B) Affrontements de puissances et jeux de
dominations
1) Une perte de l'influence Russe?
La chute de l'URSS a bien évidemment porté un
coup fatal à la Russie et a largement remodelé toute la
géopolitique de l'Asie centrale. Même si les anciennes
républiques soviétiques se sont réunies au sein de la CEI,
Moscou a perdu sa main mise sur le Caucase et la Caspienne. La Russie
dès lors n'a cessé de vouloir retrouver ce statut de puissance
dominante en Asie centrale. L'indépendance des républiques
soviétiques s'est marquée par une ouverture
économique. les investisseurs cherchant à s'implanter
sur le territoire russe ont rencontré des difficultés alors que
les pays de la Caspienne sont apparus d'accès relativement plus facile.
Cela est principalement du aux échecs de réformes
économiques en Russie où les enterprises privées n'ont pas
réagit de la même manière.
La russie voit aussi les oléoducs et pipelines lui
échapper. En 1991, elle contrôle tous les oléoducs
permettant aux nouveaux états independents d'exporter leurs
hydrocarbures, mais par la suite six oléoducs ne passant pas par le
territoire Russe ont été construits Moscou perd ainsi de son
influence politique et économique.
La conséquence directe de cela, c'est que les NEI sont
devenus des concurrents pour la Russie. Moscou voit donc son influence se
réduire sur les pays d'Asie centrale. D'une part, ceux-ci souhaitent
prendre de la distance avec le «grand frère Russe»
après 1991 et s'ouvrir sur la scène internationale, et d'autre
part tous les projets mis en oeuvres par les Etats-Unis ont visé et
visent toujours à amoindrir l'influence russe dans le bassin Caspien.
2) L'affrontement américano-soviétique pour
la domination de la Caspienne.
Au lendemain de l'indépendance des Républiques
d'Asie centrale et du Caucase et à la suite de la première guerre
du Golfe, les Etats-Unis affichent l'ambition d'étendre leur influence
dans les nouveaux pays bordant la mer Caspienne, afin de les désenclaver
en les détachant de l'influence exclusive de la Russie et de celle
potentielle de l'Iran. La volonté des Etats-Unis et des pays occidentaux
est également d'apporter sur le marché mondiale une nouvelle
source d'approvisionnement en hydrocarbures. Dans les années 1990, pour
justifier leur pénétration dans le bassin de la Caspienne, les
Etats-Unis gonflent leurs estimations des réserves d'hydrocarbures que
celui-ci contient. Ils parlent de 243 milliards de barils de pétrole,
à peine moins que l'Arabie saoudite alors qu'en réalité
ces réserves ne sont pas comparables à celle de l'Arabie saoudite
qui sont de loin beaucoup plus élevées.
Derrière ces manoeuvres ce sont des rivalités
de puissance et de domination qui sont en jeu. On est ici dans une
mentalité de lutte énergétique ou aucun avantage ne doit
être laissé aux autres acteurs étatiques rivaux.
(Etats-Unis contre Russie ou Iran). On retrouve d'ailleurs par certains aspects
une ambiance de guerre froide. L'Europe, quant à elle, depuis la guerre
du gaz entre la Russie et l'Ukraine, en janvier 2006, se penche enco re
davantage sur la Caspienne pour réduire sa dépendance
énergétique vis-à- vis de Moscou.
3) Isoler l'Iran
Dans sa volonté de contrôle sur la Caspienne,
Washington soutient des projets de pipelines dans la zone pour mieux isoler
l'Iran et toujours pour décrocher de la sphère d'influence russe
les ex- républiques soviétiques. L'Iran semble être le
grand perdant du nouveau «grand jeu». D'une part les oléoducs
contournent en majeur partie son territoire ( sauf un oléoduc
turkmène), mais d'autre part personne ne peut investir en Iran. Or le
pays a besoin d'investissements. Ses installations datent des années
1970, ce qui l'oblige à importer 40 % de son essence ; il n'a pas pu
explorer sa portion de la Caspienne et il sous-exploite son énorme
potentiel gazier. Il semble d'ailleurs paradoxal que le « grand jeu »
exclue l'Iran a l'heure ou les producteurs d'hydrocarbures en Asie centrale
souhaite voir s'ouvrir une route sud, plus simple et plus économique.
Géostratégie de la
Caspienne
L'Iran a cependant trouvé une solution par son
admission en tant qu'observateur en 2005 au sein de l'organisation de
coopération de shanghaï. Par ce rapprochement Téhéran
peut tisser des liens avec l'Asie, notamment la Chine, et être plus fort
dans son bras de fer avec les Etats-Unis ».
4) L'organisation de coopération de
shangha ·, un nouvel enjeu.
L'OCS est une organisation régionale qui regroupe la
Russie, la Chine, le Kazakhstan, la Kirghizistan,le Tadjikistan et
l'Ouzbékistan. Elle a été créée à
Shanghai les 14 et 15 juin 2001 par les présidents de ces six pays. Par
ailleurs, la Mongolie, l'Inde, l'Iran est le Pakistan ont un statut
d'observateur, ce statut a été refusé aux Etats-Unis.
Investir en Asie centrale constitue aussi, pour les Chinois,
une façon de s'immiscer dans les affaires de la région pour,
disent-ils, contribuer à sa sécurité. En
réalité la chine veut « sa part de gâteau » dans
la gestion de la Caspienne. Elle s'engage dans l'OCS pour fédérer
les Etats membres autour de thèmes qui lui sont chers, comme la lutte
contre le terrorisme ou la coopération économique et
énergétique. De surcroît, l'organisation forme un bloc
susceptible de se solidariser fortement en cas de déstabilisation de la
zone ou si les Etats -Unis y gagnent en influence au point de menacer les
pouvoirs en place.
La vague de « révolutions colorées »
qui a pris place dans l'espace ex-soviétique depuis 2003 a ainsi conduit
l'OCS à prendre plus nettement position contre Washington. En juillet
2005, par exemple, ses six membres soutenaient l'ouzbékistan dans son
exigence de fermer la base militaire aérienne américaine de
Karshi-Khanabad, ouverte dans le cadre de l'opération en Afghanistan.
Conséquences tous les soldats américains ont quitté le sol
ouzbek, ainsi que toutes les ONG.
Ainsi ce groupement régional récent montre sa
capacité à peser dans les Relations internationales influant sur
la décision des états. Il représente un nouvel acteur en
essor du «grand jeu» autour de la Caspienne.
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