2.1.2- Problèmes
liés à l'utilisation actuelle de l'espace agricole à
Bantè
Les pratiques d'utilisation des terres à Bantè
sont restées les mêmes depuis plusieurs années. Mais avec
l'augmentation de la population dans tous les arrondissements, les anciens
mécanismes de gestion des terres (préparation des terroirs par le
feu etc.) sont devenus complètement obsolètes face à la
demande.
Pour faire face aux besoins en produits vivriers de la
population, la production agricole s'est accrue avec pour conséquence
une extension de l'occupation de l'espace rural, ce qui réduit les
espaces vacants et augmente les débordements.
Selon les paysans, agriculteurs et éleveurs
concluaient traditionnellement des contrats de fumures, assurant le transfert
de fertilité entre les espaces vacants et les jachères d'une
part, et les champs d'autre part. Ainsi les animaux étaient-ils
groupés sur les espaces vacants en ayant accès aux
résidus de récolte de l'espace agricole. Mais aujourd'hui de
nombreux agriculteurs se réservent les chaumes de céréales
pour l'alimentation de leur propre bétail et excluent les
éleveurs de l'espace cultivé. La fermeture aux pasteurs de leur
parcours traditionnel les confine sur leur territoire pastoral, lequel s'en
trouve surexploiter.
A Bantè, ce sont les interactions entre les feux de
brousse, le pâturage et l'agriculture qui sont déterminants pour
l'évolution du milieu. Selon la méthode de mise en valeur
agricole, traditionnelle ou ``mécanisée'', la pression du
pâturage et la fréquence des feux, l'évolution du milieu
est plus ou moins forte, sur certains champs à Agoua et à
Atokolibé, le stade ultime de la dégradation du sol est atteint
avec la formation de curasse latéritique, impropre à la
croissance des végétaux.
2.2- Systèmes de
production
2.2.1- Choix du terrain et les
techniques culturales
Le choix du terrain par le paysan de Bantè repose sur
les potentialités agronomiques des terres, la nature du sol, sa saveur,
sa consistance et les espèces qu'il comporte.
Ainsi, les espèces telles que : Burkia
africana (acapa), Anogneissus leiocarpus (Epa), Lophia
lanceolata (papasaoko) et des paocées comme Andropogon
tectorum (apapa), Rottboellia cochinchinensis (n'wo),
Hyparrhenia involucrata (ômômini ahoko), sont des
espèces indicatrices de la bonne fertilité des sols. La recherche
d'une terre de telle qualité entraîne la dispersion des champs
dans l'espace. Cette conditionnalité dans le choix est aujourd'hui
alternée avec l'usage des intrants agricoles pour les cultures de rente,
notamment le coton.
Une fois le terrain identifié, suit le
défrichement qui consiste à débarrasser le sol du tapis
herbacé. Les herbes déterrées sont laissées
étalées par terre tandis que les bois secs sont coupés et
entassés autour des arbres à abattre pour les calciner sur pieds.
Il existe trois types de défrichement à Bantè.
Le premier « Adjiba » est destiné
aux champs d'igname. Il consiste à essoucher les herbes afin de pouvoir
mettre en place les buttes destinées à recevoir les têtes
d'igname coupées qui servent de semis.
Le second type « N'ga » repose sur
l'essouchement des rhizomes et des talles de paocées après le
passage du feu de végétation.
Le troisième « Pata » consiste
à faire un pare-feu au mois de novembre autour d'une parcelle qui sera
soumise à la culture. Le brûlis a généralement lieu
en février - mars. Pour les paysans, les avantages de cette pratique
sont multiples : économie de force de travail et fertilisation
appréciable du sol par apport d'éléments minéraux
fournis par les cendres, d'où les rendements élevés. De
plus pendant cette période les herbes mortes se décomposent et
humidifient le sol. Cette catégorie de défrichement prend le pas
sur les autres et s'utilise surtout pour la production du coton.
Les deux derniers types et surtout le deuxième sont
pratiqués par des paysans travaillant sur des parcelles qui ne
garantissent pas une grande productivité. Ces techniques culturales ne
sont pas respectueuses de l'environnement. A chaque saison, les paysans font
des feux tardifs de végétation, coupent ou incinèrent les
arbustes qui devraient reconstituer le couvert végétal.
La houe et les coupe-coupe sont les plus utilisés
dans le défrichement. Mais pour les labours, la daba remplace ces
instruments. Le labour est la condition nécessaire avant tout
ensemencement dans le secteur d'étude. Il existe deux types de
labours.
· Les buttes pour l'igname, le manioc ;
· Les billons pour le coton, et la plupart des
céréales.
Les labours ameublissent et aèrent le sol. Mais leurs
inconvénients résident dans le fait qu'ils favorisent l'ablation
du sol quand les pentes sont légèrement prononcées et
dépassent 4 % (Barbier, 2004)
L'exploitation d'une terre devrait être soumise
à des normes qui permettent au paysan de tirer le maximum de profit sur
le plan du rendement et la conservation du sol.
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