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Intermédiaires Financiers et Distribution de crédit à  Leogane (cas des Institutions de Microfinance)

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par Winston HENRY
Université d'Etat d'Haiti - Licence ès Sciences Economiques 2009
  

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CHAPITRE III.-

ANALYSE EMPIRIQUE DE LA MICROFINANCE

Chapitre 3.- ANALYSE EMPIRIQUE DE LA MICRO FINANCE

Ce présent chapitre, en fait le dernier mais pas le moindre, est consacré à une analyse de la micro finance à plusieurs niveaux. Premièrement, il présentera l'expérience de la micro finance à travers le monde en considérant le résultat des institutions comme La Banque Grameen du professeur Muhummad Yunus, La Bancosol de la Bolivie, Les banques villageoise d'Indonésie etc.. Ensuite, le cas d'Haïti sera présenté globalement pour enfin vérifier notre hypothèse de travail avec le cas léogânais.

A) L'expérience de la microfinance dans le monde

La banque Grameen au Bengladesh, certainement la plus célèbre parmi les institutions de micro finance est citée comme la pionnière de la micro finance. Fondée en 1974 par Muhummad Yunus un professeur d'université qui tentait de trouver des réponses à la détresse de la population bengalie accablée par les inondations. Celui-ci a commencé par donner des très petits crédits à des femmes, qui investissaient l'argent dans des petites activités lucratives et leur permettaient de sortir de la détresse, tout en honorant leurs dettes. Entre temps, la banque Grameen est devenue l'une des plus grandes institutions de micro finance dans le monde. Elle a servi de modèle partout dans le monde tant aux États Unis d'Amérique qu'en Europe. La Grameen compte essentiellement des femmes dans sa clientèle, lesquelles doivent passer un processus de formation et d'information au sujet des préceptes de la banque, avant d'obtenir un prêt. En 1998, elle compte 2,4 millions de clients et un portefeuille d'environ 322 millions de dollars. La Grameen n'est actuellement pas encore autosuffisant compte tenu du fait que son but est avant tout social.

En plus de la Grameen Bank, il y a aussi la « Banco Solidario » ou BANCOSOL » en Bolivie l'une des plus grandes institutions de micro finance en Amérique Latine. Elle fut fondée en 1987 comme une Organisation Non Gouvernementale d'aide au développement. En 1992, ses fondateurs ont décidé de transformer l'ONG en banque depuis, BANCOSOL n'a cessé de croître. Elle a donc un but principalement lucratif et atteint des profits qui lui permettent de couvrir ses coûts opérationnels et financiers. Ses clients bien que parmi les plus pauvres au départ comptent actuellement dans leurs rangs des personnes vivant juste au dessus du seuil de pauvreté. BANCOSOL avait 81503 membres en 1998 et une porte feuille supérieur à 74 millions de dollars.

La micro finance a connu aussi un certain succès en Indonésie. La banque Rakyat d'Indonésie (BRI), propriété de l'état, a créé des unités de banques locales décentralisées appelées Unit Desa. Ces unités destinées à octroyer des prêts à la population locale, sont basées sur l'idée que la micro finance est une affaire rentable. Durant la crise financière asiatique, le taux de remboursement n'était pas plus bas que 97,8 %. En 1998, les Unit Desa prêtaient à 2 millions de personnes et avait au total 16 millions d'épargnants, leur portefeuille total s'élevait à 2014 millions de dollars.

Il y aussi le programme de micro finance de la Badon Kredit Dessa ressemblant fortement à celui de la BRI mais avec une plus grande affinité pour les plus pauvres de la population rurale Indonésienne. Il est moins connu que les Unit Desa de la BRI car sa clientèle est moins nombreuse. Mais les unités de la BKD ont la particularité de canaliser leurs prêts à travers les autorités locales et non des guichets bancaires dans les villages. Elle a environ 766,000.00 membres et 54 millions de dollars en porte feuille de prêts.

Le système des banques villageoises mis sur pied dans les années 80 en Amérique latine par une organisation non gouvernementale (ONG) nord américaine, FINCA (foundation for international community assistance) compte environ 90 000 clients dans le monde et un porte feuille de 17 millions de dollars. Ce modèle a été répliqué environ 300 fois dans 25 pays différents. (Voir tableau 4, cf. Morduch Joanna, 1999 à l'annexe)

A coté d'une douzaine de grandes institutions de micro finance dont celles citées ci-dessus, le secteur est composé d'une myriade de moyennes et petites institutions réparties dans le monde. Selon une publication de la banque mondiale, le secteur comptait en 1996 environ 1000 institutions de plus de mil clients qui offraient des services financiers aux pauvres et qui avaient été fondées en 1992.

Apres avoir constaté à travers les chiffres précédents les efforts qui ont été réalisés dans certains pays à travers la micro crédit. Il nous devient un impératif de nous tourner vers le marché haïtien.

B) Analyse Empirique de la Microfinance en Haïti

Les activités de micro finance en Haïti sont conduites par des structures juridiques diverses : coopératives, Sociétés privées, Organisation non gouvernementale, Associations, Institutions Religieuses, Fondation. Pour desservir leur clientèle, ces institutions sont emmenées à pratiquer une ou plusieurs méthodologies à la fois. Les plus recensés sont : crédit direct, groupe solidaire, banque communautaire et mutuelle de solidarité. Plusieurs d'entre elles pratiquent plus d'une méthodologie. La méthodologie du crédit direct est cependant la plus utilisée par les institutions de microfinance haïtiennes.

Il faut aussi souligner que ce secteur, la microfinance est en train de faire son petit bonhomme de chemin en Haïti.

En 2002, on a recensé 147 institutions de micro finance contre 132 en 1999 réparties comme suit sur les neuf départements du territoire national.

En 1992 on a recensé :

17 IMF dans le Nord soit 12.9 %

5 dans le nord-ouest soit 3.8 %

11 dans le nord-est soit 8.3 %

15 dans l'Artibonite soit 11.4 %

7 dans le centre soit 5.3 %

44 dans l'ouest soit 33.3 %

13 dans le Sud soit 9.9 %

7 dans le sud-est soit 5.3 %

13 dans le Grand-Anse soit 9.8 %

On a pu constater aussi une certaine concentration des institutions de microfinance dans le département de l'Ouest en 1999 soit 33%. Ce qui reflète en quelque sorte la réalité économique du pays.

Parallèlement ces institutions sont peu présentes dans le Nord-ouest. 5 sur 132 soit un taux de 3.8% de la population des IMF recensées sur le territoire national. Le plus bas taux de représentation des institutions de microfinance par département.

Toutefois, de 1999 à 2002 les choses ont évoluées.

17 ont été encore une fois recensée dans le nord sur 147. Soit un taux de représentation de 11.8 cette fois-çi.

10 pour le Nord-ouest soit 6.8%

12 pour le nord-est soit 8.2 %

13 pour l'artibonite soit 8.8%

7 pour le centre soit 4.8%

42 pour l'ouest soit 28.6 %

18 pour le sud soit 12.2 %

17 pour le sud-est soit 11.5 %

11 pour la Grande Anse soit 7.5%

Jusqu'à 2002, on a pu constater encore une fois une concentration des IMF dans le département de l'ouest mais à un niveau moindre soit un taux de 28.8 % contre 33% en 1999. Il faut dire aussi leur présence est intensifiée dans le nord-ouest dix en 2002 contre cinq en 1999 ; le nombre a doublé. On a passé de 3.8 à 6.8 en pourcentage. Une forte augmentation du nombre a été aussi observée dans le sud-est. Le nombre a fait plus que doublé. On a passé de 7 à 17 et en pourcentage de 5.3 à 11.5 %.

Le tableau qui suit présente la répartition des Institutions de Micro finance par département et méthodologie employée.

Tableau 5.- Répartition des IMF par département et méthodologie de crédit utilisée en 2002.

Département

Nombre

D'IMF

Méthodologie de Crédit

Caisse Populaire

Crédit Direct Individuel

Banque Communautaire

Groupe Solidaire

Mutuelle de Solidarité

Nord

17

6

4

5

2

-

Nord-Ouest

10

5

2

2

1

-

Nord-Est

12

6

2

1

2

1

Artibonite

13

8

3

-

2

-

Centre

7

3

 

2

2

-

Ouest

42

15

11

9

5

2

Sud

18

7

4

5

2

-

Sud-est

17

5

4

3

4

1

Grand-Anse

11

5

2

3

1

-

TOTAL

147

60

32

30

21

4

Source : Base de données. DAI/FINNET

En effet, une enquête menée par la DAI/FINNET en 2003 sur l'offre de la micro finance en Haïti révèle sur un échantillon de 15 institutions de micro finance, 33% interviennent uniquement dans le milieu urbain. Toutefois, le même pourcentage 33% d'entre elles intervient à la fois dans les milieux urbains, péri-urbains et ruraux.

Selon les résultats de cette même étude on a pu déceler que les crédits octroyés concernent trois secteurs spécifiques :

a) les entreprises informelles ayant un employé

b) les entreprises informelles ayant 2 à 5 employés

c) les entreprises enregistrées

27% des sondés ciblent exclusivement les entreprises informelles ayant un employé et 67 % desservent plus qu'un secteur à la fois. Il faut aussi souligner que parmi les IMF desservant plus qu'un secteur, 40% d'entre elles octroient aussi du crédit aux entreprises enregistrées. Le secteur bénéficiant le plus les activités de micro finance est celui de l'informel avec 94 % des résultats.

Divers critères sont utilisés par les IMF pour sélectionner, cibler leur clientèle. Une seule institution se réfère à un type spécifique qui est le genre. Le niveau de pauvreté est le plus commun, utilisé par 60% des enquêtés. L'ensemble des institutions s'intéresse à plus d'un aspect dans le ciblage de la clientèle. Par exemple 5 institutions soit 30 % se réfèrent à 4 critères qui sont le niveau de pauvreté, le genre, le secteur d'activité économique et la zone géographique.

Les produits de crédit offerts par les IMF haïtiennes sont au nombre de quatre :

a) Prêt fonds de roulement

b) Prêt à l'investissement

c) Prêt à la production

d) Prêt logement

Nous pouvons remarquer que de façon générale les IMF n'octroient pas des prêts à la consommation. Dans la majorité des cas les prêts sont octroyés pour une période allant de 4 à 10 mois avec des taux d'intérêt variant dans un intervalle de 24 à 36% l'an. Certains arrivent jusqu'à 36-42% et même plus. Pour les prêts à l'investissement et à la production certaines parmi les IMF accordent des prêts allant jusqu'à 24 mois et plus. En effet, elles ne sont pas nombreuses celles qui octroient des prêts au logement. La période de remboursement pour cette catégorie s'étend sur 10 à 12 mois et les taux d'intérêt ne dépassent pas 36%. Ce que le tableau çi-après traduit :

Tableau 6.- Répartition des IMF en HAITI suivant les produits offerts, la durée des prêts octroyés et les taux d'intérêt.

Produits Offerts

Nbre IMF

Durée (mois)

Tx d'Intérêt Annuel

4-6

6-10

10-12

12-24

>24

12-24

24-36

36-42

>42

FDR

15

11

4

0

0

0

2

9

2

1

INVEST

7

2

2

1

1

1

1

4

1

1

PROD

11

1

5

4

1

0

1

6

2

1

LGMEN

1

0

0

0

0

0

0

1

0

0

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Source : Base de Données / DAI/FINNET-2003

Légende :

FDR: Fond de Roulement PROD : Production LOGMEN : Logement INVEST : Investissement

En gros, les IMF haïtiennes ont financé une multitude d'activité. Sans avoir la prétention de donner une liste exhaustive on peut citer :

1. Dans le milieu urbain

· Le petit commerce (boutiques, quincailleries, marchands ambulants....)

· L'artisanat (sculpture, peinture, poterie...)

· Les petites industries de production (fabrique de blocs, de sachets, ateliers de couture, d'ébénisterie, de ferronneries, de garages etc...)

· Les services (bar-restaurant en chambre et trottoir, salon de coiffure, photocopie, transport en commun, les cireurs de chaussure etc.)

· Les petits métiers (ferblantiers, cordonniers, maçons, charpentiers, tailleurs...)

2. En milieu Rural

· L'agriculture

· Des unités de stockage de produits agricoles

· Le petit commerce (boutique, madame Sara)

· Des unités de transformation des produits agricoles (les moulins, les cassaveries, les unités de fabrication de beurre d'arachide/ mamba, de confiture)

· L'artisanat (vannerie, broderie, tissage, peinture, sculpture)

· Les petits métiers (ébénisterie, charpentiers, maçons, forgeron, tailleur, coiffeur.)

De 1999 à 2002 les IMF haïtiennes ont passé de 49551 à 61778 clients soient une augmentation de 4075 clients par an. Un taux de croissance moyen de 8% l'an. Un portefeuille de crédit de 834, 706,160.00 gourdes contre 381, 455,785.00 gourdes en 1999. Soit une augmentation de plus 150 millions de gourdes en moyenne par année. Un taux de croissance moyen de 39% par année.

Voilà, en quelque sorte ce qu'a été le système financier haïtien à partir de ses composantes formelles et informelles. Il fallait présenter la situation globale avant de faire état de la situation spécifique qui est l'objet de notre travail de recherche la distribution de crédit à Léogâne.

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"Ceux qui rĂªvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rĂªvent de nuit"   Edgar Allan Poe