Section I : EVOLUTION GLOBALE DE LA DETTE PUBLIQUE AU
CAMEROUN
La dette publique est composée de la dette interne et
de la dette externe. Ainsi, Il sied de présenter d'une part
l'évolution de la dette intérieure, puis en second lieu celle de
la dette extérieure.
I.1. EVALUATION DES COMPOSANTES DE LA DETTE
INTERIEURE CAMEROUNAISE
La dette intérieure d'un pays représente la
créance en monnaie locale ou nationale des résidents sur l'Etat.
Cependant, il arrive souvent que les autorités régionales et les
collectivités locales, les entreprises publiques, contractent des
dettes, qui ajoutées à celle du gouvernement, constituent la
dette publique intérieure du pays. L'analyse de l'évolution de la
dette intérieure passe aussi par la prise en compte de son service et
des ratios d'endettement. I.1.1. La dette intérieure dans le
contexte socio-économique camerounais
La dette publique intérieure du Cameroun est
composée de la dette structurée et de la dette non
structurée40. La dette structurée est celle ayant fait
l'objet des conventions entre les créanciers et l'Etat. La dette non
structurée quant à elle est constituée principalement des
arriérés constatés à une date donnée au
niveau du Ministère des Finances.
Depuis 1970 jusqu'à 2004, la dette interne n'a
cessé d'augmenter (figure 9), mais avant la récession de 1986,
son montant était très faible et son évolution quasi
constante.
Figure 9 : Dette publique au Cameroun
4000000
7000000
6000000
5000000
3000000
2000000
1000000
0
EVOLUTION DE LA DETTE PUBLIQUE AU CAMEROUN
ANNEES
Dette publique totale Dette externe
Dette interne
Source : Construit par l'auteur à partir de la WDI (2005)
et des données de la CAA (2007)
Durant la période de mauvaise conjoncture
économique, le gouvernement camerounais a accumulé d'importants
arriérés envers le secteur privé, les salariés de
l'Etat, les banques
40 Confère annexe 2 pour une description de
ces différentes formes de dettes internes.
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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|
commerciales, la BEAC. L'encours élevé de cette
dette a eu des effets néfastes sur la situation financière des
entreprises et a compromis les investissements. Ainsi, les actions de
restructuration mises en oeuvre, ont permis la titrisation d'une grande partie
de la dette envers les banques, les compagnies d'assurances, les BTP, ainsi que
la dette envers les entreprises publiques.
Le stock de la dette et son encours suivent une
évolution identique entre la période de 1981/82 à 1987/88
(figure10). Mais par la suite, l'encours de la dette interne devient nettement
inférieur à son stock jusqu'avant la dévaluation du F.CFA.
La dévaluation permet de faire évoluer l'encours et le stock de
manière similaire jusqu'à l'exercice 2002/2003, après
laquelle l'encours devient encore inférieur au stock jusqu'à
2005/2006. Cette différence de montant entre le stock de la dette
interne et son encours, s'explique par l'accumulation des
arriérés tant du principal que des intérêts.
Figure 10 : Stock et encours de la dette publique interne
1600000
1400000
1200000
1000000
600000
400000
200000
800000
0
EVOLUTION DU STOCK ET DE L'ENCOURS DE LA DETTE
INTERNE
ANNEES
Stock de la dette interne Encours de la dette interne
Source : Construit par l'auteur à partir de la WDI (2005)
et des données de la CAA (2007)
Sur la période de 198 1/82 à 1985/86, la dette
interne (arriérées compris) a progressé de manière
constante, atteignant en 1985/86, une valeur de 203.624 millions de F.CFA.
Aussi, le poids de la dette interne (mesuré par le ratio encours de la
dette interne/PIB), a connu une croissance régulière, passant de
1 à 9% du PIB (figure 11). Cette évolution a
considérablement augmenté à partir de l'exercice
budgétaire 1986 /1987, son stock est passé à 387.342
millions de F.CFA en 1990/91. Le ratio de la dette interne sur le PIB est lui
passé à 12%. Durant cette période de crise
économique profonde, la faiblesse des ressources propres de l'Etat l'a
conduit à emprunter massivement auprès des sociétés
d'Etat, des banques commerciales et des compagnies d'assurances et de
réassurances pour assurer l'investissement public.
THIERRY KAME / PhD CANDIDATE / UNIVERSITY OF YAOUNDE
II / 237 99 42 92 25 /
thierrykamebilla@yahoo.fr
70
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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|
A partir de l'exercice budgétaire 1991/92, le montant
de l'encours de la dette continue de prendre des grandes proportions, passant
de 717.702 millions pour atteindre 1.179.100 millions de F.CFA pendant
l'exercice budgétaire 1993/94. La part de la dette interne dans le PIB a
cru de 39 à 69%. Les turbulences politiques avec le retour au
multipartisme, ont en partie contribuées en partie à
l'augmentation des dépenses de l'Etat aux dépens des recettes, ce
qui a accentuée la dette interne, soutenue par la mauvaise conjoncture
économique.
Figure 11 : la part de la dette interne et de l'investissement
sur le PIB
40%
90%
80%
70%
60%
50%
30%
20%
10%
0%
RATIO INVESTISSEMENT PRIVE ET DETTE INTERNE SUR
PIB
ANNEES
Investissement privé/PIB Encours dette interne/PIB
Source : Construit par l'auteur à partir de la WDI (2005)
et des données de la CAA (2007)
Après la dévaluation, cette dette a connu une
diminution, son encours est passé de 1.419.891 à 890.847 millions
de F.CFA entre la période 1994/95 et 2001/02. A partir de 1996/97, le
ratio subit une baisse en raison de l'amélioration des recettes de
l'Etat l'ayant permis d'éponger en partie certaines catégories de
la dette intérieure. C'est ainsi qu'à la fin de l'exercice
budgétaire 2002/03, l'encours de la dette intérieure ne
représentait plus que 3% du PIB. La dévaluation améliore
les termes de l'échange entre le Cameroun et le reste du monde. Il s'en
suit une augmentation des recettes d'exportations, générant des
ressources à l'Etat pour ses dépenses publiques, réduisant
aussi l'attrait à l'emprunt public.
Mais la diminution de la dette interne s'est surtout
accentuée à partir de la période 2002/03, période
intérimaire entre le point de décision et le point
d'achèvement. Les autorités camerounaises ont, après
l'admission du Cameroun à l'initiative PPTE, mis sur pied d'imposants
dispositifs pour la rigueur dans la gestion des ressources publiques.
En dehors des structures administratives et techniques
traditionnellement chargées de suivre la bonne exécution des
projets et programmes de développement, des actes administratifs ont
été pris par le gouvernement pour assurer la gestion et le suivi
des
THIERRY KAME / PhD CANDIDATE / UNIVERSITY OF YAOUNDE
II / 237 99 42 92 25 /
thierrykamebilla@yahoo.fr
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DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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ressources intérimaires PTTE. La contrainte
extérieure étant partiellement allégé, l'Etat
pouvait donc apurer progressivement sa dette interne. Ainsi, l'encours de la
dette publique est passé de 786.400 millions pendant cette
période pour atteindre 666.000 millions de F.CFA en 2005 /06. Cette
dette interne ne représentait plus que 8% du PIB en 2005/06.
L'examen de l'évolution du ratio encours de la dette
intérieure par rapport à la dette totale montre que, la dette
intérieure a continué d'être un élément
important de la charge d'endettement. En effet, le tableau en annexe 4, montre
que la dette intérieure représente en moyenne 16% de la dette
publique totale au cours de la période sous étude. En 198 1/82,
la dette publique intérieure représentait 2 % de la dette
publique totale; cette proportion s'élevait à 11 % en 1985/86 et
se situait autour de 25 % entre 1993/94 et 1997/98; la fin de l'exercice
2005/06 se caractérisait par un ratio de 2 %.
Ce poids important de la dette intérieure par rapport
à la dette publique s'explique par la prise en compte de nouvelles
composantes de la dette intérieure par le Ministère des Finances
lorsqu'elles sont identifiées de façon précise, dans le
souci d'assurer un meilleur service de la dette interne.
I.1.2. Evolution du service de la dette
intérieure
L'examen de l'évolution du service de la dette
intérieure à travers le tableau 1, montre une évolution
modérée du service effectif de la dette au début de la
décade 1980. IL se fixera ensuite à12.976 millions de F.CFA pour
l'exercice 1986 /87, puis chutera pour devenir très faible en 1989/90 et
1990/91 suite à la mauvaise conjoncture économique en
présence au Cameroun pendant cette période.
En raison du paiement d'une partie de la dette commerciale et
des échéances de la dette titrisée, le service effectif de
la dette intérieure est passé en 1998/99, à 89.000
millions de F.CFA. Il importe de noter que depuis 1997, le Cameroun a entrepris
la mise en oeuvre d'un programme économique appuyé par une FASR
soutenue par le FMI, dans ce cadre, les efforts sont consentis en ce qui
concerne le paiement des échéances de la dette. C'est l'une des
raisons de l'accroissement importante du paiement du service de la dette
à partie de l'exercice 1996/97. Cet accroissement a suivit son cours
après l'atteinte du point de décision de l'Initiative PPTE pour
se fixer à 350.000 millions de F.CFA en 2005/2006. L'atteinte du point
de décision met à la disposition du Cameroun des ressources
intérimaires qui lui permettrons d'apurer sa dette interne.
Cette évolution camoufle des disparités
concernant l'évolution réelle du service de la dette interne par
rapport à son stock. Le ratio service sur stock de la dette interne
révèle la faible capacité du Cameroun à apurer sa
dette interne. De 15% au cours de l'exercice 1981/82,
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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le Cameroun n'honore plus que 0,1% du service de sa dette
interne par rapport à son stock en 1987/88. Elle se remettra de sa
léthargie à partir de la période de 1996/97 avec un taux
de 2%, augmentera graduellement pour atteindre 39% en 2005/06.
Tableau 1 : Evolution du service de la dette
interne (en millions de F.CFA)
Années
|
Service effectif de la dette interne
|
Total arriérés
dette interne
|
Ratio service
effectif/stock
de la dette
interne
|
Ratio service
effectif dette
interne /PIB
|
Ratio service
effectif dette
interne /exportation
|
1981/82
|
3 109
|
0
|
15%
|
0,17%
|
1%
|
1982/83
|
8 933
|
0
|
17%
|
0,5%
|
2%
|
1983/84
|
9 069
|
0
|
8%
|
0,4%
|
1%
|
1984/85
|
8 449
|
0
|
8%
|
0,3%
|
1%
|
1985/86
|
12 925
|
0
|
7%
|
0,5%
|
3%
|
1986/87
|
12 976
|
0
|
6%
|
0,6%
|
3%
|
1987/88
|
174
|
0
|
0,1%
|
0 ,0082%
|
0,07%
|
1988/89
|
7
|
80 197
|
0%
|
0 ,00034%
|
0,0012%
|
1989/90
|
0
|
117 169
|
0%
|
0
|
0%
|
1990/91
|
0
|
252 162
|
0%
|
0
|
0%
|
1991/92
|
593
|
398 027
|
0%
|
0,032%
|
0,1%
|
1992/93
|
5549
|
438 167
|
0,4%
|
0 ,31%
|
0,35%
|
1993/94
|
9823
|
0
|
0,8%
|
0,6%
|
0,34%
|
1994/95
|
2911
|
0
|
0,2%
|
0,2%
|
2,3%
|
1995/96
|
2 581
|
0
|
0,1%
|
0,1%
|
1,4%
|
1996/97
|
22 865
|
0
|
2%
|
1,2%
|
1,1%
|
1997/98
|
15 494
|
0
|
1%
|
0,75%
|
0,7%
|
1998/99
|
89000
|
0
|
8%
|
4,13%
|
4 ,1%
|
1999/00
|
86000
|
0
|
8%
|
3,8%
|
3,8%
|
2000/01
|
95000
|
0
|
8%
|
4,04%
|
4,02%
|
2001/02
|
110758
|
239 130
|
10%
|
4,5%
|
4,5%
|
2002/03
|
110550
|
223 984
|
11%
|
4,3%
|
4,3%
|
2003/04
|
79000
|
251 000
|
5%
|
9,37%
|
1%
|
2004/05
|
223450
|
237 116
|
18%
|
2,7%
|
2,7%
|
2005/06
|
350000
|
-
|
39%
|
4,04%
|
4,02%
|
|
Source : CAA (2007)
En ce qui concerne les arriérés internes, il
faut noter que les avances de la Banque centrale au Trésor étant
limitées dans la Zone franc, et le marché monétaire
n'existant que depuis 1994, l'Etat camerounais pour se financer ne pouvait que
s'endetter auprès des banques secondaires ou auprès des agents
économiques. En dépit des efforts consentis par le
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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gouvernement pour assurer le service de la dette, il subsiste
toujours des arriérés tant sur la dette extérieure que sur
la dette intérieure. Ces arriérés internes ont connu une
forte progression, passant de 80.197 millions à 438.167 millions de
F.CFA entre 1988/89 et 1992/93 avec des fortes augmentations pendant cette
période. Pendant l'exercice 2001/02 à 2004/05, ces
arriérés sont passés de 2.393.130 millions à
237.116 millions de F.CFA, témoignant d'une baisse graduelle de
l'apurement de la dette interne.
L'observation du Tableau en annexe 5, montre
que la part des arriérés internes n'est pas négligeable
puisqu'elle se chiffrait à 29,8 % du total des arriérés de
paiement de la dette publique en 1989/90. Les années 1993/94 et 1995/96
montrent une accumulation prononcée des arriérés de
paiement de la dette intérieure se chiffrant respectivement à
64,3 % et 64,1 % du total des arriérés de paiement de la dette
publique.
Le ratio du service de la dette sur le PIB évolue
à des pourcentages très faibles, oscillant autour de 1%. Cette
évolution traduit la part relativement faible du poids du service de la
dette interne sur le PIB. Il en est de même du ratio dette interne sur
exportations. Qui lui aussi évolue faiblement pour atteindre 14 % en
2005/06. Ainsi la part des recettes d'exportations consacrer à assurer
l'apurement de la dette interne est très faible. On peut le justifier
par son rôle moteur dans le service de la dette externe.
I.2. EXAMEN DE L'EVOLUTION GLOBALE DE LA DETTE
EXTERIEURE AU CAMEROUN.
La dette extérieure d'un pays peut être
définie comme le montant à une date donnée des engagements
contractuels en cours et ayant donné lieu à des versements d'un
pays à un autre, comportant obligation de remboursement du principal
avec ou sans paiement d'intérêts, ou alors remboursement
d'intérêt avec ou sans remboursement du principal. Dans cette
sous- section nous présenterons la situation de la dette
extérieure, puis nous analyserons le service de la dette
extérieure.
I.2.1. La situation générale de la
dette extérieure du Cameroun.
Les années post-indépendance riment avec une
progression constante du niveau d'endettement extérieur. Nous notons
ainsi, entre 1971 et 1981, une accélération modérée
de la dette extérieure camerounaise comparativement aux autres pays du
même niveau de développement. Ceci s'explique par la prudence de
la politique économique du Cameroun à faire de l'endettement
extérieur, un élément déterminant du financement de
son développement. Selon la Banque mondiale (1992), entre 1975 et 1986,
le taux de croissance moyen du stock de la dette est d'environ 29% par an, mais
l'impact du fardeau de la dette était
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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mitigé par des meilleurs taux de croissance du PIB (8%
par an) et des exportations (15% par an).
Au vu des figures ci-dessous (12 et 13), le stock de la dette
s'accroît de 805.990 à 1.434.210 millions de F.CFA entre 1981/82
à 1985/86. Toutefois, la part de la dette externe sur le PIB varie de
45% à 61% durant cette période, alors que sa part sur les
exportations croit de 168% à 334%. Ainsi de 1981 à 1988, le stock
de la dette équivaut à l'encours de la dette
extérieure.
Dès le milieu des années 80, le Cameroun est
confronté à une crise macroéconomique et financière
persistante avec en point de mire le problème de la dette
extérieure. Le tarissement des sources traditionnelles de financement
obligeait le gouvernement à modifier le cadre de sa politique
économique et à réviser les modalités de son
financement public. Durant la période de 1986/87 à 1998/99, les
indicateurs du fardeau de la dette se détériorent rapidement.
Dans cette période, le stock de la dette croit, passant de 1.490.694
à 5.247.541 millions de F.CFA, alors que la croissance des exportations
s'amenuisait. Par conséquent, les ratios la dette sur les exportations
et de la dette sur le PIB croit de 318% et 56% en 1987, respectivement,
à 459% et 227% en 1997. L'encours total de la dette extérieure
s'est ainsi accru, passant de 5.275.765 à 5.321.685 millions de F.CFA
entre 1995/96 et 1999/00. Cette croissance a été très
significative à partir de 1994 suite à la dévaluation du
franc CFA par rapport au franc français, la quasi-totalité des
prêts étant libellés en devises. L'accroissement de
l'encours de la dette extérieure à partir de 1993 s'explique
également par les effets conjugués des nouveaux engagements de
l'Etat et des retards de paiement envers certains créanciers, notamment
les pays non participants au Club de Paris et ceux du Club de Londres. Figure
12 :L'évolution de la dette publique externe
4000000
6000000
5000000
3000000
2000000
1000000
0
STOCK ET ENCOURS DE LA DETTE EXTERIEURE
ANNEES
Stock de la dette extérieur Encours de la dette
extérieure
Source : Construit par l'auteur à partir de la WDI (2005)
et des données de la CAA (2007)
THIERRY KAME / PhD CANDIDATE / UNIVERSITY OF YAOUNDE
II / 237 99 42 92 25 /
thierrykamebilla@yahoo.fr
75
400%
800%
700%
600%
500%
300%
200%
100%
0%
MONTANTS (Millions de F CFA)
EVOLUTION DES RATIOS D'ENDETTEMENT EXTERIEUR
Ratio encours dette extérieure /PIB
Ratio encours dette extérieure/ exportations Ratio
investissement privé sur PIB
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
Le point de changement de tendance apparaît en 2001
après l'atteinte par le Cameroun du point de décision, l'encours
de la dette chutera pour se situer à 3 529 070 millions de F.CFA en
2004/05. L'atteinte du point d'achèvement de l'Initiative PPTE viendra
confirmer cette baisse graduelle avec un montant de cet encours de 1.014.000
millions de F.CFA pour l'exercice 2005/06.
Figure 13: Evolution des ratios d'endettement
extérieur
Source : Construit par l'auteur à partir de la WDI (2005)
et des données de la CAA (2007)
Les données statistiques de la CAA (2007), permettent
d'observer de façon générale que les indicateurs de la
dette atteignent des seuils intolérables à partir de 1990. Les
ratios d'endettement, bien que régulièrement en baisse depuis le
début du PASR, montre que le poids de la dette reste encore
élevé. Plus précisément, le ratio encours de la
dette extérieure/exportations, qui traduit le montant de recettes
d'exportations nécessaires pour rembourser le stock de la dette. Il
varie de 168% à 505% entre 1981/82 et 1987/88, atteint son maximum de
576% en 1995/96, à la suite de la dévaluation, pour se retrouver
en dessous de 80% en 2005/06.
Le ratio encours de la dette extérieure/PIB, qui
mesure le niveau d'endettement extérieur à l'échelle de
l'activité économique nationale, dépasse le seuil
d'intolérance de 50 % à partir de 1984 et connaît des
niveaux élevés dépassant 200 % pour les années
1994, 1995 et 1996 imputable à la dévaluation du franc CFA par
rapport au franc français. L'ampleur de ce ratio démontre que la
productivité moyenne des investissements financés sur fonds
d'emprunt
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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|
|
extérieur est inférieure au taux
d'intérêt des prêts contractés, ce qui est contraire
à l'hypothèse de l'effet de levier, mais conforme à
l'effet de masue.
Ce fardeau continuera d'être un handicap sérieux
aux efforts déployés par le Gouvernement pour promouvoir le
développement économique en général et pour
l'amélioration du bien-être en particulier. Quels que soient les
indicateurs considérés, leur analyse permet de conclure à
une aggravation de la charge d'endettement du Cameroun jusqu'à la
période intérimaire de l'Initiative PPTE, pendant laquelle les
efforts seront déployés afin d'assurer convenablement le service
de la dette externe.
I.2.2. Evolution du service de la dette
extérieure
Pour les quatre premières périodes de
l'étude, le service de la dette effective était égal au
service de la dette prévisionnelle (Tableau en annexe 6). Au cours de
l'exercice 1985/86, lorsque l'économie connaît des
difficultés de croissance, et cause les sérieux problèmes
fiscaux, les problèmes du service de la dette commencent, et
s'accroissent en 1998/99. Le service effectif de la dette est passé de
78.058 à 48.946 millions de franc CFA entre 1985/86 et 1989/90. Ce
service effectif connaîtra une faible hausse, 65.309, en 1990/9 1 puis
chutera à 57.267 millions de franc CFA au cours de l'exercice 1991 /92.
Entre 1991/92 et 1999/00, le paiement massif de la dette a constitué
l'un des principaux facteurs des transferts négatifs du
pays41. D'après le tableau en annexe 7, les transferts nets
passeront de -63 875 à -84 347 millions de F.CFA entre 1994/95 et
1998/99, traduisant l'ambition des autorités à atteindre leur
objectif de paiement du service de la dette.
Ainsi, le service effectif de la dette est passé de
66.208 en 1992/93 à 245.058 millions de franc CFA à 1999/00.
Cette croissance vertigineuse du service de la dette est due, à
l'exécution par le Cameroun, à partir de l'année 1997, de
la FASR, soutenue par le FMI, la Banque mondiale, l'UE et la BAD.
Subséquemment, le service de la dette
extérieure connaît une nette amélioration à partir
de l'exercice 2000/01. Ceci peut s'expliquer tour à tour par
l'éligibilité du Cameroun à l'initiative PPTE en juin 2000
sur la base du critère VAN dette/Exportation=201,5% = 150% qui est le
seuil. L'atteinte du point de décision en octobre 2000, après la
rédaction d'un DSRP intérimaire validé par le Conseil
d'administration du FMI et de la Banque Mondiale. Enfin l'atteinte du point
d'achèvement du 28 avril 2006.
41 On peut signaler, parmi les principaux facteurs de
sortie de capitaux, les sorties des billets, les sorties au titre des
investissements directs.
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
|
78
|
|
A la suite de la réalisation du point de
décision, le Cameroun a formulé une requête pour obtenir
des créanciers du club de paris l'assiette la plus large possible et des
conditions les plus favorables. Le service de la dette avant
rééchelonnement42 pour la période de
consolidation allant de juillet 2000 à décembre 2003 se chiffrait
à 1621 milliards de F.CFA dont 451 milliards pour l'exercice 2001/02 et
467 milliards pour l'exercice 2002/03. Le service du au titre de l'exercice
2003/04 s'élevait à 481 milliards de F.CFA. La
décomposition de cette dette montre qu'elle est constituée de
dettes dues aux organismes multilatéraux, au club de paris43,
aux non participants au Club de Paris, au Club de Londres et aux autres
créanciers.
Tableau 2. : Evolution du service de la dette avant
rééchelonnement (milliard de F.CFA).
Catégories de
dettes
|
Juil/déc
2000
|
Jan/juin
2001
|
200 1/02
|
2002 /03
|
Juil/déc.2003
|
2003/04
|
2004/05
|
2005/06
|
Multilatéraux
|
63
|
58
|
100
|
91
|
44
|
89
|
88
|
90
|
Club de Paris
|
155
|
166
|
319
|
353
|
174
|
368
|
312
|
312
|
Non participants
|
4
|
5
|
9
|
8
|
4
|
10
|
16
|
11
|
Club de
Londres
|
-
|
5
|
5
|
-
|
-
|
-
|
10
|
-
|
Autres catégories
|
8
|
9
|
18
|
15
|
7
|
14
|
-
|
-
|
Total
|
230
|
243
|
451
|
467
|
230
|
481
|
426
|
413
|
|
Source : CAA (2007)
Figure 14 : Service de la dette avant le
rééchelonnement
SERVICE DE LA DETTE AVANT LE
REECHELONNEMENT
Juil/déc 2000 Jan/juin 2001
2001/02
2002 /03 Juil/déc.2003
2003/04
2004/05
2005/06
Source : construit par l'auteur à partir des
données de la CAA (2007)
42 Il s'agit du sixième
rééchelonnement.
43 La dette due au Club de Paris est composée
de la dette pré date butoir, de la dette non précédemment
rééchelonnée, de la dette post date butoir et des cinq
précédents accords de rééchelonnement.
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
|
79
|
|
Figure 15: Répartition du service de la dette selon les
catégories avant rééchelonnement.
REPARTITION DU SERVICE DE LA DETTE SELON LES
CATEGORIES AVANT LE REECHELONNEMENT
400
350
300
250
200
MONTANT (Milliard de FCA)
150
100
50
0
Juil/déc 2000 2001/02 Juil/déc.2003 2004/05
Multilatéraux
Club de Paris Non participants Club de Londres Autres
catégories
ANNEES
Source : construit par l'auteur à partir des
données de la CAA (2007)
Après le rééchelonnement de janvier
2001, le service de la dette du Cameroun due pendant la période de
consolidation a été ramené à 702 milliards de
F.CFA, soit une réduction de l'ordre de 43,3% en valeur relative,
correspondant à près de 13% du PIB.
Tableau 3. : Evolution du service de la dette
après le rééchelonnement (milliard de F.CFA)
Catégories Dettes
|
Juil/déc.
2000
|
Jan/juin
2001
|
2001 /02
|
2002/03
|
Juil/déc.
2003
|
2003/04
|
2004/05
|
2005/06
|
Multilatéraux
|
63
|
58
|
100
|
91
|
44
|
89
|
39
|
33
|
Club de Paris
|
20
|
35
|
66
|
80
|
48
|
257
|
112
|
95
|
Non participants
|
4
|
5
|
9
|
8
|
4
|
10
|
4
|
4
|
Club de
Londres
|
-
|
5
|
5
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
Autres catégories
|
8
|
9
|
18
|
15
|
7
|
14
|
7
|
4
|
Total
|
95
|
112
|
198
|
194
|
104
|
370
|
162
|
136
|
|
Source : CAA (2007)
THIERRY KAME / PhD CANDIDATE / UNIVERSITY OF YAOUNDE
II / 237 99 42 92 25 /
thierrykamebilla@yahoo.fr
79
REPARTITION DU SERVICE DE LA DETTE SELON LES
CATEGORIES APRES LE REECHELONNEMENT
300 250 200 MONTANT (Milliard de FCA)
150 100 50 0
|
|
Multilatéraux
Club de Paris Non participants Club de Londres Autres
catégories
Juil/déc. 2000
2001
Jan/juin
2003
Juil/déc.
2001 /02
2002/03
2003/04
2004/05
2005/06
ANNEES
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
Figure 16: Service de la dette après le
Rééchelonnement
SERVICE DE LA DETTE APRES LE REECHELONNEMENT
Juil/déc 2000 Jan/juin 2001
2001/02
2002 /03 Juil/déc.2003
2003/04
2004/05
2005/06
Source : construit par l'auteur à partir des
données de la CAA 2007
Contrairement à la structure de la dette due au club
de Paris avant rééchelonnement, l'analyse de la dette
bilatérale due aux membres de ce club informel prouve que celle-ci est
essentiellement constituée de la dette post date butoir, puisqu'elle
représente en moyenne les trois quarts de cette dette pendant la
période de consolidation. A contrario, cette catégorie de dette
ne représente plus que 28% au cours de l'exercice 2003/04 contre 19%
avant rééchelonnement.
Figure 17 : Répartition du service de la dette selon les
catégories après rééchelonnement
Source : construit par l'auteur à partir des
données de la CAA (2007)
400
600
500
300
200
100
0
1 2 3 4 5 6 7 8
ANNEES
GAIN ISSU DU REECHELONNEMENT DE JANVIER 2001
Sce.dette avant R. Sce.dette après R. Gain du
réechelonnement
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
En définitive, le gain issu du sixième passage
du Cameroun au Club de Paris se chiffre à 918 milliards de F.CFA, soit
environ 18% du PIB, pendant la période de consolidation, reparti comme
suit :
Tableau 4 : Gain (en milliard de F.CFA) de
rééchelonnement issu du club de paris du 24 janvier 2001.
|
Juil/déc.
|
Jan/juin
|
2001 /02
|
2002/03
|
Juil/déc.
|
2003/04
|
2004/05
|
2005/06
|
|
2000
|
2001
|
|
|
2003
|
|
|
|
Gain
|
135
|
131
|
253
|
273
|
126
|
111
|
264
|
277
|
|
Source ; CAA (2007)
Si l'on ajoute le gain au titre de l'exercice 2003/04,
2004/05 et 2005/06 le gain total de rééchelonnement du Club de
Paris 6 s'élèvera alors à 1570 milliards de F.CFA sur six
ans. Il convient de rappeler que le gain de 918 milliards de F.CFA obtenu pour
la période juillet 2000 à décembre 2003 se
décompose en 607 milliards de F.CFA d'annulation nette et 311 milliards
de F.CFA de rééchelonnement.
Figure 18: Gain issu du rééchelonnement de Janvier
2001.
Construit par l'auteur à partir des données de la
CAA (2007)
Comme on le constate, le service de la dette après
allègement dans le cadre de l'initiative PPTE renforcée baisse
considérablement, passant de 451 milliards de F.CFA à 198
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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82
|
|
milliard de F.CA au titre de l'exercice 2001 /02. Ces
ressources additionnelles amorcent une baisse après la période de
consolidation puisque le service de la dette après le
rééchelonnement triple après 2002 /03 d'une part alors que
le même service avant rééchelonnement demeure presque
inchangé qu'au cours des deux derniers exercices. Tout bien
considéré, le service de la dette après aide au titre de
l'initiative PPTE renforcée se situe en moyenne à :
· 10,6% des exportations de biens et services ;
· 2,3% du PIB, et
· 16,5% des recettes de l'Etat.
Tableau 5 : Evolution du service de la dette
payée entre 1998 et 2005 (milliard de dollars US)
|
1998
|
1999
|
200044
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Service de la dette payée
|
401
|
401
|
312
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
Service de la dette sur exportation
|
18
|
15
|
11
|
8
|
8
|
9
|
9
|
9
|
Service de la dette sur recettes budgétaires
|
28
|
24
|
18
|
12
|
12
|
13
|
13
|
12
|
|
Source : CAA (2007)
Toutefois les échecs et le report du point
d'achèvement peuvent expliquer les sorties des capitaux de 2003/2004
à 2005 /2006. Nous notons donc un allègement du service de la
dette extérieure après l'atteinte du point de décision,
avec des gains considérable après l'atteinte du point
d'achèvement du 28 avril 2006. Quant aux arriérés au titre
de la dette extérieure, ils ont également augmenté sur la
période passant de 84.147 à 123.088 millions de F.CFA de 1988/89
à 2005/06 avec un pic de 672.510 millions de F.CFA en 1996/97. Ces
arriérés de règlement extérieur sont dus
essentiellement aux bailleurs de fonds bilatéraux, aux créanciers
du Club de Londres et aux autres catégories de créanciers.
Pour apprécier la charge de la dette d'un pays, on
utilise généralement un certain nombre de ratios, dont le ratio
service de la dette/recettes d'exportations. Ce ratio permet de
44 Notons que le montant du service de la dette
pour 2000 est pour l'essentiel le montant de ce service avant
l'allègement PPTE dans la mesure ou le Cameroun n'a atteint le point de
décision qu'en octobre 2000 ; par ailleurs ce n'est qu'en janvier 2001
qu'il est passé auprès du Club de Paris.
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
|
83
|
|
déterminer l'importance des recettes d'exportations
nécessaires pour assurer le remboursement tant du principal que des
intérêts. Le principal intérêt de cet indicateur est
qu'il constitue un indice de rigidité de la balance des paiements d'un
pays en courte période. Plus ce ratio est élevé, plus
l'ajustement est nécessaire pour compenser l'évolution
défavorable. Le seuil de 20 % est considéré comme
fatidique et traduit une situation potentiellement dangereuse. Ainsi, la part
des recettes d'exportations nécessaires pour assurer le service de la
dette externe est relativement élevée entre 1981/82 à
1984/85, ainsi le ratio service de la dette sur exportation passe de 10%
à 11%. Mais à partir de l'exercice 1985/86, il amorce une
croissance partiellement élevée, excédant le seuil
fatidique pour atteindre 26% en 1994/95, à cause de la baisse des
recettes d'exportations. Après la dévaluation, il se situe
à 35% en 1997/98, pour chuter ensuite à 11% en 2000/01.
Etant donné qu'il s'agit simplement d'un ratio de
liquidité, sa valeur à elle seule ne permet pas
d'apprécier le poids de la charge de la dette pour l'emprunteur. Il
devient utile de lui adjoindre d'autres ratios :
- Le ratio service de la dette extérieure/recettes
publiques, qui mesure la capacité du gouvernement à financer le
service de la dette au moyen de ses ressources propres; De ce fait, Le ratio du
service de la dette sur les recettes propres de l'Etat a connu une
évolution similaire à celle du service effectif compte tenu de la
relation existant entre les recettes de l'Etat et le paiement du service de la
dette. Ce ratio, qui traduit le poids du paiement du service de la dette sur
les recettes propres de l'Etat, passent de 15% en 1981/82 à 12% en
1992/93, comme l'illustre le tableau ci-dessus. IL a connu une forte
augmentation entre 1990 et 1999, traduisant ainsi une charge de plus en plus
lourde de la dette extérieure sur le budget de l'Etat. Par la suite, il
baissera pour se situer à 14% en 2000/01.
Dans ces conditions, tout porte à croire que le processus
d'endettement du Cameroun conduit paradoxalement à la réduction
de l'investissement.
Section II. LES PERFORMANCES ECONOMIQUES DE
L'INVESTISSEMENT AU CAMEROUN.
La variation des faits économiques au Cameroun depuis
1960, nous conduit à subdiviser l'évolution de l'économie
camerounaise, en cinq sous périodes. Ces différentes
périodes corroborent avec des régimes de croissances,
identifiés au Cameroun depuis l'indépendance. Nous
présenterons ainsi l'évolution de l'investissement dans le cadre
de ces mutations de croissance.
2500000
2000000
1500000
1000000
500000
0
INVESTISSEMENT AU CAMEROUN
ANNEES
Investissement privé brut Investissement public brut
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
II.1. L'INVESTISSEMENT ET LE PREMIER REGIME DE CROISSANCE
AU CAMEROUN
Le premier régime de croissance correspond à la
période pré-pétrolière (1970-1978), qui se
caractérise par une croissance modérée mais
équilibrée. Durant cette période, le secteur primaire, et
particulièrement l'agriculture était le principal secteur
d'activité de l'économie. Le PIB réel connaît une
croissance régulière et graduelle par rapport aux périodes
précédentes (figure 20). L'investissement suit ce trend graduel
entre 1970 et 1975 (figure 19). Il atteint un pic en 1974 avec un montant de
2.033.715 millions de F.CFA pour l'investissement privé et 277.325
millions de F.CFA pour l'investissement public, soit un taux de croissance de
835% (figure 21). A partir de 1975, il chute et commence à
décroître lentement, mais renoue avec la croissance en 1979 pour
atteindre un montant de 456.200 millions et 55.000 millions de F.CFA pour
l'investissement privé et public, correspondant au taux de croissance de
6% et 28 % respectivement. Le taux de croissance du secteur public
prédomine à cause de la quasi- absence d'un secteur privé
dynamique, L'Etat étant omniprésent.
Figure 19 : La performance de l'investissement au Cameroun
Source : Construit par l'auteur à partir de la WDI (2005)
et des données de la CAA (2007)
Exprimés sous forme de ratios du PIB, ces
investissements présentent certaines fluctuations qui sont
représentées sur la figure 21 ci-dessous. Le ratio de
l'investissement privé fluctue plus largement que celui de
l'investissement public. En moyenne, le ratio
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
|
85
|
|
d'investissement privé annuel se situe à 43%,
alors que celui de l'investissement public se situe à 6%, avant
l'apparition de la production pétrolière.
II.2. INVESTISSEMENT ET BOOM PÉTROLIER
L'économie camerounaise assiste à une variation
structurelle importante, avec l'avènement du pétrole, comme
source principale des échanges extérieurs. Les investissements
publics, joueront à nouveau leur rôle d'impulsion
économique. Le PIB réel croit rapidement pour atteindre un
montant élevé de 2.352.500 millions de F.CFA en 1986.
L'investissement public croit aussi brusquement durant cette
période, résultant des échanges extérieurs,
notamment la vente du pétrole. Il atteint un maximum de 447.297 millions
de F.CFA en 1987, puis, commence à chuter brutalement. En fin de
période, les investissements d'infrastructure, représentent la
majeure partie de la dépense publique d'investissement. Les
infrastructures routières, bénéficient grandement du boom
dans les investissements publics. L'investissement privé s'accroît
aussi rapidement durant cette période. Cet accroissement, résulte
d'un environnement favorable, créé par l'immense investissement
du secteur public et la disponibilité du crédit. Il atteint son
pic de 659.907 millions de F.CFA, ensuite, commence à
décroître avant la décroissance de l'investissement public.
Mais la baisse n'était pas aussi brusque que celle de l'investissement
public. L'investissement privé et public croissent durant cette sous
période au taux moyen annuel de1 5% et 33% respectivement.
Figure 20 : Evolution du PIB réel
10000000
6000000
4000000
2000000
9000000
8000000
7000000
5000000
3000000
1000000
0
EVOLUTION DU PIB REEL
ANNEES
PIB réel
Source : Construit par l'auteur à partir de la WDI (2005)
et des données de la CAA (2007)
THIERRY KAME / PhD CANDIDATE / UNIVERSITY OF YAOUNDE
II / 237 99 42 92 25 /
thierrykamebilla@yahoo.fr
85
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
|
86
|
|
En proportion du PIB, l'investissement public montre une
croissance plus régulière, mais avec une légère
décroissance entre 1980 et 1982. Par contre, l'évolution du ratio
de l'investissement privé était plus irrégulière au
cours de cette sous période. Il chute brusquement en 1979, mais renoue
avec la croissance en 1981. Durant cette période, le ratio annuel moyen
de l'investissement sur le PIB, était de 8% et 27%, pour le public et le
privé respectivement. Mais cette phase est aussi transitoire à la
période de récession économique.
II.3. INVESTISSEMENT ET RECESSION
ECONOMIQUE AU CAMEROUN
La période de récession économique est
caractérisée par une chute continuelle des prix de plusieurs
matières premières exportées par le Cameroun,
particulièrement le pétrole brut, café et le cacao etc. La
conséquence immédiate a été la baisse des recettes
d'exportation. Le PIB réel également continue sa tendance
à la baisse jusqu'à la fin de cette sous période. Une vue
superficielle de la figure 19 révèle la faible performance des
deux composantes de l'investissement durant cette période.
L'investissement privé commence à s'effondrer
dès 1986 alors que l'investissement public baisse à partir de
1988, d'un montant de 619.627 et 334.076 millions de FCFA respectivement. En
fait, la performance des investissements respecte la notion de
complémentarité souvent insinuée entre l'investissement
public et privé. Raison pour laquelle, l'investissement privé et
l'investissement public enregistrent respectivement un taux de croissance
négatif de 20% et 36% pour l'année fiscale 1990/91, ensuite, 4%
et 6% pour l'année fiscale1991/92.
Néanmoins, l'évolution presque stable du ratio
investissement sur PIB en 1990 n'est pas trop surprenante, à cause du
retrait du gouvernement de l'investissement productif pour les investissements
en infrastructures. Son rôle devient donc la création d'un
environnement favorable pour l'investissement privé. Les deux ratios
d'investissement représentent de manière égale une
tendance à la baisse, particulièrement le ratio investissement
public sur PIB. La baisse significative de l'investissement,
réalisée durant cette période, était une
conséquence directe de la chute des recettes d'exportation. La situation
des liquidités du gouvernement devient précaire. Des mesures
d'austérité budgétaire, de stabilisation et de
réformes structurelles ont été mises en oeuvre par le
biais des PAS et de réformes économiques avec l'assistance
technique et financière des partenaires au développement.
Malgré l'engagement des politiques économiques nationales et
l'assistance de la communauté financière internationale, le pays
était plongé dans une crise profonde. Face à cette
situation, en 1994, le Cameroun consentira à la dévaluation du
F.CFA.
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
|
87
|
|
II.4. INVESTISSEMENT PENDANT LA PERIODE POST-DEVALUATION
La chose la plus remarquable dans cette période est la
dévaluation du F.CFA qui est arrimé au franc Français
depuis 1948. Elle était le résultat de l'échec des
stratégies d'ajustement interne pour relancer la croissance
économique au Cameroun. En effet, la majorité des reformes
d'ajustement structurel adoptées par le gouvernement durant la sous-
période précédente a échoué dans
l'amélioration de la plupart des indicateurs macroéconomiques. La
formation du capital n'a pas répondu à la motivation de la
structure fournie.
La dévaluation était considérée
comme l'ultime tentative pour sortir le pays de la crise, le taux de change
réel étant très surévalué. Après la
perspective de croissance améliorée suite à la
dévaluation de 1994, le prêt des banques internationales aux
petites compagnies orientées vers l'exportation reprend.
Particulièrement pour celles qui sont en relation avec les compagnies
Européennes (souvent subsidiaires), principalement sous forme de
crédit d'exportation. L'investissement privé et l'investissement
public s'accroissent donc de 19% et 30% respectivement, pour l'année
fiscale 1994/95. L'investissement total réagit timidement, mais les
ratios demeurent stables. Le ratio moyen annuel était de 9% et 13% pour
l'investissement public et privé respectivement, inférieur
à 10% et 21% de la sous-période précédente.
Figure 21 : Evolution des ratios investissement sur PIB
EVOLUTION DES RATIOS INVESTISSEMENT SUR PIB
250%
200%
150%
100%
50%
0%
Ratio investissement privé sur PIB (%) Ratio
investissement public sur PIB (%)
ANNEES
Source : Construit par l'auteur à partir de la WDI (2005)
et des données de la CAA (2007)
L'investissement privé et public continuent à
croître mais à un taux modéré. En 2000, ils chutent
de -1% et -36% respectivement. La chute de l'investissement public est plus
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
|
88
|
|
brutale que celle de l'investissement privé. En
particulier, en réduisant ses investissements dans les infrastructures
économiques et sociales, le gouvernement contraint l'investissement du
secteur privé et la croissance (Amin, 1998). La faible efficacité
des infrastructures physiques camerounaises, incluant
l'électricité, les télécommunications, le transport
aérien, maritime et routier, reste la cause des sérieux
problèmes que rencontre les investissements du secteur privé
camerounais. En plus, le Cameroun doit faire face à la gestion de sa
dette externe, pour cela, il devient nécessaire d'atteindre le point de
décision de l'initiative PPTE.
II.5. INVESTISSEMENT ET POINT DE DECISION DE L'INITIATIVE
PPTE.
L'atteinte du point de décision de l'initiative PPTE
rime avec la reprise de la croissance de l'investissement. L'investissement
privé varie de 988.400 à 2.069.200 millions de F.CFA entre 2001
et 2006, avec une légère baisse de 1.120.400 en 2003.
L'investissement du secteur public croit aussi de 133.400 à 306.700
millions de F.CFA entre 2000 et 2006, avec une chute modérée de
107.800 en 2002. Le Cameroun, avec l'atteinte du point de décision de
l'initiative PPTE, bénéficie de ressources intérimaires
qui lui permettent de s'engager dans des grands travaux en infrastructures. Ces
investissements en infrastructures serviront de levier au secteur privé
pour l'accomplissement de leurs projets d'investissement.
Au Cameroun, la bonne performance des secteurs non
pétroliers a permis de compenser le ralentissement que l'activité
pétrolière a enregistré depuis quelques années. Le
secteur primaire a soutenu la croissance en 2004 grâce à une bonne
orientation de la filière bois ainsi que l'agriculture vivrière
et d'exportation.
Figure 22 : Taux de croissance de l'investissement au
Cameroun
1000%
-200%
400%
800%
600%
200%
0%
1 3 5 7 9 11 13 15 17 19 21 23 25 27 29 31 33 35
Taux de croissance de l'investissement privé. (%) -
Taux de croissance de l'investissement public. (%) -
ANNEES (1970-2006)
TAUX DE CROISSANCE DE L'INVESTISSEMENT AU
CAMEROUN
Source : Construit par l'auteur à partir de la WDI (2005)
et des données de la CAA (2007)
THIERRY KAME / PhD CANDIDATE / UNIVERSITY OF YAOUNDE
II / 237 99 42 92 25 /
thierrykamebilla@yahoo.fr
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DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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En effet, la production du coton atteint un niveau record, et
celle du cacao, quatre mois avant la fin de la campagne, dépassait
largement le niveau atteint au cours de la campagne précédente.
Le taux de croissance réel du PIB n'a cessé de croître en
2004.
La hausse45 des prix à la consommation
s'est limitée à 0,4% en 2004 par rapport à 0,6% en 2003.
Mais nous observons une résurgence modérée de l'inflation,
notamment du fait du relèvement d'un démi-point de la TVA,
l'élargissement de l'assiette fiscale avec l'entrée en vigueur de
la loi de finance 2005 et le renchérissement des produits
pétroliers. Finalement, sur la base de ces évolutions,
l'inflation est remontée en 2005 à 1,5%.
Durant toute cette période, l'investissement
connaît une croissance irrégulière. Le taux de croissance
moyen de l'investissement privé est d'environ 17% alors que celui de
l'investissement public est de 29%, caractérisant la
nécessité pour les autorités publiques à atteindre
le point d'achèvement. Mais ce taux moyen dissimule des
disparités, l'investissement privé croit de 13% à 62%
entre 2001 et 2004, chute de 13% en 2005, puis s'établir à 0,3%
en 2006. L'investissement public décroît de 65 à -19% entre
2001 et 2002, renoue avec la croissance en 2003 pour atteindre un pic de 67%,
diminue ensuite et se situer à 4% en 2006. La part de l'investissement
dans le PIB connaît une diminution au cours de la sous période.
Cette diminution affecte l'investissement privé (42 à 24%) et
dans une moindre mesure l'investissement public (contre 6 à 4%).
45 Les économies de l'Afrique centrale 2006,
Maisonneuve et Larose.
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D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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