CHAPITRE IV
EFFET D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER : EVALUATION
EMPIRIQUE AU CAMEROUN
La relation entre dette publique et investissement
privé est indéterminée, théoriquement. Une
évaluation empirique pourra nous permettre pour le cas du Cameroun, de
déceler la nature de cette relation. Elle est soutenue par plusieurs
hypothèses. On peut penser à l'hypothèse de « debt
overhang » ou de surendettement, qui a fait l'apanage de plusieurs travaux
empiriques. L'existence d'un lourd fardeau virtuel de la dette réduit
l'incitation de l`investissement privé car, la plupart des
retombées de l'investissement sont utilisées pour payer et
repayer la dette existante, ainsi il agit comme une taxe sur l'investissement
domestique (Khan et Villanueva, 1991).
Une autre hypothèse inspire notre attention quant
à cette relation, à savoir l'hypothèse de l'effet
d'éviction. L'hypothèse de l'effet d'éviction de la dette
ou «debt crowding-out » et ses effets néfastes sur la
performance économique en Afrique, ont été
démontrés par plusieurs études comme celle de Ajayi (2000)
au Nigeria. Les principaux résultats de ces recherches ont montré
que le paiement du service de la dette a été et restera un
obstacle à la croissance économique à travers son impact
négatif sur l'investissement.
La dernière hypothèse qui nous intéresse
est celle de l'effet de levier. L'analyse du cycle d'Avramovic présume
que les fonds empruntés sont utilisés pour accroître la
capacité productive dans le court et long terme. Cette capacité
productive croissante est présumée supérieure à
l'investissement initial. C'est-à-dire le pays emprunteur doit
accroître ses capacités physiques, qui directement ou
indirectement, se transforment au-delà du temps en production domestique
croissante et améliorent la balance de paiement. Ainsi, la dette et le
paiement de son service constituent un levier pour les investissements
privé et public.
Dans cette perspective, en première analyse, nous
présenterons le modèle économétrique. Dans une
deuxième étape, après avoir analyser et interpréter
les résultats du modèle estimé, nous allons énoncer
des implications pour la politique économique.
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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Section I : LE MODELE ECONOMETRIQUE
Notre étude est constituée de deux
hypothèses. Une bonne spécification de ces hypothèses,
passe au préalable par une présentation du modèle et une
justification du choix des différentes variables.
I.1. LIENS EMPIRIQUES ET MODELE «
ACCELERATEUR-COÛT DU CAPITAL » Dans le cadre
méthodologique de notre travail, nous examinons d'une part le lien
empirique du modèle, ensuite le modèle proprement dit.
I.1.1. Liens empiriques du modèle du
déterminant de l'investissement au Cameroun.
Les différentes théories traditionnelles de
l'investissement ont guidé la construction de nombreux modèles de
détermination de l'investissement. Malheureusement, la performance de
tels modèles macro économétriques a été dans
bien des cas assez limitée.
Par exemple, Keynes (1936) fut le premier à attirer
l'attention sur l'existence d'une décision indépendante
d'investissement dans l'économie. Il montra que l'investissement
dépend de l'efficacité marginal du capital, relatif à un
certain taux d'intérêt qui reflète le coût
d'opportunité des fonds investis.
D'après la théorie keynésienne, la fonction
d'investissement peut être spécifiée sous la
forme46 :
a
p a a a
r y p
É = f ' ?
f r , , , ( 1) Avec 0
f ' r ? , 0
pry p
|
a
, 0
f ' ?
r
r
|
a
, 0
f ' ?
y
y
|
, où r, p,
|
|
et y désignent respectivement le taux de
l'intérêt, p le niveau général des prix et y la
demande ; ra, pa puis ya représentant les
grandeurs anticipées relatives aux variables précédentes ;
ces anticipations étant partiellement déterminées par les
événements passés.
On note que cette formulation de la fonction d'investissement
laisse déjà clairement apparaître le caractère
dynamique de la description keynésienne de l'équilibre
économique, puisque l'une des variables essentielles de cet
équilibre, à savoir l'investissement, est fonction des valeurs
des équilibres futurs, mais aussi du passé. L'ensemble de
l'équilibre économique de la période courante se trouve
ainsi relié aux équilibres des périodes futures et
passées.
Toutefois, la littérature récente de
l'investissement a eu à mettre l'accent sur le rôle important de
l'irréversibilité de l'investissement en capital fixe et
l'incertitude de l'environnement macroéconomique dans la décision
d'investissement (Pindyck, 1993 ;
46 Cf Vesperini (1981), pp. 100 - 102.
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI, 94
Bertola et Caballero, 1990 ; Aryeetey ,1994 ; et plusieurs
d'autres). Lorsqu'on considère les développements
théoriques récents, la fonction d'investissement peut être
spécifiée sous la
forme47 : É =
g(ÄÕ,r,q,ì) (2)
où AY désigne les anticipations sur les
conditions futures du marché, r représente les contraintes
financières de l'entreprise, q la valeur de l'entreprise, telle que l'on
peut la reconstituer à partir de l'évaluation boursière de
ses actions48 et jt désignant une mesure de
l'incertitude49.
Les équations 1 et 2 ont inspiré un nombre
considérable de travaux empiriques effectués pour les pays
industrialisés. Cependant, en ce qui concerne les PED, les
difficultés rencontrées pour réaliser des tests
économétriques sur la base des modèles théoriques
sont bien connues. En effet, l'une des hypothèses sous-tendues par ces
modèles est, par exemple, l'existence d'un marché financier
fonctionnant efficacement et où les entreprises, tout comme les
investisseurs potentiels disposent d'une bonne information50. Par
ailleurs, pour les travaux économétriques, l'on devrait pouvoir
disposer de données, sur plusieurs périodes, relatives au stock
de capital, à la force de travail, aux salaires, par exemple. De
manière générale, dans les PED, il est courrant de se
heurter au problème de l'indisponibilité de données pour
certaines des variables apparaissant dans les équations ci-dessus.
Toutes ces raisons, qui constituent autant de contraintes majeures, expliquent
que nous commencions, dans notre travail, par présenter le modèle
« accélérateur -coût du capital ».
I.1.2. Le modèle « accélérateur
-coût du capital »
Le modèle « accélérateur -coût
du capital » découle du programme intertemporel de la firme en
quête de maximisation de la valeur.
· La valeur de la firme et le programme
intertemporel :
La valeur de la firme est la somme actualisée des
recettes nettes que son activité procure chaque période. En terme
nominaux, elle s'écrit, si ih est le taux
d'intérêt nominal
(variable d'une période à l'autre) de la
période H et si l'horizon de la firme est infini :
1
t
[ t t t t t t ]
p Y w L x I
- - .
? ( )
1 + i h
h 0
47 Cf Mlambo et Oshikoya (2001).
48 Cf Malinvaud (1981)
49 Sur les effets de l'incertitude,cf Romer (1997),
pp.402-406.
50 La Douala Stock Exchange (Bourse de Valeur)
n'existe au Cameroun que depuis 2003.
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D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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|
La firme maximise sa valeur V sous les contraintes de fonction
de production : Y t = F(K t , L
t ) et d'évolution du stock de capital : K t +
1 = I t+ (1 - ä)K t ; une condition
initiale
( K0 donné) et une condition de
solvabilité assurant qu'elle honorera toujours ses dettes. Il s'agit
alors de résoudre le programme intertemporel suivant :
Max V
K L tt
|
|
|
8
|
|
1
|
[ ( ) ( ( ) )
p F K L w L x K K
- - - -
1 ä ]
t t t t t t t t
, 1
+
|
|
|
|
|
t
|
|
t
|
=
|
0
|
? ( )
1 + i h
|
|
h = 0
La condition de premier ordre sur la demande de travail est
aisément obtenue, il s'agit de l'égalisation bien connue entre
productivité marginale du travail et taux de salaire réel
à
w t
= ?t ? 0
chaque période : ( )
? 0
V ? ·
F
=
? K t t p
? L t
La condition de premier ordre sur le capital est plus
délicate à obtenir, car celui-ci apparaît dans les recettes
nettes des deux périodes successives :
? V 1 ? ·
F ( ) ( )
ä ? t ? 0
1
= [ ] 0
t t
p + -
x 1 - 1 1
x = t t t
- -
? K ? K
t t
? ( )
1 + i ? ( )
1 + i
h h
h=0 0
h =
Le premier terme de cette expression correspond au rendement net
du capital en période t, et le deuxième terme à son
coût d'achat en période t-1. Une unité
supplémentaire de
capital permet d'accroître la production, en fonction de
sa productivité marginale ( )
? ·
F , ce qui
? Kt
rapporte ( )
? ·
F
p t
en termes de ventes. De plus, il est possible de la revendre
à l'issue de la
?K t
production, au prix xt, mais la valeur de
la revente sera nette de la dépréciation, soit
xt (1 - ä). Cette unité de capital
a été achetée en période précédente
au prix xt-1 . Pour rendre comparable
ce coût d'acquisition en t-1 et le rendement marginal
du capital en t, il faut calculer la valeur actualisée de ces deux
sommes, ce qui explique les facteurs d'intérêts de l'expression
précédente. En simplifiant ces facteurs d'intérêt,
il vient :
? F
|
( ) [ ( ) ( ) ]
· 1 - 1 1 ä
+ - -
i x x
t t t
=
|
c t
=
|
?t ? 0
|
|
|
|
|
Où ct = (1 +i t
)xt - 1 - (1 - ä)xt est le
coût d'usage du capital. Cette définition du coût du
capital
permet de transformer le problème intertemporelle de la
firme en une séquence de maximisations statiques de profits, celui-ci
étant défini comme les recettes nettes du coût du
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D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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|
capital. Il est en effet équivalent de maximiser la
valeur actualisée nette de la firme ou de maximiser le profit de chaque
période :
8 [ ( ) ]
p F K L w L x I
t t t t t t t
- -
,
t
? ( )
1 + i h
{ t ( t t ) t t t t }
Max p F K L w L c K
- -
,
Max V =
K L
t t
?
t = 0
?t ? 0
t
K L
t ,
h = 0
Cette équivalence, valeur seulement en l'absence de
contrainte financière et de coût d'installation du capital, donne
le sens de la notion du capital : il s'agit d'imputer convenablement à
chaque période le coût d'achat d'un bien d'investissement qui dure
plusieurs périodes. L'équivalence justifie que l'entreprise
adopte un comportement myope, c'est-à-dire qu'elle ne s'intéresse
qu'à la maximisation de ses profits courants et non celle de sa valeur
intertemporelle.
· Le comportement de l'investissement selon le
modèle « accélérateur -coût du capital ».
Les conceptions de l'investissement concourent à la
spécification de la contrainte de débouchés et la
contrainte financière. Face à une demande insuffisante, les
entreprises ne peuvent écouler toute leur production. En réaction
à leur contrainte sur les débouchés, elles doivent
déterminer leurs facteurs de production. En fait, les entreprises
modulent généralement leur comportement en fonction du niveau
anticipé des débouchés ; de sorte que l'investissement est
directement proportionnel à l'amélioration des perspectives,
augmentant, par conséquent, avec l'accélération de la
demande anticipée. En présence d'une contrainte financière
par contre, les entreprises modulent leur comportement en fonction des profits
qu'elles dégagent. On peut dès lors concevoir les entreprises
comme maximisant leur profit, c'est à dire leur chiffre d'affaires net
des salaires et de la rémunération du capital.
Soit à Maximiser
( )[ t t w t L t q t I
t ]
1
Ñ Õ - -
+ r
où 0
fÊ ' = , 0
fL ' = , 0
fÊ ' = , 0
fÊ " = , et 0
fL " =
1 Avec Ê t = ( 1 - ä ) Ê t
-1 + É t et Õ t = f ( L
t , K t )
OùPt est le prix de vente de la
production ; Õt est la production ;
Lt l'emploi ; It l'investissement ;
r le taux d'intérêt, supposé constant au cours du
temps ; wt le coût du travail ;
qt le prix des biens d'équipement et ä
le taux de dépréciation annuel du capital.
( )
1 + q a
1 - r
1 -
Définissant le coût d'usage du capital par 1
ä
c q
t t
=
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Où a
q est le prix anticipé des biens
d'investissement. Le coût d'usage du capital est
fonction, entre autres, du taux de l'intérêt r,
sachant qu'un accroissement de ce dernier rend plus onéreux le
financement et augmente donc le coût d'usage du capital.
De la condition de premier ordre d'optimisation l'on tire
l'expression suivante :
' ä
( ) ( )
1 - a
Ñ = -
, 1 - q
t k t t t
f L K q 1
1 - r
Ou encore. (),
ÄÊp ÄÕ q .
t t
t t
= puisque
ÄÕ
t = fK
t
'
ÄÊ
ÄÕ t
t q t
Soit É =ÄÊ t
pt
En introduisant finalement le logarithme, l'on obtient :
|
Log É = á 0 +
á 1 Log ÄÕ + á
2 Log t t
|
q t
|
|
pt
En présence de contrainte sur les
débouchés, l'entreprise ne pouvant écouler qu'une
quantité Y de produit, il en résulte un stock de capital
désiré qui est fonction non seulement du coût relatif des
facteurs de production, mais aussi des débouchés
anticipés.
Bien qu'il y'ait plusieurs modèles qui plaident en
faveur du comportement de l'investissement dans les PED, très peu ont
été développés dans le but de statuer sur les
hypothèses des effets d'éviction et de levier que peut exercer la
dette publique sur l'investissement privé. Afin de vérifier
empiriquement ces hypothèses, nous nous inspirons de la démarche
entreprise par Raffinot et Gûrbûz (2001) en Turquie. En effet, les
auteurs se servent de diverses spécifications de la fonction
d'investissement macroéconomique, auxquelles ils substituent tour
à tour différents déterminants de l'investissement
évoqués par la théorie économique. Mais toutes ces
variables ne sauraient être retenues pour le cas du Cameroun, pour cela
nous nous limitons à employer celles ayant été
utilisées par les auteurs tels que Touna mama et kamgnia Dia (2002), G.
Mbanga Ndoh (2004), avec comme particularité la prise en compte de la
dette publique interne et de l'instabilité macroéconomique.
Le modèle économétrique pour
l'évaluation des effets d'éviction et de levier dans les
décisions d'investissement au Cameroun est dès lors
développé en termes des équations suivantes :
Log ( ) ( ) ( ) ( ) ( )
k ( )
IPR Log TPIBR Log DET Log IGR Log CREDR Log TEE
= Ï + + + + +
á á á á á
á
1 2 3 4 5
+ + + +
á ( ) á ( ) á
å
W
6 7 8
Log CAPABS Log TXINT D
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D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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|
|
Avec (DET)k = DETOT,
DETEXTP , DETINTP et Dw =
D1, D2, D3 ainsi on
aura pour première spécification :
Log ( ) ( ) ( ) ( ) ( )
â â â â â â ( )
IPR Log TPIBR Log DETOT Log IGR Log CREDR Log TEE
= Ï + + + + +
1 2 3 4 5
â ( ) â ( ) â â
â å
+ + + + + +
Log CAPABS Log TXINT D D D
6 7 8 1 9 2 10 3
(1)
La deuxième spécification sera :
Log ( ) ( ) ( ) ( ) ( ) ( )
â â â â â â
IPR Log TPIBR Log DETEXTP Log DETINTP Log IGR Log
CREDR
= Ï + + + + +
1 2 3 4 5
+ + + + + + +
â ( ) â ( ) â ( )
â â â å
6 7 8 9 1 10 2 11 3
Log TEE Log CAPASB Log TXINT D D D
(2)
Ce modèle met en relation le logarithme de
l'investissement privé et celui de ses déterminants. Il s'agit
d'un modèle « accélérateur - coût du capital
». Il est certes critiquable, à cause de l'absence de lien fiable
entre le coût du capital et l'investissement51 . Mais
Blanchard (1986) propose que pour faire ressortir le coût du capital dans
les équations d'investissement, « il faille déployer plus
que l'ingéniosité économétrique habituelle »
et « choisir une spécification qui force l'effet à
être présent ». La variable endogène du modèle
est le logarithme de l'investissement privé réel.
Notre modèle comporte trois variables muettes ; D1=
dummy pour la stabilité macroéconomique ; D1=0 pour les
années de croissance (1970-1985); D1=1 pour les années de
récession (1986-1997) ; D2= dummy pour la dévaluation ; 0 avant
1994 et 1 après ; D3= dummy pour l'atteinte du point de décision
de l'initiative PPTE, 0 avant 2000 et 1 après.
L'hypothèse de surendettement sera
vérifiée si le coefficient de la dette totale est négatif.
Les coefficients de la part de la dette interne et externe sur le PIB, doivent
avoir un signe négatif afin de vérifier l'hypothèse de
l'effet d'éviction ou alors positif en cas d'effet de levier. L'impact
de l`investissement public sur l'investissement privé est
indéterminé. Ceci s'explique par le fait que, lorsque l'Etat
investit dans les infrastructures, l'investissement public est
complémentaire à l'investissement privé. Par contre,
lorsqu'il s'agit des investissements de fonctionnement, l'investissement public
tend à être un frein pour l'investissement privé (Asante,
2000). Son coefficient peut être aussi bien négatif que positif.
La relation entre le taux de croissance du PIB et l'investissement privé
est supposé être positif, ainsi, le coefficient du taux de
croissance du PIB doit être positif. La capacité d'absorption, le
crédit au secteur réel, le taux d'intérêt et le taux
de change du pays sont des facteurs qui affectent positivement le taux de
croissance de l'investissement privé.
51 Pour amples explications lire «
Accélérateur et coût du capital : quelques
éléments empiriques », P. Villieu, La Découverte,
2000.
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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|
|
Alors nous avons : Log(TPIBR )= Logarithme du taux de
croissance du PIB réel ; Log(DETEXTP)= la part de la dette externe sur
le PIB en logarithme ; Log(DETINTP)= la part de la dette interne sur le PIB en
logarithme ; Log(IGR)= logarithme de l'investissement public réel ; Log
(DETOT)= logarithme de la dette publique totale ; Log(TEE) = logarithme du taux
de change effectif réel ; Log (CAPABS) = logarithme de la
capacité d'absorption ;Log (TXINT ) = logarithme du taux
d'intérêt ; Log (IPR)= logarithme de l'investissement privé
réel; Log(CREDR)= logarithme du crédit au secteur privé en
terme réel å= Terme d'erreur stochastique ;â0 = terme
constant ; âi= coefficients de régression (i= 1 11).
Tableau 6: Signes attendus des coefficients des variables
du modèle
Signe des
coefficients
|
TPIBR
|
DETOT
|
DETEXTP
|
DETINTP
|
IGR
|
CREDR
|
CAPABS
|
TXINT
|
TEE
|
IPR
|
(+)
|
(-)
|
( ?)
|
( ?)
|
( ?)
|
(+)
|
(+)
|
( +)
|
( +)
|
|
Source : construit par l'auteur.
Le modèle ainsi spécifié sera
évalué à l'aide de séries temporelles, lesquelles
ont été collectées de l'INS (2000), du WDI (2005), et de
la CAA (2007). La période d'observation est celle allant de1970 à
2006, bien que les estimations se limitent en 2003 pour cause de données
manquantes de certaines variables déterminantes du modèle.
I. 2. VARIABLES DETERMINANTES DU COMPORTEMENT DE
L'INVESTISSEMENT.
Serven et Solimano (1992) ont procédé à
une revue des différentes théories de l'investissement, insistant
sur les développements récents sur la crédibilité,
l'irréversibilité et l'incertitude. Cependant, dans le cadre de
notre travail, les préoccupations doivent être centrées sur
:
I.2.1. L a structure des investissements publics
De nombreuses études empiriques font la lumière
sur les liens entre l'investissement public et privé. A partir d'une
étude transversale Blejer et Khan (1984) montrent que l'investissement
public d'infrastructure est un complément de l'investissement
privé. Plus récemment, Greene et Villanueva (1991) utilisant des
données de panel relatives à 23 PED, établissent une
complémentarité entre l'investissement d'infrastructure et
l'investissement privé. Toutefois, Balassa (1988) conclut à
partir d'une analyse transversale, que l'investissement public et privé
sont négativement liés, et donc qu'une croissance de
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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|
l'investissement public entraîne une
décroissance de l'investissement privé. Khan et Reinhart (1990)
en réexaminant le problème de la différence de
productivité entre l'investissement public et privé pour un
échantillon de 24 PED, arrivent à la conclusion selon laquelle la
productivité du capital du secteur public est négative, bien que
non significative, alors que celle de l'investissement privé est
significativement positive. Il apparaît en définitive que l'impact
de l'investissement public sur l'investissement privé est incertain.
D'un coté, l'investissement public peut compléter et soutenir
l'investissement privé, de l'autre, il peut bloquer l'investissement
privé en se substituant à des projets privés. Cet impact
indéfini est aussi relevé à partir de la relation entre
investissement et endettement.
I.2.2. Les hypothèses de la théorie
d'endettement.
L'investissement privé dépend aussi du taux
d'endettement du pays considéré. Le problème qui se pose
cependant est celui de la mesure de la dette pour sa prise en compte dans une
fonction d'investissement. Dessus, Lafay et Morrisson (1997) expriment les
effets de l'endettement sur l'investissement privé en spécifiant
le ratio d'endettement du pays (en monnaie étrangère)
retardée d'une période dans une équation de formation du
capital en Afrique. A suivre Faugère et Voisin (1994), l'endettement
peut être considéré en termes bruts ou nets. Dans le cas de
bon nombre des PED52 , l'activité de créancier
étant réduite, la dette brute doit être égale
à la dette nette. Toutefois, c'est le service de la dette, c'est
à dire, les intérêts payés par l'emprunteur et les
remboursements du capital, qui permet une évaluation correcte des
conséquences de la dette. Au Cameroun par contre, les remboursements
sont restés relativement faibles sur une bonne partie de la
période considérée53. Ainsi, le service de la
dette ne peut pas être la variable appropriée pour décrire
les effets de l'endettement.
Par ailleurs, plusieurs études montrent qu'une lourde
dette extérieure réduit l'incitation à investir à
cause des taxes extérieurs anticipés sur le revenu futur et de
leurs effets sur l'investissement (Krugman,1998 ;Cohen,1988). Les
résultats empiriques de Serven et Solimano (1991) et de Greene et
Villanueva (1991) ont confirmé qu'un ratio de la dette au PIB a un fort
impact négatif sur le taux d'investissement privé dans les
PED.
52 Exclusion faite des nouveaux pays
industrialisés et des pays exportateurs de pétrole
53 Cf chapitre III
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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I.2.3. Le taux de croissance réel
Les travaux de Greene et Villanueva (1991), suggèrent
qu'il existe une relation positive entre l'investissement privé et la
croissance de l'output réel. Sur le plan théorique, cette
relation peut être dérivée du modèle de
l'accélérateur flexible, en faisant l'hypothèse qu'il
existe par rapport à la fonction de production, une relation fixe entre
le stock de capital désiré et le niveau de l'output réel
(Blejer et Khan (1984)). En posant que le volume de la production, ou des
ventes, est la variable exogène qui commande l'évolution du stock
de capital, considéré comme variable endogène, le principe
« d'accélérateur flexible » précise la nature et
le sens de causalité qui unit la production au capital54.
Dans la mesure où l'investissement constitue, au
même titre que la consommation, un élément de la demande,
il importe que nous percevions dans quel sens agit la politique des
crédits sur le comportement de l'investissement.
I.2.4.Variable relevant de la politique monétaire :
la disponibilité du crédit et le taux d'intérêt.
Nous essayerons de mesurer l'effet de la politique de
crédit accordé au secteur privé. L'analyse de l'action du
crédit peut fournir des indications sur l'ampleur du
phénomène de l'éviction du secteur privé des
possibilités de financement.
Plusieurs études empiriques, Blejer et Khan (1984),
Tun Wai et Wong (1982) et M. Fry (1980) mettent en évidence l'influence
directe de la politique de crédit sur l'investissement, en particulier
par l'intermédiaire du taux d'intérêt. Les politiques de
contrôle de crédit conduisent ainsi à une hausse de taux
d'intérêt, qui exerce un effet négatif sur l'investissement
en affectant le coût de financement de l'investissement nouveau. Ce
comportement de l'investissement est mis en évidence par Tybout (1983),
De Melo et Tybout (1986), Greene et Villanueva (1991) et par Hubbard et Glenn
(1998) dans le cas des PED.
En outre, Blejer et Khan (1984) font noter que tout effet du
taux d'intérêt sur l'investissement privé dans les PED,
loin de traduire l'effet d'un rationnement de crédit, exprime un effet
transmis à l'investissement privé par le biais d'une
réponse de l'épargne à une baisse du taux de
l'intérêt.
54 Contrairement à
l'accélérateur flexible.
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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102
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I.2.5. L'instabilité macro-économique
L'analyse des structures économiques des PED en
général et des pays Africains en particulier, montre qu'au regard
du contexte social, politique et économique ambiant dans ces pays,
l'environnement de l'investissement y est particulièrement instable et
l'avenir incertain. En effet, en raison de la diversité sectorielle et
structurelle de ces économies, les variables susceptibles d'influencer
la décision d'investissement sont plus volatiles. La reconnaissance du
rôle important joué par l'incertitude dans le processus de prise
de décision est ancienne dans la théorie économique.
Cependant, du fait de la complexité du concept et de la
difficulté à formaliser, cette reconnaissance théorique
contraste avec la rareté des études économétriques
de l'investissement la prenant effectivement en compte. Néanmoins,
certaines analyses macro-économiques ont eu à saisir l'effet de
l'instabilité macro-économique. Pour le cas du Cameroun, une
étude des déterminants de l'investissement prend en compte
l'impact de l'instabilité économique en introduisant une variable
dummy dans le modèle (G. Mbanga, 2004).
La significativité de toutes ces variables
déterminantes de l'investissement privé sera
vérifiée par des estimations à partir du logiciel Eviews
4.1.
Section II. VERIFICATION EMPIRIQUE DE L'EFFET DE
LEVIER ET D'EVICTION AU CAMEROUN
La vérification empirique des hypothèses de notre
travail, passe par l'estimation du modèle, puis l'analyse et
l'interprétation des résultats.
II.1. ESTIMATION DU MODELE DE DETERMINATION DE
L'INVESTISSEMENT
Le comportement de l'investissement privé est
évalué par rapport aux résultats de l'estimation du
modèle de décision d'investissement privé. Au
préalable, les propriétés des séries doivent
être examinées.
II.1.1. Appréciation du comportement de
l'investissement privé
Dans un besoin de garantir des estimations robustes, nous
devons déterminer les propriétés de séries
temporelles de l'investissement et de ses déterminants, en
procédant à des tests de racine unitaire. Plus
spécifiquement, les tests de Dickey- Fuller Augmenté, (ADF) et de
Phillips-Peron.
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
|
103
|
|
a. Les Tests de stationnarité de Dickey- Fuller
Augmenté, (ADF) et de Phillips-Peron
Pour vérifier la stationnarité des
séries, il faut pratiquer des tests de stationnarité ou test de
racine unitaire (Unit RootTest). Le test de Dickey-Fuller simple (1979), puis
le test de Dickey-Fuller augmenté (1981) permettent de mettre en
évidence le caractère stationnaire ou non stationnaire d'une
série temporelle par la détermination d'une tendance55
déterministe56 ou stochastique57.
Ainsi les hypothèses du test de Dickey-Fuller simple sont
:
· H0 : ö=1 le polynôme
d'opérateur contient une racine unitaire, le processus est donc
non stationnaire
· H1 : ö <1 le processus est
stationnaire
Dans les modèles utilisés pour ces tests de
Dickey-Fuller simples, le processus å t est
par, hypothèse, un bruit blanc58. Or il n'y
a aucune raison pour que, à priori, l'erreur soit non
corrélée ; on appelle test de Dickey-Fuller augmenté (ADF,
1981) la prise en compte de cette hypothèse.
Les hypothèses du test de Dickey-Fuller augmenté
sont pareilles à celles des tests simples.
La règle de decision est la suivante :
· Si la valeur de ADF est inférieure à la
valeur critique (CV), alors on accepte l'hypothèse de
stationnarité de la série ;
· Dans le cas contraire, on accepte l'hypothèse de
non stationnarité de la série. Sur les nouvelles versions du
logiciel Eviews, la règle de décision devient :
· Si la valeur de la probabilité est
supérieure à 5%, alors on accepte l'hypothèse de la racine
unitaire, la série est non stationnaire ;
· Dans le cas contraire, on accepte l'hypothèse de
stationnarité de la série. Toutefois, les tests de Dickey-Fuller
ne considèrent que des erreurs homocédastiques, le test de
Phillips Perron vient combler cette lacune.
Le test de Phillips Perron est construit sur une correction
non paramétrique des statistiques de Dickey-Fuller pour prendre en
compte les erreurs hétéroscédastiques. L'exécution
du test est identique à la procédure de Dickey-Fuller. Les
résultats sont tels que présentés dans le Tableau7
ci-dessus :
55 Une tendance est un mouvement de long terme alors
qu'un cycle est une fluctuation de court terme.
56 Une tendance déterministe constitue la
composante temporaire d'une série stationnaire.
57 Une tendance stochastique constitue la composante
transitoire d'une série stationnaire.
58 Le terme d'erreur est non
corrélé.
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
|
104
|
|
Tableau 7 : Caractéristiques des Séries
Temporelles des Données
Dickey-Fuller
Augmenté
VARIABLE (en niveau et sans tendance)
|
Philips- perron
(en différence première)
|
Ordre d'Intégration
|
Log (IPR)
|
-0,15
|
-20,15*
|
I(1)
|
Log (TPIBR)
|
-2,58
|
-7,12*
|
I(1)
|
Log (DETOT)
|
-2,96***
|
-3, 78*
|
I(1)
|
Log (DETEXTP)
|
-1,47
|
-4,11*
|
I(1)
|
Log (DETINTP)
|
-2,01
|
-3,9*
|
I(1)
|
Log (CREDR)
|
-1,7
|
-3,96*
|
I(1)
|
Log (IGR)
|
-2,18
|
-7,8*
|
I(1)
|
Log (TEE)
|
-5,83
|
-19,8*
|
I(1)
|
Log (TXINT)
|
-2,85** *
|
-21 ,66*
|
I(1)
|
Log (CAPABS)
|
-2,27
|
-14,23*
|
I(1)
|
|
Notes : * indique une significativité à 1%, **
indique une significativité à 5%, *** indique une
significativité à 10%. Valeurs critiques : -3,75 (1%) ; -2,997
(5%) ; -2,638 (10%).
Source : Compilation de l'auteur.
Les séries définies, sont toutes non
stationnaires à niveau, surtout suivant le test de Phillips-Perron.
Lorsque définies en différence première, la
stationnarité de ces séries a été
vérifiée par le test de Phillips-Perron. Pour des séries
toutes intégrées à l'ordre 1, l'on peut penser à
l'existence d'une relation de cointégration entre elles. Ainsi, le test
de cointégration de Engle et Granger doit-il être
effectué.
b. Test de cointégration de Engle et Granger
L'idée qu'une relation d'équilibre de long terme
puisse être définie entre variable pourtant individuellement non
stationnaire est à la base de la théorie de
cointégration.
La théorie de la cointégration permet
d'étudier des séries non stationnaires mais dont la combinaison
linéaire est stationnaire. Elle permet ainsi de spécifier des
relations stables à long terme tout en analysant conjointement la
dynamique de court terme des variables considérées.
La présence d'une relation d'équilibre entre
des variables est testée formellement à l'aide des
procédures statistiques, dont les plus utilisées sont celles
d'Engle et Granger (1987). Une condition nécessaire d'utilisation de ce
test est que toutes les variables doivent être intégrées du
même ordre d'intégration. La méthode est la suivante :
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
|
105
|
|
· Estimation par les M.C.O. de la relation de long
terme : Cette relation a été estimée et
présentée dans le tableau suivant : Tableau 8 : Estimation
de l'Equation (EQ) de l'Investissement
Variables
|
EQ1
|
EQ2
|
EQ3
|
EQ4
|
EQ5
|
Variable Endogène : Log (IPR) ; Echantillon : T=
33 (1970-2003)
|
|
Constante
|
9,7956*
|
8,7473*
|
10,9146*
|
7,3596*
|
10,1510*
|
|
(27, 3805)
|
(20,1695)
|
(18,1759 )
|
( 8,2948)
|
(17,9372 )
|
Log (TPIBR)
|
0,0243*
|
0,0197*
|
0,0388*
|
0,0359*
|
0,0384*
|
|
(3,5332)
|
(3,1378 )
|
(3,0039 )
|
(2,5962 )
|
(2,7823 )
|
Log (DETOT)
|
-0,2125*
|
|
0,0668**
|
|
|
|
(-5, 5417)
|
|
(2,4779 )
|
|
|
Log(DETEXTP)
|
|
0,2088*
|
|
0,3756*
|
|
|
|
(-4,6828 )
|
|
(-4,1032 )
|
|
Log(DETINTP)
|
|
-0,0294
|
|
-0,1783*
|
|
|
|
(-1,0555 )
|
|
(4,8258 )
|
|
Log(IGR)
|
0,4183*
|
0,4133*
|
0,5198*
|
0,4465*
|
0,5194*
|
|
(22,5272 )
|
(24,9960 )
|
( 19,9664)
|
( 12,3415)
|
(18,1704)
|
Log(CREDR)
|
-0,4517*
|
-0,4657*
|
-0,2819*
|
|
-0,1884*
|
|
(-11,8444 )
|
( -8,7226)
|
(-5,3819 )
|
|
(-4,7219)
|
Log (TXINT)
|
-0,0024
|
-0,0014
|
|
|
|
|
( -0,8484)
|
(-0,5374 )
|
|
|
|
Log (TEE)
|
-0,0015
|
-0,0011
|
|
|
|
|
(-0,9700 )
|
(-0,9700 )
|
|
|
|
Log (CAPABS)
|
0,6253*
|
0,5756*
|
|
0,1102
|
|
|
(7,8266 )
|
(8,2595 )
|
|
(1,1187)
|
|
DUM1
|
0,0364
|
0,0396
|
0,0248
|
-0,0305
|
0,1155***
|
|
(1,00000 )
|
(1,1104)
|
(0,3594)
|
(-0,3833 )
|
(1,7969 )
|
DUM2
|
-0,0774
|
-0,0311
|
0,0091
|
0,4184*
|
0,1716*
|
|
(-1,3309 )
|
(-0,4549 )
|
(0,1043 )
|
(5,5859 )
|
(2,7186 )
|
DUM3
|
0,0902**
|
0,0591
|
0,3064*
|
0,1349**
|
0,2721*
|
|
(2,2188 )
|
( 1,5545)
|
(5,7417 )
|
(1,6908 )
|
(4,8086 )
|
R2 ajusté
|
0,99
|
0,9964
|
0,9826
|
0,9812
|
0,9791
|
D.W.
|
1,6085
|
1,8048
|
1,6435
|
1,6778
|
1,5584
|
F
|
62,8420
|
74,0077
|
22,7974
|
18,7334
|
21,3804
|
|
Notes : * indique une significativité à 1%, **
indique une significativité à 5%, *** indique une
significativité à 10%. Source : Compilation de l'auteur.
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
|
106
|
|
· Test de stationnarité du résidu du
modèle de long terme :
Ce test de cointégration a pour objectif de tester
l'existence d'une racine unitaire dans les résidus estimés de la
relation de long terme et non pas sur les vraies valeurs. Il convient
dès lors d'utiliser les valeurs critiques tabulées59
par Engle et Yoo (1987). Dans ce tableau, N désigne le nombre de
variable et T le nombre d'observations.
Tableau 9 : Valeurs critiques de Engle et Yoo (1987)
pour les tests de cointégration.
|
T
|
1%
|
5%
|
10%
|
N=2
|
50
|
-4,32
|
-3,67
|
-3,28
|
|
100
|
-4,07
|
-3,37
|
-3,03
|
|
200
|
-4,00
|
-3,37
|
-3,02
|
N=3
|
50
|
-4,84
|
-4,11
|
-3,73
|
|
100
|
-4,45
|
-3,93
|
-3,59
|
|
200
|
-4,35
|
-3,78
|
-3,47
|
N=4
|
50
|
-4,94
|
-4,35
|
-4,02
|
|
100
|
-4,75
|
-4,22
|
-3,89
|
|
200
|
-4,70
|
-4,18
|
-3,89
|
N=5
|
50
|
-5,41
|
-4,18
|
-4,42
|
|
100
|
-5,18
|
-4,58
|
-4,26
|
|
200
|
-5,02
|
-4,48
|
-4,18
|
|
Source : Valérie Mignon et Sandrine Lardic (2002):
Econométrie des séries temporelles macroéconomiques et
financières, page 223
Pour N=5 et T= 50, tous les résidus sont significatifs
à 1% (Tableau 10). Les résidus étant stationnaires
à niveau, nous tirons comme conclusion, l'existence d'une relation de
cointégration entre les différentes variables du
modèle.
Tableau 10 : Test de stationnarité sur les
résidus
Dickey-Fuller
Augmenté Philips- Perron
VARIABLE (en niveau et sans tendance)
|
(en niveau et sans tendance)
|
Ordre d'Intégration
|
Resid01
|
-6,3022*
|
-10,3384*
|
I(0)
|
Resid02
|
-6,4170*
|
-10,7977*
|
I(0)
|
Resid03
|
-5,7462*
|
-6,8120*
|
I(0)
|
Resid04
|
-6,1415*
|
-10,2977*
|
I(0)
|
Resid05
|
-5,4828*
|
-5,8696*
|
I(0)
|
|
Source : compilation de l'auteur.
59 Voir Valérie Mignon et Sandrine Lardic
(2002): Econométrie des séries temporelles
macroéconomiques et financières.
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
|
107
|
|
En présence d'une relation de cointégration, de
meilleurs résultats sont obtenus en estimant plutôt un
modèle à correction d'erreur (MCE). En particulier, des
corrections aussi bien par la méthode à deux étapes de
Engle et Granger que par la méthode à une étape de Hendry
doivent être faites. La relation de long terme a été tout
de même estimée et présentée au Tableau 8
ci-dessus.
II.1.2. Estimation des déterminants de
l'investissement privé.
Le modèle à correction d'erreur (MCE)
présente une propriété remarquable qui a été
démontré par Granger en 1983. Un ensemble de variable
cointégrée peut être mis sous forme d'un modèle
à correction d'erreur dont toutes les variables sont stationnaires et
dont les coefficients peuvent être estimés par les méthodes
de l'économétrie classique sans risque de corrélation
fortuite.
La cible de long terme doit en fait être satisfaite par
le mécanisme MCE, lequel se fonde sur le théorème de
représentation de Granger. Un tel théorème associe la
présence d'une relation de cointégration à l'existence
d'une représentation MCE qui permet de corriger les écarts afin
de converger vers la cible de long terme (Bresson et Pirotte ; 1995).
Nous proposons deux types de modèle à correction
d'erreur. Le modèle à la Hendry et le modèle à la
Engle-Granger.
L'intérêt de la théorie de la
cointégration est qu'elle fournit une méthode d'analyse des
séries temporelles non stationnaires en évitant le
problème des régressions fallacieuses mis en évidence par
Granger et Newbold (1974). De plus, grâce aux MCE, la théorie de
la cointégration permet de modéliser simultanément les
dynamiques de long terme et de court terme des séries temporelles.
Les résultats de l'estimation de notre modèle par
la méthode de correction d'erreur de Engle et Granger, puis à la
Hendry sont donnés par les tableau 11 et 12.
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
|
108
|
|
Tableau 11 : Modèle MCE suivant Engle et
Granger
Variables
|
EQ1
|
EQ2
|
EQ3
|
Variable Endogène : Log (IPR) ; Echantillon : T=
33 (1970-2003)
|
|
Constante
|
4,9115*
(-6,0782 )
|
4,9164*
(5,1455 )
|
5,0314*
(-5,3566 )
|
D (LTPIBR)
|
0,0453**
|
0,0402***
|
0,0425***
|
|
(2,2771 )
|
(1,7465 )
|
(1,7333 )
|
D (LDETOT)
|
|
0,0929
|
|
|
|
(-0,6035)
|
|
D(LDETEXTP)
|
0,0616
|
|
|
|
(1,5183)
|
|
|
D(LDETINTP)
|
-0,0724
|
|
|
|
(-0,4953)
|
|
|
D(LIGR)
|
0,6942*
|
0,6946*
|
0,6883*
|
|
(10,0919)
|
(5,1819)
|
(6,9487)
|
D (LCREDR)
|
0,2188
|
0,2840
|
0,2603
|
|
(1,0030)
|
(0,5638)
|
(1,3345)
|
LIPR (-1)
|
-0,5879*
|
-0,4910*
|
-0,3980*
|
|
(-2,6946)
|
(2,5968)
|
(2,8121)
|
DUM1
|
0,2325
|
0,2471
|
0,2283***
|
|
(-0,0855)
|
(-0,2930)
|
(-0,8454)
|
DUM2
|
0,0576
|
0,0780
|
0,0829
|
|
( 2,0026)
|
(0,9718 )
|
(1,5041)
|
DUM3
|
0,2032
|
0,2070
|
0,1985
|
|
(1,3609)
|
(0,3514)
|
(1,1957)
|
R2 ajusté
|
0,8581
|
0,8574
|
0,8569
|
Critère de Schwarz
|
-1,7267
|
-2,8712
|
-1,6113
|
Critère de akaike
|
-2,1802
|
-3,4154
|
-1,9741
|
F
|
14,78
|
17,29
|
20,53
|
|
Notes : * indique une significativité à 1%, **
indique une significativité à 5%, *** indique une
significativité à 10%. Source : Compilation de l'auteur.
LIPR (-1)
|
(0,3514) -0,5919** (-2,1764)
|
-0,2601***
(-1,8505)
|
LTPIBR (-1)
|
0,1397
|
0,0390
|
|
(1,3752)
|
(1,1594)
|
LDETOT (-1)
|
-0,8336**
|
|
|
(-2,1756)
|
|
LDETEXTP(-1)
|
|
0,2583
|
|
|
(1,1933 )
|
LDETINTP(-1)
|
|
-0,2528***
|
|
|
(-1,8354)
|
|
Tableau 12 : Modèle MCE suivant la méthode
de hendry
Variables
EQ1 EQ2
|
Variable Endogène : Log (IPR) ; Echantillon : T=
33 (1970-2003)
|
Constante
D (LTPIBR)
D (LDETOT)
D(LDETEXTP)
|
4,6882***
(27,3806)
0,1327***
(1,7456)
-0,2766
(-0,6035)
|
1,6967***
(20,9516)
0,1210**
(2,2771)
0,5691***
|
|
|
(1,7183 )
|
D(LDETINTP)
|
|
- 0, 0954
|
|
|
(-0,4953 )
|
D(LIGR)
|
0,6915*
|
0,8679*
|
|
(5,1819 )
|
( 10,0919)
|
D (LCREDR)
|
0,2481
|
|
|
( 0,5638)
|
|
D (LTXINT)
|
0,0145
|
|
|
(0,4410)
|
|
D (LTEE)
|
-0,0037
|
|
|
(-0,3101)
|
|
D (LCAPABS)
|
1,9740
|
|
|
(1,3278)
|
|
DUM1
|
-0,1189
|
-0,0322
|
|
(-0,2930)
|
(-0,0903)
|
DUM2
|
0,5121
|
|
|
(0,9718)
|
|
DUM3
|
0,1397
|
|
|
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
|
110
|
|
LIGR(-1)
|
0,0257
|
0,0832
|
|
(0,1082)
|
(0,7645)
|
LCREDR (-1)
|
0,1049
|
|
|
(0,3111)
|
|
LTXINT (-1)
|
0,0425
|
|
|
(0,7452)
|
|
LTEE (-1)
|
-0,0214
|
|
|
(-0,8791)
|
|
LCAPABS (-1)
|
1,1149
|
|
|
(1,5720)
|
|
DUM1 (-1)
|
1,2140**
|
0,9524**
|
|
(2,4328)
|
(2,3864)
|
DUM2 (-1)
|
-0,0762
|
|
|
(-0,1209)
|
|
DUM3 (-1)
|
-0,4741
|
|
|
(-1,1857)
|
|
R2 ajusté
|
0,7873
|
0,7902
|
Critère de Schwarz
|
-1,7313
|
-1,5917
|
Critère de akaike
|
-2,1413
|
-2,0452
|
|
F 13,7565 11,2789
Notes : * indique une significativité à 1%, **
indique une significativité à 5%, *** indique une
significativité à 10%. Source : Compilation de l'auteur.
II. 2. RESULTATS ET INTERPRETATIONS DES DIFFERENTES
SPECIFICATIONS.
Suites aux différentes spécifications de notre
modèle, nous analyserons puis interpréterons les
résultats, afin d'en arriver aux meilleures implications pour politique
économique.
II.2.1. Analyse des résultats
des différentes spécifications
Les résultats de l'estimation de l'équation
d'investissement (Tableau 8) sont pour la plupart conformes aux
hypothèses, et significatifs. L'investissement privé
dépend positivement de la croissance du PIB réel et de
l'investissement public.
Le coefficient de la variable de la dette totale (DETOT) est
significativement négatif, témoignant l'hypothèse du
surendettement. En effet, l'accumulation par le Cameroun d'une dette si
élevée dans le passé a eu un effet dissuasif sur les
créanciers et investisseurs potentiels. Si le niveau d'endettement d'un
pays risque de dépasser sa capacité de
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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111
|
|
remboursement, il est probable que le service de la dette
escompté soit une fonction croissante du niveau de production du pays.
En conséquence, une partie du rendement des investissements dans
l'économie nationale sera «taxée» par les
créanciers étrangers, et les investissements des agents
intérieur et étranger sont ainsi découragés.
Par ailleurs, le surendettement freine la croissance en
augmentant l'incertitude des investisseurs quant aux moyens auxquels le
gouvernement peut recourir pour acquitter les lourdes obligations du service de
la dette. Lorsque le volume de la dette publique augmente, les investisseurs
peuvent craindre que l'État ne finance les obligations du service de la
dette par des mesures génératrices de distorsions, par exemple en
accroissant rapidement la masse monétaire (cause directe d'inflation).
Dans un tel climat d'incertitude, les investisseurs privés en puissance
peuvent craindre de sauter le pas. Et même s'ils investissent, il y a de
fortes chances pour qu'ils retiennent des projets offrant un rendement rapide,
et non des projets de longue haleine qui pourraient rehausser durablement la
croissance.
Le coefficient de la variable dette externe/PIB (DETEXTP)
affecte positivement et significativement l'investissement privé. Par
contre, celui de la variable dette interne/PIB (DETINTP) est significativement
négatif. La dette externe exerce donc un effet de levier sur
l'investissement privé. La dette interne, pour sa part, évince
l'investissement privé (Tableau 8, EQ.4).
Le crédit au secteur privé (CREDR), variable
centrale de la contrainte financière (Kamgnia et Touna ,2002),
possède un coefficient significativement négatif. Ce signe
négatif justifie l'hypothèse du resserrement de la contrainte
financière. En effet, l'échantillon couvrant plus de trois
décennie, il a été possible de cerner l'effet du
resserrement de la contrainte financière à travers le
crédit au secteur privé, pris isolément, contrairement
à l'analyse de Kamgnia et Touna.
L'investissement public (IGR) contribue significativement et
positivement à l'accroissement de l'investissement privé au
Cameroun, dans toutes les formes estimées de l'équation
d'investissement. Une telle relation est de nature à supporter
l'hypothèse d'un levier de l'investissement privé par
l'investissement public au Cameroun. Cet effet d'entraînement s'explique
par les dépenses d'infrastructures, telles que
l'électricité, le transport ou les communications, qui ont
été relativement importantes au Cameroun.
Les coefficients des variables muettes sont tous
significativement positifs (Tableau 8, EQ.5). Ceci étant, les
fluctuations économiques (Dum1) ont une influence considérable
sur l'investissement au Cameroun. Les périodes de surchauffe de
l'économie camerounaise ont influencées positivement
l'investissement. La dévaluation (Dum2) a engendré un
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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112
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accroissement de l'investissement, puis un gain de
compétitivité pour l'économie camerounaise. L'initiative
PPTE peut être considérée comme un catalyseur de
l'économie camerounaise, raison pour laquelle l'atteinte du point de
décision (Dum3) affecte positivement l'investissement, moteur de la
croissance économique.
Les coefficients des variables tels que le taux
d'intérêt (TXINT) et la capacité d'absorption (CAPABS) ne
sont pas significatifs. Le taux d'intérêt affecte tout de
même négativement l'investissement. Tout accroissement d'un point
du taux d'intérêt (100%) entraîne une diminution d'environ
moins de 1% de l'investissement privé.
Le coefficient du taux de change effectif réel est
significativement positif dans les deux formes estimées de
l'équation d'investissement où il a été
spécifié. Ce qui vient confirmer l'hypothèse de gain de
compétitivité du à la dévaluation au cameroun.
La valeur de la statistique de Durbin et Watson (DW) a
été faible dans la plupart des cas considérés. Ce
qui peut être signe d'une « régression fallacieuse » au
sens de Granger et Newbold (1974). A cet effet, un modèle à
correction d'erreur a été évalué sur la base de
l'équation estimée 3 et 4, suivant l'approche à deux
étapes de Engle et Granger et celle de Hendry. Les résultats sont
présentés aux Tableaux 11 et 12.
L'estimation de la spécification à correction
d'erreur suivant Engle et Granger (Tableau 11) indiquent que l'investissement
s'ajuste dynamiquement au produit, aux variables de la dette, l'investissement
public, le crédit au secteur privé, et les différentes
variables muettes: les coefficients de ces variables n'ont toujours pas le
signe attendu et sont pour la plupart non significatifs. En particulier, l'on
maintient l'hypothèse de levier de l'investissement privé par
l'investissement public, ainsi que celle de la contribution des fluctuations
économiques à l'essor du secteur privé au Cameroun.
Plus intéressant encore, le coefficient du terme de
correction d'erreur, est significatif et négatif, défini à
- 0,5879. Ce qui, tout en validant la représentation à correction
d'erreur, indique la convergence des trajectoires des séries (vers la
cible de long terme). Ainsi, les chocs sur l'investissement privé au
Cameroun se corrigent-ils à 58% par l'effet de «feed- back».
En d'autres termes, un choc constaté au cours d'une année
donnée est entièrement résorbé au bout d'un an huit
mois (1/0,58= 1,72).
Le Tableau 12 indique les résultats de l'estimation du
modèle à correction d'erreur à la Hendry. Le modèle
à correction d'erreur à la Hendry, quoique moins utilisée
dans la pratique, nous permet dans le cas présent de vérifier
certaines relations entre l'investissement privé et ses
déterminants. En particulier, l'on constate que l'investissement
privé répond avec retard aux variations du produit,
résultat qui est conforme au principe de l'accélérateur
flexible.
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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113
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|
A long terme, la dette totale affecte significativement et
négativement l'investissement privé, comme le témoigne le
coefficient de LDETOT (-1). L'hypothèse de surendettement
trouve donc tout son intérêt au Cameroun à long terme.
Ainsi un accroissement de 10% de la dette totale entraîne une
réduction de 8% de l'investissement privé à long terme.
A court terme, La dette externe exerce significativement un
effet de levier sur l'investissement privé, selon le signe positif de
D (LDETEXTP) dans la seconde équation. Par contre, le
coefficient significativement négatif de LDETINTP (-1) exprime
l'effet d'éviction qu'exerce la dette interne sur l'investissement
privé à long terme dans notre pays.
L'investissement public exerce significativement un effet de
levier sur l'investissement privé, comme l'indique le signe positif du
coefficient de D (LIGR), principalement dans le court terme.
En outre, le coefficient de rappel à
l'équilibre de long terme (celui de LIPR (-1)) reste
négatif et significatif dans la spécification suivant la
méthode de Hendry. Comme dans le cas précédent, un choc
sur l'investissement constaté au cours d'une année donnée
est entièrement résorbé au bout d'un an huit mois (
1/0,60=1,666), étant donné que ceux-ci se corrigent à 60 %
par l'effet de «feed-back». Mais, un choc sur l'investissement
privé, c'est l'effet qu'exercerait un impact soit sur le produit, soit
sur le crédit au secteur privé, soit sur l'investissement public,
soit sur l'endettement extérieur ou intérieur, la dette totale,
le crédit au secteur privé.
Les coefficients des variables retenues dans la
spécification 3 sont valides sur le plan statistique. En dehors de
l'effet d'accélérateur qui demeure, on observe une liaison
positive entre endettement et investissement privé, ainsi qu'entre
l'investissement public et l'investissement privé. Ceci peut s'expliquer
par le fait que pendant cette période, les emprunts extérieurs
ont largement financé des infrastructures publiques.
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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114
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II.2.2. Interprétations des résultats
des différentes spécifications
Il s'agit pour nous d'interpréter économiquement
les paramètres, le coefficient de détermination et les
résultats des différents tests.
a. Interprétation économique des
paramètres
· Les élasticités de court terme :
D'après l'équation 2 du tableau 12,
l'élasticité ou semi-élasticité de court terme de
l'investissement privé par rapport au taux de croissance du PIB
réel est de 0,1210 ; au
ratio de la dette externe /PIB est de 0,569 1 et à
l'investissement publique est de 0,8679.
A court terme, si le taux de croissance du PIB, le ratio de
la dette externe /PIB et l'investissement publique augmente respectivement de
10%, alors l'investissement augmente de 1,2% ; 6% et 9% respectivement. Aussi,
si le taux d'intérêt augmente d'un point (100%), l'investissement
s'accroît de 1%, selon l'équation 1.
· Coefficient de correction d'erreur :
Le coefficient associé à la force de rappel
(ecm) est négatif et significativement différent de zéro
au seuil statistique de 5%, pour les deux spécifications du tableau 15.
Il existe donc un mécanisme a correction d'erreur. Pour la
première équation du tableau 12, ecm = -0,59 19. On arrive donc
à ajuster 60% du déséquilibre entre le niveau
désiré et effectif de l'investissement privé. Les
déséquilibres entre l'investissement privé réel et
ses déterminants se compensent, de telle sorte que toutes les
séries ont une évolution similaire, à Long terme.
· Les élasticités de long terme :
L'élasticité ou semi-élasticité de
long terme de l'investissement privé par rapport au
0, 1397
taux de croissance du PIB réel est 0,24
5
- â
= =
â 0, 5919
4
A long terme, si le taux de croissance du PIB augmente de 10%,
l'investissement privé s'accroît de 2%.
L'élasticité ou semi-élasticité de
long terme de l'investissement privé par rapport à la dette
0, 8336
totale est : 1,408
6
- â
= - = -
â 0, 5919
4
A long terme, si la dette totale augmente de 10%,
l'investissement privé diminue de 14%.
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI, 115
= -0,4271
L'élasticité ou semi-élasticité de
long terme de l'investissement privé par rapport à la dette
interne est : â
0, 2528
- 7 = -
â4 0,59 19
Si la dette publique interne augmente à long terme de 10%,
l'investissement privé diminue de 4%.
b. Interprétation du coefficient de
détermination
Le coefficient de détermination (R2) varie
pour l'essentiel des équations, autour de
80%.
Ainsi, plus de 80% des fluctuations de l'investissement
privé sont expliquées par ses déterminants dans le
modèle.
c. Tests classiques.
> Test de significativité des variables
Une variable est significative si la valeur de la
probabilité relative à son coefficient est inférieure
à 5%. Ou si la statistique de student relative à son coefficient
est supérieure à 1,96. La quasi-totalité des variables du
modèle MCE sont réellement explicatives. Le taux de croissance du
PIB, la part de la dette externe sur le PIB et l'investissement public ont des
coefficients significatifs à court terme, respectivement au seuil de 5%
,10% et 1%. Les valeurs des probabilités critiques des coefficients sont
inférieures à ces seuils respectifs.
A long terme, c'est par contre la dette publique totale et la
part de la dette publique interne sur le PIB qui enregistrent des coefficients
significatifs, respectivement au seuil de 5% et 10%. Les valeurs des
probabilités critiques des coefficients de ces variables étant
respectivement inférieur à 5% et 10%. De manière
équivalente, les t de student sont supérieures à 1,96 dans
tous ces cas.
> Test de significativité globale du modèle
Le modèle MCE est globalement significatif car Prob
(F-statistic)=0,0001 est inférieur à 1%. Les variables PIB, dette
totale, ratio dette interne et externe sur PIB, investissement public,
crédit au secteur privé, taux d'intérêt,
capacité d'absorption et taux de change ont globalement un impact
significatif sur l'investissement privé. Les estimateurs obtenus sont
donc consistants.
> Test d'homocédasticité de White
Le modèle est homocedastique si probability est
supérieur à 5% et hétéroscedastique dans le cas
contraire.
116
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
Test Hétéroscédastique de White : EQ1
|
F-statistic
|
1,069293
|
Probability
|
0,501870
|
Obs*R-squared
|
25,14209
|
Probability
|
0,398072
|
Test Hétéroscédastique de White : EQ2
|
F-statistic
|
0,847776
|
Probability
|
0,649102
|
Obs*R-squared
|
23,80886
|
Probability
|
0,472570
|
Les erreurs du modèle MCE sont homocédastique
car les valeurs des probabilités sont supérieures à 5%. IL
est important de confirmer cette hypothèse en effectuant un
deuxième test d'homocédasticité, à savoir le test
de ARCH.
> Test d'homocédasticité de ARCH
Les erreurs sont homocedastiques si probability est
supérieur à 5%.
Les erreurs sont hétéroscedastiques si probability
est inférieur ou égale à 5%.
Test de ARCH : EQ1
|
F-statistic
|
0,551060
|
Probability
|
0,652124
|
Obs*R-squared
|
1,798744
|
Probability
|
0,615208
|
Test de ARCH : EQ2
|
F-statistic
|
0,530376
|
Probability
|
0,665588
|
Obs*R-squared
|
1,735267
|
Probability
|
0,629122
|
Les valeurs des probabilités étant
supérieure à 5%, le test de ARCH confirme
l'Homocedasticité des erreurs du modèle MCE. Ceci étant,
il nous importe de tester l'hypothèse de corrélation des erreurs
du modèle MCE.
> Test de corrélation des erreurs de
Breusch-Godfrey
On accepte l'hypothèse H0 de non corrélation
d'erreur si la valeur de probality est supérieure à 5% et H1 dans
le cas contraire.
Test de corrélation des erreurs de Breusch-Godfrey :
EQ1
|
F-statistic
|
0,458137
|
Probability
|
0,641614
|
Obs*R-squared
|
1,965691
|
Probability
|
0,3 74245
|
Test de corrélation des erreurs de Breusch-Godfrey :
EQ2
|
F-statistic
|
0,062546
|
Probability
|
0,375958
|
Obs*R-squared
|
1,814337
|
Probability
|
0,090070
|
Les valeurs des probabilités sont supérieures
à 5%. On accepte l'hypothèse de non corrélation des
erreurs. Les erreurs du modèle MCE étant non
corrélées, les estimations obtenues par les MCO sont optimales
(BLUE).
Le MCE comportant des variables décalées, nous ne
pouvons pas utiliser le test de corrélation des erreurs de
Durbin-Watson.
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
|
117
|
> Test de normalité des résidus du
modèle
Les mesures de tendance centrale et celles de dispersion, les
paramètres de forme (Coefficients d'asymétrie et d'aplatissement)
et les tests de normalité (Jarque-Bera) sont tels que
présentés ci-dessous.
L'hypothèse de normalité des termes d'erreur
joue un rôle essentiel car elle va préciser la distribution
statistique des estimateurs. C'est donc grâce à cette
hypothèse que l'inférence statistique peut se réaliser.
L'hypothèse de normalité peut être testée sur les
variables du modèle ou sur les termes d'erreur.
Un coefficient d'aplatissement nul implique une distribution
symétrique ; lorsque un coefficient négatif indique
asymétrique du côté gauche et un coefficient positif qui
indique une asymétrie du côté droit. Concernant le
coefficient d'aplatissement, une valeur égale à 3 exprime une
distribution normale ; alors qu'une valeur supérieure à 3 exprime
une distribution moins aplatie que la normale, et la valeur inférieure
à 3 indique une distribution plus aplatie que la normale.
La statistique de JB suit sous l'hypothèse de
normalité une loi du khi-Deux à deux degrés de
liberté.
On lit dans la table du khi-Deux à 2 dégrés
de liberté, au seuil de 5% : A=5,99
· On accepte l'hypothèse de normalité si la
statistique de Jarque et Bera est inférieure à 5,99.
· On rejette l'hypothèse de normalité si la
statistique de Jarque et Bera est supérieure à 5,99.
Aussi sur le logiciel Eviews, la règle de décision
est :
· Au seuil de 5%, on accepte l'hypothèse de
normalité des que la valeur de la probabilité est
supérieure à 0,05.
· Au seuil de 5%, on rejette l'hypothèse de
normalité des que la valeur de la probabilité est
inférieure à 0,05.
118
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
Spécification 1 Spécification 2
Source : Extrait des estimations du logiciel Eviews 4.
Le test de normalité de Jarque Bera sur les résidus
confirme les différentes spécifications du tableau 4.7, les
erreurs du MCE suivent une loi normale.
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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