1.1.3- Physiologie du cotonnier
et régime de reproduction
La physiologie du cotonnier répond dans sa
généralité à celle que nous connaissons de
nombreuses dicotylédones avec cependant quelques particularités
originales. Le cotonnier est une plante vivace mais cultivée comme une
culture annuelle. Les variétés cultivées ont alors
conservé de leurs ancêtres sauvages la possibilité de
refleurir après leur premier cycle de fructification. Elles ont une
croissance de type indéterminé et on rencontre sur la même
plante des boutons floraux, des fleurs et des capsules (Photo 1.3) à
tous les âges de développement. La fleur est hermaphrodite et le
mode de reproduction est préférentiellement autogame mais avec
des taux d'allogamie pouvant atteindre 30% dans certaines localités en
fonction de la densité des insectes pollinisateurs (Hau et al.,
1997). L'importance du taux d'allogamie chez le cotonnier dépend de
l'intervention des principaux pollinisateurs, des hyménoptères
parmi lesquels les abeilles (Apis sp.) et les bourdons (Bombus
sp.) sont les plus actifs en Afrique. Tous les facteurs pouvant intervenir
sur leur nombre, leur répartition ou leur efficacité modifient le
taux d'allogamie (Lançon, 1994 ; Lançon et al.,
2000d) : climat, géographie, calage des cycles, protection
phytosanitaire, distance entre plantes et itinéraire technique (Tableau
1.1).
Tableau 1.1: Effet de la protection
phytosanitaire (pyréthrinoïde), de la distance à la source
de pollen (Cameroun, 1987) ou de la densité (Côte d'ivoire, 1989)
sur le taux d'allogamie, d'après Lançon
Traitement
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Dispositif
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Taux d'allogamie
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Protection hebdomadaire
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Parcelles de 20 lignes
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1,6 à 6,3%
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Protection quotidienne
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Parcelles de 20 lignes
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0,4 à 5,0%
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Allopollen à 1m
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Parcelles de 20 lignes
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5,60%
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Allopollen à 5 m
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Parcelles de 20 lignes
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1,60%
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Allopollen à 8 m
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Parcelles de 20 lignes
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1,00%
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1000 plants/ha
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Plants ou lignes isolées
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10 à 13%
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50000 plants/ha
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Plants ou lignes isolées
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2 à 6%
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Photo 1.3 : Plant de cotonnier portant
bouton floral, fleur et capsule
La floraison chez le cotonnier progresse du bas vers le haut
et de l'intérieur vers l'extérieur de la plante. Il
s'écoule en moyenne 2 à 3 jours entre l'ouverture des deux fleurs
situées à la même position sur deux sympodes successifs et
6 à 9 jours entre deux positions successives d'un même sympode
(fig.1.3). Le rythme de floraison est accéléré par un
climat plus sec et plus chaud et peut être considéré comme
constant pour un climat donné (Demol, 1992).
Un phénomène important chez le cotonnier est la
coulure («shedding ») qui peut être d'origine parasitaire
ou physiologique. Il s'agit de la chute prématurée des organes
fructifères. Le « shedding » peut être aussi
dû à des stress affectant la vie du cotonnier. L'humidité
excessive ou déficitaire, la mauvaise nutrition ou une insuffisante
insolation peuvent être des causes importantes de la chute des organes
fructifères. Le « shedding » parasitaire est
causé par des piqûres d'insectes ou la pénétration
de chenilles dans les organes fructifères. Dans des conditions de
parasitisme particulièrement spectaculaires, le taux de
« shedding » peut atteindre 100% (Demol et al.,
1992). Mais le « shedding » dépend aussi de la
charge du cotonnier en capsules en cours de maturation (Parry, 1992).
Ces particularités du cycle du cotonnier peuvent
être décrites au moyen d'un certain nombre de paramètres
très exploitables par les agriculteurs et les phytotechniciens, les uns
pour la gestion de la culture, les autres pour des fins de recherche.
Gandajika (climat sec)
Bambesa (climat humide)
21 12 3
0 9 18
· ·
18 9
· · ·
6 15 24
12 21
15
10
10
· ·
8 14
· ·
12 6
· ·
4 10 16
12 6
· · 4 10 16
· · ·
21 12 3
14 8 2
14 8 2
· · ·
0 9 18
0 6 12
· · · ·
· ·
0 6 12
· · ·
Figure 1.3 : Représentation
schématique du rythme de floraison du cotonnier en conditions de
croissance humides et sèches au Congo- Kinshasa. Les intervalles en
jours entre l'ouverture de la première fleur et l'ouverture des autres
fleurs sur des sympodes différents sont indiqués par des chiffres
sur les noeuds.
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