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Géostratégie de la Caspienne

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par Clément Vigneaud
Institut d'Etudes Politiques d'Aix-en-Provence - 2e année du Diplome 2008
  

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B Enjeux et problématiques régionales

Les principaux enjeux régionaux sont bien évidemment le pétrole et le gaz. L'exploitation des très importantes réserves on-shore et off-shore est d'un intérêt vital pour les pays riverains qui produisent et pour les pays occidentaux qui importent. Au delà des problématiques énergétiques, la caspienne est aussi un lieu de tensions pour la pêche, la production de caviar, la navigation et de nombreux problèmes sont liés à l'environnement, à la pollution ainsi qu'à la gestion de l'eau. Par conséquent ce sont tous ces enjeux qu'il s'agit de prendre en compte.

2

1) Le pétrole

En 2003, la production des pays de la Caspienne (exceptés l'Iran et la Russie qui ne produisent pas encore en offshore) s'élevait à 1,5-1,7 million de barils par jour. En 2010, elle devrait se situer entre 2,4 et 5,9 millions de barils par jour. Sont principalement concernés les pays du nord de la Caspienne : le Kazakhstan et l'Azerbaïdjan. Avec une consommation faible, ils exportent une grande partie de leur pétrole.

2 «Données sur le pétrole »,Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE)

Géostratégie de la Caspienne

Selon certaines prévisions occidentales, la demande mondiale sur le pétrole doublera durant les 25 prochaines années, pour passer de 70 millions de barils par jour, à 140 millions vers 2020. Trois régions du monde sont capables de répondre à cette demande : le Moyen-Orient, l'ex-URSS et la Chine qui disposerait d'importantes réserves.

2) Le gaz

La région de la mer Caspienne contiendrait entre 6 % et 10 % des réserves mondiales de gaz naturel. Au sein de cette région, les Républiques du Turkménistan, du Kazakhstan, détiennent de grandes quantités de réserves prouvées et figureraient ainsi parmi les vingt pays disposant des plus importantes réserves de gaz naturel au monde. L'accès à ses puits constitue un enjeu principal pour l'Europe dont la consommation de gaz est croissante depuis les 20 dernières années.

3) La pêche et le commerce du caviar.

Le secteur de la pêche est aussi une cause de litige entre les Etats riverains de la Caspienne, principalement à propos de la pêche à l'esturgeon et la production de caviar.

Après la chute de l'Union soviétique, l'activité de la pêche a beaucoup diminué sur les bords de la Caspienne, notamment en Azerbaïdjan suite à la fermeture de nombreuses conserveries. La pêche illégale et le commerce d'esturgeon et du caviar permettent à des milliers de gens dans des villes littorales de survivre mais en vingt ans, la pollution et le braconnage ont eu pour conséquence une baisse de 90 % des esturgeons dans la Caspienne, passés de 142 millions à 12 millions3. Les désaccords sur la pêche entre les pays riverains sont dus en grande partie au vide juridique actuel autour du statut de la Caspienne.

4) Le statut de la mer caspienne

L'enjeu juridique autour du statut de la mer Caspienne et de son partage est au coeur des problématiques au sein de cette région. L'absence de statut juridique suscite des rivalités et accroît les tensions compte tenu des importantes ressources de cette mer, particulièrement les ressources off-shore.

La principale question est de savoir si la loi internationale sur la mer adoptée en 1982 par la Convention des Nations Unies peut s'appliquer à la Caspienne déterminant ainsi pour chaque pays riverain des limites d'eaux territoriales, de zones économiques exclusives, et de plateforme continentale. Cela aboutirait à une division de la mer entre les cinq pays qui imposeraient ainsi leur souveraineté sur leur zone.

Il y'a donc des divergences. Certains pays comme le Kazakhstan et l'Azerbaidjan défendent l'idée que la Caspienne est une mer fermée, tandis que la Russie et l'Iran souhaite lui voir appliquer le statut de lac. En droit international, l'utilisation des ressources d'un lac ne peut se décider qu'à l'unanimité des pays riverains, alors que chaque Etat riverain se voit attribuer des zones dont il est libre d'exploiter les ressources dans le cas d'une mer. De plus, s'il s'agit d'un lac, les richesses offshore sont réparties en cinq parts égales, alors que s'il s'agit d'une mer les eaux territoriales ne dépassent pas 12 miles4 soit un peu plus de 22

kilomètres. Depuis 1991, les pays concernés militent pour le statut correspondant le mieux à leurs intérêts du moment qui évoluent avec la localisation de nouveaux gisements. Le fait est que le Kazakhstan et l'Azerbaïdjan disposant d'importantes réserves offshore ne veulent pas se les voir partager avec la Russie et l'Iran dans le cas ou la Caspienne serait considérée comme un lac. Une Organisation de coopération des pays de la Caspienne encore à créer permettrait surement de résoudre le problème du statut de la mer Caspienne sans que l'affaire soit portée devant la Cour internationale de justice.

Des progrès ont été fait très récemment

lors du sommet des pays riverains de la Caspienne qui s'est tenu à Téhéran en Octobre 2007. D'après les chefs d'états présent (Russie, Kazakhstan, Azerbaidjan, Turkménistan et Iran). le statut juridique de la mer Caspienne sera défini dans le cadre d'une convention

3 Données de la Convention des Nations unies sur le commerce international des espèces menacées.

4 Un mile nautique équivaut à environ deux kilomètres. (1,85km)

servant de cadre juridique de base, dont l'adoption n'est possible que par accord unanime de tous les pays riverains5". Selon la déclaration faite lors de la conférence à Téhéran, «jusqu'à la définition du nouveau statut juridique de la mer Caspienne, ses eaux seront soumises aux régimes de navigation et de pêche en vigueur, adoptés conformément aux droits souverains des Etats riverains, et régissant l'activité des navires qui peuvent arborer uniquement les pavillons des pays riverains ». La convention devra définir des règles en matière de protection de l'environnement et d'exploitation des ressources biologiques et minérales.

5) L'eau et Lesfluctuations du niveau de la mer

Après avoir baissé depuis les années 30 jusqu'en 1978, le niveau de la mer Caspienne est remonté de plus de deux mètres, inondant des millions d'hectares et menaçant les installations portuaires et industrielles. Depuis 1995, le niveau se serait stabilisé et baisserait même de 25 cm par an, selon des relevés par satellite.

La gestion de l'eau, canalisation et irrigation ( pour la culture du coton ) est aussi un problème. Celle-ci est la plupart du temps mal gérée car l'eau des canaux s'infiltre ou s'évapore, et les erreurs des planifications soviétiques n'ont pas été reprises et transformées de manière à gérer l'eau d'une façon équitable et renouvelable. Alors que la mer Caspienne semble remonter, la mer d'Aral ne cesse de s'assécher depuis les années 1970. Cette mer intérieure située entre le Kazakhstan et l'Ouzbékistan a perdu plus de la moitié de sa surface car le Turkménistan, le Kazakhstan, le Tadjikistan, l'Ouzbékistan ne cesse de pomper de l'eau ( principalement pour la culture du coton ) dans le fleuve Amour daria et Syr daria qui se jette dans la mer d'Aral. Cet assèchement a des conséquences catastrophiques sur l'écosystème et l'économie de la région du karakalpakstan ( région de l'Aral ). La ville de myunak un des plus gros ports de pêches de l'URSS sur les rives de la mer d'Aral, qui comptait autrefois plus de 40 000 habitants est aujourd'hui une ville déserte de 2000 habitants où les bateaux rouillent sur ce qui est maintenant un désert en extension, la mer s'étant reculé en moyenne de plus de 100 kilomètres.

6) La pollution

Si le phénomène de la pollution pétrolière de la mer Caspienne ne date pas de ces vingt dernières années, l'augmentation du trafic contribue à renforcer les risques de pollution massive. Un seul puit rejette dans la mer au cours de son exploitation entre 30 à 120 tonnes de pétrole soit 10 % de sa production. A cela viennent s'ajouter les déchets de toutes sortes et principalement chimiques que drainent les fleuves qui s'y jettent et tout particulièrement la Volga. Selon certaines sources, la pollution engendrée par les eaux usées rejetées par l'industrie lourde représenterait 65 % de la contamination de la Caspienne et est responsable de nombreuses maladies et cancers.

A cela s'ajoute toutes les pollutions dues aux anciennes usines soviétiques non reconvertis lors de la chute de l'URSS et aujourd'hui en ruine à ciel ouvert. Des régions entières sont considérées comme dangereuses par de nombreux habitants qui ne savent pas vraiment quelles étaient les véritables activités de ces industries soviétiques. Certaines, chimiques servaient à fabriquer des armes (anthrax etcÉ), d'autres étaient des industries de transformation très polluante et dont les rejets toxiques sont encore un problème aujourd'hui. C'est le cas en Azerbaïdjan dans le nord de Bakou, ou encore sur les îles de la mer d'Aral ou des industries secrètes d'armement et de recherche en bactériologie se trouvaient. Les militaires soviétiques ont abandonné les lieux après la chute de l'URSS. Personne ne sait aujourd'hui dans quels états sont ces installations. Cependant en 2001 les Etats-Unis se sont engagés à nettoyer les îles pour un montant de 6 millions d'euros.

5 Déclaration adoptée au terme du sommet des dirigeants des pays riverains de la Caspienne en Octobre 2007 à Téhéran.

Géostratégie de la Caspienne

7) Les enjeux pour l'Europe

Les vastes ressources en gaz et en pétrole de la Caspienne sont importantes pour la prospérité et la sécurité énergétique de l'Europe. Dès 1995, le programme INOGATE financé par l'Union européenne a eu pour but de permettre à l'UE d'accéder à de nouvelles sources d'énergie notamment en Russie et dans le bassin de la mer Caspienne. Le Conseil de l'Europe a déclaré dans une résolution d'avril 2003 que «la région de la mer Caspienne occupe une place de plus en plus centrale pour la sécurité énergétique et la prospérité européennes». Ainsi la région de la Caspienne est aujourd'hui un des principaux centres de l'énergie européenne.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo