dette
extérieure sur la croissance de 54 pays en développement en
mettant en évidence l'existence d'une courbe de Laffer de l'aide.
D'après lui, cet impact négatif de la dette serait assez
important dans les pays dépendant fortement de l'aide
extérieure.
Yapo (2001) trouve dans une étude empirique que le taux
de croissance du PIB évolue dans le sens contraire de l'endettement en
Côte d'ivoire. Donc, un taux de croissance économique assez
élevé réduit les opportunités d'endettement ; ce
qui l'amène à la conclusion selon laquelle les performances
macro-économiques ont tendance à limiter dans une certaine
proportion les contraintes liées aux besoins en capitaux
extérieurs. Quant à Clemens et al. (2003), ils ont estimé
un modèle de croissance en retenant l'hypothèse du fardeau
virtuel de la dette. Ils aboutissent à la conclusion selon laquelle, une
diminution de 6 points du service de la dette en pourcentage du PIB va
accroître le taux d'investissement de 0.75 à 1 point et la
croissance de 2 points. Par ailleurs, ils estiment que si la moitié du
service de la dette est annulée sans hausse du déficit
budgétaire, la croissance augmenterait dans quelques PPTE de 0.5 point
par an. Idlemounden et Raffinot (2005) pensent que la dette extérieure
constitue un fardeau pour une économie. Ils disent que le paiement du
service de la dette tend à évincer les dépenses publiques
menant à une baisse de l'investissement global et son poids futur
décrit par l'encours influerait sur les incitations des agents
économiques privés via l'accroissement de la pression fiscale.
Ensuite, cet effet selon les auteurs, ne va se manifester qu'à partir
d'un certain niveau justifiant ainsi l'annulation partielle de la dette lorsque
ce seuil est dépassé.
Dans une étude complémentaire de 2002, Patillo
et al ont appliqué un modèle de comptabilisation de la croissance
à un groupe de 61 pays en développement et ont constaté
que le doublement du niveau moyen de leur dette extérieure réduit
de près d'un point la croissance tant du capital physique par habitant
que de la productivité totale des facteurs. Partis de la courbe de
LIFFER, leur étude leur a permis de prouver que la dette aurait une
relation en forme de courbe en U inversée avec la croissance. Les
résultats obtenus confirment la thèse du surendettement car ils
trouvent qu'au-delà de 160-170% du ratio de la dette sur les
exportations et 35-40% de la dette sur le PIB en valeur nominale, la dette rend
négative la croissance. S'agissant des études spécifiques
menées au niveau des pays, les avis sont partagés. Pour
Borensztein (1990), le service de la dette est un déterminant essentiel
qui influence négativement l'endettement extérieur aux
Philippines. Il a conclu que l'encours et le ratio du service de la dette sur
exportations ont globalement un effet inverse sur la formation du capital
privé et incitent l'endettement du pays. En analysant le problème
d'endettement de l'Ouganda, Barungi et al. (2000) ont identifié les
problèmes liés à un endettement ainsi que ses implications
sur l'économie du pays. Leur principale préoccupation
étant de savoir si l'économie peut atteindre un taux de
croissance de 5% tout en maintenant un investissement intérieur
adéquat vu la forte dépendance du pays vis-à-vis des
capitaux étrangers. Cette inquiétude se justifie par le fait
qu'une large portion de la dette de ce pays n'est pas éligible au
rééchelonnement. Pour Uzochukwu (2005), l'accroissement des
indicateurs de la dette extérieure notamment le ratio du service de la
dette et celui de l'encours sur exportations constituent la principale cause de
la lenteur de la croissance au Nigeria. Par contre, Wejeweera et al (2005) ont
mis en évidence le lien entre la croissance économique et
l'endettement au Sri Lanka durant la période 1952 -2002 et ont abouti
à des résultats contraires. Ils indiquent que le pays n'a pas un
problème de surendettement et que l'endettement n'est pas le principal
obstacle à la croissance, parce que probablement le stock de la dette
totale n'est pas trop élevé. L'étude de Desta (2005) a
également abouti à la conclusion selon laquelle ce n'est pas le
paiement du service de la dette qui constitue un frein à la croissance
mais plutôt, le taux de change effectif réel et l'inflation. Ces
contradictions peuvent provenir soit de la variabilité des
méthodes utilisées par les économistes
spécialistes, soit des particularités des pays
étudiés.
Toutes ces études nous montrent que la dette
extérieure n'a pas été bénéfique au
développement économique des pays en voie de développement
plus particulièrement ceux de l'Afrique au Sud du Sahara.
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