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Enjeux et jeux pétroliers en Afrique: étude de l'offensive pétrolière chinoise dans le Golfe de Guinée

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par Severin Tchetchoua Tchokonte
Université de Yaoundé 2 - Master 2 science politique 2008
  

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PREMIERE PARTIE :

LES ENJEUX DE L'OFFENSIVE PETROLIERE CHINOISE DANS LE GOLFE DE GUINEE

Depuis le milieu de la décennie 1990, la coopération sino-africaine semble avoir pris une nouvelle tournure. Pour Pékin, le pragmatisme a pris le pas sur la rhétorique. Du fait de la forte industrialisation que connaît le pays depuis quelques décennies, la Chine se livre à une quête effrénée de matières premières, en l'occurrence le pétrole à tous les points stratégiques de la planète. Animé par un esprit réaliste, Pékin s'est rendu compte de l'impérieuse nécessité d'une réorientation de sa politique vis-à-vis de l'Afrique. En effet, comme l'écrit Eric Patrick MOUPAYA (2008 :1) " la croissance et même la survie économique de la chine dépendent, et pour une part croissante, de l'Afrique ". La Chine absorbe désormais 25% de tout le cuivre consommé à travers le monde, 40% du charbon, 35% de l'acier, 10% du pétrole et sa demande ne cesse de croître, et 90% de tout l'aluminium (Moupaya E. ; 2008 : 1). Une économie dévoreuse d'énergie, boulimique en matières premières, qui s'est tout naturellement tournée vers la région du monde la mieux pourvue.

Aussi, selon toute vraisemblance, l'offensive pétrolière de la chine dans cette sous région aujourd'hui, pourrait-elle s'expliquer à la fois par une demande énergétique interne en perpétuelle croissance (chapitre1), et par le potentiel énergétique important de la sous région, couplé aux nombreux avantages de son pétrole. Mais aussi et surtout par l'incapacité politique et technologique des dirigeants à contrôler et à exploiter les ressources (chapitre2).

CHAPITRE I :

La dépendance énergétique de la Chine

Jusqu'à présent, le débat autour de la dépendance pétrolière de la Chine reste ouvert. Si pour certains, la dépendance chinoise en termes d'énergie pétrolière est une illusion, obéit tout comme les autres puissances industrielles, à une volonté politique de ce pays de préserver ses réserves pétrolières pour l'avenir. Pour les autorités chinoises par contre, la dépendance pétrolière du pays est une réalité, un défi à surmonter pour rester compétitif sur le marché international. S'il est vrai que la plupart de pays industrialisés aujourd'hui évoquent cette dépendance énergétique pour justifier l'expansion de leurs firmes pétrolières à travers le monde, il n'en demeure pas moins vrai que ces mêmes pays optent pour la préservation de leurs réserves, visant ainsi à constituer des réserves stratégiques, représentant de dizaines d'années de consommation. Donc, dépendance supposée ou réelle, notre objectif n'est pas de prendre position. Il est simplement question d'analyser les données recueillies tout au long de nos recherches.

Par dépendance, nous entendons un assujettissement, une absence d'autonomie. La dépendance énergétique quant à elle peut être perçue comme le fait que le pays ne puisse plus subvenir à ses besoins par la production nationale et doit par conséquent importer la différence. La Chine a en effet longtemps cru qu'elle pourrait rester autonome énergétiquement, mais face à la croissance de sa consommation, elle va devoir se résigner à importer de plus en plus de pétrole. Se retrouver tributaire du marché mondial n'est certes pas une sensation très rassurante pour Pékin, mais c'est le lot de la plupart de pays industrialisés, pays dont la Chine aspire à faire partie au cours de ce siècle.

Dans le cadre de ce travail, la dépendance pétrolière de la chine sera analysée à travers son déficit énergétique interne (section1), mais aussi à travers l'absolue nécessité de ses importations (section2).

SECTION I : Le déficit énergétique de la Chine

De nos jours, la Chine se dessine comme la seule puissance capable de contenir ou de contester l'hégémonie des Etats-Unis d'Amérique, elle est même devenue l' « adversaire reflet »11(*) de ces derniers. En effet, seul l'Empire du milieu peut réellement constituer une véritable menace pour les intérêts américains. Pourtant, la Chine se heurte à un véritable obstacle, celui de sa dépendance énergétique. Deuxième consommateur d'énergie dans le monde, la chine doit désormais nourrir une machine industrielle dont l'appétit semble insatiable. Or, ses ressources énergétiques tarissent à un rythme inquiétant et le pays est redevenu depuis 1993, un importateur de pétrole.

La mise en valeur de nouveaux gisements, notamment dans le bassin de Tarim dans le Xinjiang, reste très lente et ne permet pas de répondre à la hausse régulière de la consommation de pétrole, multipliée par deux depuis 1995. Cette situation s'explique essentiellement par la hausse de la production industrielle, l'augmentation régulière du parc automobile et la constitution depuis 2003 d'une réserve stratégique (représentant un trimestre de consommation), comme dans les grands pays industrialisés12(*).

C'est à travers l'insuffisance des réserves et de la production (paragraphe1), mais également par la croissance de la demande intérieure par les différents secteurs de l'économie nationale chinoise (paragraphe2), que nous étudierons le déficit énergétique de la Chine.

Paragraphe 1 : Insuffisance des réserves et de la production

Compte tenu de la forte croissance économique que connaît la Chine depuis quelques décennies et de la forte industrialisation qui s'en est suivie, la demande énergétique chinoise ne cesse de croître .C'est ce que semble d'ailleurs indiquer la baisse de l'offre énergétique. En effet, le taux de couverture de la Chine en pétrole ne cesse de chuter et s'établissait en 2002 à 69% (Chomtang Fonkou : 2007 : 9).

Aussi, la baisse, voir la chute du taux de couverture de la Chine en pétrole sera-t-elle analysée ici à travers l'insuffisance des réserves (A) et de la production (B).

A- Des réserves limitées

Les réserves de pétrole de la Chine font l'objet d'estimations contradictoires. L'agence de l'énergie des Etats-Unis estime les réserves prouvées en pétrole de la Chine à 2,5 milliards de tonnes, tandis que la British Petroleum (BP) avance le chiffre de 3,2 milliards de tonnes, et l'OCDE pense que ce chiffre atteint près de 4 milliards de tonnes et représenterait 2,3% des réserves mondiale13(*).

Le pétrole en Chine, particulièrement au Nord du pays est un pétrole lourd et visqueux, riche en paraffine, ce qui le rend onéreux à raffiner. Les gisements de pétrole se situent principalement dans quatre zones.

Il y a tout d'abord la province du Heilongjiang qui constitue le centre principal de production du pétrole de la Chine avec 34%14(*) de la production nationale. Vient ensuite le champ de Daqing, l'un des plus vastes au monde qui représente à lui seul près du tiers de l'exploitation pétrolière nationale. Mais, mise en valeur depuis un peu plus d'un demi-siècle, sa production ne devrait guère pouvoir augmenter dans les années à venir. La région du Xinjiang quant à elle représente aujourd'hui 20% de la production de pétrole en Chine. Les principaux gisements du Xinjiang sont le bassin de Tarim Occidental, le champ de Karamay dans le bassin de Junggar et le bassin de Turpan-Hami. La province du Shandong représente quant à elle 16,6% de la production nationale. Enfin, nous avons les gisements off shore en mer de Chine et dans la mer de Bohai qui représentent moins de 10% de la production nationale15(*). Les prospections restent par ailleurs gênées par les différends frontaliers avec le Vietnam. Les estimations des réserves (possibles et prouvées) contenues dans la mer de Chine sont très contradictoires. Dans l'hypothèse la plus favorable, ces réserves peuvent permettre d'envisager une production annuelle oscillant entre 19 mille et 50 mille tonnes par jour, soit l'équivalent de 10% de la production nationale.

Seulement ces grands gisements sont de nos jours confrontés à un certain épuisement, ceux du nord en particulier. En effet, les principaux champs pétroliers chinois comme Daqing, Sengli et Liaohe qui assurent 80% de la fourniture nationale de pétrole, ont atteint leur pic de production dans les années 1980 et leur exploitation devient de plus en plus coûteuse.

L'insuffisance et la vulnérabilité des infrastructures de transport entre les ressources de l'Ouest et le reste du pays sont une autre explication au déséquilibre de la balance pétrolière chinoise. Sur ce déficit d'infrastructures vient se greffer le problème de la minorité Ouïgour (la plus importante des minorités de Chine). Les visées panturques du mouvement autonome Ouïgour inquiètent de plus en plus le gouvernement chinois qui craint que la sécurité de ses approvisionnements, notamment en provenance du Kazakhstan et du Tadjikistan, ne soit à terme menacée par les actes terroristes.

B- Une production insuffisante

La Chine a été l'une des premières nations à exploiter le pétrole avec son puits situé à Taiwan en 1878. Historiquement, la Chine a été le premier pays à utiliser le pétrole quand la République fut fondé en 1949, la production annuelle n'atteignait que 120 milles tonnes (ou 2,400 baril par jour) (Thalman P. (Dir.) ; 2006 : 28) et elle faisait partie des pays sous développés en consommation d'énergie, à cause entre autre des guerres. La production chinoise a progressivement augmentée jusque dans les années 1980, faisant alors de la Chine en 1985 un exportateur de pétrole avec 6,21 millions de tonnes exportées (Thalman P. (Dir.) ; 2006 : 28). En 1996, la production pétrolière chinoise a dépassé 156 millions de tonnes, contre 147 millions en 1995 et 144 millions en 1994, un chiffre inégalé à ce jour (De Lestrange Cédric ; Paillard Christophe Alexandre ; Zélenko Pierre ; 2005 : 173).

En 2003, la Chine a produit en moyenne 2,3 millions de barils par jour, la grande majorité (90% de ce pétrole) est extraite d'exploitation terrestres (on shore) et un tiers de cela provient du gisement de Daqing, principal champ pétrolier situé dans le nord Est et produisant 1 million de barils par jour, même si 50% de ces réserves ont d'ores et déjà été exploitées (De Lestrange Cédric ; Paillard Christophe Alexandre ; Zélenko Pierre ; 2005 : 173).

Concernant l'exploitation off shore, la plus grande d'entre elles se trouve dans la baie de Bohai, dans la mer jaune et a été découverte au début des années 1960. L'ouverture de cette réserve off shore aux compagnies étrangères à la fin des années 1970 a permis d'augmenter la production de manière significative. En effet, en 2003, ces sites off shore contribuaient pour 90% à l'augmentation annuelle de la production chinoise.

La dépendance pétrolière de la Chine s'accroît rapidement, car ses réserves et la croissance de sa production nationale sont insuffisantes. En effet, le taux de couverture en pétrole ne cesse de chuter, ceci sous le poids d'une forte croissance de la demande interne. On peut même aujourd'hui raisonnablement faire l'hypothèse que la croissance de la production pétrolière chinoise ne sera pas en mesure de compenser celle de la demande.

* 11 Eu égard à la fréquence des conflits d'intérêt entre ces deux puissances sur plusieurs théâtres de la scène pétrolière internationale, la chine peut en effet être considérée comme l'adversaire reflet des Etats-Unis.

* 12 Cf. Questions Internationales n°20, juillet - août 2006, page 106.

* 13Cf. Réseau Garibaldi, p. 2

* 14 Cf. Réseau Garibaldi, p.2

* 15 Cf. Réseau Garibaldi, p2.

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