C) LA DISTRIBUTION DE CREDIT A LEOGANE (cas des
IMF)
Avant d'aborder la question du crédit à
Léogâne, il serait impérieux de présenter la zone de
l'étude. Ainsi, faisons un inventaire des ressources et potentiels de
cette commune; voyons ce qu'il y a comme infrastructure socio-économique
et financière.
1.- Présentation de la zone de
l'étude
Léogâne, commune de l'arrondissement du
même nom du département de l'ouest. C'est l'une des anciennes
villes du pays. Du temps des indiens, elle s'appelait
« Yaguana ». La date d'élévation au rang des
communes n'est pas connue. Elle a treize sections communales et un quartier.
Elle est intérieure, son relief dominant est le norme et son climat est
normal. Ses habitants portent le nom de Léogânais.
La plaine de Léogâne est située à
trente deux kilomètres au sud ouest de Port au Prince. Elle est
traversée par la route nationale numéro deux reliant Port au
Prince Cayes. Elle est dominée par le massif de la selle.
En 1998, la population de la commune de Léogâne
était estimée à 106785 habitants. Pour une superficie de
688,52 km², en 1998, sa densité était de 155 habitants par
km² en 1998. Toutefois, d'après les résultats du
quatrième recensement général de la population et de
l'habitat Août 2003 les treize sections communales et le quartier de
Trouin que constitue la commune de Léogâne sont habités par
une population de 134190 personnes soit 64680 hommes et 69510 femmes. La
population infantile constituée d'enfant age de moins de cinq
année est de 33843 et environ 162593 personnes sont âgées
de dix huit ans et plus.
Ce qui sous entend que d'après les résultats du
quatrième recensement général de la population, la
densité de la commune de Léogâne passe de 155 à 195
habitants par km².
Cette plaine est limitée :
A l'Ouest par la ville de Grand-Goave
A l'Est par la commune de Gressier
Au nord par le golfe de la Gonave
Au Sud par le morne la Selle de Jacmel
Sa frontière maritime offre une belle perspective
d'observation permettant de contrôler les arrivées de la baie de
Grand Goave, de l'Ile de la Gonâve, de la pointe de Saint Marc et de
l'Arcahaie. Elle est arrosée par les rivières : Momance,
Rouyonne et Cormier.
En termes d'infrastructure au niveau de
l'éducation : le ministère de l'éducation nationale
de la jeunesse et des sports est représenté par un bureau
d'inspection scolaire dans la commune. Douze kindergarten privés, cent
trente quatre (134) écoles dont vingt publiques, cent dix (110)
privées et quatre (4) de type congréganiste ont été
inventoriées dans la commune. Au niveau secondaire, elle a vingt quatre
écoles dont deux publiques, vingt deux (22) privées. On y
retrouve également seize (16) écoles professionnelles.
En ce qui a trait à la santé, le
ministère de la santé publique et de la population n'est pas
représenté dans la commune de Leogane. En ce qui concerne les
établissements sanitaires, un (1) hôpital, deux (2) dispensaires,
cinq (5) cliniques, six (6) centres de santé sans lit, un (1) centre de
santé avec lit ont été inventories au niveau de la
commune. Vingt sept (27) médecins, quatre dentistes, vingt sept
infirmières, cinq (5) auxiliaires, cent soixante dix (170) matronnes
certifiées, cinq (5) techniciens de laboratoire forment le personnel
sanitaire de la commune de Léogâne.
La commune a six rivières et dix neuf (19) sources,
deux (2) étangs et un (1) lagon. Presque chaque maison a un puit. On y
retrouve des fontaines publiques munies de dix huit robinets et de plus de eux
cents de pompes. Ces fontaines ont été construites par l'UNICEF,
plusieurs des pompes sont tombées en panne.
Du côté de la religion, près de cent
trente (130) temples ont été dénombrées dans la
commune. Les temples catholiques (églises et chapelles confondues) se
révèlent être les plus nombreux.
La commune de Léogâne a cinq
représentations de parti politique, vingt trois (23) organisations
populaires, vingt (20) groupements de paysans, six (6) groupements de
femmes.
La commune de Léogâne et un bon nombre
d'habitation ou de localités sont électrifiés. Au niveau
de la télécommunication en plus d'un bureau de la TELECO, les
autres compagnies privées de téléphonie mobile (Haitel,
Comcel, Digicel) sont toutes présentes dans la commune de
Léogâne. Quatre stations de radio fonctionnent actuellement
à Léogâne et une chaîne de
télévision.
Pour les infrastructures administratives et judiciaires un
commissariat de police, deux sous commissariats de police, un (1) tribunal de
paix et un bureau d'état civil ont été
répertoriées dans la commune.
Depuis 1998, onze (11) matériaux de construction,
trente cinq centre de provisions alimentaires, trois dépôts, cinq
stations d'essence, trois morgues privées, dix huit pharmacies, trois
photocopieuses, dix huit studio de beauté, quatre markets, sept studios
de photographie, huit (8) dry cleaning constituent les principaux
établissements économiques et commerciaux de la commune de
Léogâne.
Douze (12) restaurants, sept (7) night clubs, vingt neuf (29)
gaguères, deux (2) bibliothèques et près d'une demi
douzaine d'hôtels fonctionnent actuellement dans la cite d'Anacaona.
(Fichier Commune IHSI, 1998)
Qu'en est il des infrastructures bancaires et
financières ?
2.-Le Système Financier
Léogânais
La commune de Léogâne étant une
région du pays, son système financier présente en quelque
sorte presque la même structure que le système financier au plan
national. En fait, c'est le produit d'un même model, d'une même
structure. Il est donc, constitué d'une composante formelle et d'une
composante informelle. Toutefois avant de présenter les
différentes composantes du système financier
léogânais nous nous faisons le plaisir de faire un bref historique
de ce système.
Jusqu'à la fin du vingtième siècle la
cité d'Anacaona ne se dotait pas d'une seule institution
financière. Pour ainsi dire, jusqu'à l'année 1997 de
l'ère chrétienne le léogânais qui voulait
épargner son argent n'avait que trois choix :
1) Garder son argent chez lui sous ses matelas
2) Confier son argent à un notable de la famille ou de
la zone
3) se rendre à Port au Prince pour ouvrir un compte
d'épargne dans une banque commerciale
Toutefois, les agents économiques déficitaires
ayant un besoin de financement soit pour la consommation personnelle
(dépenses pour les soins médicaux, scolarité des enfants
ou autres) ou activité commerciale se réfugiaient dans la
majorité des cas chez un parent, un voisin, un ami ou se rend chez
l'usurier pour encourir un emprunt avec des taux d'intérêt allant
jusqu'à 240% l'an.
Considérant l'inexistence d'une institution
financière dans la commune jusqu'à l'année 1997, point
n'est besoin d'être grand clair pour comprendre que ce vide qui
régnait à ce niveau dans la commune de Léogâne
favorisait largement l'émergence des usuriers dans la
société léogânaise et l'intensification de
l'usure.
Il a fallu attendre l'année 1997 pour doter la commune
de Léogâne de ses deux premières institutions
financières : KEPOMEK (Kès Popilè Men Kontre) dont le
siège social est à Darbonne et CLEF (caisse d'épargne et
de Financement de Léogâne) qui s'est installée au coeur de
la ville tout près de l'église Sainte Rose ; elles sont
fondées respectivement en Juin 1997 et novembre 1997.
Aujourd'hui la commune de Léogâne se fait doter
d'un système financier constitué de succursales de banque
commerciale et de plusieurs institutions de micro finance qui se
diffèrent de par leur statut et leur méthodologie de
crédit.
· Les Banques Commerciales
Actuellement la cité d'Anacaona compte dans son actif
trois succursales de banque commerciale : La Société
Caraïbéenne de Banque (SOCABANK), la Banque Nationale de
Crédit (BNC) et la Société Générale de
Banque (SOGEBANK) la dernière arrivée dans la commune
jusqu'à date.
La Société Caraïbéenne de Banque a
fait son apparition dans la commune de Léogâne en janvier 2001. Ce
fut la première banque commerciale qui a su s'installer dans la
cité d'Anacaona, l'ancien cacique du Yaguana. Ce qui a été
à notre humble avis un choix éclairé. Car
l'avènement de la SOCABANK en 2001 dans la commune a été
très profitable tant pour la Socabank que pour les agents
économiques de la commune. La Socabank arrivait dans la cité
à un moment où l'économie léoganaise prenait un
tournant important. Cette période caractérisait une certaine
relance des activités économiques avec une montée
considérable du secteur de la construction qui entraînait une
certaine intensification des usines de fabrication de bloc et d'autres
entreprises commerciales se spécialisant dans la vente des
matériaux de construction. C'était aussi l'année de la
réouverture de la centrale sucrière de Darbonne, toutefois sous
un autre nom Usine Sucrière Jean Léopold Dominique.
Avant, le commerçant léogânais se trouvait
des fois embarrasser avec des sommes importantes puisqu'il n'y avait pas une
succursale de banque commerciale pouvant le permettre de faire des
dépôts sur son propre compte ou celui de son fournisseur.
Certaines fois, il était contraint d'emprunter la route nationale
numéro 2 tout en prenant les risques d'insécurité que nous
connaissons tous avec des sommes importantes en monnaie locale mais aussi en
devise américaine. Malheureusement, certains d'entre eux ont eu des
expériences douloureuses en leur faisant victimes des cas
d'insécurité causant parfois la faillite de leur entreprise avec
la perte de fonds importants.
Pour ainsi dire l'arrivée de la SOCABANK en 2001 a
été quelque chose de très attendue par la population.
Quelques années après l'intervention de la Société
Caraïbéenne de Banque dans l'ancien cacique du Yaguana probablement
informée des résultats de cette succursale de la SOCABANK la BNC
a fait son apparition et presque un an après la SOGEBANK qui tardait
d'intervenir a finalement décidé de s'installer à
Léogâne. Jusqu'au début de l'année 2006 le
marché bancaire Léogânais s'était constitué
de trois banques commerciales.
Il serait intéressant de présenter dans cette
partie de notre travail de recherche les performances des succursales de banque
commerciale évoluant dans la commune de Léogâne en terme de
distribution de crédit. Malheureusement malgré des efforts
considérables qui ont été consentis pour la collecte de
ces informations il nous était impossible de pouvoir franchir certaines
barrières.
Cependant, le mode de fonctionnement des succursales de banque
commerciale nous emmène à remettre en question leur vocation en
tant qu'intermédiaire. Pour ainsi dire, à ce qui saute aux yeux
le mode de fonctionnement des succursales de banque commerciale opérant
à Léogâne nous laisse croire que la distribution de
crédit ne soit pas une priorité. D'ailleurs, aucun personnel n'a
été prévu à cet effet. Pour être plus clair,
il n'y a pas quelqu'un qui s'occupe du crédit au niveau du personnel des
succursales de banque commerciale évoluant à
Léogâne. Ce qui pourrait dans une certaine mesure justifier la
fiabilité des chiffres présentés plus haut faisant croire
que le crédit bancaire en Haïti soit concentré au triple
dimension : Spatial, social et sectoriel.
Bref, qu'en est il des institutions de mirofinance ?
Qu'est ce qu'ils ont apporté au niveau de la commune en terme de
distribution de crédit ?
· La Microfinance à
Léogâne
L'industrie de la microfinance haïtienne constitue
à l'heure actuelle l'un des secteurs les plus dynamique de
l'économie locale. Des progrès significatifs ont
été enregistrés en terme de couverture du marché au
cours de ces dernières années. Elle se caractérise par la
variété des services financiers (formation pour la gestion
d'entreprise, l'alphabétisation, la santé etc.) par la
diversité en termes de méthodologies et par une large
accessibilité des services répondant aux besoins des micros et
petits entrepreneurs indépendamment de leur formalisation et de leur
relation avec une institution de micro finance.
Onze ans après la libéralisation des taux
d'intérêts en 1995, l'industrie de la microfinance continue de se
développer comblant ainsi les carences du secteur bancaire qui se
révèle incapable d'assurer le financement des micros et petites
entreprises, en particulier de l'économie formelle. (Rapport Annuel
2006, ANIMH).
Cette évolution de l'industrie de la micro finance ne
se limite pas uniquement dans la capitale mais aussi dans certaines villes de
province.
Dans le cadre de cette étude traitant de la
distribution de crédit dans la commune de Léogâne, nous
constatons que les institutions de micro finance jouent actuellement un
rôle important dans les transactions financières opérant
dans cet espace du territoire national.
Tenant compte de leur statut et méthodologie de
crédit les institutions de microfinance évoluant dans l'ancien
cacique du Yaguana se regroupent en plusieurs catégories :
-Les quasi banques que nous qualifions
d'intermédiaires financiers bancaires non monétaires. Dans cette
catégorie nous retrouvons les caisses populaires et autres
sociétés coopératives recevant des dépôts
à vue et octroyant des crédits ; ces dernières sont
ainsi appelées par le fait qu'ils ne possèdent pas ce pouvoir de
création monétaire qui caractérise les banques
commerciales à travers leur habilité de pouvoir gérer des
comptes courants :
C'est le cas de la caisse populaire « Men
Kontre » ci-devant KEPOMEK évoluant dans la commune de
Léogâne plus précisément dans la communauté
de Darbonne depuis juin 1997. Celle-ci est considérée comme la
doyenne des institutions financières offrant actuellement des services
financiers à la population léogânaise.
Dans cette même catégorie des quasi banques nous
comptons la caisse léogânaise d'épargne et de financement
(CLEF) fondée en novembre 1997 sous l'initiative d'un groupe de jeunes
désireux de doter la cité d'Anacaona d'une institution
financière pouvant offrir à la population de Léogâne
des services financiers que les banques commerciales de la place tardaient
à offrir en quelque sorte. La coopérative solidarité de
Développement (COSODEV) et le Service Financier Fonkoze ci-devant SFF
font aussi parti de cette catégorie des institutions de micro finance
baptisée d'intermédiaires financiers bancaires non
monétaires offrant des services d'épargne et de crédit
dans l'ancien cacique du Yaguana.
Il n'est pas superflu de signaler que pour la majorité
des caisses populaires les services offerts ont les mêmes
caractéristiques et les méthodologies de crédit ne sont
pas vraiment différentes l'une de l'autre. Exception faite du Service
Financier Fonkoze qui se distingue au niveau de la méthodologie de
crédit. C'est actuellement la seule institution offrant des prêts
collectifs à Léogâne.
Ces institutions qualifiées d'intermédiaires
financiers bancaires non monétaires offrent presque toutes des services
d'épargne à vue. Certaines d'entre elles en essayant de
diversifier leurs produits offrent des services d'épargne en dollar
américain, d'autres arrivent à développer des produits de
dépôt à terme et d'autres services d'épargne
adaptés à la situation des populations desservies.
En ce qui concerne le crédit, pour
bénéficier un prêt on doit être membre de la
caisse, dans la majorité des cas on exige une période de trois
mois ; avoir un compte d'épargne à la caisse accusant une
balance représentant un tiers du montant sollicité. Il y a aussi
un critère géographique très important, la personne doit
être domiciliée dans une zone ne dépassant pas les limites
géographiques d'action de la caisse populaire. De plus, la
dernière exigence faite pour l'obtention d'un prêt mais pas la
moindre c'est la signature d'un avaliseur.
De l'autre coté nous retrouvons ces derniers que nous
qualifions d'intermédiaires financiers non bancaires non
monétaires. Ils sont ainsi appelés parce qu'ils ne
reçoivent pas de dépôts. Dans la majorité des cas
les fonds prêtés proviennent d'autres institutions sous forme de
don ou d'emprunt. Actuellement les banques commerciales nationales
créent des branches spécialisées intégrant cette
classe d'institution de micro finance en vue d'atteindre cette partie
importante du marché national qu'est le commerce informel.
Ainsi nous comptons dans la commune de Léogâne la
présence de l'Association pour la coopération avec la micro
entreprise (ACME) et Micro Crédit National (MCN) une filiale du groupe
financier national. Quant à ces dernières, la méthodologie
de crédit est la même. Elles octroient des prêts individuels
à toute personne possédant une activité commerciale. Point
n'est besoin d'être membre ou d'avoir un compte d'épargne.
D'ailleurs ce sont des institutions non bancaires non monétaires, elles
ne reçoivent pas de dépôt.
De là, il ne serait pas insensé de se poser la
question suivante : En quoi ces intermédiaires financiers, ce que
nous appelons les institutions de microfinance, contribuent-elles à la
distribution de crédit dans la cité d'Anacaona, l'ancien cacique
du Yaguana ?
Considérant l'impossibilité de trouver des
informations sur les portefeuilles de crédit de ces institutions de
microfinance évoluant dans la commune de Léogâne
auprès d'une institution mère comme on pourrait le faire pour les
banques commerciales à travers la banque centrale dans une certaine
mesure, nous nous sommes donnés la peine de mener notre propre
enquête avec les faibles moyens que nous disposions en terme de temps et
de fonds.
Ainsi, nous avons préparé un questionnaire
d'enquête pouvant nous permettre de capter l'essentiel des
activités menées par les instituions de microfinance de
Léogâne surtout au niveau de la distribution de crédit. Le
traitement des données nous permet d'arriver à la conclusion
suivante.
Au cours de la période allant de l'exercice fiscal
1999-2000 à l'exercice 2004-2005 les six institutions de microfinance
évoluant dans la commune de Léogâne actuellement octroient
12,189.00 prêts, distribuant ainsi dans la commune de
Léogâne, en termes de crédit pendant ces six années
205, 371,813.00 gourdes. Il faut surtout souligner qu'elles n'étaient
pas toutes présentes dans la cité pendant les six années.
Certaines interviennent sur le marché très tard et d'autres pour
des raisons que nous ignorons ne pouvaient pas fournir des informations sur
leur portefeuille de crédit pour certaines années.
Source : Enquête Personnelle
Considérant la tendance de la courbe traduisant
l'évolution de la distribution de crédit de ces institutions au
cours de la période de l'étude nous pouvons courir le risque de
dire que la tendance a été croissante. Elles ont passé
de 1425 crédits décaissés en 2000 à 2754 en 2005.
Soit une croissance de 93% en six ans avec une croissance moyenne annuelle de
15,54%.
En analysant l'évolution de l'encours total des
prêts octroyés par les institutions de microfinance à
Léogâne pour la période considérée nous
pouvons faire les mêmes remarques. D'ailleurs les deux variables ont la
même tendance. Elles ont toutes deux des pentes une tendance à la
hausse exprimant la croissance du secteur. Elles sont passées de 21,
571,451.00 gourdes distribuées en terme de crédit à 52,
902,903.00 en 2005. Soit une croissance de 145.24% en six ans. Ce qui accuse
une croissance moyenne de 24,25 l'an.
En faisant un coup d'oeil sur l'encours moyen exprimé
en gourde nous avons fait le constat suivant : cet indicateur symbolisant
dans une certaine mesure le montant moyen des prêts octroyés varie
entre 13000 à 20000 gourdes.
Source : Enquête Personnelle
Etant donné, les institutions n'étaient pas en
mesure de nous donner des informations pouvant nous permettre de faire une
analyse de la distribution sociale et géographique des crédits
octroyés. De plus, considérant les nuances qui existent au niveau
de la définition du concept pauvreté dans ce cas précis.
On ne peut pas courir le risque d'affirmer une quelconque assertion faisant
croire que ces institutions de microfinance évoluant à
Léogâne ne prêtent qu'aux pauvres. De toute façon
tenant compte de la nature de cet indicateur (encours moyen des prêts)
qui soit une moyenne nous n'ignorons pas les biais qui pourraient attacher
à la valeur de cette variable de tendance centrale qu'est la moyenne. De
plus, les concepts de pauvreté et de richesse n'étant pas
définis, il serait imprudent, pour ne pas dire maladroit d'orienter les
analyses dans une telle direction.
Cependant, peu importe la définition possible et
imaginable qu'on pourrait donner au concept de pauvreté ou de
richesse : compte tenu de la valeur de l'encours moyen des prêts ne
pourrions nous pas dire que les pauvres n'étaient pas oubliés ou
mis en quarantaine ?
Ainsi, en ce qui concerne la distribution de crédit au
plan social dans la commune de Léogâne, l'analyse de ces
données ne pourrait pas nous conduire à la conclusion que le
marché de la micro finance est plus ouvert aux populations à
revenu faible.
Il serait intéressant de pouvoir faire une analyse aux
plans géographique et sectoriel.
Des questions ont été prévues à
cet effet au niveau du questionnaire d'enquête, malheureusement les
institutions de microfinance évoluant dans la commune de
Léogâne n'étaient pas en mesure de fournir des informations
sur les crédits distribués au plan géographique et
sectoriel. En ce qui a trait aux secteurs d'activité financés ne
pourrait-on pas penser que le commerce de détail était
privilégié. Car, plusieurs des institutions de microfinance
opérant à Léogâne exigeaient pour l'octroie d'un
prêt l'existence d'une activité commerciale. C'est le cas surtout
des institutions financières non bancaires telles qu'ACME et MCN.
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