CHAPITRE PREMIER : GENERALITES SUR LES ZONES D'ETUDE
I . Le cadre géographique
Gaya est l'un des cinq départements que compte la
région de Dosso. Il est situé à l'extrême Sud entre
11°42' et 12°56'de latitude Nord et 3°6' et 3°51' de
longitude Est. Il couvre une superficie de 4044 km2 soit 3.2% de
l'étendue totale du pays et est limité au Nord-Est par le
département de Dogon Doutchi, au Nord-Ouest par le département de
Dosso, à l'Est et au Sud-Est par la République
Fédérale du Nigeria, au Sud-Ouest par la République du
Bénin. Le département compte six cantons: Dioundiou, Kara kara,
Yélou, Zabori, Bana et Gaya.
Quant au département d'Aguié, il est
situé dans la partie sud de la région de Maradi. Il est
limité au Nord par le département de Mayahi, à l'Est par
celui de Tessaoua, au sud par la République Fédérale du
Nigeria et à l'Ouest par le département de Madarounfa et Guidan
Roumdji. Aguié est le département le moins vaste de cette
région avec une superficie estimée à 2800
Km2.
II . Le milieu biophysique
II . 1 Le climat
Le climat est du type Nord-soudanien pour la zone de Gaya et
sahélien pour la zone d'Aguié. Il se subdivise en deux saisons:
l'une sèche allant de Novembre à Avril, et l'autre pluvieuse
allant de Mai à Octobre pour Gaya. La saison pluvieuse qui débute
en Juin dure 4 à 5 mois à Aguié.
La moyenne annuelle des précipitations
enregistrées à la station de Gaya au cours des trente
dernières années (1961-1991) était de 797 mm avec un
nombre moyen annuel des jours pluvieux de 62. Cette moyenne est de 815 mm/an
pour la période 1973-2003.
La station d'Aguié est de création
récente, la série disponible est de 1981 à 2003;
d'où le recours à la série historique de la station de
Gazaoua qui est un poste administratif situé à quinze
kilomètres (15 km) à l'Est d'Aguié. La moyenne annuelle
des précipitations (1973-2003) enregistrées au niveau de cette
station est de 450 mm.
Ces deux stations donnent la même évolution des
pluviométries (figure 1) sur les trente dernières années.
Cette situation pluviométrique se caractérise par une forte
variabilité inter- annuelle avec des années de sécheresse
beaucoup plus prononcées en 1983, 1984 et 1987.
Les températures moyennes minimales enregistrées
à la station de Gaya de 1970-1997 nous donnent 18.64° pour janvier,
mois le plus froid et 27.18° pour avril considéré comme le
mois le plus chaud. Quant au maxima pour la même période, janvier
enregistre une moyenne de température de 33.14° et avril
40.31°.
Le mois d'août au cours duquel tombe plus du tiers des
précipitations annuelles, enregistre 28.81° (Dambo, 2001).
La température la plus basse de la zone d'Aguié est
en moyenne de 10°c avec des moyennes maximales variant de 27 à
29°c (Moussa, 2000).
1400
1200
1000
400
200
600
800
0
Années
Gaya Gazaoua
Source : Direction de la météorologie
nationale
Figure 1 : Evolution des pluviométries des stations de
Gaya et Gazaoua de 1973 à 2003.
II . 2 Géomorphologie
Le relief de la zone de Gaya est caractérisé par
trois niveaux:
- un plateau gréseux dont le pendage dans la partie
orientale du Dallol est Nord-Est, sud-ouest (0.2%). Ce plateau est
généralement recouvert d'une cuirasse ferrugineuse du continental
terminal avec des placages sableux d'origine éolienne. Il est
limité par des falaises plus ou moins raides, entaillées par les
affluents fossiles du fleuve Niger que sont les Dallols Maouri et Fogha (Dambo,
2001).
- un niveau intermédiaire constitué de terrasses
sableuses;
- une plaine alluviale faiblement inondée à
prédominance sableuse d'axe Nord-Sud à faible pente.
Contrairement à Gaya, le modelé
général de la zone d'Aguié correspond à un bas
plateau recouvert par un manteau sableux à épaisseur variable et
formant un système dunaire plus ou moins aplati, fixé par une
végétation steppique (Ratnaud, 2001 cité par Lamine
2002).
II . 3 Le sol
On distingue quatre grands types de sols correspondant aux
différentes formes du relief de
Gaya:
- Les sols de plateaux généralement peu profonds et
graveleux qui reposent sur le grès du continental terminal, les plaques
cuirassées y affleurent par endroit ;
- Les sols de terrasses situés au pied du talus des
plateaux et en bordure des dallols constitués essentiellement par des
sables argileux ;
- Les sols des dallols d'origine alluviale appartenant pour la
plupart au groupe des sols ferrugineux tropicaux qui sont, selon les cas,
sablo-limoneux ou sablo-argileux ;
- Les sols des lits des anciennes rivières, des
cuvettes, bas-fonds et de la vallée du fleuve sont hydromorphes, de
couleur grise, et plus riches que les précédents en
matière organique (Parkans, 1969 cité par Lamine 1997)
Dans la zone d'Aguié les principaux types de sols
rencontrés sont :
- les sols dunaires peu différenciés ou Jigawa
à texture sableuse, perméables avec une capacité de
rétention en eau très basse, faciles à travailler, mais de
faible fertilité ;
- les sols ferrugineux tropicaux lessivés ou
Géza à texture limoneuse avec une faible teneur en
matières organiques. Ils sont compacts, peu perméables et
difficiles à travailler, du fait de leur teneur en argile. Ce sont des
sols caractérisés par le phénomène de prise en
masse à la dessiccation et une tendance à l'induration ;
- les sols de bas-fonds : ils sont localisés dans la
vallée des Goulbis et les dépressions inter dunaires. Ce sont des
sols à hydromorphie temporaire formés d'alluvions argilo-sableux
à texture variable et cohérents à sec (Ibro, 1997
cité par Lamine, 2002).
II . 4 Hydrographie
Le département de Gaya est arrosé par le fleuve
Niger sur plus de 100 km et traversé par ses affluents fossiles sur
près de 150 km du nord au sud (Dallols Maouri et Fogha). Le long de ces
dallols s'aligne un chapelet des mares permanentes et semi- permanentes qui
sont alimentées par les importantes précipitations qu'enregistre
le département. Les eaux du sous- sol sont aussi abondantes car le
département dispose de sept systèmes aquifères dont les
plus utilisés par les populations sont la nappe phréatique du
Dallol Maouri (profondeur 30 cm) et les nappes alluviales des dallols (Maouri
et Fogha) et du fleuve (Géoconseil, 1998 cité par Dambo,
2001).
Le potentiel en eau de surface du département
d'Aguié est limité à 16 mares et aux écoulements
saisonniers des affluents du Goulbin Kaba (Fadama et Mayfarou) qui ont leur
confluence en aval immédiat de Gazaoua (figure 3). Les
mares ont des capacités de stockage très faibles et leur
durée de vie ne dépasse pas 4 mois après la saison des
pluies.
Trois aquifères constituent les eaux souterraines
d'Aguié : l'aquifère du socle précambrien de la partie
sud-ouest du département avec une profondeur moyenne de 40 m;
l'aquifère du continental hamadien qui couvre la quasi- totalité
du département, avec une profondeur d'environ 60 m, et enfin
l'aquifère des alluvions récentes pour lequel on distingue la
nappe du Goulbin Maï Farou et Goulbin Fadama avec une profondeur de 7
à 12 m (CRESA , 2002 cité par Lamine, 2002).
II . 5 La flore et la végétation
La végétation de la zone de Gaya est
caractérisée par une savane arbustive constituée
essentiellement des combretacées localisées surtout sur les
plateaux latéritiques.
La rôneraie du Dallol Maouri, l'un des plus importants
peuplement de rôniers de l'Afrique de l'ouest fait partie de ces
ressources ligneuses.
Cette végétation est répartie en trois
groupements (Lawali, 1992) :
- Le groupement des plateaux latéritiques: c'est le
domaine des savanes arbustives dominées par les espèces suivantes
: Anogeissus leocarpus, Combretum micrantum, Bombax costatum , Acacia
macrostachya, Feretia apodenthera, Pterocarpus erinaceus, Loudetia togoensis,
Thephrosia purpurea, Combretum glutinosum, Combretum nigricans, etc;
- Le groupement des dunes stabilisées: il est
constitué par des savanes arbustives et
arborées où l'on rencontre des espèces
telles que : Vitex doniana, Detarium microcarpum, Prosopis africana,
Sclerocaria birrea, Balanites aegyptiaca, Vitelaria paradoxa , Ziziphus
moritiana, Monechma ciliathum, Zornia glochitiata, Guiera senegalensis,
etc;
- Le groupement des vallées: c'est le domaine des savanes
boisées et des forêts claires.
On rencontre entre autres les espèces suivantes :
Daniella olivera, Celtis integrifolia, Ficus spp, Diospyros mespiliformis,
Vitex doniana, Hyphaene thebaïca, Parinari macrophylla, Borassus aethi
opium, Acacia pennata, etc.
La végétation de la zone d'Aguié se
limite aux espèces telles que: Sclerocaria birrea,
Commiphora africana, Guiera senegalensis, Combretum
migrantum, Acacia albida, Piliostigma reticulum, Anona
senegalensis et des pieds isolés de Vitex doniana et
Combretum glutinosum. A ces espaces s'ajoutent près de 65 000 ha de
régénération naturelle de ces différentes
espèces (Yacouba 2000).
Le tapis herbacé de cette zone est trop bas et peu
varié. Il est constitué de Eragrostis tremula,
Cenchrus biflorus, Brachiaria disticophylla, Alysicarpus
ovalifolius, et Mytracarpus
scaber et connaît ces dernières
années une extension démesurée du Sida cordifolia
et de Zornia glochidiata.
Le département de Gaya compte trois (3) forêts
classées totalisant 14277.5 ha.
Il s'agit des forêts classées de Bana (751.5 ha), de
Gorou bassounga ( 8832 ha) et de Foga beri (4694 ha).
Le département d'Aguié possède
également trois forêts classées (Dan Kada Dogo, Dan Gago et
Bakabé) d'une superficie totale de 14330 ha au classement.
Comme pour le reste du pays, ces forêts connaissent des
problèmes de dégradation continue des ressources résultant
de la forte concentration des populations dans les zones favorables à
favorables (comme les Dallols) et d'un défrichement abusif sur les
plateaux comme la coupe et la vente de bois vert et l'extension des terres de
cultures (service de l'Environnement de Gaya, 2003). Les
forêts classées de la zone d'Aguié sont actuellement
claires et dégradées à cause de la disparition progressive
des certaines espèces ligneuses (due à la surexploitation), de
l'apparition d'herbacées indésirables comme Sida
cordifolia et de l'occupation clandestine.
II . 6 La Faune
Il n'existe pas des statistiques fiables sur la faune. Cependant
on note une réduction drastique des effectifs accompagnée de la
disparition de la majorité des espèces .
La faune sauvage de Gaya réside essentiellement dans la
forêt classée de Goroubassounga et dans certains massifs
près du fleuve. Dans cette forêt, les oiseaux sont en grand nombre
ensuite viennent les reptiles et les rongeurs. On y trouve également des
espèces comme Lepus capensis, Camus aureus, Numida
melagris, etc (Idé, 2003).
A Aguié, les ressources fauniques sont actuellement
rares, résultat de la destruction de leur niche écologique
à cause de la pression anthropique et des aléas climatiques. Les
reliques rencontrées sont constituées de Papio cynocephalus,
Erythrocebus patas, Canis zerda, Lepus capensis, Felis sylvestris, Xerus
erytropus, Atelerix albiventris, Ratus sp, Varanus niloticus et divers
autres types de reptiles et d'oiseaux (Lamine, 2003).
III . Le milieu socio-économique
III . 1 Population
Le département de Gaya a une population de 247127
habitants (MFE, 2001). C'est la zone la plus peuplée de la région
de Dosso avec une densité de 63 habitants au km2. La
répartition par sexe donne 49,9% pour les femmes contre 50,1% pour les
hommes (Dambo, 2001). La population
est composée essentiellement des Tchanga et des Maouri
au Nord -Est et au Nord ; des Djerma et des Dendi au Sud- Ouest et au Sud et
des Peulhs répartis dans tout le département (service du plan
Gaya, 2003). Le département de Gaya compte six cantons pour plus de 214
villages. Ces cantons sont: Gaya, Yélou, Dioundiou, Bana, Karakara et
Zabori.
Selon les résultats provisoires du recensement
général de la population MFE, 2001, le département
d'Aguié compte 273926 habitants dont 133485 hommes et 140441 femmes soit
un rapport de masculinité de 95 hommes pour 100 femmes. La
densité est de 91.3 habitants au km2 (service plan
Aguié, 2003). La population est essentiellement composée des
Haoussa, des Peulhs, des touareg, etc. Le département est
subdivisé en deux cantons, Aguié et Gangara, avec 183 villages et
37 tribus Peulhs composant deux groupements (Hawandawaki et
Baoudéta).
III . 2 L'agriculture
La zone de Gaya est la mieux arrosée du Niger (580 mm
au Nord et 700 mm au Sud), ce qui explique sa richesse en ressources
naturelles. La superficie cultivable est estimée à 290780 ha. La
superficie emblavée est passée de 60015 ha en 1983 à 91116
ha en 2001 (service de l'Agriculture de Gaya, 2003).
Les principales cultures de la zone de Gaya se
répartissent en 3 groupes : les cultures pluviales, l'arboriculture et
les cultures irriguées et de décrue .
Le mil, le sorgho, le niébé, l'arachide, le
voandzou et le fonio constituent l'essentiel des cultures pluviales et occupent
la quasi totalité des terres cultivées. Les rendements moyens du
mil, du sorgho et du niébé sur 20 ans (1983-2002) sont
respectivement de 600 kg/ha, 600 kg/ha et de 100 kg/ha (service d'Agriculture
de Gaya, 2003).
Les cultures irriguées se font dans les
aménagements hydro-agricoles de Gaya, Tara, et Gattawani Dollé
avec comme principales spéculations le riz, la canne à sucre,
l'oignon, la patate douce etc.
Les cultures de décrue se pratiquent dans les
vallées des Dallols Maouri et Fogha, aux abords du fleuve, des mares et
des forages artésiens .
L'arboriculture se pratique le long du fleuve Niger et dans
les Dallols à travers la production de mangues , de citrons, de goyaves,
de tangelos, etc.
La zone d'Aguié, avec une pluviométrie variant
de 400 à 600 mm a un potentiel en terres cultivables de 255726 ha. Le
nombre total des exploitations est estimé à 28473 en 1997.
L'exploitation moyenne comprend huit actifs et dispose d'environ 4.5 ha de
terres cultivables soit 0.6 ha par actif. Cette situation devient de plus en
plus critique du fait de l'accroissement de la
population (service de Plan Aguié, 2003). Dans cette
zone, les principales spéculations sont le mil, le sorgho, le
niébé, l'arachide et le souchet. Les rendements moyens sur 16 ans
(1987-2002) est de 400 kg/ha pour le mil, 200 kg/ha pour le sorgho, 100 kg/ha
pour le niébé et 350 kg/ha pour l'arachide ( service de
l'Agriculture d'Aguié, 2003).
III . 3 L'élevage
D'une manière générale, l'élevage
est la seconde activité après l'agriculture au Niger. Ce secteur
regroupe l'élevage du gros bétail (bovins, asins, équins
et camelins), le petit bétail (ovins, caprins) et la volaille (poulets,
pintades, canards, pigeons).
D'une manière générale, le système
de conduite du troupeau de la zone de Gaya comprend le système extensif,
le système semi- extensif et le système intensif (service
d'élevage de Gaya, 2003).
Ce dernier repose essentiellement sur l'embouche. Dans ce
système, l'animal est en stabulation fixe et bénéficie des
aliments de base ou de concentrés, de l'eau et des soins particuliers.
Ce type d'élevage est essentiellement destiné à la vente
et concerne les bovins, les ovins et les caprins.
Le système semi-extensif est celui dont les animaux
sont en divagation libre dans la nature le matin et reviennent le soir. A
l'heure du retour, ils reçoivent un complément alimentaire. Les
vaches laitières, les reproductrices et les animaux de traits sont les
plus favorisés.
Le système extensif comprend trois variables que sont
la petite transhumance, la moyenne transhumance et la transhumance
transfrontalière.
La zone ne dispose pas des aires de parcours proprement dites,
mais quelques endroits offrent quand même cette possibilité; il
s'agit des parties de forêts classées, le sommet de plateaux, et
les bordures du fleuve Niger. On y trouve également dans la zone
quelques puits pastoraux, des couloirs de passage balisés et des
mares.
L'élevage est pratiqué par la majorité de
la population d'Aguié. Contrairement à la zone de Gaya, cette
activité évolue dans un contexte peu favorable à cause de
la faible disponibilité de terres de pâture, des
difficultés d'alimentation et d'embrèvement des animaux (due au
manque des mares et à la profondeur des puits), des épizooties
etc. L'alimentation de base en saison sèche se limite essentiellement
aux résidus de cultures (tiges de mil et sorgho, fanes d'arachides et du
niébé) et aux fourrages aériens.
Une partie du cheptel (les animaux de trait, d'embouche) est
gardée au village pendant toute l'année est l'autre partie
transhume en hivernage dans les zones pastorales du Nord. Ces animaux ne
reviennent qu'après les récoltes pour profiter des résidus
de cultures .
II1 . 4 Le commerce
Les deux frontières internationales (Nigeria et
Bénin) de la zone de Gaya jouent un rôle important sur le plan
économique et social. Les exportations de la zone en direction de ces
pays portent surtout sur la gomme arabique, le kapock, le sel, le
niébé, le voandzou, l'oignon, la canne à sucre, le
bétail et les cuirs et peaux. Les importations concernent entre autre
les tissus et pagnes, le tabac, les céréales, l'igname, les
produits manufacturés, la cola et les hydrocarbures .
Cependant la proximité des marchés importants de
ces pays voisins (Kamba au Nigeria et Malanville au Bénin) constitue un
frein aux activités commerciales à Gaya, car les habitants
préfèrent s'approvisionner eux mêmes au niveau de ces
marchés.
Les principaux marchés de la zone d'Aguié se
localisent à Tchadoua, Aguié, Gazaoua et Dankama au Nigeria
où se concentre l'essentiel des activités commerciales.
Les transactions commerciales portent surtout sur les produits
agro-sylvo -pastoraux et artisanaux. D'autres produits comme le sel, le sucre,
le savon, le pétrole lampant, des intrants agricoles et zootechniques et
la pharmacopée sont aussi commercialisés.
III . 5 Autres activités
Dans la zone de Gaya, en dehors des activités principales,
la pêche, l'apiculture et l'artisanat viennent occuper les populations et
génèrent énormément des revenus.
Ainsi, la pêche se pratique le long du fleuve sur 106
km, dans les Dallols et les mares. Cette activité concerne environ 2000
pêcheurs du Niger, du Nigeria et du Bénin répartis dans 33
campements de Sorko (pêcheurs professionnels). En 1996 la production a
été estimée à 25,6 tonnes de poissons frais dont
13,5 tonnes commercialisés et 12 tonnes auto consommés
(Idé , 2003).
Les espèces rencontrées sont entre autres celles
des Familles des Mormyridae, des Mochocidae, des
Chlaridae (Service de l'environnement , 2002).
L'apiculture connaît aujourd'hui un essor important avec
l'appui technique du projet PADEL. La présence des espèces de
plantes mellifères ( Vitellaria paradoxa et Anogeissus
léocarpus ) a joué un rôle capital dans le
développement de cette activité (Service de l'Environnement
,2002).
L'artisanat est beaucoup plus développé dans les
villages avec essentiellement des forgerons fabriquant des outils aratoires
(Hilaires, Daba, Machettes, Faucille), des potiers, etc.
L'abondance des rôneraies a permis l'apparition d'une
catégorie d'artisans utilisant le pétiole du rônier pour la
fabrication des fauteuils, des canapés, des tables et des lits. Ces
articles en sous
produits de rôniers trouvent une clientèle qui
vient souvent de l'extérieur du département (Géoconseil,
1994, cité par Idé, 2003).
A Aguié, l'essentiel des activités
socio-économiques se limite à l'agriculture, l'élevage et
le commerce. L'artisanat est l'un des secteurs pourvoyeurs des populations en
biens et services notamment pour le travail agricole (hiler, daba...), les
équipements domestiques et autres articles de prestige.
III . 6 La Position géographique des villages
d'étude
Deux villages ont été choisis pour la
réalisation de ce travail : le village de Bana dans la zone de Gaya et
le village de Zabon Mousso dans la zone d'Aguié.
Bana est l'un des six cantons qui composent le
département de Gaya (Figure 2). Il se situe à 30 km au Nord-Est
du chef lieu de département et est limité à l'Est par le
Nigeria, à l'Ouest par Tanda, au Nord par le canton de Yelou et au Sud
par Gaya et le Nigeria.
Le village de Zabon Mousso se situe à 7°33'44" de
longitude Est et 13°33'35" de latitude Nord (figure 3). D'une
manière générale, les conditions climatiques,
édaphiques et socio- économiques de ces villages correspondent
à celles des zones présentées.
CHAPITRE 2 : APPROCHE METHODOLOGIQUE I . Cadre conceptuel
I . 1 Cadre Institutionnel
Au cours des deux dernières décennies, la
communauté internationale a commencé à prendre conscience
du fait qu'il ne saurait y avoir de société ou d'économie
équilibrée dans un monde affligé par une telle
pauvreté et une telle dégradation de l'environnement (Michael,
1993).
Notre biosphère aujourd'hui, change très vite,
plus vite semble- t- il que la normale, la normale étant la
période qui précédait le développement des
activités humaines. Ces changements concernent tous les cycles
essentiels : celui de l'eau , ceux des principaux constituants de
l'atmosphère (carbone, azote, ozone ...). Ces changements concernent
aussi les ressources dites renouvelables qui ont de plus en plus de
difficultés à se renouveler au rythme de leur utilisation et de
leur dégradation par les activités humaines (OMM, 1995).
Ainsi, le caractère global des changements climatiques
rend impérative la coopération la plus étroite possible
entre tous les pays et leur engagement actif pour rechercher des solutions
appropriées à l'échelon mondial (Maria, 2000). Pour y
parvenir, la Conférence des Nations Unies sur l'Environnement et le
Développement (CNUED) a adopté en 1992 la convention cadre sur
les changements climatiques. Cette convention est un traité contraignant
qui constitue un cadre pour la lutte au niveau international contre les causes
et les effets des changements climatiques. Elle se propose de développer
un partenariat planétaire en vue d'atténuer les causes et les
effets néfastes des changements climatiques .
La genèse du sommet de Rio de Janeiro remonte à
1972, année où 113 nations se réunirent à Stockholm
(Suède) dans le cadre de la conférence des nations Unies sur
l'environnement, la première grande assemblée internationale
consacrée à ce thème.
Onze ans plus tard (1983), l'ONU créa la commission
mondiale pour l'environnement et le développement. Quatre années
plus tard, celle-ci lançait dans son rapport intitulé «
Notre Avenir à tous » une mise en garde à l'humanité,
en soulignant que sauf à réviser en profondeur, nos modes
d'existence et de développement, nous nous exposions à des
souffrances humaines inacceptables et à une dégradation
dramatique et irréversible de l'environnement. La commission Brundtland,
du nom de sa présidente, soulignait que l'économie mondiale doit
répondre aux besoins et aspirations légitimes des peuples, mais
que la croissance est tributaire des limites écologiques de la
planète. C'est dire que cette commission appelait à une
ère nouvelle placée sous le signe d'un développement
économique respectueux de l'environnement qui puisse satisfaire les
nécessités des générations présentes et
futures.
En 1987, les Nations Unies convoquèrent la
conférence sur l'environnement et le développement, afin de
définir le concept de développement durable et les exigences
qu'il comporte. Deux années durant, des experts du monde entier
élaborent des difficiles accords sur le chemin de Rio. Et c'est en 1992
que la conférence des nations Unies sur l'environnement et le
développement aussi appelée Sommet planète Terre ou Sommet
de la Terre s'était tenue à Rio de Janeiro. A l'issu de cette
conférence, on est parvenu à une entente sur deux conventions
internationales, deux déclarations de principes et un plan directeur en
faveur du développement durable pour le XXIè
siècle intitulé programme "Action 21". Dans ce programme sont
décrites les nombreuses activités (lutte contre la
dégradation des sols, de l'air et de l'eau; préservation des
forêts et de la diversité biologique; etc.) que doivent
entreprendre les gouvernements, les organisations internationales, les
organisations non gouvernementales et le secteur privé (OMM, 1995).
D'autre part, le rapport du groupe d'experts
intergouvernementaux sur les changements climatiques a abouti à
la signature et à l'adoption de la convention cadre des Nations Unies
sur les changements climatiques en Juin 1992 par 154 pays réunis
à Rio de Janeiro (Micheal; 1992). L'objectif de cette
convention selon les termes de l'article 2 est de stabiliser les concentrations
de gaz à effet de serre dans l'atmosphère à un niveau qui
empêche toute perturbation anthropique dangereuse du système
climatique (PNUE. 2002).
La convention Cadre des Nations Unies sur les changements
climatiques est appuyée par le protocole de Kyoto à
l'échelle mondiale. Ce protocole, adopté à
l'unanimité à la troisième session de la conférence
des parties en décembre 1997 partage les préoccupations et les
principes stipulés dans la convention Cadre des Nations Unies sur les
changements climatiques et y apporte une amélioration en ajoutant des
nouveaux engagements qui sont plus contraignants, plus complexes et plus
détaillés que ceux de la convention (Maria 2000).
Les pays signataires s'engagent à tenir compte, des
changements climatiques dans les domaines tels que l'agriculture,
l'élevage, la gestion des ressources ainsi que les activités dans
les zones côtières . En ratifiant la convention, les pays
s'engagent aussi à partager les expériences en matière des
technologies et à coopérer en vue de réduire les
émissions des gaz à effet de serre notamment dans les secteurs de
l'agriculture, l'élevage, la foresterie, la gestion des déchets
et du transport qui produisent la quasi - totalité des émissions
de gaz à effet de serre imputables aux activités humaines.
Du 26 août au 4 septembre 2002 s'est
déroulé à Johannesburg (en Afrique du Sud) le Sommet
mondial sur le développement durable. Ce Sommet visait à examiner
les progrès accomplis par les pays depuis dix ans au regard du programme
"Action 21" qui reste valable. Les deux
principaux documents qui ont fait l'objet de
négociation par les 191 pays sont la déclaration de Johannesburg
sur le développement durable et le plan de mise en oeuvre.
Les gouvernements ont convenu de prendre des engagements dans
cinq domaines prioritaires : l'eau et l'assainissement, l'agriculture et la
biodiversité, l'énergie, la santé, et la gestion des
écosystèmes. Ces engagements ont été
étayés par des annonces gouvernementales au sujet de programmes
et par des projets de partenariat.
Dans ce contexte global, la mise en oeuvre de la Convention
Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques est la preuve de la
volonté commune des parties contractantes pour parer au danger des
effets néfastes et aux impacts potentiels des changements
climatiques.
C'est ainsi que le Niger de concert avec les autres nations du
monde a adopté la convention Cadre des Nations Unies sur les changements
climatiques. Elle fut signée et ratifiée le 25 Juillet 1995.
Suite à cette ratification, le Niger a obtenu du fonds pour
l'environnement mondial (FEM) des fonds pour l'élaboration de sa
communication nationale initiale conformément aux dispositions de
l'article 12* dans le cadre de la mise en oeuvre de la convention (projet
changements climatiques, 1999).
Cette étude a concerné tous les secteurs
socio-économiques ainsi que plusieurs volets pour les inventaires de gaz
à effet de serre et les études de vulnérabilité et
adaptation aux Changements Climatiques. Ce sont : Energie, Agriculture et
Elevage, Changement d'affectation des Terres et Foresterie , Ressources en Eau,
Pêche et Faune, Zones Humides et Santé (Projet Changements
Climatiques, 1999).
* : Chacun des pays développés Parties et
chacune des autres Parties inscrites à l'annexe 1 présentera sa
communication initiale dans les six mois qui suivront l'entrée en
vigueur de la convention à son égard. Chacune des Parties qui ne
figurent pas sur cette liste présentera sa communication initiale dans
le trois ans de l'entrée en vigueur de la convention à son
égard ou de la mise à disponibilité des ressources
financières conformément à l'article 4, paragraphe 3.
Les Parties qui sont au nombre des pays les moins avancés seront
libres du choix de la date de leur communication initiale. Par la
suite, la fréquence des communications de toutes les Parties sera
fixée par la Conférence des Parties, qui tiendra compte des
différences d'échéance indiquées dans le
présent paragraphe.
I . 2 Problématique générale
Le climat est l'un des éléments les plus
dynamiques et le plus complexes du cadre physique. Ses modifications, parfois
brutales comparativement aux autres éléments du milieu provoquent
des déséquilibres importants, influençant de ce fait tous
les aspects du développement socio- économique des pays
sahéliens (Bokonon, 1997).
Le Niger est l'un des ces pays sahéliens qui se trouve
dans la zone tropicale aride et semi- aride. Il compte parmi les pays les plus
pauvres du monde.
Ses maigres ressources naturelles ( sol, eau,
végétation) subissent les conséquences néfastes des
sécheresses répétées, de la désertification
et de la pression démographique. Cependant, l'importance majeure de la
pluviométrie parmi les composantes climatiques mérite une mention
particulière dans l'analyse des divers systèmes de production.
Ainsi depuis 1968, le pays a connu plusieurs années de
déficit pluviométrique (1968, de 1971 à 1974, 1984, 1987,
1989, 1990, 1993, 1995 et 1996) qui se sont traduites par des périodes
de sécheresses chroniques avec comme conséquence la
réduction de la production agricole (Projet Changements climatiques,
1999).
Par ailleurs, les terres cultivables estimées en 1965
à 25% de la superficie totale du pays, ne représentent plus
aujourd'hui que 12% seulement en raison du déplacement vers le Sud de
l'isohyète 300 mm (Mamoudou, 1999).
Dans les conditions de systèmes extensifs comme pour la
plupart des zones agricoles au Niger, l'eau et l'utilisation de sols sont des
facteurs étroitement liés. Dans cette perspective, on pense que
la connaissance de conséquences hydrologiques des changements
d'utilisation de sols sur les ressources en eau est une condition
préalable à la compréhension de l'impact des changements
climatiques (Thornes, 1990).
En outre, plus de 85% de la population nigérienne est
rural avec un niveau de vie très bas. Ainsi, selon l'enquête de
PADEM, 63% de la population est pauvre (revenu annuel de 50000 à 75000
francs CFA/an/personne) dont 34% sont extrêmement pauvres ( moins de
50000 francs/an/personne); Direction de la statistique, 1994.
La population nigérienne estimée à
2876000 habitants en 1960 et 8758227 habitants en 1988 est d'environ 10790352
habitants en 2001 avec un taux d'accroissement moyen de 3.1% (MFE, 2001).
En terme de perspectives, on estime qu'en l'an 2025, cette
population sera de l'ordre de 17920521 habitants dont 15081234 de ruraux et
2839287 d'urbains (Projet Changements Climatiques, 1999).
C'est dire que même en l'absence de la
variabilité climatique, l'agriculture nigérienne devra faire face
à des défis socio-économiques sérieux dans les
prochaines décennies.
Il y a alors lieu de s'inquiéter sur l'avenir des
populations dans un pays où la capacité de réaction
technologique aux sécheresses et inondations est moins avancée,
et où les principaux facteurs physiques (sols, climat) affectant la
production sont de moins en moins adaptés à l'agriculture. C'est
pourquoi une adaptation des systèmes de production alimentaire et une
gestion rationnelle des ressources en eau constitue une stratégie
nécessaire et urgente.
Il faut aussi rappeler que la population du Niger est
inégalement repartie car 97.4% vivent sur moins de tiers (1/3) de la
superficie du pays dans la bande Sud agricole (MFE, 2001). Cette forte
concentration humaine, conjuguée à la pauvreté de la
population et à l'aridité du climat ont pour effet
d'accroître la pression sur les ressources et les
écosystèmes (Ousseini, 2002).
Ainsi, dans le cadre de la préservation des ressources
naturelles pour une gestion rationnelle de l'environnement, le projet "Climat
régional, Eau et Agriculture: Impact sur les systèmes
agroécologiques en Afrique et mesures d'adaptation" qui est un projet
régional mène une étude d'impact sur les systèmes
agro-écologiques en Afrique.
Pour des raisons liées au temps nécessaire pour
élaborer ce mémoire, cette étude bien qu'elle a un
caractère national, se limite à deux zones
agro-écologiques différentes situées sur la bande sud :
Aguié au centre Sud du pays et Gaya au Sud Ouest (Figure 4). Ces deux
zones appartiennent à la zone tropicale sèche, mais
présentent des différences sensibles sur le plan physique et
climatologique. Le choix de ces zones est porté sur des facteurs
physiques comme l'eau, le sol pour l'utilisation des activités
agricoles
La zone de Gaya se situe dans le secteur soudano-sahelien
caractérisé par des précipitations dont les moyennes
annuelles varient entre 500 et 900 mm. La faible profondeur de la nappe
phréatique, affleurante par endroit (dans les Dallols) et le fleuve,
donne à cette zone d'importantes potentialités agricoles et
pastorales qui en font une région convoitée (Lawali, 1992).
En revanche, Aguié s'étend dans le domaine
sahélien marqué par des précipitations ne dépassant
guère 600 mm par an. La nappe phréatique se trouve à une
grande profondeur. L'accès à l'eau est difficile car les mares
ont des capacités de stockage très faibles et leur durée
de vie ne dépasse pas quatre mois après la saison des pluies
(Lamine, 2002).
La variabilité climatique de ces zones liée aux
ressources en eau et aux conditions climatiques est un point important à
prendre en considération dans cette étude d'impact, surtout quand
il s'agit des risques climatiques associés à la
répartition spatiale de la production agricole.
I . 3 Définitions des concepts utilisés
· Systèmes de production
- L'exploitation est
considérée comme la collectivité humaine réunissant
ses efforts sur les grands champs à la condition que leur produit soit
affecté à l'alimentation collective des membres participant au
travail et leurs dépendants inactifs (Ancey, 1975 cité par Billaz
et al., 1981).
- Le terroir est l'ensemble des parcelles
homogènes caractérisées par une même structure et
une même dynamique écologique, ainsi que par un même
aménagement agricole (Jouve, 1984).
- Un système de culture est
l'exploitation d'un espace agricole par un ensemble de parcelles faisant
l'objet d'une organisation spatio-temporelle homogène se traduisant par
un même type de succession culturale (Jouve, 1984).
- Un système de production peut
être défini comme une combinaison spécifique de
systèmes de culture et d'élevage, combinaison
décidée au niveau de la famille en fonction des parcelles
accessibles et de leur localisation, compte tenu du matériel disponible
(outils, moyens de transports, bâtiments d'élevage ou de stockage,
etc.) de la force de travail familial ou mobilisable moyennant
rémunération, des opportunités de crédit et de
vente sur les marchés ( Hubert et al., 2002).
- Un système agraire est
l'association des productions et des techniques mises en oeuvre par une
société rurale pour exploiter son espace, gérer ses
ressources et satisfaire ses besoins
( Jouve, 1992).
- Le système productif agricole est
l'ensemble des éléments qui concourent à la constitution
des flux des produits agricoles. Nous utilisons dans ce document cette
expression pour faire allusion au système visant essentiellement la
production végétale, mais pouvant comprendre des activités
d'élevage en tant qu'occupation secondaire.
· Changements Climatiques
- L'évapotranspiration potentielle
(ETP) est la quantité d'eau évaporée par un couvert
végétal bas, continu et homogène, dont l'alimentation en
eau n'est pas limitante et qui n'est soumis à aucune limitation d'ordre
nutritionnel, physiologique ou pathologique.
- L'efficience d'utilisation de l'eau est la
quantité de biomasse par millimètre d'eau consommée par
hectare. C'est un véritable indicateur de la réponse d'une
culture à l'eau.
- Un scénario est une description
cohérente intérieurement constante et plausible d'un état
futur éventuel. Les scénarios des changements climatiques peuvent
être obtenus soit à partir des
modèles de circulation générale de
l'atmosphère et de l'océan, soit par utilisation des
données climatiques des années antérieures comme analogues
au climat futur (Projet Changements Climatique, 1999).
Ainsi ce scénario analogique s'appuyant sur des
périodes passées permet de déterminer à partir
d'analyse systémique la vulnérabilité de
l'élément cible face aux tendances connues sur le plan
socio-économique et environnemental.
- Un scénario de changements
climatiques est défini comme un ensemble physiquement
consistant de changement de variables météorologiques
basées sur des projections généralement acceptées
de niveaux de dioxyde de carbone et autres gaz en traces (FAO, 1997).
- La vulnérabilité est le
degré auquel une unité d'exposition est perturbée ou
compromise par suite des effets climatiques, les facteurs
socio-économiques et les facteurs physiques étant importants dans
la détermination de la vulnérabilité. Elle dépend
non seulement de la sensibilité de l'unité, mais également
de sa capacité à s'adapter aux nouvelles conditions
climatiques.
- L'adaptation concerne les parades aux
effets ou aux incidences des changements climatiques. Elle exprime le
degré auquel des ajustements sont possibles aux changements du climat
actuels ou projetés. L'adaptation peut être spontanée ou
planifiée, elle peut intervenir en réponse ou en anticipation
à des changements probables.
- Un changement climatique correspond
à un changement du "temps moyen" observé dans une région
donnée. Et le temps moyen comprend tous les éléments que
nous associons habituellement au temps, à savoir la température,
les caractéristiques des vents et les précipitations.
La Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements
Climatiques dans son article premier, définit les "Changements
Climatiques" comme des changements de climat qui sont attribués
directement ou indirectement à une activité humaine
altérant la composition de l'atmosphère mondiale et qui viennent
s'ajouter à la variabilité naturelle du climat observée au
cours de périodes comparables.
I . 4 Caractéristiques écologiques de trois
cultures utilisées
- Le Mil (Pennisetum glaucum (L.) R.
Br.)
C'est une céréale typiquement d'Afrique et
probablement originaire des savanes Ouest- africaines. Les
variétés les plus adaptées, au climat de type
sahelo-soudanien, ont un cycle de reproduction de 75 à 100 jours. Le mil
est moins exigeant que le sorgho dans le choix du sol. Il s'adapte aux sols
éclairés, aux températures comprises entre 35° et
45°c, aux fortes radiations.
Il tolère les sols acides et la sécheresse. Il
utilise en moyenne 330 mm d'eau (Kassam et Kowal, 1975 cité par
Maï. Moussa, 1996).
Les précipitations de 400 mm au cours de la saison des
pluies créent des conditions nécessaires à la formation
des rendements suffisants. Certaines variétés hâtives
cultivées au Niger sont capables de former leur rendement à
condition de recevoir au moins 200 mm d'eau en août et 300 mm au cours de
toute la saison pluvieuse.
Les variétés tardives forment des rendements
élevés à 400-800 mm de précipitations au cours de
trois à quatre mois de végétation (Bezpaly, 1984).
- Le sorgho (Sorghum bicolor L.
MOENCH.)
Le sorgho a été d'abord domestiqué en
Ethiopie puis transporté en Afrique de l'Ouest où il peuple
surtout les savanes Nord-guinéennes, entre les isohyètes 600 et
1000 mm. Son cycle de reproduction, dans cette zone est de 120 à 135
jours. Dans des conditions de bonne fertilité et d'humidité, 110
à 120 jours suffisent pour avoir un bon rendement. Il tolère la
chaleur moins que le mil. La meilleure température pour la germination
des graines est de 27-35 °C. Il préfère les sols lourds,
souvent argileux et est adapté aux pH compris entre 5 et 8.5 (Maï.
Moussa, 1996).
Le sorgho est très résistant à la
sécheresse grâce aux racines fortement
développées.
Pour la germination il exige un volume d'eau égal
à 25% du poids des graines. Le minimum hydrique nécessaire
à la production du rendement du sorgho est de 400 mm des pluies. Les
variétés hâtives réussissent mieux dans les terres
légères sableuses (Bezpaly, 1984)
- Le niébé ( Vigna
unguiculata L. (Walp))
Le niébé est une plante des régions
tropicales et subtropicales. Pour un développement normal il exige
beaucoup de chaleur et une luminosité intense. Le niébé
est une plante thermophile, la température optimale pour la germination
des graines est de 25°C. Le niébé est très sensible
à la luminosité solaire. Si la lumière n'est pas
suffisante, la période végétative dure plus longtemps,
surtout en saison des pluies. Le niébé résiste bien
à la sécheresse de l'air, mais supporte mal l'humidité
insuffisante ou excessive du sol. Il est très résistant à
la salinité du sol (Bezpaly, 1984).
I . 5 Cadre de travail
Deux zones agro-écologiques sont concernées par
cette étude. Des enquêtes socio- économiques et des
entretiens avec les autorités coutumières et les services
techniques ont été conduits. Des données climatiques et
sectorielles ont été également collectées. Ces
informations ainsi collectées nous permettent de réaliser une
étude d'impact de la variabilité climatique sur l'agriculture des
zones concernées.
L'ensemble du travail est conduit en trois étapes
essentielles :
- la collecte des données;
- l'exploitation informatique et l'analyse statistique des
données;
- l'analyse socio-économique.
II . Cadre Méthodologique
Nous avons utilisé deux approches pour atteindre
l'objectif de ce travail : l'approche biophysique et l'approche
socio-économique.
II . 1 L'approche biophysique
II . 1 . 1 Formulation des Scénarii -
Méthode utilisée
L'approche méthodologique retenue fait appel à
la modélisation statistique dans laquelle le paramètre sectoriel
est le prédictand, les paramètres climatiques étant les
préducteurs, en vue d'établir des relations sous de
modèles linéaires.
L'objectif est d'évaluer autant que possible les
interactions physiques, entre le climat et l'unité d'exposition choisie
(l'unité d'exposition étant ici le secteur agricole). On cherche
donc à établir des modèles empiriques statistiques
reposant sur les liens statistiques établis entre les conditions
climatiques et l'unité d'exposition.
- Choix des scénarii
Le logiciel Magic/Scengen mis au point par le Groupe
intergouvernemental d'experts sur le climat (GIEC) est l'un des outils
essentiels dans cette approche.
A cet effet les données thermiques et
pluviométriques de la normale 1961-1990 seront injectées dans ce
modèle. Ce qui permettra d'avoir une évolution de la
pluviométrie et de la température comparée à un
état moyen analogue aux événements extrêmes
passés et de déterminer les températures et les pluies
à l'horizon 2025.
Le choix de l'horizon 2025 se base sur la disponibilité
des projections démographiques pour le Niger à cette
période (Projet Changements Climatiques, 1999).
D'autres parts le modèle Cropwat sera utilisé
pour l'estimation de la disponibilité en eau des cultures. Et dans le
cadre de l'utilisation de ce modèle, les paramètres climatiques
utilisés comme prédicteurs sont essentiellement la
température, les précipitations, et l'évapotranspiration.
Pour la prédiction climatique, ce modèle utilise les
données de sortie du modèle MAGICC, couplé au logiciel
SCENGEN pour la région concernée.
Les rendements des cultures principales (mil, sorgho et
niébé ), les précipitations et la longueur de la saison
culturale seront retenus comme prédictands.
II . 1 . 2 Description des modèles
· Le modèle Cropwat
CROPWAT 4.3 est un logiciel élaboré par un groupe
d'experts de la FAO pour:
- le calcul de l'évapotranspiration de
référence, des besoins en eau des cultures, des besoins
d'irrigation et de l'alimentation en eau d'un périmètre;
- la mise au point des pilotages d'irrigation en diverses
conditions de gestion;
- l'estimation des rendements des cultures pluviales et des
effets des sécheresses
(Clarke et al., 1998).
· Le modèle Magicc/Scengen
La version de MAGICC/SCENGEN qui a été
utilisée comme modèle (Hadley Centre Unified Model 2 Transient,
UK ou HadCM2 et Geophysical Fluid Dynamics Laboratory, USA ou GFDLLO) fournit
uniquement les précipitations, la nébulosité et la
température moyenne sous abri, sur des degrés 5°x
5°(555 Km x 555 Km environ), comme données de sortie pour les
régions de Maradi et de Gaya. La période 1961-1990 a
été utilisée comme scénario de base et IS92A
(Reference Scenario) comme scénario de changements climatiques à
l'horizon 2025.
II . 1 . 3 Les données d'entrée du
modèle
Pour l'évaluation des besoins en eau des cultures
(CWR), le modèle exige des données sur le climat, la culture et
le sol. C'est pourquoi, la collecte a concerné des données
météorologiques fournies par la direction de la
météorologie nationale et des données sur le sol fournies
par l'INRAN (Labosol).
· Les données suivantes ont été
utilisées pour la période de référence :
-, l'évapotranspiration journalière obtenue
à partir de l'évapotranspiration moyenne mensuelle de la
période de référence 1978-1998 pour la région de
Gaya et 1978-2002 pour la région d'Aguié;
-, la pluviométrie moyenne mensuelle de la normale
1961-1990 pour les deux zones d'étude;
-, le type de sol.
A Aguié, les sols sont de type ferrugineux tropical
lessivé de texture sableuse. A Gaya, on trouve des sols à texture
sablo-argileuse, limoneuse et limono- argileuse. L'humidité à la
capacité de rétention (Hcr) des ces sols est consignée
dans le tableau ci-après.
Tableau 1 : l'humidité
à la capacité de rétention du sols des zones
d'étude
Localité Aguié Gaya
Texture du sol Sableuse Sablo-argileuse Limoneuse
Limono-argileuse
Hcr (%) 9 13 22 27
Source : INRAN (Labosol), Niamey 2003 -, les
données sur les cultures,
En ce qui concerne le coefficient cultural, le programme
étant déjà doté d'un certain nombre des cultures,
seulement les dates du semis et la durée du cycle des cultures ont
été utilisées. Le tableau ci-dessous nous donne le
relevé de cette situation pour les deux régions.
Tableau 2 : Dates de semis et de
récolte ainsi que le cycle de végétation retenus pour le
mil, le sorgho et le niébé des zones de Gaya et
Aguié.
Culture
|
Date de semis
|
Date de récolte
|
Durée du cycle (jour)
|
|
Gaya
|
Aguié
|
Gaya
|
Aguié
|
Gaya
|
Aguié
|
Mil
|
10 mai
|
15 juin
|
10 sept
|
15 sept
|
120
|
90
|
Sorgho
|
30 mai
|
30 juin
|
20 oct
|
15 oct
|
140
|
105
|
Niébé
|
30 mai
|
30 juin
|
20 oct
|
10 oct
|
140
|
100
|
|
Source : FAO, 1992
· Pour la projection à l'horizon 2025, en
plus de ces données sur les cultures et le sol, nous avons
utilisé la pluviométrie et la température fournies par le
modèle Magic/Scengen pour les régions de Maradi et de Gaya
à l'horizon 2025. L'évapotranspiration de 2025 a
été obtenue en utilisant la formule de PENMAN avec pour
entrée entre autre la température de la période
correspondante. Une fois que toutes ces données sont saisies, Cropwat 4
Windows donne automatiquement les résultats sous forme de tables et des
graphiques. Les résultats peuvent être obtenus à n'importe
quel pas de temps: Journalière, décadaire ou mensuelle.
II . 1 . 4 Les données de sortie du
modèle
Les résultats ainsi obtenus sont traduits sous la forme
d'un certain nombre des paramètres de rendement estimés pour
chaque culture. Il s'agit entre autres de :
- La Réserve Utile ou RU (mm); c'est la
quantité d'eau maximale prélevable par les racines sur une
épaisseur de sol donnée; elle correspond à la
quantité d'eau totale retenue dans le sol utilisable par les plantes;
- La Réserve Facilement Utilisable ou RFU (mm), c'est la
quantité d'eau facilement utilisable par la plante ; elle est toujours
inférieure à la réserve utile et est égale à
2/3 de celle-ci ;
- Les valeurs moyennes du coefficient cultural;
C'est un paramètre qu'il est important de connaître
dans le but d'évaluation de la quantité d'eau qu'une culture est
susceptible de consommer.
- L'évapotranspiration réelle de culture ou Etc
(mm/période), c'est l'évapotranspiration d'un couvert
végétal dans des conditions réelles données;
- L'évapotranspiration maximale ou Etm
(mm/période), c'est l'évapotranspiration de cette culture
à un stade de développement particulier dans un climat
donné;
- le rapport de l'évapotranspiration réelle de
culture sur l'évapotranspiration maximale des culture noté
Etc/Etm (%);
- la quantité totale de pluie tombée ou QTP
(mm/période)
- la pluie efficace ou PE (mm/période), c'est la
quantité de pluie tombée qui s'infiltre dans le sol ; - le
déficit d'humidité du sol ou DHS (mm), c'est le besoin en eau non
satisfait de la plante qui peut être apporté si possible;
- la réduction estimée de rendements due à
l'effort des cultures ( quand le rapport Etc/Etm tombe en dessous de 100%).
Tous ces paramètres sont consignés sous forme d'un
tableau pour chaque culture pour les deux périodes choisies et par zone
agro-écologique.
II . 2 L 'approche socio-économique
Notre approche pour l'étude des systèmes de
production s'apparente à la démarche pratique mise au point par
JOUVE (1984) pour l'identification et l'étude des systèmes
agraires dans le département de Maradi. Celle-ci comprend principalement
cinq étapes comme proposé sur la figure 5.
|
|
|
1 ère Etape
|
|
Valorisation de l'information
|
|
2 ème Etape
3 ème Etape
Choix des facteurs déterminant L'exploitation de
l'espace
Recueil de l'information Sur l'ensemble de la région
Prézonage de la région
Choix raisonné d'un échantillon de sites
d'enquête (villages)
Réalisation des enquêtes et observations de
terrain
Choix des thèmes d'enquête pour l'étude des
agrosystèmes villageois (ASV)
Tests et ajustement du questionnaire
Elaboration du questionnaire
Choix du niveau d'enquête
|
Analyse et interprétation des résultats Mise en
évidence des pratiques communes Elaboration d'une typologie des
agro-systèmes villageois
|
|
|
|
|
|
|
|
|
4 ème Etape
|
|
Analyse du fonctionnement des ASV Identification du ou
des systèmes agraires
|
|
|
|
5 ème Etape
|
Caractérisation du fonctionnement et de la
dynamique du ou des systèmes agraires
|
|
Extension géographique du ou des systèmes
agraires
|
|
Identification des thèmes d'intervention prioritaires
Recherche Développement
|
|
figure 5: Démarche pratique pour
l'identification et l'étude des systèmes agraires (JOUVE,
1984)
II . 2 . 1 Valorisation de l'information
existante
C'est une étape qui a consisté à
l'étude documentaire relative aux zones d'étude en vue de mieux
cerner la thématique de ce mémoire. Il faut dire que cette
étape est la première dans l'organisation de ce travail et elle
nous a permis de rassembler des informations relatives à la
géographie, l'agriculture, la vie socio-économique, ...
Le CRESA à travers ses relations de collaboration avec
le projet PADEL (Projet d'Appui au Développement Local) de Gaya et le
PAIIP (Projet d'Appui aux Initiatives et Innovations Paysannes) d'Aguié
nous a créée un cadre favorable à la réalisation
des missions d'enquêtes.
Les enquêtes ont été effectuées selon
le calendrier ci-après :
- du 05-08-2003 au 25-08-2003 pour la zone de Gaya ;
- du 06-09-2003 au 26-09-2003 pour la zone d'Aguié.
II . 2. 2 zonage et Elaboration du
questionnaire
Cette étude concerne deux zones
agro-écologiques différentes : la zone de Gaya et la zone
d'Aguié. Le choix de ces zones se rapporte sur un certain nombre des
critères relatifs aux conditions socio-économiques, et au milieu
physique. Ainsi, les éléments suivants ont été pris
en considération:
- le climat à travers essentiellement la
pluviométrie, facteur limitant la production agricole dans nos
conditions;
- le paysage: relief, topographie, sol;
- le peuplement humain: densité de la population;
- la disponibilité en terres de culture puisqu'il s'agit
des zones essentiellement agricoles ; - la possibilité d'avoir des
données climatiques et sectorielles sur une grande période.
Pour l'élaboration du guide d'enquête nous avons
utilisé un questionnaire standard préparé par FES, Yale
University (USA) et le CEEPA, Université de Pretoria (Afrique du Sud)
distribué à tous les pays concernés par ce projet de
Changements Climatiques (Annexe 1).
Les informations collectées à travers ce
questionnaire sont reparties en sept sections :
- une section consacrée à la taille du
ménage, l'âge, le sexe,.. .des membres de l'exploitation ; - une
section consacrée à l'emploi ou l'occupation du chef de
l'exploitation ;
- une section consacrée au nombre à la superficie
des champs que possède l'exploitation ainsi que le statut foncier et le
système de gestion de l'exploitation ;
- une section qui donne des informations sur le type des
cultures pratiquées, la production par champ et par culture, ainsi que
son utilisation, l'équipement agricole, les intrants, ainsi que les
animaux de l'exploitation ;
- une section qui informe sur les différentes
relations de l'exploitation avec les services techniques d'encadrement ;
- une section qui informe sur la contribution des revenus
agricoles dans la formation du revenu total de l'exploitation ainsi que les
différentes subventions agricoles dont elle bénéficie ;
- et enfin une section sur les variations à court et
long terme du climat ainsi que les stratégies d'adaptation.
Ce questionnaire a fait l'objet d'un test dans
l'arrondissement de Kollo, ce qui a permis de déterminer le temps moyen
de l'entretien (trois heures en moyenne) ainsi que les difficultés
liées à son utilisation.
II . 2 . 3 Réalisation des
enquêtes
Après l'étape consacrée à
l'étude documentaire relative aux deux zones, nous avons
exécuté les missions conformément au calendrier
établi.
Sur le terrain, nous avons démarré les
activités par des entretiens avec les autorités
compétentes pour les tenir informer de la réalisation
l'étude. Ensuite à travers les entretiens avec les services
techniques tels que le service de plan, la direction de la
météorologie nationale, l'ONAHA, le service de l'agriculture ;
nous avons collecté des données sur les paramètres
climatiques et sectoriels pour la période d'observation disponible dans
la zone. Il s'agit entre autres de rendements et de la production des
principales cultures selon la zone ; des superficies exploitées, des
pluviométries et des types du sol. Cette évolution se situe de
1983 à 2002 pour la zone de Gaya et de 1987 à 2002 pour la zone
d'Aguié.
Le cadre du travail ainsi que les objectifs poursuivis sont
présentés aux responsables de ces deux projets et leurs
équipes techniques afin de nous aider à effectuer un choix
judicieux des villages à enquêter. C'est ainsi que le choix a
concerné le village de Bana pour la zone de Gaya et celui de Zabon
Mousso pour la zone d'Aguié.
II . 2 . 3 . 1 Justification sur le choix des villages
d'étude
Le choix de village de Bana se justifie non seulement par le
Dallol qui offre une zone humide autour de laquelle se pratiquent beaucoup
d'activités agricoles mais aussi par la langue parlée dans le
terroir (Haoussa) et l'intervention de PADEL dans ce terroir pour nous
faciliter l'introduction dans le terroir ainsi que la collecte des
informations. Ce choix est aussi guidé par l'existence d'une station de
recherche à 7 km du terroir (INRAN de Bengou) dans l'objectif d'avoir
des données de la localité sur des séries historiques
importantes.
Le village de Zabon Mousso se situe au centre du
département d'Aguié; de ce fait il subit moins l'effet de la
variabilité pluviométrique dans l'espace très
marquée dans la zone. Ce village est un site d'intervention de PAIIP et
il était avancé en terme de campagne agricole lors du
déroulement des enquêtes. Dans ce village, on rencontre beaucoup
de paysans qui sont scolarisés et expérimentés en
matière de travail d'enquête.
En ce qui concerne l'organisation de la collecte des
données socio-économiques, il faut souligner que l'enquête
repose sur un échantillon tournant de 30 exploitations par village
compte tenu du volume de questionnaire. Cette collecte est étalée
sur une période de deux semaines par village également. Nous nous
sommes intéressés à deux types d'exploitation (grande
exploitation et petite exploitation) dont la pré-typologie a
été réalisée en présence des chefs des
villages et des membres de comités de gestion de terroir. Les
critères ayant servi à la réalisation de cette pré-
typologie sont essentiellement la taille du ménage, le nombre et
l'importance des champs de l'exploitation. Et enfin nous avons
procédé à un échantillonnage selon la
méthode de choix raisonné. L'échantillon total est couvert
par la somme des échantillons de chaque type d'exploitation. Ces
derniers sont obtenus en faisant le produit du nombre de chaque type
d'exploitation par l'échantillon total sur le nombre total des
exploitations.
Un véhicule a été mis à notre
disposition pour notre acheminement aux villages ainsi que pour le retour
à la fin des enquêtes.
Il faut souligner au passage que comme tout travail de
terrain, ces enquêtes n'ont pas été réalisées
sans difficultés.
II . 2 . 3 . 2 Difficultés rencontrées
Au démarrage de ces enquêtes, malgré la
formation reçue, nous avons rencontré énormément
des difficultés pour nous adapter à ce questionnaire. Mais par la
suite, l'expérience nous a permis de tirer un certain nombre
d'enseignement sur la conduite de ces enquêtes et de mettre sur pieds un
"code de conduite" permettant de faire face aux multiples
difficultés.
les contraintes rencontrées sont de deux ordres :
- les contraintes d'ordre climatique dues
essentiellement à la période choisie pour la réalisation
de cette enquête.
Comme d'ailleurs dans tout le pays , cette période
correspond à celle pendant laquelle les paysans ont un calendrier
surchargé. Cette indisponibilité des paysans nous a contraint
à des entretiens nocturnes dont le nombre ne dépasse jamais deux
enquêtés par nuit.
Il faut enfin noter les interruptions des interviews à
cause des pluies matinales et de fin des soirées.
- les contraintes d'ordre technique.
Il s'agit entre autres :
* Du volume du questionnaire qui fatigue les
enquêtés ; ce qui explique la lassitude des paysans dont certains
même nous fuient pour éviter d'être retenus pendant
plusieurs heures;
* Du refus de certains enquêtés de
répondre à certaines questions essentielles tels que les
superficies et les rendements (cas de trois enquêtés de village de
Bana), d'où l'obligation donc pour nous de les remplacer par d'autres
paysans;
* De l'état du questionnaire qui est standard pour tous
les pays pilotes du projet. Cela a causé énormément des
difficultés pour l'adaptation de certaines questions à nos
réalités ;
c'est le cas des cultures qui ont un cycle de
végétation de 6 mois à 1 ans qui ne répond pas aux
différentes saisons agricoles telles qu'elles sont établies dans
le questionnaire ;
Il y a également la quantification des certaines
productions et semences telles que les boutures de canne à sucre, de
patate douce et de manioc ;
* Des événements sociaux intervenus au village
: un cas de décès d'un enfant et de suicide d'une femme dans un
puits intervenus le même jour (vendredi 12 septembre 2003) dans le
village de Zabon Mousso lors du déroulement de l'enquête.
II . 2 . 4 Typologie des exploitations
agricoles
Elle est établie à partir des données
d'enquête dont l'analyse a permis de mettre en évidence les points
communs et de dégager la diversité des modes d'exploitation du
milieu et partant de là donc de juger l'existence d'un ou de plusieurs
systèmes de production. A cet effet, les résultats du logiciel
SPSS (diagramme de dispersion et les corrélations appariées)
ainsi qu'un certain nombre de critères rigoureusement
sélectionnés et considérés comme discriminants ont
servi de base à cette typologie.
II . 2 . 5 Caractérisation du fonctionnement des
systèmes de production
C'est la dernière étape de notre travail, elle a
consisté après traitement des données
recueillies sur le terrain, à une analyse et
interprétation des résultats obtenus. Ce qui a permis de
caractériser les systèmes productifs agricoles des terroirs
d'étude afin d'aboutir à une extension au niveau zonal.
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