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Impact du Changement Climatique sur les Systèmes de production au Niger (Afrique de l'Ouest)

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par Amadou Mahamadou Laouali
Université Abdou Moumouni de Niamey au Niger - DESS 2004
  

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Conclusion partielle

La zone d'Aguié dans son ensemble se trouve sur un bas plateau recouvert par un manteau sableux à épaisseur variable et formant un système dunaire plus ou moins aplati, fixé par une végétation steppique (Raynaud, 2001 cité par lamine 2002).

Ces conditions du milieu seulement favorables au système agricole pluvial, limitent les populations de cette zone dans les activités agricoles. En effet, les améliorations sont les moins spectaculaires pour ce système agricole du fait du bas prix des produits agricoles qui ne permettent pas d'acheter des intrants. La productivité reste alors faible. Cette agriculture, pour l'instant se pratique d'une manière extensive sur des sols généralement pauvres. Elle est très dépendante des précipitations. Dans ces conditions, un paysan qui ne dispose que des terres sèches ne peut espérer qu'une seule récolte par an puisque les précipitations dans le Sahel se concentrent généralement sur une période unique de quatre à cinq mois.

En revanche s'il peut également cultiver une zone humide (ou une plaine d'inondation) comme c'est le cas à Gaya, la disponibilité en terre, le risque d'échec et le problème de sécurité alimentaire peuvent être étalés sur une période plus longue.

Ceci est un des avantages de cette zone du dallol où les populations locales tirent profit de la montée et de la descente du plan d'eau dans les plaines d'inondation. les cultures pratiquées concernent généralement la canne à sucre, le manioc, la patate douce, le maïs, le riz, etc.

Ces cultures, même si elles sont exigeantes en travail surtout, génèrent énormément des revenus et de ce fait, complètent le déficit céréalier des exploitations. Il faut aussi dire que ces cultures de décrue ne sont pas exigeantes en ce qui concerne les consommations intermédiaires puisque la fertilité se renouvelle grâce aux apports des inondations et par conséquent, entraîne des faibles coûts de production. Les techniques employées sont à la fois simples et connues des populations locales. Les coûts d'investissement sont faibles. Néanmoins, il s'opère une spéculation dans le terroir pendant la période de récolte qui ne permet pas aux producteurs de tirer le profit escompté.

III . 3 Adaptation des systèmes productifs agricoles à la

variabilité climatique

Face aux multiples constats que font les producteurs sur la variabilité climatique, des stratégies sont développées afin de s'y adapter. Cependant, il existe un certain nombre des contraintes qui freinent le bon développement de ces stratégies.

III . 3 . 1 Les constats sur la variabilité climatique

Il s'agit des constats faits par les producteurs sur certains événements récents ou lointains qui les ont marqués et dont la cause est attribuée aux longs changements des températures ou des précipitations moyennes ou même de certaines variations climatiques telles que le retard de l'installation de la saison des pluies ou une fin précoce de celle-ci et des dégâts causés par les inondations. Ces constats, résumés dans le tableau 23 concernent leurs champs sur lesquels ils ont travaillé des années durant.

Tableau 23 : Constats des producteurs sur la variabilité climatique

Zabon Mousso Bana

· la fonte de semis et la pourriture des grains semés ;

· la lenteur de croissance des cultures qui finissent par se fragiliser ;

· les brûlures, les jaunissement et le nanisme sur les cultures ;

· la réduction du nombre de tallage et la production des épis stériles ;

· le fanage des feuilles du niébé à la
ramification et de la fonte des ses fleurs ;

· la germination et la pourriture des grains des épis en fin de campagne.

· la fonte des semis et la pourriture des grains semés ;

· la multiplication des ennemis des cultures tels que le striga, les insectes ;

· la fin précoce des précipitations qui entraîne la production des épis mal développés ;

· des inondations qui envahissent les bas- fonds où se cultivent la canne à sucre, le manioc, la patate douce et le riz ;

· la disparition des certaines espèces végétales et animales.

 
 
 

La majorité des producteurs de terroir de Bana affirment que ces deux dernières années on assiste quand même à une amélioration du point de vue conditions climatiques contrairement aux années passées où ils ont connu des répétitions de poches de sécheresse, soit en début, au milieu ou en fin de campagne.

En ce qui concerne les changements de temps, les habitants de cette zone affirment que dans le passé, "après une pluie, persiste un froid excessif ", mais que de nos jours, "après une pluie, il est même possible de dormir dehors". Ce constat exprime une certaine augmentation des températures moyennes durant les dernières décennies. Et cette augmentation est d'autant plus importante que même après la pluie, les températures ne descendent pas à des très faibles valeurs.

Les mêmes producteurs disaient, qu'ils se rappellent encore quand ils étaient jeunes, "deux à trois grains suffisent pour semer un poquet" mais que aujourd'hui, "il faut plus de sept grains pour semer un poquet". Ils expliquent que la moitié de grains semés pourrit à cause de la chaleur.

En ce qui concerne les ennemis des cultures, ils disent que dans le passé, "ils n'ont pas besoins de pesticides pour garantir une bonne production" mais qu'aujourd'hui "sans pesticide, on ne peut pas produire du niébé". Et ils attribuent la multiplication des ennemis des cultures (Striga et Insectes) en partie à l'augmentation de la chaleur donc des températures.

III . 3 . 2 Les stratégies d'adaptation

Les stratégies concernent non seulement les actions menées pour faire face aux effets de temps en terme de fluctuations de température, de précipitations et de vent dans les saisons et entre les saisons, mais également aux différents ajustements que font les producteurs sur leurs champs pour pallier à ces changements. Ainsi, ils ont retenu :

- le remplacement des variétés traditionnellement cultivées par des variétés à cycle court. Il faut dire qu'à Gaya, excepté le mil précoce "Guero", les producteurs s'intéressent très peu aux variétés précoces puisque la pluviométrie ne limite pas encore l'utilisation des variétés tardives. Mais dans la zone d'Aguié, on note une plus grande importance accordée aux variétés précoces;

- l'abandon d'un certain nombre des cultures plus exigeantes en eau comme le maïs dans la zone d'Aguié et la pratique des cultures de contre saison dans la zone de Gaya comme la canne à sucre, la patate, le maïs, le riz, etc;

- le semis dès la première pluie dans le souci de profiter au mieux des premières pluies utiles et le labour précoce pour que l'humidité que conservent les mottes puissent profiter aux jeunes plants en cas de sécheresse;

- divers types d'association culturale ainsi que l'entretien des champs avec des pratiques comme le paillage, l'apport des glumes et glumelles dans la zone d'Aguié et la réalisation des "tassa" avec apport des glumes et glumelles à Gaya;

- défrichement amélioré comme technique de régénération naturelle initiée par le PDRAA à Aguié;

- les travaux de CES/DRS avec le projet PADEL à Gaya;

- l'entretien des arbres et le reboisement par des espèces comme Acacia senegal, Prosopis sp, , Andropogon gayanus Hyphaene thebaïka, Acacia albida, Azaridachta indica, Borassis aethiopum, Adansonia digitata dans les champs afin de protéger les cultures contre les effets de vent (soulèvement de sable, forte vitesse...)

- les manifestations rituelles qui se pratiquent en cas de sécheresses en vue de faire tomber la pluie.

III . 3 . 3 les contraintes principales à l'adoption des stratégies nécessaires

La principale contrainte à l'adoption des stratégies face à la variabilité climatique est la pluviométrie à travers son irrégularité et son retard dans la zone de Gaya et par son insuffisance et sa forte variabilité spatio-temporelle dans la zone d'Aguié.

Les producteurs de l'ensemble de deux zones ont souligné que la pauvreté de personnes est également une contrainte importante à l'adoption des stratégies nécessaires. Celle-ci est imputable aux faibles revenus des exploitations qui ne permet pas de faire des ajustements nécessaires.

Il y a également l'exploitation non contrôlée des régénérations d'espèces végétales surtout par les femmes dans la zone d'Aguié, l'insuffisance d'encadrement et la non continuité des travaux initiés par les projets puisque les comités de gestion n'arrivent toujours pas à être à la hauteur de cette tâche.

Enfin, il faut noter la dégradation des terres agricoles et l'insuffisance des variétés précoces.

Conclusion partielle

Nos enquêtes ont révélé des stratégies et/ou des pratiques paysannes d'adaptation face aux risques climatiques entrant dans la logique de ne pas dépendre d'une seule activité agricole, lorsque les résultats de celle-ci sont aléatoires en raison des facteurs que l'on ne maîtrise pas.

Dans le terroir de Bana, les producteurs se focalisent beaucoup plus sur les cultures de décrue puisque les conditions du milieu les permettent. Dans ce terroir, malgré l'intervention des projets de développement (PAIGLR, PADEL), il est facile de constater que les producteurs ne développent pas suffisamment des stratégies spécifiques pour l'adaptation aux aléas climatiques.

Par ailleurs, il faut dire que, même en cas d'une mauvaise campagne pluviométrique cette zone arrive quand même à enregistrer un cumul pluviométrique permettant aux variétés hâtives cultivées de boucler leur cycle. Aussi, Gaya est l'une des zones du Niger où les écosystèmes ne sont pas suffisamment dégradés.

Par contre dans le terroir de Zabon Mousso, des aléas comme le retard des pluies qui intervient tous les trois à cinq ans selon les paysans; les poches de sécheresse qui interviennent tous les deux ans sur cinq et les vents (en début, au milieu et en fin de campagne), ont amené les producteurs à adapter des stratégies en vue de minimiser les risques. Au titre de celles-ci, entre autres le semis à sec, l'utilisation des variétés précoces, le paillage et la protection de la régénération naturelle. Ces pratiques concourent à réduire les risques encourus au cours d'une campagne et même à améliorer le rendement. Ce qui explique en partie le rendement moyen de mil à l'hectare obtenu dans ce terroir qui est légèrement supérieur à celui de terroir de Bana. Parlant donc des stratégies d'adaptation aux changements climatiques Darwin et al. ( FAO, 1997) soulignent dans ses propos qu'en considérant seulement l'ajustement au niveau de l'exploitation agricole, (sans modification du prix et sans expansion de la production agricole sur des nouvelles superficies), les agriculteurs pourraient compenser entre 70 et 120% des pertes initiales.

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