1-2-2-3 Efficacité de la
dette extérieure
Contrairement aux idées développées,
certains économistes s'interrogent plutôt sur la capacité
du financement extérieur à développer un pays (puisque si
un pays s'endette, c'est nécessairement pour concrétiser ses
projets de développement). Autrement dire, ils se demandent si le
financement extérieur entraîne un effet de levier ou de massue
pour un pays. Aujourd'hui, cette question est loin de faire l'unanimité
chez les économistes. En effet, le débat historique qui a
opposé les partisans d'un financement extérieur enrichissant et
d'un financement extérieur appauvrissant a pris dans les années
80, une dimension nouvelle.
Pour les uns, notamment les radicaux, le financement
extérieur ne peut être qu'appauvrissant pour l'économie
réceptrice puisqu'il n'est rien d'autre qu'une manifestation nouvelle de
l'impérialisme au stade suprême du capitalisme en
développement dans un état de perpétuel asservissement.
Pour les libéraux, le financement extérieur est la manifestation
de l'esprit de solidarité des pays dits développés qui
mettent généreusement à la disposition des pays en
développement des capitaux pouvant leur permettre de combler à la
fois leur déficit d'épargne et de développement, et de les
hisser ainsi sur la voie royale de la croissance économique et du
développement.
Entre les deux idées diamétralement
opposées, un courant intermédiaire établit une relation
empirique entre le financement extérieur, l'épargne nationale et
la croissance économique. Les relations économétriques
testées montrent que dans bon nombre de PVD, le financement
extérieur peut être considéré comme nuisible
à la croissance et au développement dès lors qu'il exerce
une influence négative sur le taux d'épargne et développe
au niveau des populations du Sud une propension élevée à
la mendicité et à l'assistance internationale.
Toujours est-il que les PED ont besoin de
financement pour assurer leurs investissements. Depuis les
indépendances, il est noté que l'épargne nationale est
faible dans ces pays alors contraints de recourir aux emprunts
extérieurs. Ainsi, le problème de l'endettement surtout pour les
PVD peut plutôt se poser en termes de capacité d'endettement.
1-2-2-4 Les effets du
surendettement extérieur sur l'économie
Il est important de signaler que le niveau tolérable et
raisonnable de la dette extérieure est voué à avoir des
effets positifs sur la croissance comme dit ci haut ; par contre, il est
pratiquement visible qu'un niveau très élevé du stock de
la dette conduit nécessairement à baisser la croissance. Donc,
l'accumulation par un pays d'une dette très élevée risque
de le mettre dans une situation où il ne pourra plus être capable
de rembourser les emprunts passés, ce qui aura un effet dissuasif sur
les créanciers et les investisseurs potentiels. Alors, si les
coûts élevés des taxes du service de la dette ne sont pas
internisés, cela peut provoquer une baisse de croissance avec la fuite
des capitaux (KRUGMAN (1989)). Cette thèse est connue sous le nom de la
théorie du surendettement ou la thèse du fardeau virtuel de la
dette ou encore Debt overhang. En effet, si le niveau de la dette d'un pays
peut vraisemblablement dépasser la capacité de son remboursement,
le service prochain de la dette va être une fonction croissante du niveau
de production de ce pays. Par conséquent, le taux de rendement
d'investissement intérieur va faire face à une taxe
élevée marginale par les créanciers étrangers, et
les nouveaux investissements nationaux et étrangers vont être
découragés ainsi que la croissance économique. Par
ailleurs, le surendettement ralentit la croissance en haussant l'incertitude
des investisseurs quant aux moyens auxquels le gouvernement peut recourir pour
acquitter les cours des obligations du service de la dette. Si le volume de la
dette extérieure augmente, les investisseurs peuvent craindre que le
gouvernement ne finance les obligations du service de la dette par des mesures
génératrices des distorsions par exemple en accroissant
rapidement la masse monétaire (cause directe de l'inflation). Ainsi,
dans cette situation, les investisseurs privés peuvent craindre d'y
venir, et s'ils investissent, il y a de forte chance pour qu'ils retiennent des
projets qui offrent un rendement rapide et non des projets de longue
échéance pouvant accroître la croissance durable. Encore,
cette situation peut rendre le gouvernement moins enclin à
procéder à des réformes structurelles et fiscales
importantes s'il s'attend à ce que ces dernières vont profiter
aux créanciers étrangers (CLEMENTS et AL (2003)). Et pourtant ces
reformes peuvent affermir la croissance économique du pays et la
situation des finances publiques car si sa situation financière
s'améliore, il est inévitable que ces créanciers
extérieurs le poussent à payer ce qu'il leur doit. Cette
théorie de debt overhang peut également avoir plusieurs
implications puisque le comportement des agents économiques va
être guidé par une anticipation à la hausse des
impôts. De plus, un niveau élevé de la dette
extérieure peut aussi entraver l'épargne et l'investissement. A
son tour, la grande corrélation entre l'épargne et
l'investissement, l'accumulation du capital humain et la croissance
suggère qu'une charge élevée de la dette extérieure
peut contraindre de façon drastique le taux de croissance et limiter les
améliorations des niveaux de vie. Du moins, la théorie
suggère pour des raisons évoquées ci haut que les emprunts
extérieurs, au-delà d'un certain seuil ont des effets pervers sur
la croissance économique. Cela signifie que les emprunts
supplémentaires vont décroître la probabilité de
remboursement. Par conséquent, si le pays commence à avoir du mal
à obtenir des prêts, il va lui devenir plus difficile d'accumuler
du capital, ce qui revient à ralentir la croissance. Ainsi, la relation
entre la valeur faciale de la dette et l'investissement peut-être
représentée par une sorte de courbe de Laffer de la dette.
Enfin, le service de la dette comprenant les
intérêts et les amortissements, peut potentiellement affecter la
croissance en évinçant l'investissement privé ou
altérant la composition des dépenses publiques. Ceteris paribu,
un service élevé de la dette peut accroître les
déficits budgétaires réduisant ainsi l'épargne
publique; peut aussi élever le taux d'intérêt ou même
évincer le crédit disponible pour les investissements
privés refroidissant la croissance. Il a des effets pervers sur la
composition des dépenses publiques en se servant les montants des
ressources disponibles pour l'infrastructure et le capital humain avec effet
négatif sur la croissance.
En somme, le surendettement extérieur constitue une
véritable entrave pour l'économie des pays en
développement surtout africaine ; d'où il y a eu des initiatives
instituées par la communauté internationale pour résorber
à cette situation de surendettement.
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