CONCLUSION
Le financement du développement est depuis le
début des années 1960 une préoccupation majeure et
récurrente pour tous les gouvernements africains et les institutions
internationales. Il convient cependant de reconnaître que les sources et
les modalités de financement ont fait l'objet d'un vif débat
entre les économistes et les politiques.
Dans un premier temps, il est apparu sous l'inspiration de
l'analyse keynésienne comme une sorte d'unanimité autour de deux
idées : l'Afrique au lendemain des indépendances ne
possédait, ni secteur privé capable de produire des biens et
services, ni épargne suffisante pour financer son développement.
Cette situation a légitimé l'intervention de l'Etat en
matière de production nationale, et justifié par ailleurs le
recours massif et à moindres coûts aux financements
extérieurs dont regorgeait le système financier international.
Nous pouvons donc comprendre l'évolution croissante du montant
d'endettement public entre 1970-1985 au Cameroun, mais son niveau est
relativement faible et reste par conséquent contrôlable.
L'investissement s'accroît aussi, l'investissement public entre 1960-1987
et l'investissement privé entre 1970-1985. En effet, l'investissement
public et l'investissement privé connaissent une croissance
régulière et graduelle entre 1970 et 1977. Le ratio de
l'investissement privé fluctue plus largement que celui de
l'investissement public. Au début des années 1980,
l'investissement continue son évolution mais à un rythme
accéléré jusqu'au milieu de la décennie. Ainsi,
durant plus de deux décennies, l'investissement privé et
l'investissement public ont connu une évolution croissante mais à
des taux différents, couplée par une croissance
modérée de la dette publique. Cette dernière était
au service de l'investissement en agissant comme catalyseur.
Dans un deuxième temps en revanche, à la suite
du retournement brutal de la conjoncture internationale, émerge petit
à petit l'idée selon laquelle il existe non seulement un secteur
privé dynamique fait d'activités diverses, mais également
une épargne locale susceptible de suppléer le tarissement
progressif des financements extérieurs. Cependant, le constat semble
régulièrement révéler les difficultés
conjoncturelles liées en partie à l'accroissement rapide de la
dette publique. Les indicateurs du fardeau de la dette s'accroissent
rapidement. Les deux composantes de l'investissement connaissent une
évolution décroissante. Dans l'ensemble, l'investissement
privé avait une performance moins bonne que celle de l'investissement
public durant la période de 1982/83-1997/98. Pendant cette
période de crise économique profonde, la faiblesse des ressources
propres de l'Etat l'a conduit à emprunter massivement auprès des
sociétés d'Etat, des banques commerciales et des
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compagnies d'assurances et de réassurances pour
assurer l'investissement public. Entre 1986- 1997, les composantes de
l'investissement enregistrent des performances médiocres paradoxalement
à l'accroissement rapide de la dette publique. L'augmentation de la
dette publique entraîne donc une éviction de l'investissement
durant cette période. Entre 1997- 2007, nous assistons à une
reprise de l'ascension des investissements au Cameroun. Nonobstant ce fait, la
dette publique poursuit son sentier de croissance, mais sera heurtée
dans sa course, au préalable, par l'atteinte du point de
décision, et actuellement le point d'achèvement de l'initiative
PPTE. Depuis 2005/06, le niveau de la dette publique totale s'est donc
considérablement réduit.
Comme de nombreux pays africains au sud du Sahara, le
Cameroun a connu des difficultés économiques et
financières engendrées par des facteurs tant externes
qu'internes. Les effets des chocs exogènes ont été
amplifiés par la structure de l'économie dont les
rigidités n'ont pas favorisé une adaptation rapide et
appropriée aux chocs exogènes. Mais nous ne pouvons pas affirmer
que le lourd fardeau de la dette a été un facteur propice pour
les investissements ou même néfaste, vu les
irrégularités dans l'évolution de la dette et de
l'investissement. Une évaluation empirique entre ces deux variables,
sera de nature à nous éclairer sur le type d'hypothèse qui
se vérifie pour l'économie Camerounaise.
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