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La gestion du risque de crédit bancaire dans un contexte de crise économique: Cas de la B.N.D.E. du Burundi

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par Emery NTWARI
Université du lac Tanganyika - Licence en gestion socio-économique des entreprises et des organisation 2008
  

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III.1. Situation économique et sociale depuis la crise de 1993

A partir de 1986, le gouvernement avait engagé un vaste programme de reformes macro-économiques, institutionnelles, législatives, et réglementaires visant le développement et la diversification du tissu économique. Selon NDIKUMANA Victoire et TOYI Gabriel2(*)7, ce programme avait pour objectif principal:

- de corriger les déséquilibres chroniques des finances publiques et de la balance des paiements;

- de créer des incitations plus appropriées à la diversification de la production et à la promotion de l'économie pour lutter contre la pauvreté ;

- d'améliorer les conditions de vie de la population en garantissant un paquet de services minimaux notamment dans les domaines de l'éducation, de la santé et d'accès à l'eau potable.

D'après les mêmes auteurs, des reformes importantes ont été engagées dans divers secteurs de la vie nationale. En 1992, on notait que des résultats satisfaisants avaient été atteints et l'on observait une nette amélioration des indicateurs macro-économiques:

- un taux de croissance économique évoluant de 3,5% en 1990 à 5% en 1991;

- un taux d'inflation raisonnable de 4,5% en 1992;

- un taux brut de scolarisation au niveau primaire de 68%;

- un taux de couverture vaccinale de 81% en 1992;

- un taux de desserte en eau potable de 58% pour la population rurale et de 97% pour la population urbaine;

- 80% de la population vivant dans un rayon ne dépassant pas 6Km autour d'un centre de santé.

Ces résultats ont été annihilés par la crise qui été éclaté en 1993 et qui a continué à perdurer. Malgré cet effort pour améliorer l'environnement des affaires, il semble que le secteur privé n'ait pas réagi de manière significative à ce nouvel environnement et aux mesures de promotion de l'initiative individuelle quand est survenue la crise de 1993.

Un processus de privatisation des entreprises publiques avait débuté en 1991 mais la crise lui a donné un coup d'arrêt à cause notamment de la dégradation de l'environnement macro-économique aggravé par le gel de l'aide internationale. Une partie de cette aide était utilisée pour financer les études multiformes préparatoires de privatisation.

Lors du forum sur les états généraux de l'économie Burundaise2(*)8, le Ministère de la planification, du développement, et de la reconstruction a présenté un bilan très désastreux de la situation socio-économique du pays suite à la crise qui a éclaté en octobre 1993.

En plus de dix ans de guerre dont 3 ans d'embargo, les principaux indicateurs économiques son pratiquement tous passés au rouge. Selon ce Ministère, quatre indicateurs le montrent d'une manière significative. Il s'agit de la production, du revenu par habitat, de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté et du niveau de l'aide internationale. Ces indicateurs ont opéré une chute vertigineuse.

En effet:

- depuis 1993, la richesse nationale a baissé en moyenne, soit jusqu'en 2003, une baisse cumulée de la production de plus de 20%;

- le revenu par tête d'habitat qui était à 210 USD au début de la dernière décennie, était passé 110 USD / habitat en 2003(soit une baisse du revenu par habitat de près de la moitié). Ce revenu est nettement inférieur à la moyenne de l'Afrique subsaharienne qui s'élève à 510 USD;

- aujourd'hui, dans notre pays, plus de 68% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, pendant que la population considérée comme vivant dans la pauvreté extrême était évaluée à 33% en 1990;

- l'aide au développent annuel accordé au Burundi est passé de 300 millions de USD en 1992 à 100 millions en 2003. Par ailleurs, elle a changé de nature (prédominance humanitaire).

Le recul considérable de la production dans pratiquement tous les secteurs de l'économie a généré des effets néfastes sur la situation économique et sociale. Sans être exhaustif, relevons-en quelques-en des plus saillants:

- la faiblesse de la croissance économique a hypothéqué les perspectives de relance économique, de création d'emplois et de revalorisation des salaires.

- la forte dépréciation de la monnaie nationale avec notamment pour conséquence de l'augmentation du prix à l'importation aussi bien pour les inputs de l'industrie locale que les produits de consommation finale. Le taux de change s'est fortement déprécié passant de 260 BIF en 1992 à plus de 1000 BIF pour 1USD aujourd'hui.

- la forte tension sur la trésorerie de l'Etat matérialisée par le cumul des déficits internes (budget) et externes (paiements extérieurs). Depuis la crise survenue en 1993, les recettes fiscales et non fiscales ne couvrent pas les dépenses permanentes de l'Etat. L'épargne courante qui était à plus de 15 milliards de BIF au cours de cinq dernières années ayant précédé la crise, était négative de 25 milliards de BIF cinq années après le début de cette dernière.

- Le déficit global qui n'était que de 6 milliards de BIF en 1992 s'est considérablement creusé pour atteindre 2 milliards de BIF en 2003. Le niveau de déficit et surtout sa permanence depuis la crise n'a fait que renforcer les déséquilibres macro-économiques.

- la pénurie des réserves avec pour conséquence le ralentissement de l'activité économique. Les réserves de change sont passées de 200millions d'USD à 30millions d'USD en 2002.

- la réduction du portefeuille de tous les bailleurs de fonds et par voie de conséquence la paralysie de tous les projets de développement. Quand on sait que les bailleurs de fonds financent jusqu'à 80% des investissements du pays, la conséquence logique est la baisse du taux d'investissement.

- la chute du taux d'investissement : pendant qu'on consacrait près de 20 % de la production nationale à l'investissement (dans l'augmentation de la production future), ce pourcentage est revenu à moins de 10% du PIB aujourd'hui.

- la hausse du prix des biens et services a eu pour conséquence l'appauvrissement monétaire de la population (l'inflation est passée de 4% en 1992, à 31% en 1997, puis à 12% pour l'année 2003). Si les prix ont fortement augmenté, il s'agit d'un côté d'une réaction à l'accroissement des moyens de paiement (pendant que la production baissait, la masse monétaire est passée de 34 milliards de BIF à la fin de l'année 2002). Suite à l'inflation, le pouvoir d'achat s'est amenuisé et a poussé à l'extrême la pauvreté de la population. Selon les résultats de l'enquête budget-consommation sur la période allant de 1986 à 1990, la dépense annuelle moyenne par tête en milieu urbain s'élevait à 70.000 BIF. Une autre enquête menée en 1998 renseigne que la dépense annuelle moyenne par tête était de 300.000 BIF.

- la pauvreté s'est fortement aggravée depuis la crise de 1993, celle-ci se manifeste par une espérance de vie faible: l'espérance de vie est tombée de 51 ans en 1990 à 48 ans en 2001. Elle s'explique aussi par la faiblesse du revenu annuel par habitat:110USD par an. Elle se traduit également par l'accès limité de la population aux services de base. Il est évident que pendant la période de crise, les indicateurs de nutrition et les indicateurs d'éducation ont chuté.

C'est dans cette conjoncture socio-économique difficile que la BNDE a pu maintenir ses activités d'octroi de crédit. Dans la suite, nous essayons de présenter d'une manière un peu détaillée les répercussions de cette crise sur la gestion des risques de crédit par la BNDE. Nous faisons une comparaison entre la période d'avant la crise (1986 à 1992) et la période relatant la crise (1993 à 2005).

* 27 NDIKUMANA Victoire et TOYI Gabriel, Table ronde parlementaire, Dossier économique, Cape Town, 1997, P.66.

* 28 Ministère de la planification, du développement et de la reconstruction, Forum des états généraux de l'économie Burundaise , Bujumbura, 2003, PP. 2-4.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery