La logique de diversification des exportations et de
réduction de dépendance menée par l'europe conduit les
pays importateurs et exportateurs à élaborer de nouvelles
stratégies de sortis pour leur ressources naturelles. Ces
différents projets sont la principale cause des tensions de la
Caspienne. Certes la question de l'accès aux ressources, du
contrôle des zones déchirent les états. Mais les
rivalités sont beaucoup plus apparentes sur la question des
tracés des oléoducs et de l'acheminement des hydrocarbures vers
les pays importateu rs. Depuis plus de cinq ans, on assiste à une
véritable guerre commerciale et économique dans laquelle sont
impliqués, outre les Occidentaux, pratiquement tous les Etats de la zone
comprise entre la Caspienne et la Méditerranée.
La confusion règne tant cette question des oléoducs
est complexe. Ainsi il convient de distinguer clairement les oléoducs
existants de ceux qui sont en construction ou en projet.
Il existe un oléoduc entre Bakou en Azerbaïdjan et
Novorossisk en Russie. Celui-ci a été réhabilité.
Initialement, il passait par le territoire tchétchène. Mais en
2002, la Russie l'a détourné afin d'éviter la zone de
conflit et de mettre fin à des années de pompage illégal
servant à financer la résistance tchétchène.
· Du Kazakhstan à la Russie : Caspian Pipeline
consortium (CPC)
Cet oléoduc transporte le pétrole du champ
kazakh de Tenguiz à Novorossisk. Il a été mis en
activité en novembre 2001. Long de 1 580 kilomètres, il a
nécessité 4,2 milliards de dollars d'investissements dont la
moitié a été assurée par deux firmes
américaines ChevronTexaco et ExxonMobil. Le Kazakhstan, ne
possédant pas ses propres oléoducs pour l'exportation, a
été jusqu'à maintenant dans l'obligation d'utiliser le
réseau russe existant.
· De l'Azerbaïdjan à la Géorgie :
l'oléoduc Bakou-Soupsa
C'est le premier oléoduc indépendant du
réseau russe reliant Bakou au port géorgien de Soupsa. D'une
longueur de 833 km, il a été mis en activité en avril
1999, et a coûté au consortium AIOC (Azerbaïdjan
International Operating Company) 560 millions de dollars. Sa capacité
est limitée car les tankers quittant Soupsa doivent emprunter les
détroits du Bosphore et des Dardanelles où le trafic est si dense
que la Turquie restreint le transit.
· De l'Azerbaïdjan à la Turquie :
Bakou-Tbilissi-Ceyhan (BTC)
C'est un des plus important. Inauguré le 25 mai 2005, il
a été mis en activité fin 2005. Long de 1 765 km, il
traverse l'Azerbaïdjan et la Géorgie pour aboutir au port
méditerranéen de Ceyhan, en Turquie.
La construction de cet oléoduc initié il y a
onze ans, a été lancée en octobre 2001 par un consortium
regroupant dix sociétés, dont les plus importantes sont; Socar
(Azerbaïdjan), Amerada Hess, ConocoPhilips, ENI (Italie), Total et Unocal.
Le projet unifié autour de British Petroleum a coûté
près de 4 milliards de dollars. Le Kazakhstan, qui devra
s'équiper en supertankers d'une capacité de 50 à 60 mille
tonnes pour évacuer le brut de Kashagan jusqu'à Bakou, envisage
de s'y rattacher et de faire passer par l'oléoduc BTC 5 à 10
millions de tonnes par an à partir de 2008.
2) Les projets et les oléoducs en construction
Voir annexe 3
· Kazakhstan Caspian Transportation System (KCTS),
Un nouveau projet vient de naître et il est lié
à la découverte du gisement de Kachagan le plus gros
découvert dans le monde depuis trente ans. Ce dernier doit entrer en
production fin 2010, et les actionnaires du consortium qui l'exploite,
formé de 10 grandes majors occidentales, entendent transporter ses 1,2
à 1,5 million de barils par jour via un itinéraire sud-ouest
traversant la Caspienne. L'oléoduc ne passera sous la mer, en raison de
l'opposition russe et iranienne. En réalité il ne s'agira pas
d'un oléoduc mais d'une flotte de tankers qui fera la navette entre le
Kazakhstan et l'Azerbaïdjan, où un nouveau terminal
pétrolier connectera le « système» au BTC et rejoindra
la Turquie.
Le groupe Total, qui détient 18,52 % du gisement,
mène les études pour mettre en place ce système qui
devrait couter 3 milliards d'euros. C'est un des principaux projets que le
président de la République Nicolas Sarkozy pourrait
défendre l'an prochain au Kazakhstan, lors de sa visite.
· D'Azerbaïdjan en Turquie, le «double
corridor». Bakou-Tbilissi-Erzerum
Un second projet qui concerne le gaz est en cour
d'élaboration. Il s'agit d'un gazoduc appelé à fournir
l'Europe en gaz kazakh et turkmène Ce gazoduc double le tracé du
BTC. L'Europe encourage en même temps des investissements pour produire
du gaz naturel liquéfié au Turkménistan, lequel peut
être ensuite transporté par bateau à Bakou. La construction
de ce gazoduc, long de 690 kilomètres d'un coût de 900 millions de
dollars a débuté fin 2004. Ce «double corridor
énergétique» Bakou-Tbilissi-Ceyhan (BTC) et
Bakou-Tbilissi-Erzerum (BTE) participe au rapprochement de la région
Caspienne avec l'Union européenne.
Géostratégie de la
Caspienne
· Trukménistan-Afghanistan-Pakistan-Inde
Un autre grand pipeline stratégique encouragé
par Washington mais qui a peu de chances de voir le jour: il s'agit du
Turkménistan-Afghanistan-Pakistan-Inde (TAPI), ce gazoduc que les
Etats-Unis, avec la société pétrolière
américaine Unocal, envisageaient de construire avec les talibans dans la
seconde moitié des années 1990 se trouvent largement compromis
car il comporte trop d'inconvénients, en termes de
sécurité, avec le retour des talibans en Afghanistan.
· Les projets vers la Chine
La construction d'un oléoduc transportant le
pétrole de l'ouest du Kazakhstan vers le nord-ouest de la Chine
(Xinjiang), longtemps repoussée en raison de sa non-rentabilité,
va désormais se concrétiser. D'une longueur totale de 6 000
kilomètres «le West China-West Kazakhstan Oil Pipeline»
devrait transporter 20 millions de brut par an (400 000 barils/jour). Une
première partie de 449 kilomètres est entrée en service en
2003 et relie déjà une ville chinoise.
· Un oléoduc Caspienne-baltique?
Ce projet est pratiquement sur la voie d'être
lancé. Il reste à déterminer les points de départs
et d'arrivée de l'oléoduc et déterminer ses
caractéristiques. Cet oléoduc, selon le projet des pays
participants, (Lituanie, de Pologne, d'Ukraine, d'Azerbaïdjan et de
Géorgie ) jouera le rôle d'alternative aux livraisons russes et
permettra l'acheminement du pétrole de la région de la mer
Caspienne et de la mer Noire vers la mer Baltique et également permettra
de renforcer la sécurité énergétique de l'Union
européenne
3) L'affrontement entre la Russie et les pays de la
Caspienne pour l'approvisionnement de l'europe; Le projet Nabucco
Voir Annexe 5
Le projet Nabucco est un projet d'oléoduc reliant la
Caspienne à l'Europe. Vers 2012, ce pipeline de 3 400 kilomètres
est censé acheminer le gaz d'Asie centrale, et plus tard d'Iran,
jusqu'en Autriche . Réunis le 26 juin 2006 autour du commissaire
européen à l'énergie, les pays concernés (Turquie,
Bulgarie, Roumanie, Hongrie, Autriche) ont définitivement mis en place
le projet, qui est soutenu par les Etats- Unis. La construction et
l'exploitation de la conduite ont été confiées à un
consortium international dirigé par la compagnie pétro
gazière autrichienne OMV.
Cela crée un affrontement qui oppose la Russie aux
pays européens et aux républiques d'Asie centrale. Le but de
l'Europe est de diversifier ses sources d'approvisionnement. Ainsi par le
projet Nabucco, elle réfléchie à un moyen de contourner la
Russie et Gazprom, le géant gazier Russe, pour la fourniture du gaz
d'Azerbaïdjan, du Kazakhstan et du Turkménistan. La Russie quant
à elle souhaite un contrôle total sur l'acheminement du gaz et en
tant que premier producteur de gaz au monde veut demeurer le principal
exportateur. Moscou développe donc un projet concurrent et
prévoit de construire un nouveau pipeline au sud dont le tracé
est très proche de celui de Nabucco.( voir annexe) alors que Gazprom
construit déjà «le Nord Stream » sous la Baltique pour
livrer le gaz de Sibérie à l'Europe en évitant la
Biélorussie, les pays baltes et la Pologne.
De Lourdes incertitudes pèsent encore sur le projet. Le
contre-projet Russe peut en effet s'avérer plus intéressant et
plus rentable, la Russie mettant en avant ses réserves et la
crédibilité de son projet. De plus Avant d'investir quelque 5
milliards d'euros, les firmes turque, bulgare, roumaine, hongroise et
autrichienne veulent des assurances. Il n'est pas sûr qu'il y ait assez
de gaz dans la région de la Caspienne, dont les réserves font
l'objet d'évaluations divergentes. De plus il faut pour que le projet
soit rentable qu'il transporte le gaz non seulement de l'Azerbaïdjan et du
Kazakhstan, m ais aussi de l'Iran et du Turkménistan. Malgré ces
conditions qui restent à assurer, le ministre turc de l'Energie, Hilmi
G·ler, a déclaré en mai 2007 que le projet de gazoduc
transcaspien Nabucco serait réalisé malgré
tout.