- La politique
commerciale
Il faut distinguer ici la commercialisation du CeRPA de
celle organisée par les particuliers (paysans et revendeurs). A
l'exception du coton, la commercialisation des produits agricoles se fait en
grande partie sur les marchés locaux où les prix fluctuent avec
des conséquences pour les producteurs et les consommateurs. La variation
des prix d'une année à l'autre, au cours d'une même
année, et mieux au sein des villages est le résultat
d'aléas climatiques et la capacité de stockage sur une longue
période. Il n'existe pas une politique de commercialisation des produits
vivriers soutenue par les pouvoirs publics. Du fait de la libéralisation
économique, la consommation des produits agricoles (igname, maïs,
sorgho, niébé, manioc) est faite individuellement et les
commerçants fixent des prix suivants les lois de l'offre et de la
demande.
A l'opposé des cultures vivrières, la SONAPRA
s'occupe de la commercialisation du coton et de ce fait, garantit les intrants
à crédit aux paysans et assure l'égrenage et la vente du
produit transformé.
Ainsi, le coton avait mené une concurrence
sévère aux cultures vivrières et a même failli
mettre en péril l'autosuffisance alimentaire de certaines familles par
son calendrier et ses exigences qui ne permettent pas toujours de se consacrer
efficacement à d'autres cultures. Mais, il est à souligner que
grâce au revenu du coton, de nouvelles dépenses liées aux
activités agricoles sont souvent engagées par les cultivateurs.
Elles consistent en l'équipement de charrues et charrettes et des frais
d'exploitation (main d'oeuvre pour le labour, le désherbage et la
récolte). Tout ceci avait permis aux agriculteurs d'étendre leurs
superficies et par là même l'augmentation des rendements.
L'accroissement de superficies et l'importance de la production agricole
proviennent aussi de l'élevage.
3.2.2- Cadre favorable à
l'élevage du gros bétail
Le climat de Bantè est caractérisé par
une alternance de saison sèche et de saison humide qui se
répercute sur la valeur alimentaire des essences fourragères, la
pâture et l'embouche des bovins. L'élevage est de type extensif et
quelques associations agriculture -élevage se pratiquent dans le
secteur.
3.2.2.1- Mode d'élevage
- l'élevage autochtone
A Bantè, la pratique de l'élevage est
limitée à l'élevage de case, constitué de volailles
et d'un nombre relativement important de caprins et de porcins. Cependant, ces
derniers jouent un certain rôle dans la régression du couvert
végétal.
En effet, les éleveurs coupent les branches des
espèces végétales fourragères comme les
Ptérocapus erinaceus (akpékpé), Burkia
africana (acapa), daniealla
oliveri (igna),
annona senegalensis
(tinibobo), piliostigma
thonningü (Panumô),
Afzelia africana (apaka),
Khaya senegalensis (aganho). (Noms indigènes des
plantes en Ife-Itcha )
Les arbres dont les branches sont ainsi
émondées souffrent de dommages écologiques à chaque
saison sèche. Aussi, les forestiers ont-il affirmé que
Pterocarpus erinaceus et Afzelia africana
sont devenus rares dans la végétation de la commune surtout dans
la forêt classée d'Agoua.
- La transhumance
L'élevage de gros bétail a
véritablement commencé dans la commune avec l'arrivée des
peulh venus des pays frontaliers tels que le Niger, le Burkina-Faso et le
Nigeria à la suite des sécheresses de 1976-1977 et de 1981-1983.
La présence de ces Foulani transhumants devient de plus en plus
importante dans le milieu et de nombreux troupeaux se sont presque
sédentarisés. La situation du cheptel entre 1998 et 2005 se
présente comme l'indique le tableau qui suit.
Tableau V : Evolution du cheptel dans la
commune de Bantè de 1998 à 2005
Espèces
Années
|
Volailles
|
Ovins
|
Caprins
|
Porcins
|
Bovins
|
1998
|
42000
|
4600
|
11500
|
3000
|
38000
|
1999
|
46000
|
5000
|
13000
|
3000
|
44000
|
2000
|
44000
|
5500
|
13000
|
3500
|
42000
|
2001
|
48000
|
6000
|
13600
|
3500
|
47000
|
2002
|
47000
|
5800
|
13400
|
4200
|
47000
|
2003
|
50000
|
6700
|
14000
|
5000
|
56000
|
2004
|
55000
|
7000
|
14200
|
5500
|
60000
|
2005
|
57000
|
7000
|
14500
|
6000
|
60000
|
Source : CeRPA secteur Bantè,
Février 2007
L'analyse du tableau révèle que les volailles
et les bovins sont plus importants dans la commune. Ceci s'explique par le fait
que certains peulh se soient installés dans les hameaux implantés
en plein milieu de la forêt d'Agoua. Il s'agit des villages ou hameaux
tels que Gotcha, Aomi, Wassimi, Bouboulé, Kikonhoun, Akatakou et
Léro. Les sols de ces villages étant favorables au
développement d'espèces fourragères, les peulh s'y
installent et se comportent comme des autochtones.
Ce genre d'élevage engendre d'énormes
dégâts écologiques allant des feux de
végétation répétés au comblement des points
d'eau, en passant par le tassement des sols et la perturbation de la faune. En
effet, les piétinements des bovins écrasent les plantules,
cassent les arbustes et donnent des éclaircis dans les formations
végétales. En outre, la divagation du bétail dans le
secteur occasionne la dévastation des champs et provoque aussi le
comblement par ensablement des sources d'alimentation en eau des cultivateurs.
L'évolution démographique ajoutée
à la pratique de la culture attelée ont entraîné un
accroissement des surfaces cultivées par les agriculteurs tant pour les
cultures vivrières que pour les cultures industrielles avec pour
corollaire une diminution des surfaces utilisables pour la pâture. De
leur côté, les pasteurs ont vu s'accroître l'effectif du
cheptel grâce à l'amélioration des pratiques
vétérinaires. Dans ces conditions, au lieu d'être
complémentaire, les rapports entre éleveurs et cultivateurs sont
devenus conflictuels autour des ressources fourragères qui deviennent de
plus en plus rares. Ainsi, les dégâts dans les champs sont assez
fréquents et le règlement se fait au niveau individuel, chez les
chefs des villages ou à la brigade en cas de nécessité. Il
se pose alors un problème de délimitation du parcours des
troupeaux.
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