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Impact du Changement Climatique sur les Systèmes de production au Niger (Afrique de l'Ouest)

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par Amadou Mahamadou Laouali
Université Abdou Moumouni de Niamey au Niger - DESS 2004
  

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CHAPITRE 3 : RESULTATS ET DISCUSSION

Conformément aux approches utilisées pour aborder ce travail, les résultats seront présentés en deux parties. Une première partie qui présente les effets de la variabilité climatique sur les rendements de mil, de sorgho et de niébé de façon comparée entre les deux zones et une deuxième partie sur l'analyse socio-économique. Cette dernière est faite sur la base d'une typologie des exploitations de zones correspondantes.

I . Effets de la variabilité climatique sur les rendements de mil, de sorgho et de niébé

Les résultats ainsi obtenus donnent la situation de l'humidité du sol, ainsi que

l'évapotranspiration sur deux périodes.
- la période de référence (Ref);

- la période de projection (2025).

I . 1 Le mil

L'examen de l'évolution des différents paramètres de rendement (RU, RFU, QTP, PE, Etc, Etc/Etm, DHS) de mil de ces deux zones montre une situation similaire pour les deux périodes (Tableau 3 et 4).

Dans la zone de Gaya, la réserve utile augmente rapidement et atteint son maximum dès la deuxième décade de mois de juin. Au même moment, la réserve facilement utilisable se stabilise à 84 mm.

Dans la zone d'Aguié, la réserve utile qui était de 30 mm à la date de semis, atteint les 100 mm à la troisième décade du mois de juillet où elle se stabilise jusqu'à la fin de la saison. Il en est de même pour la réserve facilement utilisable qui est passée de 15 à 60 mm .

Par ailleurs, durant toute la durée de la saison, l'évapotranspiration culturale de la zone de Gaya garde des valeurs assez régulières, dont le maximum n'a jamais atteint 6 mm/décade. Pour la période de référence, le déficit en eau se manifeste par des valeurs légèrement supérieures à celles de la réserve facilement utilisable. La baisse de rendement enregistrée à cet effet est de 0.1%. Pour l'horizon 2025, la tendance est à l'amélioration et le modèle ne prévoit aucune baisse de rendement liée au déficit en eau pour cette culture.

A Aguié, la pluie efficace s'améliore par rapport à la quantité totale tombée tout au long de l'avancement de la campagne jusqu'en début de la deuxième décade du mois d'août où l'essentiel de la pluie tombée s'infiltre dans le sol.

L'évapotranspiration (Etc), qui à l'installation des cultures était de 1.9 mm/décade pour l'année de référence et de 2.1 mm/décade pour l'horizon 2025, atteint son maximum (5-6

mm/décade) vers la deuxième décade du mois d'août avant de décroître à des valeurs très faibles. Cette évolution va de paire avec celle de l'évapotranspiration maximale puisque le rapport Etc/Etm était resté constant (100%) jusqu'à la première décade de mois d'août où il décroît.

Avec la même évolution que l'évapotranspiration culturale jusqu'en fin juillet, le déficit en eau augmente considérablement et prend des valeurs nettement supérieures par rapport à la réserve facilement utilisable en fin de campagne.

Tableau 3 : Paramètres de rendement de mil (Aguié)

Date

RU
(mm)

RFU
(mm)

QTP
(mm)/dcd

PE
(mm)/dcd

Etc
(mm)/dcd

Etc/Etm
(%)

DHS
(mm)

 

2025

Réf

2025

réf

2025

réf

2025

Réf 2025

 

réf

2025

Réf

2025

15/6

30

30

15

15

00

00

00

00

1.9

2.1

100

100

1.9

2.1

24/6

46.2

46.2

23.9

23.9

48.6

33.1

15.3

16.9

1.9

2.1

100

100

1.9

2.1

4/7

64.2

64.2

34.5

34.5

55.4

42.7

18.8

20.5

1.9

2

100

100

1.9

2

14/7

82.2

82.2

45.9

45.9

62.1

51.2

24.8

26.6

3.2

3.4

100

100

3.2

3.4

24/7

100

100

57.8

57.8

68.1

57.3

38.2

40

4.5

4.8

100

100

4.5

5.3

3/8

100

100

59.8

59.8

72.3

59.5

40

40

5.8

6

100

100

16.7

20

13/8

100

100

60

60

73.9

57.2

40

40

5.7

5.8

99.4

97.8

33.5

37.9

23/8

100

100

60

60

71.7

49.9

40

40

5.5

5.7

91.1

86.7

44.5

47.7

2/9

100

100

60

60

64.9

38.3

40

38.3

5.5

5.5

81.7

77.7

49.4

52.9

12/9

100

100

60

60

53.5

24.2

40

24.2

5.4

5

76.9

71.6

51

68

22/9

100

100

60

60

38.1

10.6

38.1

10.6

5.3

2.6

75.4

47.9

53.2

83.3

2/10

100

100

63.3

63.3

20.5

1.4

20.5

1.4

3.9

0.7

77.5

26.3

68.4

94.2

12/10

100

100

66.7

 

4.6

 

4.6

 

1.4

 

61

 

84.3

 
 
 

total

 
 

633.7

 

360.2

 

454.4

 

85.3

 
 
 

Tableau 4 : paramètres de rendement de mil (Gaya)

 
 
 
 
 
 
 
 
 

RU

RFU

QTP

PE

Etc

 

Etc/Etm

 

DHS

 

Date

(mm)

(mm)

(mm)/dcd

(mm)/dcd

(mm)/dcd

 

(%)

 

(mm)

 
 

Réf

2025

Réf

2025

réf

2025

Réf

2025

Réf

2025

réf

2025

Réf

2025

10/5

42

42

21

21

00

00

00

00

2

2

100

100

6.2

6.2

15/5

54.6

54.6

27.8

27.8

26.1

25.4

7.7

7.7

1.9

1.9

100

100

1.9

1.9

25/5

79.8

79.8

42.3

42.3

31.5

30.9

18.9

18.7

1.8

1.8

100

100

1.8

1.8

4/6

105

105

57.8

57.8

36.8

36.4

20.2

19.8

2.6

2.5

100

100

2.6

2.5

14/6

130

130

74.2

74.2

42.3

42.2

31.6

30.5

3.8

3.7

100

100

3.8

3.7

24/6

140

140

82.6

82.6

48.3

48.6

40

40

4.9

4.7

100

100

8.3

6.1

4/7

140

140

84

84

54.6

55.4

40

40

5.2

5

100

100

20.8

15.9

14/7

140

140

84

84

60.8

62.1

40

40

5

4.8

100

100

32

24.4

24/7

140

140

84

84

66.4

68.1

40

40

4.9

4.6

100

100

41.2

31.3

3/8

140

140

84

84

70.4

72.3

40

40

4.7

4.5

100

100

48.9

37

13/8

140

140

84

84

71.8

73.9

40

40

4.6

4.5

99.6

100

55.1

42

23/8

140

140

86.8

86.8

69.5

71.7

40

40

3.9

3.9

99.2

100

58

44.7

2/9

140

140

91.5

91.5

62.8

64.9

40

40

2.8

2.8

100

100

50.8

37.7

12/9

140

140

96.1

96.1

51.6

53.5

40

40

1.8

1.8

100

100

33

20.5

 
 

total

 
 

693

705

438

437

479

465

99.9

100

 
 
 

Ce déficit, important vers la fin de la campagne dans la zone d'Aguié, est intervenu à la fin du cycle de la plante; ce qui a entraîné une baisse totale de rendement de l'ordre de 14.7% pour la période de référence (tableau 5).

Tableau 5 : Estimation de la baisse de rendement de mil avec variabilité climatique à Aguié

Phase du cycle Réduction de rendement (%)

Période de référence Horizon 2025

Phase initiale 0.0 0.0

Mi- saison 0.0 00

Arrière-saison 18.6 28.9

Maturité 29.2 66.7

Réduction totale sur le rendement 14.7 27.4

Le modèle donne une situation beaucoup plus inquiétante pour l'horizon 2025 avec une estimation de baisse de rendement de l'ordre de 27.4%.

Il faut dire que les sols de la zone d'Aguié étant sableux, (avec une teneur faible en éléments fins), l'essentiel de l'humidité facilement utilisable, bien qu'importante se trouve à une profondeur qui va au delà de la zone explorée par les racines. Et avec le ralentissement des pluies en fin de campagne, le déficit augmente considérablement au stade de la maturation de la plante; stade à partir duquel le modèle prévoyait déjà une baisse de l'ordre de 66.7%.

D'autre part, le cumul de la pluie efficace a été de 360.2 mm pour l'année de référence, ce qui couvre de 10 mm donc le besoin hydrique minimal de mil (350 mm) dont le cycle n'excède pas 90 jours (Zakari, 1997). Néanmoins, on a enregistré une baisse de rendement de l'ordre de 14.7% pour la zone d'Aguié et de 0.1% pour la zone de Gaya où le cumul de la pluie efficace est supérieur à 430 mm. Ce qui présage une faible efficience de l'eau pour cette espèce. Parlant de cet indicateur de la réponse de mil à l'eau, Adamou (1994) affirmait que le calcul du bilan hydrique sur l'ensemble du cycle du mil, a montré que 40% du cumul pluviométrique en 1991 et 46% de ce cumul en 1992, n'ont pas été utilisés par la culture, ce qui confirme la faible efficience d'utilisation de l'eau de pluie par le mil cultivé en champ paysan des régions sahéliennes.

En outre, une étude conduite par Klaij et Vachaud (1992) cité par Adamou en 1994 a montré qu'en condition de basse fertilité l'eau n'est pas le premier facteur limitant la production du mil. Selon toujours cet auteur, les résultats de Payne et Vachaud révèlent que l'eau de pluie n'est pas utilisée de façon efficiente en condition de faible fertilité telle que celle rencontrée dans les champs de mil paysans au Niger.

I . 2 Le sorgho

D'une manière générale, à Gaya les deux périodes présentent les mêmes caractéristiques pour l'ensemble des paramètres étudiés, avec une tendance à l'amélioration pour l'horizon 2025

( Tableau 7).

Les réserves d'humidité sont assez importantes dans le sol de cette culture, l'évapotranspiration toujours en deçà de 5 mm/décade et le déficit hydrique relativement faible. Par conséquent, aucune baisse de rendement n'est prévue pour l'horizon 2025.

Pour la zone d'Aguié, la réserve utile (RU) et la réserve facilement utilisable (RFU) augmentent rapidement, prennent des valeurs maximales et se stabilisent dès la deuxième décade du mois d'août (Tableau 6).

Tableau 6 : paramètres de rendement de sorgho (Aguié)

date

RU (mm)

 

RFU (mm)

 

QTP (mm)/dcd

PE (mm)/dcd

Etc (mm)/dcd

Etc/Etm (%)

 

DHS (mm)

 
 

Réf

2025

Réf

2025

Réf

2025

réf

2025

Réf

2025

réf

2025

réf

2025

30/6

30

30

18

18

00

00

00

00

1.9

2

100

100

1.9

2

4/7

38

38

22.5

22.5

55.4

42.7

5.6

6.1

1.9

2

100

100

1.9

2

14/7

58

58

33.3

33.3

62.1

51.2

18.4

19.8

1.8

1.9

100

100

1.8

1.9

24/7

78

78

43.4

43.4

68.1

57.3

19.1

20.3

2.4

2.5

100

100

2.4

2.5

3/8

98

98

52.7

52.7

72.3

59.5

28.6

30

3.5

3.6

100

100

3.5

3.6

13/8

100

100

52

52

73.9

57.2

39.5

40

4.5

4.7

100

100

4.5

5.6

23/8

100

100

50

50

71.7

49.9

40

40

5.5

5.7

100

100

15.4

17.9

2/9

100

100

50

50

64.9

38.3

40

38.3

5.5

5.5

97.4

95.9

29

33.3

12/9

100

100

50

50

53.5

24.2

40

24.2

5.4

5.4

89.7

85.7

37.5

56.2

22/9

100

100

50

50

38.1

10.6

38.1

10.6

5.3

2.8

82.8

57.3

43.7

76.6

2/10

100

100

50

50

20.5

1.4

20.5

1.4

4.4

1.1

75.2

29.9

62.9

91.2

12/10

100

 

60

 

4.6

 

4.6

 

2

 

53.5

 

84.2

 
 
 

total

 
 

585

392

294

231

395

333

78.2

64.1

 
 
 

Tableau 7 : paramètres de rendement de sorgho (Gaya)

Date

RU
(mm)

RFU
(mm)

QTP
(mm)/dcd

PE
(mm)/dcd

Etc
(mm)/dcd

Etc/Etm
(%)

DHS
(mm)

 

Réf

2025

Réf

2025

réf

2025

Réf

2025

réf

2025

réf

2025

Réf

2025

30/5

54

54

32.4

32.4

00

00

00

00

1.8

1.8

100

100

7.2

7.2

4/6

72

72

42.5

42.5

36.8

36.4

7.2

7

1.8

1.7

100

100

1.8

1.7

14/6

108

108

61.9

61.9

42.3

42.2

17.4

16.8

1.7

1.6

100

100

1.7

1.6

24/6

144

144

79.9

79.9

48.3

48.6

18.4

17.5

2.3

2.2

100

100

2.3

2.2

4/7

180

180

96.5

96.5

54.6

55.4

27.2

25.9

3.2

3.1

100

100

3.2

3.1

14/7

180

180

93.3

93.3

60.8

62.1

36.4

34.5

4.1

3.9

100

100

4.1

3.9

24/7

180

180

90

90

66.4

68.1

40

40

4.9

4.6

100

100

9.8

7.4

3/8

180

180

90

90

70.4

72.3

40

40

4.7

4.5

100

100

17.5

13.1

13/8

180

180

90

90

71.8

73.9

40

40

4.6

4.5

100

100

23.9

18.2

23/8

180

180

90

90

69.5

71.7

40

40

4.5

4.5

100

100

29.3

23

2/9

180

180

91.8

91.8

62.8

64.9

40

40

4.4

4.5

100

100

34.1

28.1

12/9

180

180

110

110

51.6

53.3

40

40

3.7

3.9

100

100

34.3

29.4

22/9

180

180

128

128

36.5

38.1

36.5

38.1

3.1

3.3

100

100

31.4

26.6

 
 

total

 
 

672

687

383

380

441

435

100

100

 
 
 

La pluie efficace faible en début de campagne prend des valeurs aussi importantes que la pluie totale vers la troisième décade du mois d'août. Aussi, avec la même évolution, l'évapotranspiration culturale 2025 est légèrement supérieure à celle de la période de référence.

Le rapport Etc/Etm qui était constant dès le début de l'installation des cultures, a commencé à diminuer dès la première décade du mois de septembre, période à laquelle le déficit d'humidité du sol DHS prend des valeurs aussi importantes que celles de la réserve facilement utilisable.

Tableau 8 : Estimation de la baisse de rendement de sorgho avec variabilité climatique à Aguié

Phase du cycle Réduction de rendement (%)

Période de référence Horizon 2025

Phase initiale 00 00

Mi- saison 00 00

Arrière-saison 7.5 17.8

Maturité 13.3 18.6

Réduction totale de rendement 19.6 32.3

Le déficit d'humidité du sol enregistré au cours la période de référence pour la culture de sorgho dans la zone d'Aguié s'est traduit par une baisse de rendement de l'ordre de 19.6%. Et la tendance est à la hausse pour l'estimation à l'horizon 2025 avec une prévision de baisse de rendement de 32.3%. Ceci se justifie quand on sait que suite à la diminution de la disponibilité en eau prévue par le modèle dans cette la zone, une pluie efficace de 230 mm est insuffisante pour couvrir le besoin hydrique minimal d'une céréale aussi exigeante en eau qu'est le sorgho.

I . 3 Le niébé

A l'instar des autres cultures de la zone de Gaya, les paramètres de rendement du niébé présentent les mêmes caractéristiques pour les deux périodes étudiées. Il faut aussi dire que la situation est assez proche de celle de mil avec lequel ils sont le plus souvent associés.

Le rapport Etc/Etm baisse légèrement du niveau optimal (100%). Au même moment, le déficit d'humidité du sol prend des valeurs qui augmentent légèrement sans atteindre celles de la réserve facilement utilisable (Tableau 10).

A Aguié, avec l'installation des pluies, la réserve utile (RU) et de la réserve facilement utilisable (RFU) s'améliorent durant toute la période de la campagne. La réserve utile qui, à la date de semis était de 30 mm, atteint les 100 mm dans la troisième décade du mois d'août; période pendant laquelle la réserve facilement utilisable se stabilise à 45 mm (Tableau 9).

En début de campagne, à chaque pluie tombée, la pluie efficace (PE) correspond à environ la moitié de la pluie totale (QTP). Cette pluie efficace augmente jusqu'en première décade du mois de septembre où l'essentiel de la pluie totale tombée s'infiltre dans le sol.

L'évapotranspiration culturale, faible à l'installation des cultures, augmente simultanément avec l'évapotranspiration maximale ( Etc/Etm = 100 %). Elle atteint ses valeurs maximales

(6 mm/décade) en août avant de descendre à des valeurs très faibles en fin de campagne. Ce qui se traduit par une décroissance du rapport Etc/Etm. Ainsi quand pour une culture, l'apport d'eau ne satisfait pas ses besoins, on a Etc qui décroît plus vite que Etm; dans ces conditions, la culture subit un manque d'eau pouvant compromettre sa croissance et en conséquence son rendement.

Le déficit d'humidité du sol (DHS), faible en début de campagne, évolue au rythme de l'évapotranspiration culturale. A partir de la deuxième décade du mois d'août, ce déficit devient croissant et fréquent jusqu'en fin de campagne où il atteint des valeurs qui sont très élevées par rapport à la réserve facilement utilisable.

Le déficit en eau était très faible et inférieur à la réserve facilement utilisable pendant toute la période correspondant au début du cycle de la plante et une bonne partie de sa phase végétative (dernière décade du mois d'août). Ce déficit s'équilibre avec la RFU et augmente considérablement jusqu'à la fin du cycle de la plante (arrière saison et maturité). Ce déficit en eau intervient alors pendant les deux dernières phases essentielles du cycle de la plante.

Tableau 9 : Les paramètres du rendement de niébé ('Aguié).

Date

RU
(mm)

RFU
(mm)

QTP
(mm)/dcd

PE
(mm)/dcd

Etc
(mm)/dcd

Etc/Etm
(%)

DHS
(mm)

 

2025

Réf.

2025

Réf.

2025

Réf.

2025

Réf.

2025

Réf.

2025

Réf.

2025

30/6

30

30

13.5

13.5

00

00

00

00

2.5

2.7

100

100

2.5

2.7

4/7

35.6

35.6

16

16

55.4

42.7

7.5

8.1

2.5

2.7

100

100

2.5

2.7

14/7

49.6

49.6

22.3

22.3

62.1

51.2

24.4

26.1

2.4

2.6

99.9

99.2

2.4

2.6

24/7

63.6

63.6

28.6

28.6

68.1

57.3

25.4

27

3.1

3.3

100

100

3.1

3.3

3/8

77.6

77.6

34.9

34.9

72.3

59.5

37.3

39

4.5

4.7

100

99.9

4.5

4.7

13/8

91.6

91.6

41.2

41.2

73.9

57.2

40

40

5.8

6

99

98.4

16.1

17.8

23/8

100

100

45

45

71.7

49.9

40

40

6.4

6.5

92.2

90.4

34.1

36.3

2/9

100

100

45

45

64.9

38.3

40

38.3

6.3

6.4

78.4

75.9

43.6

46.8

12/9

100

100

45

45

53.5

24.2

40

24.2

6.2

4.8

69.7

63.7

47

62.9

22/9

100

100

45

45

38.1

10.6

38.1

10.6

6.1

2.6

66.5

43.6

49.8

79.4

2/10

10

100

48.8

48.8

20.5

1.4

20.5

1.4

3.8

0.9

62.4

24

65.3

92.2

12/10

100

 

56.3

 

4.6

 

4.6

 

1.4

 

52.4

 

80.8

 
 
 

total

 
 

585

392.3

318

254.8

406

355

79.4

67.6

 
 
 

Tableau 10 : paramètres de rendement de niébé (Gaya )

Date

RU
(mm)

RFU
(mm)

QTP
(mm)/dcd

PE
(mm)/dcd

Etc
(mm)/dcd

Etc/Etm
(%)

DHS
(mm)

 

Réf

2025

Réf

2025

réf

2025

Réf

2025

réf

2025

réf

2025

Réf

2025

30/5

42

42

18.9

18.9

00

00

00

00

2.4

2.4

100

100

6.6

6.6

4/6

51.8

51.8

23.3

23.3

36.8

36.4

9.6

9.3

2.4

2.3

100

100

2.4

2.3

14/6

71.4

71.4

32.1

32.1

42.3

42.2

23.2

22.4

2.3

2.2

100

100

2.3

2.2

24/6

91

91

41

41

48.3

48.6

24.4

23.3

3

2.9

100

100

3

2.9

4/7

111

111

49.8

49.8

54.6

55.4

35.4

33.6

4.2

4

100

100

4.2

4

14/7

130

130

58.6

58.6

60.8

62.1

40

40

5.3

5

100

100

12.1

9.4

24/7

140

140

63

63

66.4

68.1

40

40

5.6

5.3

100

100

28.1

22.6

3/8

140

140

63

63

70.4

72.3

40

40

5.4

5.2

98.4

99.8

42

35

13/8

140

140

63

63

71.8

73.9

40

40

5.3

5.2

93.3

96.9

51.8

45.2

23/8

140

140

63

63

69.5

71.7

40

40

5.2

5.2

87.7

92.1

57.6

52.7

2/9

140

140

69.3

69.3

62.8

64.9

40

40

4.1

4.1

85.8

89.5

58.6

55.8

12/9

140

140

79.8

79.8

51.6

53.5

40

40

2.3

2.4

98.3

99.2

48.8

47.1

 
 

total

 
 

635

649

373

369

431

426

96

97.5

 
 
 

Le tableau ci-après nous donne l'estimation de la baisse de rendement de niébé engendré par le déficit selon la zone, la période et le stade phénologique de la plante. Il donne également une estimation de réduction totale de rendement selon la zone.

Tableau 11 : Estimation de la baisse du rendement de niébé avec variabilité climatique à Aguié et Gaya

Phase du cycle Réduction de rendement (%)

Période de réf. Horizon 2025

Aguié Gaya Aguié Gaya

Phase initiale 0 00 0 00

Mi- saison 0.2 00 0.4 00

Arrière- saison 26.5 5.5 40 2.9

Maturité 20 3.9 34.7 3

Réduction totale sur le rendement 23.7 4.6 37.3 2.9

Dans la zone de Gaya, les faibles valeurs de la réserve facilement utilisable n'ont pas été sans conséquence sur le rendement du niébé. Mais la tendance est à l'amélioration puisque la baisse de rendement prévue à l'horizon 2025 (2.9%) est relativement inférieure à celle de la période de référence (4.6%).

Dans la zone d'Aguié le déficit hydrique constaté pour les deux périodes et pendant les deux premières phases du cycle n'influence en rien le rendement de cette culture. Cette dernière est beaucoup plus exigeante en eau pendant les deux dernières phases de son cycle où le déficit constaté au cours de ces phases provoquerait une baisse de rendement de l'ordre de 40% à l'arrière saison (floraison) et de 34.7% pour la phase de maturation (à la formation des produits surtout). La baisse de rendement enregistrée pour l'année de référence est de 23.7% et le modèle prévoit une réduction de l'ordre de 37.3%.

Le cumul de la pluie efficace qui était de 3 17.8 mm sera de 254.8 mm à l'horizon 2025. Ce qui est insuffisant pour couvrir le besoin en eau de cette culture. Puisqu'il ne satisfait pas le besoin hydrique minimal (300 mm ) d'un niébé de 90 jours (Zakari, 1997).

Aussi, faudrait-il rappeler que quand un déficit hydrique survient à un moment déterminé de la période végétative d'une culture, le rendement répondra à ce déficit de façon extrêmement variable selon la sensibilité de la culture au moment considéré. Ce qui explique la baisse de rendement constaté sur certaines cultures dans des zones suffisamment arrosées (cas de la légère réduction de rendement du niébé (2.9%) prévue à Gaya). D'ailleurs, c'est pourquoi les paysans s'adonnent à des pratiques consistant à développer deux ou plusieurs cultures sur le même lot de terrain et dans la même période. En plus de ces avantages, les associations culturales visent une plus grande production du système et surtout une plus grande stabilité dans la production (Bacci, 1992).

Impact de la variabilité climatique sur les systèmes de production à Bana (GAYA) et à Zabon Mousso (AGUIE)

II . Influence de la variabilité climatique sur la disponibilité en eau du sol

Les graphiques ci-après traduisent l'évolution du déficit d'humidité du sol (DHS) pour les cultures de mil, de sorgho et de niébé sur les deux périodes :

- l'année de référence dont la courbe est représentée en trait plein;

- l'horizon 2025 dont la courbe est représentée par des traits en pointillé.

II . 1 Le mil

1 00

90

80

70

60

50

40

30

20

10

0

2025

P .ref

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 1 12 13

temps (décade)

mil aguié

m il gaya

70

60

50

40

30

20

10

0

P .ref

2025

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14

temps (décade)

Figure 6 : L'évolution de déficit d'humidité du sol (SMD) pour la culture de mil, à l'échelle décadaire dans les zones d'Aguié et da Gaya.

L'évolution du déficit humidité du sol de ces deux graphiques peut être subdivisée en trois parties :

- une partie caractérisée par des déficits assez faibles dont les valeurs n'excèdent jamais celles de

l'évapotranspiration culturale. Cette partie correspond au début du cycle de la culture (phase

initiale);

- une partie correspondant à la phase végétative de la culture avec une évolution croissante des déficits en eau. A ce stade de développement végétatif (mi-saison et arrière saison), le modèle prévoit pour l'horizon 2025 une augmentation semblable mais légèrement supérieure à celle de la période de référence pour la zone d'Aguié.

Par contre, à ce stade, ce déficit est prévu à la baisse pour la zone de Gaya;

- une partie qui correspond à la fin du cycle de la culture notamment le stade de floraison et de la formation du produit (la maturation). Cette partie est caractérisée par des déficits très élevés. Ses valeurs sont nettement élevées par rapport à la réserve facilement utilisable pour la zone d'Aguié. Le déficit (2025) serait beaucoup plus important expliquant ainsi la réduction de la baisse de rendement (27.4%) prévue à cette période. A Gaya par contre, aucune baisse de rendement n'est prévue pour cette culture. Dans cette zone, le déficit (2025) inférieur à celui enregistré pour la période de référence, atteint son maximum et tombe à des valeurs faibles sans atteindre celles de la réserve facilement utilisable et la fin du cycle de la plante.

II . 2 Le sorgho

40

35

30

25

20

15

10

5

0

P.ref

2025

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13

temps (décade)

sorgho gaya

100

90

80

70

60

50

40

30

20

10

0

2025

P.ref

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12

temps (décade)

sorgho aguié

Figure 7 : L'évolution de déficit d'humidité du sol (SMD) pour la culture de sorgho à l'échelle décadaire dans les zones d'Aguié et de Gaya.

Pour la culture de sorgho, on retrouve aussi la même évolution du déficit que précédemment : - une partie avec des déficits relativement faibles;

- une partie où les déficits augmentent considérablement avec les mêmes tendances entre les zones et entre les périodes que précédemment;

- une partie caractérisée par des déficits élevés surtout pour la zone d'Aguié. Le déficit (2025) de cette zone relativement plus élevé jusqu'à la fin de du cycle de la culture explique la baisse de rendement (32%) prévue.

Pour la zone de Gaya, la courbe de déficit (2025) reste en dessous de celle de la période de référence qui, elle même est sans influence sur le rendement de sorgho.

II . 3 Le niébé

100

90

80

70

60

50

40

30

20

10

0

2025

P .ref

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12

temps (décade)

niébé aguié

70

60

50

40

30

20

10

0

P.ref

2025

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12

temps (décade)

niébé gaya

Figure 8 : L'évolution de déficit d'humidité du sol (SMD) pour la culture de niébé à l'échelle décadaire dans les zones d'Aguié et de Gaya.

L'évolution de déficit en eau du sol pour la culture de niébé se repartit également en trois parties :

- une partie où le déficit évolue très lentement avec des valeurs faibles et égales à celles de l'évapotranspiration culturale;

- une partie au cours de laquelle, le déficit en eau prend des valeurs importantes sans atteindre la réserve facilement utilisable. Contrairement à la zone d'Aguié, le modèle prévoit à ce stade pour l'horizon 2025 une amélioration de la disponibilité en eau pour la zone de Gaya puisque le déficit en eau (2025) est légèrement en dessous de celui de la période de référence (ref);

- une partie correspondant à la fin du cycle des cultures où le déficit en eau gardent des valeurs très élevées jusqu'à la fin du cycle de la plante pour la zone d'Aguié. ce qui explique la baisse de rendement enregistrée (23.7%) et celle prévue (37.3%) dans cette zone. A Gaya, le modèle prévoit une situation similaire à celle de la période de référence pour le niébé avec une tendance à l'amélioration.

Conclusion partielle

L'analyse des résultats sur ces aspects biophysiques fait ressortir une tendance à la diminution de la disponibilité en eau de l'ensemble des cultures (mil, sorgho, niébé) pour la zone d'Aguié à l'horizon 2025. Pendant cette période, le modèle prévoit pour les mêmes cultures, l'amélioration des conditions hydriques et une situation moins inquiétante pour la zone de Gaya.

La situation de la zone d'Aguié s'explique non seulement par la nature de sol de la zone mais aussi par le degré de tolérance des espèces cultivées comme le mil vis à vis de la sécheresse. Aussi, l'effet de manque d'eau sur la croissance et le rendement est fonction de l'espèce et de la variété cultivée d'une part, de l'importance du déficit hydrique et du moment auquel il se produit d'autre part.

Aussi, le calcul des besoins en eau des cultures de saison de pluie ainsi utilisé, découle de l'examen de la réponse des rendements à l'eau. Il est évident qu'on ne peut considérer cette réponse des rendements à l'eau indépendamment des autres facteurs agronomiques tels que les engrais, la densité des semis ainsi que la protection des cultures car de ces facteurs dépend aussi la mesure dans laquelle le rendement réel approche le rendement maximum.

Ce travail, loin d'être exhaustif est élargi sur une étude de caractérisation des systèmes de production de ces zones.

III . L'analyse socio-économique

III . 1 Les systèmes de production

La répartition dans l'espace des différents systèmes de culture de ces zones est fonction des conditions d'entretien des cultures, de la fertilité des sols et surtout de la nature des sols. Ainsi, pour l'ensemble des villages étudiés, on rencontre tout autour et même dans les habitations, des champs de cases avec des espèces cultivées très diversifiées (Gombo, Oseille, Maïs, Mil, Sorgho, Sésame,...). La gamme des espèces cultivées dans ces champs est beaucoup plus importante dans la région d'Aguié surtout chez les agro-éleveurs.

Dans cette zone, les systèmes les plus souvent rencontrés sont les systèmes associatifs mil-soghoniébé, mil-sorgho-arachide, mil-souchet et sorgho-souchet sur des sols sableux (Jigawa) avec des rotations multiples. Les systèmes associatifs sorgho-arachide, mil-arachide ou mil-niébé se rencontrent aussi sur les sols limoneux (Geza).

Dans la zone de Gaya, les systèmes associatifs mil-sorgho-niébé se pratiquent généralement sur les terrasses avec le mil et le sorgho tardifs en culture pure sur les champs lointains. Sur les sols des Dallols se pratiquent la culture du sorgho, du riz pluvial, de la canne à sucre, etc.

En ce qui concerne la production animale, il faut dire que pour les deux zones étudiées, l'élevage semble être limité par les disponibilités en jachères et en parcours et particulièrement par les ressources en eau pour la zone d'Aguié. Ce qui conduit le plus souvent à des gestions individuelles des animaux pour faire du fumier dans les concessions afin de pallier la réduction des jachères.

III . 1 . 1 Les facteurs de production

D'après les enquêtes, la surface moyenne cultivée par exploitation dans le terroir de Bana est deux fois plus importante que celle de Zabon Mousso (12,3 ha contre 6,3 ha). Ce qui traduit le manque de terres cultivables qui caractérise les exploitations de la zone d'Aguié.

A Zabon Mousso, les exploitations ont deux types des champs :

- le champ du chef de l'exploitation ou "Gandou" ;

- les champs des membres de l'exploitation (femmes et enfants mariés qui ne sont pas encore détachés de l'exploitation) ou "Gamana".

Tous les chefs de Gamana et les autres membres de l'exploitation sont tenus de travailler sur le Gandou dans la semaine selon une période déterminée par le chef de l'exploitation : quatre jours par semaine de travail sur le Gandou le plus souvent; et les trois autres jours leur reviennent pour travailler sur leur lopin de terre.

En fin de campagne, le chef donne une part équitable de la production de Gandou (selon la capacité de l'exploitation) aux différents chefs de Gamana. Selon une autre version, le produit du Gandou qui est géré par le chef d'exploitation est distribué en trois parties : l'une aux Gamana, l'autre placée dans le grenier de réserve et enfin la troisième revient au chef pour ses échanges avec l'extérieur (Raynaut et al, 1988).

III . 1 . 1 . 1 Les sols et le mode d'accès à la terre

L'ensemble du département d'Aguié se situe dans une zone à dominance de sols sableux dunaires avec des taux d'argile inférieur à 2% (SAA, 2003). Dans cette zone, le mode d'accès à la terre le plus fréquent est surtout l'héritage et l'achat ; mais il existe aussi le prêt et la mise en gage. A Zabon Mousso, il est facile d'accéder à la terre agricole par l'achat, d'ailleurs c'est pourquoi les producteurs connaissent parfaitement le prix de la parcelle d'un hectare (100000 à 150000 f CFA). Ce qui contribue à l'aggravation du problème d'insuffisance des terres agricoles dans une zone déjà densément peuplée (91.3 habitants au km2). L'augmentation de la population dans cette zone a conduit au morcellement des parcelles et à la diminution de la taille de l'exploitation. Ainsi une exploitation moyenne comprend huit (8) habitants et dispose ainsi d'environ 4.5 hectares (ha) de terres cultivables soit 0.6 hectare par personne (SAA Aguié, 1997). Cela se confirme par nos enquêtes. Ainsi, l'exploitation moyenne comprend dix (10) personnes et dispose de 6.3 hectares à Aguié et de 12.3 hectares à Gaya de superficies cultivables soit respectivement 0.63 et 1.23 hectares par personne.

Dans le terroir de Bana, l'essentiel des activités agricoles se pratique sur la plaine constituée d'une succession de glacis, de terrasses et de bas-fonds. Pour l'ensemble des personnes enquêtées, le mode d'accès à la terre est l'héritage (90%) suivi du prêt et de don. Dans ce terroir, il est difficile d'accéder à la terre par l'achat. Néanmoins, les enquêtes révèlent des cas de location ou "talmey" à raison de 20 000F l'hectare pour une campagne. Les producteurs affirment qu'ils n'ont pas encore commencer à vendre la terre dans leur terroir; c'est pourquoi, il leur serait difficile de déterminer un prix à la terre agricole.

III . 1 . 1 . 2 la main d'oeuvre

La capacité d'une exploitation dépend de la composition démographique de l'exploitation qui donne la force de travail de cette unité de production. Cette force de travail de l'exploitation dépend elle- même de l'âge et du sexe de ses membres ( Ali, 1993).

Nos enquêtes ont révélé une forte utilisation de la main d'oeuvre familiale dans tous les deux villages enquêtés, et cela, faute des moyens financiers chez certaines exploitations d'une part et de manque de la main d'oeuvre salariale selon la période d'autre part.

En dehors de cette main d'oeuvre familiale, il existe des formes d'entraide dans tous les deux villages. Celles-ci se limitent essentiellement au travail collectif ou "Gayya" sur certaines opérations culturales telles que le sarclage et la récolte. Ce travail est comme son nom l'indique collectif et "gratuit" car le bénéficiaire est seulement tenu d'assurer la ration des travailleurs.

A Bana, une autre forme de main d'oeuvre salariée amène les jeunes à s'organiser en groupe et travaillent sur les exploitations à fin d'épargner leur argent. Ceci servira lors de la fête de ramadan à payer un boeuf, et l'égorger pour se partager la viande.

III . 1 . 1 . 3 Les intrants et les équipements agricoles

Les intrants agricoles sont des consommations intermédiaires composés essentiellement des engrais minéraux, des pesticides et de fumier. Bien que les producteurs sont conscients de l'importance de l'utilisation des engrais minéraux et des pesticides, l'insuffisance des moyens financiers et la rareté de ces produits limitent leur utilisation surtout chez les exploitations à faible revenu. Pour l'ensemble des exploitants enquêtés à Bana, le rendement du niébé est intimement fonction de l'utilisation des pesticides. Cela se justifie par la forte corrélation obtenue (0.965) entre la production du niébé et l'utilisation des pesticides et surtout par le très faible rendement de niébé (20 kg/ha) obtenu par les exploitations du type 1 qui sont des exploitations qui n'utilisent pas du tout des pesticides. Pour les habitants de ce terroir, la proximité du Nigeria facilite quelques fois l'accessibilité aux engrais minéraux à moindre coût, mais dont la qualité laisse à désirer.

En dehors de matériel aratoire (la houe, la daba, le coupe-coupe, la faucille,...) la majorité des exploitations du terroir de Bana (soit 80% selon les enquêtes) utilise l'attelage grâce à l'appui du projet PAIGLR depuis 1995. Cet appui a concerné l'octroi des crédits agricoles aux producteurs (1 charrette + 1 charrue + 160 000 FCFA pour l'achat de deux boeufs de trait ).

Les engrais minéraux et surtout les pesticides y sont également très peu utilisés dans le terroir de Zabon Mousso. L'utilisation de pesticide par la majorité des producteurs de ce terroir se limite aux produits en poudre, mélangés avec les semences lors du semis. Et selon leur constat, ce

pesticide jouerait un rôle de fertilisant puisqu'il permet une bonne germination et un bon démarrage des cultures.

L'équipement agricole est essentiellement constitué des matériels aratoires. Les matériels de culture modernes sont faiblement utilisés compte tenu de la nature des terres qui ne sont pas difficiles à travailler et de l'insuffisance des moyens pour s'en approvisionner. Dans ce terroir, 47% des exploitants utilisent l'attelage. C'est pourquoi, il existe des charrettes utilisées pour le transport de l'eau, des produits de récolte... et des semoirs essentiellement pour la culture du souchet. Dans ce terroir, les gros utilisateurs de l'engrais (NPK ou golden) sont surtout les exploitants qui produisent du souchet.

III . 1 . 2 Les systèmes de culture

III . 1 . 2 . 1 Les éléments du système

Dans le terroir de Zabon Mousso, comme d'ailleurs dans toute la zone d'Aguié, les cultures pratiquées sont essentiellement le mil, le sorgho, le maïs, le niébé, l'arachide, et le souchet. Il existe également d'autres cultures comme le voandzou, le sésame, l'oseille, le gombo, etc.

Le souchet est faiblement produit dans ce terroir bien qu'il soit rentable du fait de son exigence en travail et surtout en engrais.

Il faut dire que dans ce terroir, il existe une large gamme de variétés pour les cultures principales dont les variétés améliorées vulgarisées par le projet. Il s'agit entre autre de :

- Mil tardif : "Maïwa"," Zongo"," Zanfarwa", "Wiyan" "bijini"... ;

- Mil précoce : "Dan gombey", CT6, PK5... ;

- Sorgho précoce : "El bazanga", "Mota", "El malam barmou", "Aban acouya", "Maï jimirin chira"... ;

- Sorgho tardif : "El mandi", "Makaho", "Tantagarya"... ;

- Niébé précoce: "Dan kabo", "dan tchana", "dakanta ouban zawara", "Dan baârey", "Dan illa", KBX, "Jan wakey", "Maï jimirin darpa"...;

- Niébé tardif: "Sa babba sata", "Kachéni maï gari", "Dan dam"... ;

Le maintien d'une telle gamme des variétés constitue pour les agriculteurs un moyen d'adaptation aux sols pour des variations du climat (Jouve, 1984).

Il n'existe pratiquement pas des cultures de contre saison dans ce terroir du fait des manques de terres qui y sont adaptées et surtout des ressources en eau.

A Bana, en plus des principales cultures (comme le mil précoce ou "guero" ou "dan bagagi" ou "bundin biri"ou "bahaouché"; le mil tardif ou "maïwa"; le sorgho ou "malley" ou "el kokoba" ou

"fara fara" ou "maloka"; le niébé ou "gnagaou"; etc.), il se pratique énormément des cultures irriguées ou non en contre saison. On note parmi celles-ci la canne à sucre, le manioc, la patate douce, le riz, le maïs, le gombo... En dehors de quelques céréales, l'essentiel des produits issus des cultures de contre saison est commercialisé tantôt sur le marché, tantôt sur les champs.

D'autres cultures comme le gombo, l'oseille, le sésame qui génèrent aussi des revenus sont également produites en pluvial.

III . 1 . 2 . 2 Les systèmes de culture pratiqués

Les systèmes de culture de Gaya et d'Aguié se basent essentiellement sur les principales cultures du pays. Ces systèmes se caractérisent par l'importance des cultures pluviales vivrières que sont le mil, le sorgho et le niébé et de ce point de vue, il rend possible une étude comparative dans ces deux localités. C'est pourquoi, dans le cadre de ce travail, nous allons nous intéresser essentiellement à ces trois cultures de ces deux terroirs. Les autres cultures viennent en terme des stratégies d'adaptation aux milieux.

Dans le terroir de Zabon Mousso comme d'ailleurs dans toute la zone d'Aguié, la gestion des aléas climatiques et l'insuffisance des espaces agricoles (due à la forte pression démographique et à la vente des terres agricoles) a entraîné la disparition de la jachère et impose au même moment plusieurs types d'association culturale :

- Mil +Sorgho +Niébé ;

- Arachide +Sorgho ou Arachide + Mil ;

- Souchet +Sorgho ou Souchet + Mil ;

- Maïs ou Sorgho + sésame + Oseille + Gombo... essentiellement au niveau des champs de case généralement très fertiles.

Figure 9 : Champ de cases d'un agro-éleveur à ZABON MOUSSO

On y rencontre également l'arachide ou le souchet produit sans association.

Dans le terroir de Bana, avec l'installation de la saison des pluies, les terres des bas-fond sont généralement inondées, et avec elles, une grande partie d'espace (sols lourds ) devient inexploitable. Ce phénomène conduit même de fois à la perte de certaines cultures irriguées comme la canne à sucre et le manioc qui ne sont pas encore récoltés. C'est pourquoi l'essentiel des cultures sous pluies se pratiquent sur les sols dunaires des plaines ou "Faska" en langue locale. De ces cultures, le mil tardif ou "Maïwa" est le plus souvent cultivé en pur du fait de son tallage envahissant qui n'est pas favorable à l'association. Le riz pluvial est aussi cultivé en pur dans les dépressions de "Faska" souvent riche en limon.

III . 1 . 2 . 3 Les calendriers culturaux

Tableau 12 : Calendrier cultural de mil

Avril

Mai

Juin

Juil.

Août

Sept.

Octo.

Nbre

Défrich.

Semis à sec

Semis

1er sarclage

2è sarclage

Récolte

3è sarclage

Récolte

Tableau 13 : Calendrier cultural de sorgho

Avril

Défrich.

Semis à sec

Semis

1er sarclage

2è sarclage

Récolte

3è sarclage

Récolte

Mai

Juin

Juil.

Août

Sept.

Octo.

Nbre

Tableau 14 : Calendrier cultural de niébé

Avril

Mai

Juin

Juil.

Août

Sept.

Octo.

Nbre

 

Défrich.

 

Semis

 
 
 
 
 
 

Terroir de Zabon Mousso Terroir de Bana

Compte tenu des caprices des pluies dans nos conditions, ces calendriers restent approximatifs. Le retard des premières pluies qui déterminent les semis amène les paysans à procéder à un ou plusieurs semis à sec dans la zone d'Aguié. La régularité des pluies influence également ces calendriers culturaux.

Compte tenu aussi de la durée et de l'importance des pluies dans la zone de Gaya, les producteurs ne s'intéressent pas du tout aux variétés précoces du sorgho et du niébé, car leur récolte intervient à un moment où ils sont très occupés et où l'humidité est très forte; d'où alors le risque de pourriture des produits à récolter.

III . 1 . 2 . 4 Le fonctionnement des systèmes de culture

La description des systèmes de culture de ces deux terroirs fait ressortir une diversité dans les techniques utilisées pour le fonctionnement de ces systèmes.

La toposéquence et la nature des terres agricoles sont des éléments importants qui déterminent les techniques adoptées dans l'exécution des toutes les opérations culturales des zones ainsi étudiées.

l'itinéraire technique

Dans le terroir de Zabon Mousso, les travaux de préparation des champs se limitent aux défrichements, aux apports de fumier, de compost et de glumes et glumelles. Avec l'appui des projets comme le PDRAA, le PAF SALAMA et l'UNICEF, on note depuis une quinzaine d'année, l'introduction des nouvelles techniques de restauration de la couverture ligneuse quasiment détruite par la sécheresse de 1973 et 1984 (Lamine, 2002). Parmi celles-ci, la protection de la régénération naturelle qui consiste à laisser un défrichement amélioré.

Après une pluie utile, les semis se font simultanément à cause des risques liés aux fluctuations inter- annuelles des pluies. Le sarclage à la hilaire permet de travailler des grandes superficies en un temps record. Compte tenu des variations climatiques et des changements des précipitations, les producteurs s'intéressent de plus en plus aux variétés précoces qu'aux variétés tardives.

La récolte de céréales se fait généralement sur pieds, après quoi les tiges sont coupées pour améliorer l'aération des cultures encore sur place comme le niébé et le sorgho tardif.

A Bana, la nature des terres de culture exige pas mal d'opérations culturales seulement pour la préparation des sols :

- Le défrichement : Ce travail concerne tous les types de terrain. Il concerne surtout les espèces telles que Guiera senegalensis, Andropogon gayanus, les touffes d'Hyphaene ainsi que les souches de tiges de céréales ;

- Le labour : Il concerne surtout les sols lourds difficiles à travailler comme la Fadama ;

- Le brûlis : selon la culture à installer, les producteurs procèdent au brûlis des souches ;

- Le buttage, le billonnage et le planage : ces Opérations concernent les cultures de décrue.

Le semis se fait le plus souvent sur billon pour la plupart des exploitations du terroir. Il faut noter que la majorité des exploitations dispose d'un attelage. Cela fut l'oeuvre du projet PAIGLR (Programme d'Appui aux Initiatives de Gestion Locale des Rôneraies) depuis 1995 qui a offert des crédits agricoles dans le terroir(1 charrette +1 charrue +160 000F pour les 2 animaux de traction). Cette innovation a amené dans le terroir un changement dans la façon de semer. Avec cette technique, désormais le semis se fait sur la parcelle labourée après une pluie efficace.

L'association concerne essentiellement le mil, le sorgho, et le niébé. Il faut rappeler que les producteurs utilisent :

- des variétés précoces ayant un cycle de végétation de trois(3) à quatre(4) mois, comme le mil précoce ou "guero" et le sorgho précoce ou "malley" rarement utilisé ;

- et des variétés tardives dont le cycle est de six (6) à sept (7) mois. C'est le cas de mil tardif

ou "maïwa", du sorgho tardif comme "el kokoba", "farafara" et "maloka" et du niébé également.

Cette association des espèces dont le cycle de végétation diffère impose un itinéraire technique bien particulier. Ainsi, le semis de mil précoce et le sorgho tardif se fait simultanément et sur la même parcelle avec le mil plus dense que le sorgho. Un mois après, le semis de niébé intervient (début Août), alors que le premier sarclage (ou sabra ou bien jiddacourssou quand c'est un semis sur billon) a d'ores et déjà été effectué. Le deuxième sarclage intervient quand le niébé est à la ramification, alors que le mil précoce est à la maturité. Et c'est à cette période que débute la chasse aux oiseaux qui s'attaquent à ce mil. Le troisième sarclage ou sassariya intervient après la récolte du mil précoce. Ce sarclage consiste à retourner les tiges du mil précoce qui sont coupées en vue d'améliorer la fertilité du champ et l'aération pour les autres cultures associées non récoltées.

Après la récolte du sorgho, le niébé tardif à la maturation souffrent énormément des attaques des insectes; c'est pourquoi, il faut nécessairement traiter pour produire du niébé. Il faut noter que le maïwa et le sorgho ne souffrent pas des attaques des oiseaux. Selon les producteurs, les graines de ces céréales leur provoquent des maladies comme la diarrhée.

la gestion de la fertilité

La pratique de la jachère relève de l'histoire dans le terroir de Bana. L'abandon de cette pratique s'explique par la pression démographique, l'éclatement des familles et par voie de conséquence l'insuffisance d'espace agricole. Conscients du problème de pauvreté des sols, les producteurs utilisent quelques pratiques pour y remédier. Il s'agit entre autre de l'apport du fumier organique, du parcage des animaux et des engrais minéraux.

La rotation des cultures n'est plus respectée depuis que la culture cotonnière a été abandonnée. En effet, cette dernière étant trop exigeante en intrant comme l'engrais et le pesticide, les producteurs tenaient compte de la fertilité des parcelles où elle a été exploitée pour l'intégrer dans la gestion de leur système. Néanmoins, on note une succession non régulière des cultures imposée par la pauvreté des sols.

Les producteurs du terroir de Zabon Mousso utilisent quant à eux plusieurs pratiques en vue d'améliorer ou de conserver la fertilité de leur champ à un niveau acceptable. Il s'agit entre autre de :

- la rotation des cultures (souchet - mil associé - arachide - souchet);

- l'apport du fumier, de compost et des débris ménagers ;

- l'apport des glumes et glumelles ;

- la restitution à travers les résidus des cultures ;

- le parcage des animaux moyennant quelques mesures de mil.

Pour l'ensemble des pratiques utilisées, deux sont jugées très intéressantes par les producteurs et sont aussi bien maîtrisées dans le terroir : il s'agit de la rotation des cultures et de l'utilisation de compost.

· La rotation des cultures

L'ensemble des producteurs enquêtés affirment qu'ils connaissent bien l'importance de la pratique et qu'ils l'utilisent. La culture de souchet joue un rôle très déterminant dans le fonctionnement du système de cette pratique, à cause de sa consommation très importante en engrais (400 kg de NPK par hectare). Ce qui explique son emplacement en tête de rotation après cinq ans en moyenne, avec l'arachide en troisième année et les autres années un système d'association mil-sorgho-niébé.

· Le compostage

La préparation du compost initiée par le PDRAA est devenue actuellement une solution incontournable dans le terroir face aux problèmes d'approvisionnement en engrais.

La disponibilité des différents éléments de préparation comme les déjections animales sèches, le purin, les débris ménagers, la cendre et les glumes et glumelles a beaucoup facilité l'assimilation de cette technique. Le melange est constitué près de l'enclos des animaux ou aux alentours des concessions et dure presque dix mois (de juin à mars). Le transport au champ intervient après une décomposition favorisée par l'eau de pluies.

la commercialisation

En fin de campagne à Bana, on note une commercialisation des produits agricoles surtout du niébé dont la conservation cause énormément des difficultés. Ces produits sont soit vendus aux spéculateurs pour des petites quantités, soit vendus aux grossistes à Gaya (30 km) ou à Kamba ( au Nigeria) à 30 km de village de Bana.

Cette commercialisation se traduit dans le terroir de Zabon Mousso par une forte mobilisation des intermédiaires locaux (ou dan katcharé) qui prennent de l'argent auprès des grossistes pour payer les produits agricoles (le plus souvent par mesure) dans le village. Les produits vendus à des prix très dérisoires reviennent très chers aux villageois quelques mois après. L'évolution du prix des produits de récolte est donnée par le tableau ci-après.

Impact de la variabilité climatique sur les systèmes de production à Bana (GAYA) et à Zabon Mousso (AGUIE) Tableau 15: Evolution du prix des produits de récolte (2002-2003)

Produit par sac de 100 kg Prix selon la période (francs CFA)

Récolte Soudure

z.mousso Bana z.mousso Bana

Mil

7

000-8

000

8000

17

000-20

000

15000

Sorgho

6

000-7

000

7000

12

000-17

000

15000

Niébé

8

000-10 000

10000-15000

20

000-25

000

30000

 

Quelques contraintes et solutions au fonctionnement des systèmes de culture

Les producteurs de ces deux zones ont énuméré un certain nombre des contraintes et des solutions au bon fonctionnement des systèmes.

Tableau 16: Quelques contraintes et solutions proposées par les producteurs

Contraintes Solutions

· Pression démographique et
· Recours à l'intensification

surexploitation

· Pauvreté des sols et manque de jachère
· Apport du fumier, Parcage et plusieurs pratiques d'amélioration de fertilité (rotation, compostage, ...)

· Ennemis des cultures (chenilles, insectes, oiseaux, striga)

· Rareté et coût élevé des engrais et des pesticides

· Associations culturales, surveillance des champs contre les oiseaux, utilisation des pesticides et utilisation de la fumée de poison contre les insectes

· Approvisionnement et réduction du coût d'engrais et de pesticide

· Manque d'encadrement
· Appel aux projets pour information et
formation des organisations paysannes

· Variabilité inter- annuelle des
· utilisation des variétés précoces

précipitations
· cultures de décrue

· Insuffisance des matériels agricoles
· Crédits agricoles

· Manque des moyens financiers pour

l'embouche

· Vente des terres agricoles

· Conflits agriculteurs- éleveurs
· Renforcement des Commissions foncières

III . 2 Typologie des exploitations agricoles

Des corrélations entre les productions et les facteurs de production ont été établies afin d'aboutir à un regroupement des exploitations agricoles de chaque terroir.

III . 2 . 1 . Corrélations pour variables appariées

Le tableau 17 donne les corrélations de différentes productions entre elles d'une part et entre les productions et les différents facteurs de productions d'autre part. Ces corrélations sont hautement significatives (**) entre les productions du mil (prodm), du sorgho (prods) et du niébé (prodn). Ce qui veut dire que le niveau de la production d'une culture dans une exploitation va de paire avec celle des autres cultures. On note également des très fortes corrélations (**) des variables comme l'utilisation d'engrais (Engr), la superficie totale (Sup.to.) et l'utilisation des pesticides (Pest.) sur l'ensemble de productions . Ces corrélations sont aussi respectivement significatives (*), non significatives, non significatives et négatives entre les trois productions et la fumure organique, l'unité d'attelage et la main d'oeuvre salariée.

Tableau 17 : Corrélations pour variables appariées (terroir de Bana)

 

Pro.m

Pro.s

Pro.n

Engr.

Sup.to.

Tra.sal Pest.

Ua.

Fum.org

Pro.m

1.000

0.747**

0.871**

0.877**

0.822**

-0.078

0.879**

0.072

0.673*

Pro.s

0.747**

1.000

0.804**

0.802**

0.876**

-0.175

0.751**

0.363

0.604*

Pro.n

0.871**

0.804**

1.000

0.942**

0.902**

-0.109

0.965**

0.018

0.522*

 

** : hautement significatif * : significatif.

Comme pour le terroir de Bana, les productions de l'ensemble de ces trois cultures de Zabon Mousso sont fortement corrélées (**) entre elles (tableau 18). Pour l'ensemble des variables utilisées, seule la superficie prend des corrélations hautement significatives avec les productions. Cependant l'engrais, le pesticide et la fumure organique donnent des faibles corrélations. Ce qui confirme la faible utilisation de ces facteurs dans les systèmes de culture comme l'on révélé les enquêtes. En effet la production agricole dans ce terroir est plutôt dépendante donc de la superficie et surtout des multiples pratiques de gestion de la fertilité (rotation des cultures, apport de compost, apport de glumes et glumelles, etc.) qui ne sont malheureusement pas quantifiées dans cette étude.

Tableau 18 : corrélations pour variables appariées (terroir de z. mousso)

 

Pro.m

Pro.s

Pro.n

Engr.

Sup.to.

Trail

Pest.

Ua.

Fum.org

Pro.m

1.000

0.775**

0.816**

0.598*

0.891**

0.057

0.679*

0.095

0.462

Pro.s

0.775**

1.000

0.803**

0.428

0.748**

0.089

0.631*

-0.013

0.391

Pro.n

0.816**

0.803**

1.000

0.343

0.822**

0.089

0.516*

-0.182

0.237

 

Les moyennes et les écart types de productions et de la superficie totale de deux terroirs sont consignés dans le tableau 19. L'écart type de l'ensemble des variables utilisées à ce niveau est très élevé. Ce qui présage l'existence d'une forte variabilité entre les exploitations d'un terroir d'une part et entre les exploitations par zone agroécologique d'autre part.

Tableau 19 : Moyenne et écart-type des productions par exploitation de deux terroirs

 
 

Moyenne

Ecart-type

 
 

Bana

Z. Mousso

Bana

Z. Mousso

Prodm (kg)

174

94

162.2

73.13

Prods (kg)

83

22

117.9

16.78

Prodn (kg)

53

18

83.30

18.84

Sup.to (ha)

0.41

0.21

0.62

0.13

 

Afin de mieux analyser la pertinence de l'utilisation des ces différents facteurs (engrais, pesticides, fumier), la production de chaque culture et de chaque terroir a été ramenée à l'unité de surface. Ainsi le rendement moyen par culture et par terroir fait également ressortir la même variabilité entre les deux zones agro-écologiques (tableau 20).

Tableau 20 : rendement moyen des cultures

Cultures Rendement moyen (kg/ha)

Bana Z. Mousso

Mil 425 448

Sorgho 203 105

Niébé 129 86

Les résultats obtenus sur les systèmes de culture mettent en évidence une forte diversité. On note une grande variabilité dans leur conduite. Les producteurs d'une manière générale n'ont pas accès aux mêmes ressources productives; ils ne pratiquent pas tous les mêmes rotations (dans la zone d'Aguié), ils n'utilisent pas tous les mêmes doses d'engrais (chez les producteurs qui en utilisent), ils n'obtiennent pas tous les mêmes rendements par voie de conséquence. Les rendements moyens du niébé et du sorgho à Bana sont nettement supérieurs à ceux du terroir de Zabon Mousso (129 kg/ha et 203 kg/ha contre 86 kg/ha et 105 kg/ha respectivement). Cela s'explique non seulement par la nature du sol, mais aussi et surtout par les conditions climatiques qui sont contraignantes dans la zone d'Aguié.

Par contre le rendement moyen du mil à Zabon Mousso (448 kg/ha) est légèrement supérieur à celui du terroir de Bana (425 kg/ha). Cela est la preuve du degré de tolérance climatique de cette espèce, comme nous l'avons souligné plus haut, mais surtout de l'effet des diverses pratiques d'amélioration de la fertilité dans la zone.

Eu égard à cette variabilité intra et inter - zones agro-écologiques, l'on ne pouvait étudier le fonctionnement de ces exploitations de façon homogène puisqu'elles présentent des disparités. C'est pourquoi, une typologie des exploitations de chaque terroir a été dressée afin d'aboutir à des classes assez homogènes.

III . 2 . 2 Définition des axes

Ainsi à l'issu de ces corrélations, trois axes explicatifs ont été définis:

- l'axe 1 pour la production du mil (prodm), cet axe donne des informations sur le niveau de production du mil d'une exploitation;

- l'axe 2 pour la production du niébé (prodn), c'est l'axe qui informe sur le niveau de production du niébé;

- l'axe 3 pour la production du sorgho (prods).

Le diagramme de dispersion obtenu nous donne une représentation tridimensionnelle formée par l'ensemble de ces trois axes (prodm, prodn, prods). Ce plan, au delà du niveau de production, (le degré de signification des corrélations le permet) donne également des informations sur le niveau d'utilisation des différents facteurs de production d'une exploitation.

III . 2 . 3 Regroupement des exploitations

Selon la dispersion des échantillons sur le plan explicatif ou plan factoriel de ce diagramme, les exploitations se regroupent en trois ou quatre classes selon que l'on soit à Bana ou à Zabon Mousso (figures 10 et 11). Ce regroupement permet d'apprécier les performances économiques par type d'exploitation. Ainsi, pour une description de la situation économique de ces différents types d'exploitation, un tableau a été dressé pour chaque terroir pour l'estimation des résultats moyens des cultures ( Tableaux 21 et 22).

III . 2 . 3 . 1 Terroir de Bana

? les exploitations du type 1

Elles représentent 26.67% des exploitations du terroir.

Elles sont de faible production agricole (leur production est en deçà de la moyenne par terroir), mais un rendement à l'hectare intéressant pour les céréales (478 kg/ha pour le mil et 319 kg/ha pour le sorgho). Elles sont caractérisées par une faible assise foncière avec des petites superficies (6 hectares) par rapport à la moyenne par terroir et une utilisation très faible voire même inexistante d'engrais et de pesticides. Il s'agit des exploitations où la force de travail familiale est largement suffisante pour couvrir le besoin en travail de l'exploitation.

? les exploitations du type 2

Elles représentent aussi 26.67% des exploitations du terroir.

Elles sont de production agricole acceptable par rapport aux exploitations du premier type. Elles enregistrent un très bon rendement en mil (670 kg/ha) et un rendement moyen en niébé (104

kg/ha). Ces exploitations sont caractérisées par une utilisation moyenne d'engrais (11125 francs CFA) et de pesticides (13125 francs CFA) soit l'équivalent d'un sac de 50 kg d'engrais et de quatre (4) litres de pesticides. Elles apportent également du fumier au champ avec le moyen de transport dont elle dispose.

Leur superficie (6.7 hectares) est suffisante pour un rendement relativement bon, mais la pluviométrie et leur niveau d'utilisation d'intrants déterminent beaucoup leur production.

6

les exploitations du type 3

Elles représentent 46.66% des exploitations du terroir de Bana.

Elles sont de forte production agricole puisque les productions de toutes les trois cultures sont supérieures aux moyennes par terroir. En effet, leur production moyenne par exploitation est de 470.7 kg pour le mil, 274 kg pour le sorgho et 208 kg pour le niébé. Elles ont également une très bonne assise foncière (18.8 hectares). Elles ont un bon rendement à l'hectare pour le sorgho (203 kg/ha) et le niébé (154 kg/ha), mais faible pour le mil (349 kg/ha).

Il faut dire que leur production est toujours excédentaire même en cas de faible pluviométrie puisqu'elles disposent suffisamment des terres. Mise à part leur assise foncière, ces exploitations disposent d'au moins une unité d'attelage par exploitation. Elles apportent suffisamment du fumier au champ et font le parcage pendant la saison sèche quand les animaux reviennent du nord moyennant quelques mesures de céréales lorsque les animaux ne sont pas la propriété de l'exploitation.

Ces exploitations dépensent 46896 francs pour l'engrais et 45000 francs pour les pesticides. Ces valeurs correspondent à l'équivalent de 200 kg d'engrais et de treize (13) litres de pesticides. Et c'est surtout cette utilisation de pesticides qui leur permet d'asseoir leur production en niébé. Leur force de travail familial est souvent insuffisante pour couvrir le besoin en travail de l'exploitation.

III . 2 . 3 . 2 Terroir de Zabon Mousso

? les exploitations du type 1

Ces exploitations représentent 26.67% du terroir de Z. Mousso.

Elles sont caractérisées par une très faible production agricole comparativement à la moyenne par terroir et un rendement à l'hectare très faible également (310 kg/ha, 98 kg/ha et 35 kg/ha respectivement pour le mil, le sorgho et le niébé). Elles n'utilisent quasiment pas du tout des engrais et des pesticides.

Les exploitations de ce type représentent pour l'essentiel des familles nucléaires dont la force de travail du seul chef d'exploitation suffit pour travailler leur lopin de terre.

? les exploitations de type 2

Ce type d'exploitation est majoritaire dans le terroir (40%). Les productions moyennes par exploitation de mil, de sorgho et de niébé donnent respectivement 171.8 kg, 47.6 kg et 35.6 kg. Ces valeurs sont légèrement au dessus des productions moyennes du terroir (tableau 19). L'utilisation d'engrais ( 58 kg) est relativement insuffisante et est compensée par un transport de fumier sur les animaux. La force de travail est essentiellement familiale. Elles ont une faible assise foncière (4.4 hectares) et enregistrent des rendements relativement moyens pour l'ensemble des cultures (468.5 kg/ha, 130 kg/ha et 97 kg/ha respectivement pour le mil, le sorgho et le niébé).

? les exploitations du type 3

Elles représentent 20% du terroir .

Les productions moyennes par exploitation de mil (508 kg) et de sorgho (116 kg) dépassent aussi les productions moyennes du terroir. Il en est de même pour le rendement de ces cultures (516 kg/ha pour le mil et 118 kg/ha pour le niébé). Elles disposent de 5.91 hectares de surface cultivable et disposent quelques fois d'unité d'attelage.

Elles dépensent 35833 francs pour l'utilisation d'engrais soit 180 kg. Cette utilisation d'engrais est renforcée un apport de fumier et de compost.

? les exploitations du type 4

Ces exploitations représentent 13.33% du terroir.

Les productions moyennes par exploitation de mil, de sorgho et de niébé sont largement supérieures aux moyennes du terroir. Elles sont respectivement de 1886.75 kg, 413.7 kg et de 405.6

kg. Elles ont une très bonne assise foncière (14.75 hectares). Ces exploitations consomment près de dix (10) sacs de 50 kg d'engrais soit 95000 francs CFA.

Ces exploitations utilisent également la main d'oeuvre salariée pour compléter la force de travail familial.

Elles disposent d'unité d'attelage, et apportent suffisamment de fumier et du compost au champ. Il s'agit des exploitations excédentaires et dont les revenus leur permettent d'acheter des terres agricoles.

III . 2 . 4 L'analyse des performances économiques des exploitations

Dans le terroir de Bana, bien que les types d'exploitation soient différents du point de vue des performances économiques, il n'existe pratiquement pas des différences importantes sur le revenu net de l'exploitation à l'hectare (Tableau 21). Ceci s'explique par les différences de rendement selon la culture et selon le type d'exploitation. Ainsi, les revenus nets à l'hectare sont surtout liés au rendement de niébé (154 kg/ha) au niveau des exploitations du type 1, au très bon rendement de mil (670 kg/ha) chez les exploitations du type 2 et aux bons rendements de mil (478 kg/ha) et de sorgho (319 kg/ha) chez les exploitations du type 1. Ce dernier type d'exploitation a moins de 20 kg de niébé à l'hectare compte tenu de sa faible capacité d'investissement pour les pesticides.

De ce fait, au vu des investissements faits (coûts directs et indirects) et des valeurs de la production à l'hectare, l'exploitation du type 2 (ET2) semble économiquement la plus performante dans le terroir de Bana (Annexe 2).

Par contre dans le terroir de Zabon Mousso, un seul type d'exploitation (ET4) enregistre un revenu de 104170 francs à l'hectare, malheureusement il ne représente que 13% du terroir. Les autres types d'exploitation ont des revenus faibles par rapport à celles du terroir de Bana. Le type d'exploitation le plus important du terroir ( ET2, 40%) n'a qu'un revenu net à l'hectare de moins de 10000 francs.

Aussi, faudrait-il rappeler que les scénarii des changements climatiques développés dans l'approche biophysique pour estimer les baisses de rendement de mil, de sorgho et de niébé ont conclu à une décroissance de la disponibilité en eau et à une réduction générale des rendements de ces cultures dans la zone d'Aguié.

A cet égard, les producteurs dont déjà les ressources financières sont limitées, et dont les systèmes
d'exploitation ont peu d'opportunités technologiques adaptatives disponibles pour limiter ou inverser
un changement néfaste du climat, peuvent subir des perturbations importantes et une perte

financière pour des modifications relativement petites de rendement et de la productivité de ces cultures.

Tableau 21 : Résultats moyens des cultures pour les trois types d'exploitation

Type d'exploitation

 

ET1

 
 

ET2

 
 

ET3

 

Culture

Mil

Sorgho

Niébé

Mil

Sorgho

Niébé

Mil

Sorgho

Niébé

Production par culture (kg)

3020.31

2015.6

125

4493.7

656.25

700

6590.2

3837.5

2914.29

Prix du Kg de produit (CFA)

150

150

300

150

150

300

150

150

300

Valeur de laproduction/culture (CFA)

453047

302344

37500

674054

98438

210000

988527

575625

874286

Valeur de la production à l'hectare (CFA)

71770

47896

5941

100605

14692

31343

52422

30526

46364

Valeur de la production de l'exploitation (CFA)

 

792888

 
 

982488

 
 

2438436

 

Coûts directs (CFA)

 

61572

 
 

58797

 
 

135850

 

Revenu brut de l'exploitation (CFA)

 

731316

 
 

923691

 
 

2302586

 

Coûts indirects (CFA)

 

147940

 
 

289312

 
 

479400

 

Revenu net de l'exploitation (CFA)

 

583376

 
 

634379

 
 

1823186

 

Superficie totale (ha)

 

6.3 125

 
 

6.7

 
 

18.857

 

Revenu net de l'exploitation à l'hectare (CFA)

 

92416

 
 

94683

 
 

96685

 
 

Tableau 22 : Résultats moyens des cultures pour les quatre types d'exploitation

Type d'exploitation

 

ET1

 
 

ET2

 
 

ET3

 
 

ET4

 

Culture

Mil

Sorgho

Niébé

Mil

Sorgho

Niébé

Mil

Sorgho

Niébé

Mil

Sorgho

Niébé

Production par culture (kg)

1252.12

397.25

142

2061.42

571.5

427.5

3048.5

429

697.5

7547

1654.75

1622.5

Prix du Kg de produit (CFA)

150

150

250

150

150

250

150

150

250

150

150

250

Valeur de la production/culture (CFA)

187818

59587.5

35500

309150

85725

106875

457275

64350

174375

1132050

248210

405625

Valeur de la production à l'hectare (CFA)

46490

14749

8787

70261

19483

24290

77370

10880

29505

76750

16830

27500

valeur de la production de l'exploitation(CFA)

 

282905

 
 

501750

 
 

696000

 
 

1785885

 

coûts directs (CFA)

 

16305

 
 

30240

 
 

53375

 
 

135900

 

Revenu brut de l'exploitation (CFA)

 

266600

 
 

471510

 
 

642625

 
 

1649985

 

coûts indirects (CFA)

 

180560

 
 

438240

 
 

248625

 
 

113440

 

Revenu net de l'exploitation(CFA)

 

86040

 
 

32270

 
 

394000

 
 

1536550

 

Superficie totale (ha)

 

4.04

 
 

4.4

 
 

5.91

 
 

14.75

 

Revenu net de l'exploitation à l'hectare (CFA)

 

21297

 
 

7335

 
 

66660

 
 

104170

 
 

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon