2.1- Problématique
et contraintes abordées
Le secteur cotonnier africain est aujourd'hui confronté
à de multiples problèmes : les niveaux de rendement sont
bas, les coûts de production sont élevés. Le coût
mondial du coton est souvent en baisse en raison des fortes subventions
accordées à la culture dans les pays développés
engendrant une concurrence déloyale sur le marché international
etc. L'incertitude sur le prix d'achat du coton graine aux producteurs et
l'accès aux facteurs de production entraîne une méfiance et
une modification du comportement des producteurs vis à vis de cette
culture. Floquet et al. (2002) constatent une moindre
disponibilité de la main d'oeuvre pour cette activité. En
parallèle, on observe une moindre efficacité des produits
classiques vis-à-vis de la protection phytosanitaire de la culture. A
titre d'illustration, Ferron et al. (2002) ont mis en évidence
l'acquisition d'une résistance aux pyrétrinoïdes de la part
de Helicoverpa armigera, principal ravageur du cotonnier au
Bénin. Le recours à de nouvelles molécules
renchérit le coût de la protection phytosanitaire. Enfin, dans un
contexte hautement compétitif, la production d'une fibre de
qualité représente un argument de poids dans la
négociation des contrats pour le coton béninois. Outre la
longueur fortement liée à des facteurs variétaux, la
maturité des fibres (impact sur la prise de teinture) et le collage sont
des caractéristiques liées aux conditions de culture.
Au Bénin comme dans la plupart des pays producteurs de
coton de l'Afrique de l'ouest et du centre, la culture est essentiellement
pluviale, donc tributaire des aléas pluviométriques. Dans les
régions septentrionales du Bénin, l'installation tardive des
pluies ces dernières années dans le nord limite fortement le
temps de préparation des sols et empêche assez souvent une bonne
installation des cultures ce qui entraîne des semis tardifs. L'analyse de
cette contrainte a révélé que les pertes encourues par les
cotonculteurs sont très élevées soit 30 à 35% de la
production (Glèlè et Adégbola, 2003).
Face à ces difficultés, la recherche est
sollicitée pour contribuer à résoudre les problèmes
de rentabilité de la production cotonnière. Le présent
travail s'inscrit dans ce cadre et contribue à rechercher les
itinéraires favorisant une meilleure allocation des assimilâts aux
organes fructifères dans le but d'optimiser le rendement de la culture
en fonction des conditions climatiques subies par la plante.
En effet, le cotonnier est une plante à croissance
indéterminée. Le développement végétatif ne
s'arrête pas avec l'entrée en floraison comme c'est le cas pour
d'autres plantes comme le maïs par exemple. De ce fait, la poursuite de la
croissance végétative se fait en compétition avec la mise
en place de nouveaux organes fructifères et le développement de
fruits déjà installés. Ainsi, les carbohydrates issus de
la photosynthèse sont utilisés à la fois pour la
poursuite de la croissance, la mise en place de nouveaux organes
fructifères et la maturation des fruits déjà
installés. Les assimilâts se répartissent entre organes
fructifères (bourgeons, fleurs et capsules) et végétatifs
(racines, tiges et feuilles) de telle manière que la plante ralentit
progressivement sa croissance végétative au fur et à
mesure que les capsules se mettent en place. Lorsque la plante porte toute la
charge fructifère qu'elle est capable de supporter, la floraison et la
croissance s'arrêtent ; ce stade est appelé "cutout" (Manney,
1986). La régulation de l'équilibre entre croissance
végétative et fructifère est ainsi d'une importance
capitale dans l'élaboration du rendement en culture cotonnière.
Aux USA, et dans la plupart des pays qui en ont les moyens, en
dehors de la sélection des variétés précoces et
compactes, des régulateurs de croissance sont utilisés pour
réduire, à partir de la floraison la croissance
végétative au profit du développement fructifère.
Ceci contribue à diriger une plus grande partie des assimilas vers les
puits fructifères.
En Chine, les producteurs font recours à des techniques
de taille qui consistent soit à supprimer les branches
végétatives, soit à écimer des bourgeons terminaux
des branches fructifères ou l'extrémité de la tige
principale (tipping out ou topping).
Dans les paysannats de culture pluviale comme le Bénin
où la durée du cycle des pluies utiles pour la culture peut
s'avérer parfois insuffisante, la technologie de taille des cotonniers
pourrait permettre aux producteurs de piloter la durée de cycle et
l'équilibre entre croissance végétative et
fructifère en regard d'objectifs de rendement et de qualité d'une
production accrus. Cette pratique se substitue à l'emploi de
régulateurs de croissance dont le coût viendrait limiter le revenu
des producteurs.
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