3.2.2.2- Intégration
agriculture élevage
La traction animale et l'utilisation du fumier restent
jusqu'à ce jour des pratiques en vigueur dans le système agricole
et pastoral à Bantè. Chaque paysan organise autour de son
exploitation des enclos qui abritent les animaux. Les rejets des animaux
servent à améliorer la fertilité des sols ont
confié les individus interrogés. Mais, c'est surtout
l'élevage non conventionnel qui se pratique par les paysans de
Bantè. Les lapins, les aulacodes et les pondeuses sont entrés
dans l'habitude pastorale de la commune et se pratique dans presque tous les
villages parcourus. Cependant, les émondages que ce genre
d'élevage engendre au niveau des espèces végétales
ne rendent pas service au couvert végétal qui s'en trouve
surexploiter aux alentours des villages. L'association, agriculture
élevage dans le secteur, au lieu de jouer un rôle
complémentaire pose des problèmes d'ordre environnemental.
3.3- Milieu naturel soumis aux effets néfastes des
systèmes de production
Les pratiques paysannes conduisent à la destruction
de la fertilité initiale des sols déjà fragiles, donc
à la perte de leur potentiel productif. Les cultivateurs et les
éleveurs détruisent les espèces ligneuses qui
protègent les sols et qui constituent des puits absorbant les
différents gaz à effet de serre.
3.3.1- Exploitation forestière et besoin en bois de la
population
Les cultivateurs de Banté dans l'exercice des travaux
agricoles exploitent les produits ligneux sous différentes formes. En
effet, il y a moins de trente (30) ans l'exploitation du couvert
végétal de la commune de Bantè pour le bois de chauffage,
le charbon et le bois d'oeuvre était négligeable (CeRPA,
Bantè 2006). Mais avec l'accroissement de la population et surtout la
dévaluation du franc CFA intervenue en Janvier 1994, les prix des
produits pétroliers et leurs dérivés ont connu une hausse
sensible. Pour remédier à la situation, les populations se sont
engagées dans l'exploitation abusive des ressources forestières
tant pour les besoins en bois de chauffage et de charbon de bois que pour
subvenir aux besoins alimentaires et sanitaires.
Ce comportement a tôt fait de la commune un pôle
d'attraction des grands centres urbains pour le ravitaillement et la
commercialisation des essences végétales à diverses
fins.
- Le bois de chauffage
Le bois de chauffage était une activité
féminine, mais compte tenu de sa rentabilité économique,
les hommes s'en intéressent de plus en plus suite à l'importance
croissante de la demande. La production du bois de chauffage selon les
enquêtes se fait suivant trois procédés : la
cueillette des bois morts, la récupération des produits de
défrichement et la coupe de bois vert. Si les deux premiers
procédés entrent dans le cadre normal du processus de production
du cultivateur, le dernier constitue une activité
génératrice de revenu qui incite les paysans à mettre en
culture des parcelles dont la végétation se compose d'importants
ligneux. Par ce procédé le cultivateur abat les grands arbres
tout frais, puis ces arbres sont fendus. Les clients venant des grandes villes
s'en procurent et les drainent vers le centre, le sud et le nord et même
vers le Burkina -Faso. Les essences les plus recherchées et
appréciées sont : Pterocarpus erinaceus
(Akpékpé), Prosopis africana (Akakayi),
Vitellaria Paradoxa, (Emi), Anogeissus Leiocarpus
(Agni). Elles sont considérées comme dotées
d'un pouvoir calorifique élevé.
Photo 2 : Terrain en préparation
pour la culture du coton et coupe d'arbres pour le bois de chauffe et
charbon de bois à Galata. (Cliché C. DAHANDE, février
2007)
- Le charbon de bois
La production du charbon se fait suivant un
procédé rudimentaire de carbonisation artisanale qui repose sur
l'utilisation des fosses et des meules charbonnières. Cette
activité occupe une grande partie de la population paysanne. Il est
produit en grande quantité dans les villages de Pira,
Okoutossé, Djagballo, Lougba, Bannon. La production du charbon est
devenue une activité génératrice de revenus des paysans de
Bantè qui sont devenus des spécialistes en la matière.
Selon les explications du Ts-For, ce sont les meilleures essences, les bois
durs tels que Anogeisus leiocarpus (Agni ), Prosopis africana
( Akakayi ) Vitelleria paradoxa ( Emin) qui sont
utilisées pour la production.
Tableau VI : Evolution de la production et de
la commercialisation du charbon de 2002 à 2006
Années
|
Quantité moyenne de charbon produit (sacs de 100kg)
|
Prix de vente
|
Villages
|
Saison sèche
|
Saison pluvieuse
|
2002
|
7670
|
900F à 1000F
|
1200F à 1400F
|
Cloubou
Okoutaossé
Adja-Pira
Bantè
Kagouré
Banon
Lougba
Djagballo
Alétan
Gotcha
Atokolibé
|
2003
|
9179
|
900F à 1100F
|
1200F à 1400F
|
2004
|
11200
|
1000F à 1200F
|
1300F à 1400F
|
2005
|
12970
|
1100F à 1300F
|
1400F à 1500F
|
2006
|
14530
|
1200F à 1300F
|
1400F à 1500F
|
Source : TS For Bantè,
février 2007
En dehors des bois morts transformés en charbon, des
plantes vertes sont également utilisés à cette fin du fait
de l'écoulement rapide du produit surtout en saison pluvieuse. Le
charbon est produit aujourd'hui un peu partout dans le secteur d'étude.
Sur les 625 individus interrogés, 496 produisent du charbon soit 79,34%
de l'échantillon de l'étude. Les prix de vente du charbon varient
suivant les saisons, et dans une moindre mesure, les années. Cependant
avec l'augmentation sans cesse croissante du nombre de charbonniers et les
techniques culturales pratiquées, la commune risque d'être
classée d'ici à quelques années parmi les milieux les plus
dégradés du département des collines.
- Les bois d'oeuvre
L'augmentation d'actifs agricoles due à la croissance
démographique a fait de Banté une source d'approvisionnement en
bois d'oeuvre. Ces bois sont de plus en plus recherchés pour la
fabrication des meubles et autres travaux liés à la menuiserie.
Le développement de cette activité entraîne une
surexploitation de la ressource ligneuse.
Tableau VII : Point des exploitations
contrôlées (campagne agricole 2006-2007)
Désignation
|
Nombre de permis
|
Quantité
|
Eponge végétale
|
12
|
12 sacs
|
Bois de feu
|
110
|
1414 Stères
|
Bois de charbon
|
120
|
10533,6 Sacs
|
Bois de service
|
30
|
7200 Pieds
|
Bois d'oeuvre
|
225
|
3030,79 m3
|
Bois sciés et importés
|
245
|
4184,76 m3
|
Source : TS-For, CeRPA
Bantè, Novembre 2007
Les données de ce tableau ne peuvent qu'être
approximatives dans la mesure où sur le terrain, les ressources ne
semblent avoir aux yeux des populations aucune réglementation les
régissant.
Généralement, les exploitants opèrent
dans l'informel, concluant juste un marché avec les propriétaires
terriens oubliant les services des eaux et forêts. Les essences
végétales les plus utilisées, compte tenu de la bonne
qualité des bois qui en sont issus, sont entre autres : Khaya
senegalensis (Aganho), khaya grandifoliola (acajou à
grande feuille), Milicia excelsa (Iroko) Anogeissus Leiocarpus,
Pterocarpus erinaceus, Diospyros mespiliformis (faux Ebène),
Isoberlina doka, Berlinia grandifoliola .
Au rythme actuel de dégradation du couvert
végétal, les sols de Bantè ne tarderont pas à
devenir nus. Ce qui pourrait causer des problèmes environnementaux
graves.
-Evaluation des
unités d'occupation du sol entre1990 et 2005
Entre 1990 et 2005 les unités d'occupation du sol ont
connu une évolution progressive considérable. Le tableau suivant
résume le rythme d'évolution des unités d'occupation entre
1990 et 2005
Tableau VIII : Rythme d'évolution
des unités d'occupation du sol à Bantè entre 1990 et
2005
Années
|
1990
|
2005
|
Unité d'occupation du sol
|
En Hectare
|
En %
|
En Hectare
|
En %
|
Galerie forestière
|
8980
|
2,64
|
13492
|
3,96
|
Forêt dense semi décidue
|
33608
|
9,87
|
28506
|
8,38
|
Forêt claire et savane boisée
|
61318
|
18,02
|
52027
|
15,29
|
Savane arborée et arbustive
|
137661
|
40,45
|
78443
|
23,05
|
Savane arborée et arbustive saxicole
|
569
|
0,17
|
1041
|
0,3
|
Savane à emprise agricole
|
93911
|
27,59
|
110713
|
32,53
|
Mosaïque de cultures et de jachères
|
2839
|
0,83
|
53582
|
15,74
|
Plantation
|
1475
|
0,43
|
2557
|
0,75
|
Total
|
340361
|
100
|
340361
|
100
|
Source : Résultat de traitement,
novembre 2007
De la lecture du tableau, on remarque que la commune de
Bantè, pendant les quinze dernières années a subi
d'importantes transformations au niveau des différentes unités
d'occupation. En effet, les mosaïques de cultures et de jachères
ont progressé de plus de 15% et les plantations ont presque
doublé. Ce qui témoigne de la pauvreté des sols
laissés en jachère d'une part et d'autre part de la destruction
des forêts par une population qui s'accroît au fil des ans.
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