CONCLUSION
L'analyse économétrique lève
l'indétermination théorique qui entourait la relation entre dette
publique et investissement privé, pour ce qui est du Cameroun. Elle fait
donc apparaître des impacts opposés de la dette intérieure
et extérieure au cours du temps. A long terme, l'impact négatif
de la dette contractée par l'État sur le territoire nationale
montre que les enchaînements vertueux (réduction du
déficit, réduction des distorsions liées à la
répression financière) sur lesquels se fonde Fry (1997) pour
préconiser ce type de financement ne sont en rien automatiques, au
Cameroun. Ces enchaînements vertueux se veulent l'apanage de
l'endettement externe à court terme, qui procure aux investisseurs les
facilités financières nécessaires à la
matérialisation des projets d'investissement rentables.
L'hypothèse de « debt overhang » vient limiter ce levier de
l'investissement privé à long terme. L'effet de la dette publique
totale sur l'investissement privé, étant significativement
négative.
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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CONCLUSION DEUXIÈME PARTIE
A la suite des indépendances, le Cameroun a mené
une politique d'industrialisation basée sur l'accumulation puis
l'accroissement du capital industriel. Cette politique qui reposait sur le
soutien de l'État était financée par les recettes des
produits de base, d'abord, principalement par les recettes du cacao et du
café, ensuite par les recettes pétrolières, enfin par
l'endettement auprès des institutions internationales et des banques
commerciales. L'endettement externe a eu un effet positif sur les
investissements privés pendant la période de l'industrialisation
par substitution des importations, bénéficiant de
l'élargissement du marché intérieur. Les vastes chantiers
en infrastructures ont eu pour impact de promouvoir le développement des
investissements nouveaux dans le secteur privé encore en essor. C'est
ainsi qu'au cours des années 80, une nouvelle orientation de la
politique industrielle au Cameroun a requis un déplacement du pôle
de développement économique, de l'entreprise publique vers
l'entreprise privée. Pour pallier à la crise économique de
1986 au Cameroun, les autorités publiques avec l'appui du FMI et de la
Banque mondiale, vont successivement mener des politiques de stabilisation puis
des politiques d'ajustement structurel. Le volume de la dette interne
évolue considérablement au cours de cette période. Les
créances des banques nationales sur l'Etat, les arriérés
dans le paiement des salaires des agents de l'Etat, les arriérés
des intérêts sur la dette publique sont les facteurs explicatifs
de cette augmentation. L'augmentation de la dette interne affecte le
système financier, qui, à son tour agit négativement sur
l'investissement privé du fait de la non disponibilité des fonds
nécessaires pour les investissements nouveaux. La dette interne exerce
donc un effet d'éviction sur l'investissement privé à long
terme. Cette situation a provoqué un endettement massif de l'État
et un appauvrissement des populations. L'absence de vigilance du FMI et de la
Banque mondiale sur les nouveaux prêts accordés et leur non
utilisation dans les domaines productifs provoquaient alors une
corrélation négative entre le fardeau virtuel de la dette
publique totale et l'investissement privé. Le Cameroun se trouvant
incapable d'honorer ses engagements financiers, a été
déclaré pays pauvre très endetté,
bénéficiant ainsi de l'allègement intérimaire entre
le point de décision et le point d'achèvement. Les grands
chantiers engagés suite à l'atteinte du point
d'achèvement, doivent être accompagnés par des
dépenses publiques de qualité, afin d'espérer à
long terme une croissance soutenue et un développement durable.
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D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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