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Les rapports entre l'homme et la nature. Un analyse critique de l'Ethique de l'environnement

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par Martino AMISI
Institut facultaire Théophile Reyn - Graduat en philosophie 2009
  

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2.2.2. L'écocentrisme

Par opposition à l'éthique biocentrique de l'environnement, l'écocentrisme est un élargissement du domaine morale jusqu'aux éléments non vivants de la nature, c'est-à-dire un égalitarisme biosphérique (biospheric egalitarianism) selon lequel les espèces, les communautés, les écosystèmes ont une valeur intrinsèque, parce qu'ils sont une matrice des organismes. De ce fait, les communautés, les écosystèmes doivent être protégés dans leur intégrité. L'homme fait partie de la communauté biotique, les plantes et les animaux sont ses compagnons. D'où la nécessité d'un partenariat (stewardship) avec la nature. C'est ici que l'on peut comprendre pourquoi les riverains adoraient la rivière, le fleuve ou la mer ; les habitants de la forêt vénéraient la forêt, etc.

L'écocentrisme est une éthique conséquentialiste où le critère d'appréciation d'un acte est la conséquence de cet acte sur l'écosystème, la communauté, l'espèce. Le principe fondamentale de l'éthique écocentrique, tel que l'énonçait Aldo LEOPOLD est qu' « une chose est juste lorsqu'elle tend à préserver l'intégrité, la stabilité et la beauté de la communauté bioéthique et qu'elle est injuste lorsqu'elle tend à autre chose »40 . L'écocentrisme évoque l'idée de la valeur systémique étant donné que les éléments de la nature sont liés les uns aux autres dans un système.

Dans son article intitulé la valeur de la nature, Rolston III démontre en long et en large l'existence de la valeur systémique dans la nature. Selon ce dernier, la valeur systémique est fondamentale. Ainsi dit-il, « les valeurs sont intrinsèques, instrumentales et systémiques, et les trois sont entrelacées, aucune ne pouvant se voir reconnaître une importance prioritaire par rapport aux deux autres, bien que la valeur systémique soit fondamentale »41.

De ces deux éthiques ressort un rapport de partenariat entre l'homme et les autres composantes de la nature étant donné que l'homme n'est qu'une composante de la nature au même titre que les autres.

2.3. Le pragmatisme environnemental

Bryan NORTON s'est imposé depuis le début des années quatre-vingt comme un acteur incontournable de l'éthique environnementale, en donnant le coup d'envoi à ce qui est devenu depuis l'une des tendances dominantes : le pragmatisme environnemental. L'originalité du pragmatisme en éthique environnementale se laisse le plus aisément caractériser par son refus de prendre position au sujet de la querelle qui oppose les partisans d'une éthique anthropocentriste (pour laquelle l'homme est, en dernière instance, la mesure de toute chose et vaut comme unique fin en soi) à ceux de l'éthique non anthropocentriste (pour laquelle, il existe dans la nature, indépendamment de toute évaluation humaine, des fins intrinsèques).

40 Aldo LEOPOLD cité par H.-S. AFEISSA, Op.cit., p.102.

41 H.-S. AFEISSA, Op.cit., p. 177.

Norton42 témoigne, à travers ses écrits, de sa volonté de contester la pertinence pratique de l'ensemble de cette problématique spéculative (l'existence ou non de valeur intrinsèque dans la nature) au nom de deux types d'arguments intimement liés l'un à l'autre, faisant valoir, d'une part, les effets désastreux des querelles intestines entre éthiciens de l'environnement qui rend leur discours politiquement inaudible et paralyse leur action concertée et, d'autre part, le caractère particulièrement stérile de ces débats dans la mesure où le concept majeur d'intérêt humain est laissé dans un état d'extrême indétermination. On en vient ainsi à ne plus savoir distinguer entre une utilité qui se satisfait dans la consommation immédiate des biens de la nature tels que les matières premières, les produits agricoles, etc. , et une utilité qui suppose la conservation de l'objet utile en tant que la conservation est une condition de la satisfaction des intérêts humains : il en va ainsi de l'ensemble des services écologiques fournis par la nature en l'absence desquels nous n'aurions très rapidement plus aucun accès au bien de consommation.

La conviction de Norton sur ce point est que des programmes de protection de la nature sont parfaitement justifiables du point de vue d'une conception suffisamment large de la valeur instrumentale anthropocentrique. Mieux encore, il importe de reconnaître à cette approche des problèmes environnementaux une indéniable supériorité pratique pour au moins deux raisons. D'une part, l'invocation de la valeur instrumentale anthropocentrique correspond, de fait, au mode de justification le plus répandu chez les environnementalistes et constitue à ce titre un espace d'interlocution immédiatement commun au sein duquel le débat pourra s'engager. D'autre part, en réussissant à neutraliser la controverse axiologique entre valeur intrinsèque et utilité humaine, le recours à la valeur anthropocentrique au sens large permet, par là même de laisser à la subjectivité de chacun le choix en faveur de telle ou telle option philosophique, et donc de déplacer le débat sur de terrain des modalités rationnelles d'action environnementale.

C'est en référence à ces options pragmatistes que Norton s'est efforcé d'élaborer sa propre théorie de la gestion durable des écosystèmes. Il estime, en outre, que les différences qui se manifestent entre les modèles de durabilité

actuellement disponibles proviennent essentiellement de la façon dont on pose le problème de la détermination des obligations qui nous incombent à l'endroit de générations futures, et de la façon dont on le résout. Il distingue ainsi deux modèles de durabilité.

Selon le premier modèle, dit de durabilité faible, c'est-à-dire ce qui doit se transmettre de génération en génération, c'est un même niveau de possibilités, un même éventail équitable d'opportunités. Etant donné, d'une part, qu'il est sans doute impossible de restreindre ou de contrôler les types d'utilisation de l'environnement et la répartition consécutive des fruits de la coopération, qui correspond à la conception que se font les personnes actuelles de ce qui est bien pour elles-mêmes, et étant donné, d'autre part, qu'une diminution du stock de ressources ou altération de la qualité de l'environnement peut résulter d'un usage tout à fait rationnel de la part des générations précédentes, il faut que chaque génération ait le devoir de s'assurer que les opportunités de vie offertes à ses descendants ne sont pas moins satisfaisantes que les siennes. Or pareille exigence implique que chaque génération reconnaisse qu'elle est moralement tenue de compenser les ressources épuisées ou l'environnement dégradé par le développement d'un potentiel de production équivalente.

Selon le second modèle dit durabilité forte, il convient de procéder, non pas par comparaison de formes de bien-être individuel, mais par établissement d'une liste des matériaux qui devraient être épargnés au profit des générations futures .Par matériaux, il faut entendre tout aspect du monde naturel qui est physiquement descriptible en y incluant d'importants sites, des groupes de classifications biologiques, des réserves fixes de ressources et d'importants processus écologiques. C'est dans cet ordre d'idée qu'on parle des espèces animales en voie de disparition. Selon cette approche, l'hypothèse d'une fongibilité absolue des ressources est inaccessible, et il convient au contraire de spécifier, parmi les caractéristiques et les processus qui constituent l'environnement naturel, lesquels sont essentiels au bien-être futur, de telle sorte que toute détermination du lot de ce qui doit être légué, qui ne s'engagerait pas à les protéger ferait que, inévitablement, les générations futures auront été lésées.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery