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Dette publique et investissement privé: Effet d'éviction versus effet de levier

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par Thiery Urgue KAME BA BILLA
Université de Yaoundé II - DEA-PTCI 2008
  

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INTRODUCTION GENERALE

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,

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I.CONTEXTE ET PROBLEMATIQUE

Les théories de la croissance économique, en particulier, les différents modèles d'inspiration keynésienne postulent un lien possible entre l'endettement, l'investissement et la croissance économique. Il s'agit des modèles de mesure de l'effet de levier développés par des auteurs tels que Schumpeter (1912)1, Irving Fisher (1933)2, Modigliani-Miller (1958)3. Ils stipulent que, l'endettement entraînant la relance de la demande provoque par effet accélérateur une hausse plus proportionnelle de l'investissement, qui à son tour entraîne une hausse de la production.

En s'intéressant particulièrement à la relation entre endettement et investissement, il apparaît que celle-ci est sujette à une controverse théorique majeure dans la littérature économique. Au centre du débat, la question de l'effet de l'endettement sur l'investissement. Dans l'analyse économique, il y a principalement deux courants qui s'affrontent sur les théories économiques, à savoir les keynésiens et les néoclassiques.

Concernant la théorie de l'endettement, les keynésiens pensent que l'endettement n'occasionne des charges ni pour les générations futures ni pour des générations présentes du fait des investissements qu'il génère. Ainsi, le fait de recourir à l'emprunt pour relancer la demande effective signifie de facto l'abandon de la discipline budgétaire (Wagner, 1978).

En fait, Le budget public est un stabilisateur conjoncturel dans l'économie nationale, il permet d'intervenir sur la demande. Si la demande effective est insuffisante pour assurer le plein emploi et que l'on se trouve dans une récession, l'État devra relancer cette demande en augmentant ses dépenses et/ou en prélevant moins d'impôt. Inversement, si l'économie est dans une phase de surchauffe, l'État devra diminuer ses dépenses et/ou augmenter les impôts afin de freiner la demande effective. On parle de politique contracyclique, c'est- à- dire une politique qui se meut dans le sens inverse de la production, du revenu et de l'emploi dans le cycle conjoncturel. Seul compte pour les keynésiens l'équilibre macroéconomique, l'équilibre

1 J., Schumpeter, (1912), Théorie de l'évolution économique, Economica, Paris.

2 I., Fisher, (l933), « The Debt Deflation Theory of Great depression », Econometrica. Article traduit dans le n°3 de la Revue Française d'Économie 1988, avec un commentaire de Robert Boyer. Jean Arrous reprend par ailleurs la présentation que Fisher fait de la crise financière de 1929 pour montrer les différences avec celle de 1987.

3 M. H., Miller et F., Modigliani, (1958), «The cost of capital, corporation finance and the theory of investment", American Economic Review, Vol. XLVIII, pp.261-297.

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budgétaire n'est plus un but en soi. L'endettement devient un instrument qui permet d'atteindre le but principal, l'équilibre macroéconomique (Dafflon, 1998).

Les théoriciens classiques, hostiles à l'idée d'un endettement public favorisant l'accumulation du capital et la consommation des générations futures ou présentes, assimilent l'endettement à un impôt futur et imputent à l'Etat une connotation négative4. Selon Ricardo (1817), les citoyens voient dans l'emprunt un impôt différé dans le temps et se comportent comme s'ils étaient contraints de payer ultérieurement un impôt pour rembourser cet emprunt quel que soit le décalage intergénérationnel. En d'autres termes, le comportement des agents économiques est guidé par une anticipation à la hausse des impôts. Toutefois, une réserve peut être introduite selon la nature ou la qualité des dépenses (dépenses de transfert ou d'investissement) financées par l'emprunt.

Barro (1974) montre qu'une politique de déficit budgétaire financée par l'emprunt reste sans effet sur l'activité économique, dans la mesure où les agents ne sont pas victimes de l'illusion fiscale. Ces agents anticipent alors une hausse des impôts destinés à rembourser l'emprunt en constituant une épargne d'un montant équivalent à l'endettement public (Théorème d'équivalence ou de Barro-Ricardo). Dittus (1989) met l'accent sur la relation théorique entre pression fiscale et remboursement de la dette. Il existe au moins des coûts associés aussi bien à l'endettement qu'à sa résorption. V. Hayek (1979) dénonce quant à lui l'endettement comme étant équivalent à une croissance artificielle fondée sur un investissement supérieur à l'effort d'épargne national et provoquant un ajustement par l'inflation. Ainsi, tous les efforts expansionnistes à court terme de l'endettement semblent devoir s'inverser et entraîner à terme un renversement du cycle augurant une phase de lourde récession.

Au vu de ces divergences entre keynésiens et néoclassiques, nous allons analyser les mobiles de la performance de l'investissement privé pour un pays, ceci en faisant une rétrospection de l'état des lieux depuis les indépendances jusqu'à tout récemment.

Quatre régimes5 de croissance sont identifiés au Cameroun depuis les indépendances. Le premier régime, caractérisé par une croissance modérée mais équilibrée, se manifeste pendant la période pré-pétrolière allant de 1960 à 1978. Le secteur primaire, et particulièrement l'agriculture était le principal secteur d'activité de l'économie. Le taux moyen annuel de croissance du PIB réel par tête est ainsi passé de 1,2% entre 1960 et 1966 à

4 Yapo, L., (2002), « Déterminants de l'endettement extérieur des PPTE : Cas de la Côte d'Ivoire », WIDER, Discussion Paper No. 2002/14.

5 Y.F., Odia Ndongo, (2007), « Les sources des fluctuations macroéconomiques au Cameroun », MPRA Paper, No. 1308.

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près de 3,4% entre 1967 et 1976 (Odia Ndongo, 2007). Durant cette période, la croissance des secteurs clés de l'économie6 est harmonieuse. La structure par secteur reste relativement stable. En volume, l'agriculture compte pour 30% du PIB, l'ensemble de l'industrie7 20%, et le tertiaire 50%. Les équilibres extérieurs étaient assurés par le maintien d'une balance commerciale excédentaire (Fambon, 2002). Durant la période 197 1-76 qui a coïncidé avec l'exécution du IIIe Plan Quinquennal, la croissance économique a connu un ralentissement avec environ 2,5 % d'accroissement moyen annuel du PIB sur la période8.

Aux lendemains de l'indépendance, l'Etat s'est érigé en actionnaire principal dans le capital social des entreprises9. Ainsi, l'investissement public et l'investissement privé (en terme absolu) connaissent une croissance régulière et graduelle entre 1970 et 1977. Le ratio de l'investissement privé fluctue plus largement que celui de l'investissement public. En moyenne, le ratio d'investissement privé annuel se situe à 16,69%, alors que celui de l'investissement public se situe à 3,47% avant l'apparition de la production pétrolière (Khan, 2004)10.

La situation de la dette durant cette période est peu préoccupante à cause de son niveau relativement faible. L'encours de la dette publique totale est passé de 440 à 2.588 millions de dollars entre 1975 et 1980 (World Bank, 2005).

Par la suite, la découverte puis l'exploitation du pétrole inaugure un nouveau régime caractérisé par une forte croissance qui court jusqu'en 1985. L'économie camerounaise assiste à une variation structurelle importante avec l'avènement du pétrole comme source principale des échanges extérieurs. Ainsi de 1978 à 1986, le Cameroun bénéficie d'une croissance économique soutenue et équilibrée d'environ 7 % l'an, grâce à la mise en exploitation des ressources pétrolières à partir de 1978 (Fambon, 2002)11.

L'investissement public croit brusquement durant cette période, à cause des échanges extérieurs notamment la vente du pétrole. Il jouera donc à nouveau son rôle d'impulsion avec une progression nominale de 28% l'an en moyenne. Cette évolution est fortement justifiée par celle du budget de l'Etat. Les investissements d'infrastructure représentent en fin

6 A cet époque, les secteurs clés de l'économie étaient sans doute : Agriculture, industrie extractive, manufacturière, et le secteur tertiaire.

7 L'ensemble de l'industrie est réparti à égalité entre l'industrie manufacturière et le secteur minier.

8 Estimation de la Banque Mondiale.

9 Touna Mama et Kamgnia D. B., (2002), «Le comportement d'investissement au Cameroun : un resserrement de la contrainte financière», Les cahiers du SISERA, n°1.

10 S., Khan, (2004), « Macroeconomic factors and private Investment in Cameroon » dans Mondialisation, Exclusion et Développement Africain : stratégies des acteurs publics et privés, Tome 2, sous la direction de B., Bekolo-Ebe, Touna Mama et S. M., Fouda, Maisonneuve & Larose.

11 S., Fambon, (2002), « Endettement du Cameroun : Problèmes et solutions », WIDER, Discussion Paper No. 2002/49.

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de période 70% de la dépense publique d'investissement, contre 47% en 1974/75 (Odia Ndongo, 2007). L'investissement public atteint un maximum de 447 millions de F.CFA en 1987 et commence à chuter brutalement en 1988. Les infrastructures routières bénéficient grandement du boom dans les investissements publics. L'investissement privé s'accroît aussi rapidement pendant cette période, avec un taux moyen annuel d'environ 42,23%, il atteint son pic et commence à décroître en 1986, mais sa décroissance sera moins brusque que celle de l'investissement public en 1988 (Khan, 2004).

La situation de la dette publique reste contrôlable jusqu'à 1985. De ce fait, de 1981/82 à 1984/85 l'encours total de la dette publique passe de 826.590 à 1.487.080 millions de F. CFA. La part de la dette externe dans la dette globale est importante avec une évolution de son encours de 805.990 à 1.385.080 millions de F.CFA pendant la période. La dette interne quant à elle croit de 20.600 à 102.000 millions de F.CFA (WDI, 2005). Le service de la dette publique (externe et interne) prévisionnelle est identique à celui de la dette effective pendant les quatre premières années de la décennie quatre vingt.

Une telle tendance a été inversée au début de la moitié des années 80. Ainsi en 1984, le code des investissements12 est-il modifié de manière à inclure un régime spécial pour le secteur de l'artisanat et des PME13. Le troisième régime s'ouvre en 1985/86 avec la chute des prix des principaux produits de rente, la baisse du cours du dollar et l'épuisement progressif des ressources pétrolières. Ce régime de croissance correspond à la période de récession économique au Cameroun (1985-1993). Aussi, une nouvelle orientation de la politique industrielle au Cameroun a requis un déplacement du pôle de développement économique, de l'entreprise publique vers l'entreprise privée. L'objectif visé était de définir un dimensionnement des unités de production qui s'adapte aux capacités du marché local, privilégiant dès lors l'entreprise privée. De ce fait, le Cameroun doit compter principalement sur le secteur privé pour relancer sa croissance. Malheureusement au cours des années 80, le dynamisme du secteur privé ne tenait qu'au secteur urbain informel (Banque Mondiale, 1995). En effet, en réponse à la récession économique au Cameroun depuis 1985/86, la réglementation dans le secteur formel s'étant accrue, de nombreuses entreprises ont dû être fermées. Les compressions et les cas de chômage se sont accrus, le secteur urbain informel,

12 Au Cameroun, comme dans la plupart des pays Africains au Sud du Sahara, un code des investissements régit et module les décisions d'investissement ; avec pour principal objectif de favoriser les entreprises industrielles qui participent à la réalisation du plan. Les stratégies d'industrialisation ont évolué au Cameroun et avec elles le contenu du code des investissements.

13 La PME agréée bénéficie non seulement des avantages accordés sous son régime, mais aussi de ceux du régime dit des entreprises promotionnelles, pour un e durée de quinze ans si elle venait à s'installer en dehors des zones de forte concentration industrielle.

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absorbant la main d'oeuvre ainsi libérée, s'est développé au détriment du secteur formel. Le pays était donc dans une crise profonde et des reformes structurelles majeures étaient nécessaires. Face à cette situation, le Cameroun adopte le PAS. Cette période fut la plus mauvaise de l'histoire de l'économie Camerounaise. La quasi-totalité des indicateurs macroéconomiques évoluaient négativement.

Le niveau de l'investissement total continue avec cette baisse amorcée pendant la période précédente. Comme le note la Banque Mondiale (1995), devant l'ampleur de l'endettement au Cameroun et la nécessité d'accroître l'épargne publique pour y faire face, les possibilités d'accroître l'investissement public se trouvent plutôt limitées. Les deux composantes de l'investissement connaissent une évolution décroissante, imposée par la crise économique de 1985/86. Cette performance des composantes de l'investissement révère la notion de complémentarité souvent insinuée entre l'investissement public et privé. Dans l'ensemble, l'investissement privé avait une performance moins bonne que celle de l'investissement public durant la période de 1982/83-1997/98. L'investissement privé enregistrait uniquement une croissance moyenne de 3,3% par an pour les quinze années, alors que l'investissement public en enregistrait le double (6,5%) (Mbanga Ndoh, 2004). L'instabilité du climat politique au début des années 1990 pourrait expliquer en partie la baisse de l'investissement privé.

L'apparition de la crise économique à partir de 1986 au Cameroun, sonne le glas du contrôle de la dette extérieure. Durant la période de 1987 à 1999, les indicateurs du fardeau de la dette s'accroissent rapidement, à en croire les données de la CAA. L'encours total de la dette extérieure s'est ainsi accru, passant de 1.434.210 millions en 1985/86 à 1.686.542 millions de F.CFA en 1992/93. Sur la période de 1989/90 à 1992/93, le stock de la dette interne a progressé de manière constante, atteignant en 1992/93, une valeur de 1.010.988 millions de F.CFA. Durant cette période, l'Etat a contracté massivement auprès des agents économiques nationaux pour soutenir l'investissement public. En dépit des efforts consentis par le gouvernement pour assurer le service de la dette, il subsiste toujours des arriérés tant sur la dette extérieure que sur la dette intérieure. L'accumulation des arriérés entraîne une cessation complète de prêts par les banques internationales au gouvernement en 1991 et une réduction brusque à l'accès du secteur privé au marché international des capitaux (FMI, 1999).

Le quatrième régime de croissance s'opère à partir de 1995, après la dévaluation du F. CFA et l'apurement progressif de la dette interne de l'Etat. La restructuration du secteur productif entamé en 1989 et le changement de la parité monétaire de janvier 1994, sont des

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facteurs importants dans le regain de croissance noté en 1995, avec un taux d'évolution annuelle du PIB par tête de 1,8% en moyenne. Tous les signaux montrent un redressement sensible de la situation après cette date et une amélioration des indicateurs macroéconomiques (Odia Ndongo, 2007)

L'investissement privé et l'investissement public passent respectivement de 513.487 et 86.176 millions à 1.120.400 et 112.500 millions de F.CFA entre 1995 et 2003 (WDI, 2005). Cette amélioration de l'investissement au Cameroun fait suite à la dévaluation du F.CFA, qui a amélioré la compétitivité des entreprises locales et stimulé l'accroissement des investissements.

Contrairement à toute attente, l'encours de la dette publique globale ne cesse de croître, ainsi que le paiement de son service. Conformément aux statistiques de la CAA, entre 1995 et 1999 l'encours de la dette publique totale est passé 5.763.757 à 5.998.154 millions de F.CFA. La part de la dette externe variant de 3.806.845 à 4.094.627 millions de F.CFA pendant cette période. L'accroissement de l'encours de la dette extérieure à partir de 1993 s'explique par les effets conjugués des nouveaux engagements de l'Etat et des retards de paiement envers certains créanciers, notamment les pays non participants au Club de Paris14 et ceux du Club de Londres15. En juin 2000, le Cameroun est déclaré éligible à l'initiative PPTE sur la base du critère16 VAN Dette/Exportation=201,5%= 150% qui est le seuil. Il atteint le point de décision en octobre 2000. Ainsi le pays devait connaître entre autre, une rigueur dans la gestion de ses finances publiques, en vue de l'atteinte du point d'achèvement prévue initialement en mai 2003 (Tamba, 2002)17. Ces événements nous expliquent en partie pourquoi la dette publique globale connaît une nette diminution depuis 2000. Son encours est passé de 5.461.395 à 1.989.000 millions de F.CFA entre 2000 à 2006. La part de la dette externe variant entre 4.268.806 à 1.014.000 millions de F. CFA pendant cette période (CAA, 2007). La question dès lors est de savoir si la chute de l'investissement privé au Cameroun pendant la période de récession économique, peut être attribuée au lourd

14 Club de Paris : groupe informel de pays créanciers (généralement des pays de l'OCDE), qui se réunissent à Paris pour négocier des accords de restructuration de la dette avec des pays débiteurs connaissant des problèmes de service de la dette.

15 Club de Londres : groupe informel des principales banques commerciales créancières d'un pays, qui se réunissent dans un centre financier, pas nécessairement Londres, pour négocier et convenir d'une restructuration des dettes commerciales, parfois accompagnée de nouveaux fonds, qu'on appelle prêts volontaires

16 Ce critère est celui adopté après la révision de l'Initiative PPTE en 1999, lors du sommet du G8 à Cologne, améliorant ceux fixés par le sommet du G7 à Lyon en 1996 et jugé plus rudes pour les Etats Africains.

17 Pour plus de détails lire I., Tamba, (2002), Stratégie de désendettement et politiques de développement au Cameroun : Rupture, permanence ou continuité ?, FRIEDRICH EBERT STIFTUNG, CREDDA.

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fardeau de la dette. Si oui, comment expliquer la reprise de l'accroissement de l'investissement après la dévaluation alors même que le taux d'endettement augmentait sans cesse.

Répondre à ces interrogations revient à cerner les déterminants de l'investissement, puis examiner la relation entre l'emprunt public et l'investissement privé au Cameroun.

L'investissement est l'opération qui consiste pour une entreprise ou un pays à augmenter le stock de moyens de production avec pour perspective une production future. Lorsque les acteurs en présence appartiennent au secteur privé, on parle de l'investissement privé. La CAA définit la dette publique comme un ensemble d'emprunts de l'administration centrale, des entreprises publiques, des collectivités locales et du secteur privé qui ont été garantis par le gouvernement. La dette publique est constituée d'une composante conjoncturelle appelée déficit primaire et une composante structurelle appelée « effet boule de neige ».Le déficit primaire est la différence entre les recettes et les dépenses hors intérêt. on parle d'effet « boule de neige » lorsque les charges d'intérêt de la dette publique exercent une pression constante sur le déficit, il faut donc emprunter à nouveau pour payer les intérêts de la dette publique, de telle sorte que celle-ci ne cesse d'augmenter.

Krugman (1988) et Sachs (1989), ont démontré empiriquement que l'accumulation de la dette et son service constituaient une taxe sur la production future et décourageaient l'investissement par l'effet d'éviction. Borensztein (1990) a identifié, dans une étude économétrique, le service de la dette comme un déterminant qui influençait négativement l'endettement extérieur. L'hypothèse de l'effet d'éviction de la dette publique et ses effets néfastes sur la performance économique en Afrique ont été démontré par des études comme celles de : Ajayi (2000) au Nigeria ; Mjema (1996) en Tanzanie ; Fosu (1996et1999) en Afrique subsaharien ;Osei(2000) au Ghana ; Geiger (1990) en Amérique latine. Les principaux résultats de ces recherches ont montré que le paiement du service de la dette a été et restera un obstacle à la croissance économique à travers son impact négatif sur l'investissement.

Fosu (1996), utilise le modèle de Solow augmenté du capital humain, pour montrer le caractère prohibitif de l'endettement sur la croissance économique en Afrique Subsaharien. Iyoha (2000), à l'aide des équations simultanées, confirme qu'un stock excessivement élevé déprécie l'investissement et baisse le taux de croissance économique. Pour lui, l'accumulation de la dette dans les pays de l'Afrique subsaharien a agit comme une taxe sur le revenu futur et a ainsi découragé l'investissement privé. Osei (2000) affirme que le service de la dette élevé signifie qu'une proportion significative des devises convertibles est consommée par la

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dette, limitant ainsi l'habilité des pays à importer des biens et services. Le service de la dette constitue également une part du budget dans plusieurs pays et ainsi impose les contraintes significatives sur l'investissement domestique. La raison est qu'une grande portion des devises tirées des exportations est requise pour le service de la dette et nous notons une décroissance des capitaux extérieurs, tout ceci rend difficile l'expansion des infrastructures, le lancement des nouveaux projets, la continuation des vieux projets et l'approvisionnement de l'économie en biens d'équipements et en matières premières nécessaires provenant des autres pays (Geiger, 1990). Etant donné la complémentarité existante entre l'investissement public et l'investissement privé, la dette et le fardeau de son service affectent aussi bien l'investissement privé que l'investissement public, soit directement soit indirectement.

Blejer et khan (1984) ; Moshi et Kilindo (1999), Asante (2000), Amin (1989) ont démontré dans leurs études variées comment l'investissement du secteur public est un support significatif sur l'investissement du secteur privé. La raison en est que le secteur public offre certaines facilités à l'instar des moyens de communication, des routes et d'autres services sociaux, qui permettent d'encourager les activités des entreprises privées.

Ainsi, le fait général acceptable maintenant est qu'il n'y a aucun moyen pour les pays très endettés et pauvres comme le Cameroun, de servir et rembourser la dette et accroître encore assez de ressources pour l'investissement public. Les créditeurs, les débiteurs et la société civile ont choisit le fait que l'annulation de la dette est le seul moyen par lequel l'investissement peut être rajeuni dans les pays endettés afin d'assurer la croissance (Touna Mama et collaborateurs, 1996), et ceci brisera la chaîne de la dette qui maintient plusieurs pays dans la pauvreté perpétuelle (Collins, 1999). Toutefois, la réduction du fardeau de la dette, peut entraîner la croissance économique seulement si les fonds issus de la réduction de la dette sont épargnés et assidûment concentrés dans le secteur social18.

Nonobstant ces travaux, B. Gürbüz et M. Raffinot en Turquie (2001) ont été les pionniers en ce qui concerne l'étude de la nature de la relation entre la dette publique et l'investissement privé. Leurs résultats donnent deux effets distincts : la dette externe a un effet positif sur les investissements privés, tandis que la dette interne exerce un effet d'éviction. Au Cameroun, selon les travaux de Touna Mama et Kamgnia Dia (2002), la dette extérieure est déterminée comme un réducteur d'effets du crédit au secteur privé ; les dépenses publiques pour investissement, plutôt que le déficit budgétaire, affectent significativement et négativement l'investissement privé et tout choc sur l'investissement observé au cours d'une

18 Le secteur social à l'instar de la santé, l'éducation, l'approvisionnement en eau potable, etc.

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année donnée est entièrement résorbé en une année. G. Mbanga Ndoh (2004) montre que le service de la dette extérieure exerce un effet d'éviction sur l'investissement privé. Néanmoins, ces études pour le cas du Cameroun, souffrent d'une insuffisance majeure qui est la non prise en compte de la dette interne dans l'analyse. Pour une évaluation complète des deux composantes de la dette publique, il nous importe de combler cette carence.

Dans cette étude, nous nous intéressons à la nature du lien entre la dette publique et l'investissement privé au Cameroun. L'effet de la dette sur l'investissement privé est théoriquement indéterminé. En effet, selon la théorie, le lien entre la dette et l'investissement privé peut aussi bien être négatif (effet d'éviction) que positif (effet de levier). Partant de là, la présente étude met en évidence l'impact de la dette publique sur le comportement de l'investissement privé au Cameroun. Nous nous posons ainsi la question centrale suivante : Quelle est la nature du lien entre l'endettement public et l'investissement privé au Cameroun? Plus spécifiquement, il s'agit de savoir : Est-ce que la dette publique exerce un effet d'éviction ou un effet de levier sur l'investissement privé au Cameroun ?

II. INTERET DE L'ETUDE

Face à cette problématique, l'intérêt de notre travail de recherche est triple. A savoir, un intérêt théorique, méthodologique et « opérationnel ».

Sur le plan théorique, il s'agit de mettre en évidence deux sujets à questionnement apparemment distantes mais intimement reliées, à savoir l'endettement public et l'investissement privé. A cet effet, ni la théorie économique, ni les études de la Banque mondiale, ni même la Comptabilité Nationale ne sont parvenues à lever l'indétermination qui entoure cette relation au niveau de la question précédente entre la dette et l'investissement. En se servant à cet égard des données d'un pays venant d'atteindre le point d'achèvement de l'initiative PPTE, l'intérêt théorique de notre travail est de lever cette indétermination.

L'intérêt méthodologique de ce travail peut être perçu à travers plusieurs apports. Premièrement, à la différence de nombreux travaux, il sera question de prendre en compte des variables relatives à la dette interne lors de l'évaluation empirique des déterminants de l'investissement privé. Puis il sera question d'évaluer les propriétés des séries temporelles, afin de justifier le choix du modèle à correction d'erreurs (MCE). Ce modèle nous permet de cerner la dynamique de court terme d'une part et celle de long terme d'autre part. Il est en effet possible que l'indétermination provienne de la recherche par des auteurs antérieurs d'un

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effet net. Nous nous attellerons à prendre en compte les nouvelles critiques de l'économétrie des séries temporelles.

S'agissant de l'intérêt « opérationnel », il faut rappeler que, la plupart des politiques économiques sont élaborées selon l'idée basique que la dette publique exerce un effet d'entraînement vertueux sur l'investissement privé. C'est notamment le cas des recommandations de Fry (1997) en faveur de ce type de financement. Dans le cadre de cette étude, il s'agira véritablement de savoir si oui ou non la dette publique est vertueuse, c'est-àdire, comment est-elle susceptible de se transformer en investissements productifs, source de croissance économique. La détermination empirique de l'impact de la dette publique sur l'investissement privé serait de nature à orienter les choix en matière de politique économique au Cameroun.

III. OBJECTIF DE L'ETUDE

Cette étude vise globalement à analyser la nature du lien entre la dette publique et l'investissement privé au Cameroun.

Plus spécifiquement, il s'agit de :

· Evaluer les facteurs qui déterminent l'investissement privé au Cameroun.

· Analyser l'effet d'éviction ou de levier de la dette publique sur l'investissement privé.

IV. HYPOTHESE DE RECHERCHE

En réponse aux questions spécifiques de notre travail, les hypothèses suivantes peuvent être formulées :

H1 : La dette publique influence significativement l'investissement privé.

H2 : la dette publique exerce un effet mitigé sur l'investissement privé, il peut être vertueux ou pervers.

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V. METHODOLOGIE

Il s'agit pour nous d'évaluer le comportement de l'investissement privé au Cameroun afin de déceler la nature du lien qu'il entretient avec la dette publique. Les approches méthodologiques relevant des études des déterminants de l'investissement sont diverses. Tout d'abord, ces études ont procédé directement à l'estimation, sans au préalable analyser les propriétés chronologiques des séries. Pourtant, comme l'ont montré Nelson et Plosser (1982), la plupart des séries macroéconomiques sont non stationnaires à niveau. Ensuite, lors de l'application du test de cointégration de Engle et Granger, d'autres études ont effectué le test de stationnarité des résidus du modèle MCE, en ne prenant pas en compte la nouvelle critique de l'économétrie des séries temporelles. Elle préconise d'utiliser les valeurs critiques tabulées19 par Engle et Yoo (1987), lors de l'analyse des résultats. Car le test de cointégration a pour objectif de tester l'existence d'une racine unitaire dans les résidus estimés de la relation de long terme et non pas sur les vraies valeurs. Aussi, un bon nombre d'études empiriques a par ailleurs eu recours à des modèles VAR, sans justifier empiriquement ce choix. Certains ont été amenés à partitionner l'étude en plusieurs périodes afin de prendre en compte les variations macroéconomiques, ce qui est intéressant mais pas assez pertinent (B. Gürbüz et M. Raffinot 2001). Pire encore, certains auteurs effectuent le test de corrélation des erreurs du modèle MCE, en procédant au test de Durbin-Watson. Exemple, très peu de ces études ont concerné directement l'Afrique.

La présente étude ira au-delà de ces insuffisances méthodologiques. Dans un besoin de garantir des estimations robustes, les propriétés de séries temporelles de l'investissement et de ses déterminants doivent être déterminées, en procédant à des tests de racine unitaire. Plus spécifiquement, les tests de Dickey- Fuller Augmenté (ADF) et de Phillips-Peron. Si les séries définies sont toutes stationnaires, lorsque définies en différence première suivant les tests de ADF et de Phillips-Perron, l'on pourrait penser à l'existence d'une relation de cointégration entre elles. Aussi, le test de cointégration de Engle et Granger (1987) peut-il être effectué. L'idée qu'une relation d'équilibre de long terme puisse être définie entre variable pourtant individuellement non stationnaire est à la base de la théorie de cointégration. Si les résidus sont stationnaires à niveau, nous tirons comme conclusion, l'existence d'une relation de cointégration entre les différentes variables du modèle. En présence d'une relation de cointégration, de meilleurs résultats sont obtenus en estimant plutôt un modèle à correction

19 Voir Valérie Mignon et Sandrine Lardic (2002): Econométrie des séries temporelles macroéconomiques et financières.

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d'erreur (ECM). En particulier, des corrections aussi bien par la méthode à deux étapes de Engle et Granger que par la méthode à une étape de Hendry. La cible de long terme doit en fait être satisfaite par le mécanisme MCE, lequel se fonde sur le théorème de représentation de Granger. Un tel théorème associe la présence d'une relation de cointégration à l'existence d'une représentation MCE qui permet de corriger les écarts afin de converger vers la cible de long terme (Bresson et Pirotte ; 1995).

Les mesures de tendance centrale et celles de dispersion, des paramètres de forme et les tests de normalité (Jarque-Bera) seront analysées. Aussi, l'hypothèse de l'homocedasticité des erreurs du modèle MCE sera vérifier en effectuant le test de White et le test de ARCH. Ensuite, nous testerons l'hypothèse de corrélation des erreurs du modèle MCE, en effectuant le test de Breusch-Godfrey et non le test de corrélation des erreurs de Durbin-Watson, car le modèle MCE comporte des variables décalées.

Le modèle économétrique pour l'évaluation des effets d'éviction et de levier dans les décisions d'investissement met en relation le logarithme de l'investissement privé réel et celui de ses déterminants. Il s'agit d'un modèle « accélérateur - coût du capital ». Ce modèle est certes critiquable, à cause de l'absence de lien fiable entre le coût du capital et l'investissement20 . Mais Blanchard (1986) propose que pour faire ressortir le coût du capital dans les équations d'investissement, « il faille déployer plus que l'ingéniosité économétrique habituelle » et « choisir une spécification qui force l'effet à être présent ». La variable endogène de ce modèle est le logarithme de l'investissement privé réel. Ainsi, la croissance de l'investissement du secteur privé s'expliquerait essentiellement par celle du PIB réel, celle de l'investissement du secteur public réel. Conformément à l'hypothèse de debt overhang, le poids de la dette totale pèserait sur l'investissement privé. L'investissement privé réel dépend positivement (effet de levier) ou négativement (effet d'éviction) de la dette interne et externe. Le crédit au secteur privé, le taux d'intérêt et le taux de change influencent aussi l'investissement privé dans notre modèle.

Nous introduirons dans notre modèle trois variables muettes ; D1= dummy pour la stabilité macroéconomique ; D1=0 pour les années de croissances (1970-1985); D1=1 pour les années de récession (1986-1995) ; D2= dummy pour la dévaluation ; 0 avant 1994 et 1 après ; D3= dummy pour l'atteinte du point de décision de l'initiative PPTE, 0 avant 2000 et 1 après. Les données de l'INS (2000), de la WDI (2005) et de la CAA (2007) nous servirons à effectuer nos estimations à l'aide du logiciel Eviews 4. La période d'observation est celle

20 Pour amples explications lire « Accélérateur et coût du capital : quelques éléments empiriques », P. Villieu, La Découverte, 2000.

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allant de1970 à 2006, bien que les estimations se limitent en 2003 pour cause de données manquantes. Par la suite, nous procéderons à l'évaluation des résultats, dans l'optique d'apprécier l'effet de la dette publique sur l'investissement privé. Il s'agit pour nous de savoir en fin de compte si l'on peut observer l'éviction de l'investissement privé par la dette publique ou alors une relation vertueuse.

VI. ANNONCE DU PLAN

Cette approche méthodologique structure notre travail en deux grandes parties comprenant chacune deux chapitres. Dans la première partie, nous nous servirons de l'approche traditionnelle de l'effet d'éviction et du modèle de Solow-Ramsey pour comprendre au chapitre premier la théorie de l'effet d'éviction. La reconnaissance théorique du débat autour de la relation entre dette publique et investissement privé nous conduit au deuxième chapitre à prendre en compte l'aspect théorique de l'effet de levier, à travers la structure de l'effet de levier et le théorème de Modigliani-Miller d'une part, et d'autre part, l'approche keynésienne de la relation entre dette publique et investissement privé.

La deuxième partie est centrée autour de la vérification empirique de nos hypothèses de recherche. Au troisième chapitre, nous présenterons l'évolution socio-économique de notre pays, en s'appuyant d'un côté sur celle de la dette publique et de l'autre sur celle de l'investissement, tout en faisant un bilan comparatif entre les deux. Le dernier chapitre nous éclaire sur la nature de la relation entre dette publique et investissement privé au Cameroun, par une évaluation empirique.

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PREMIERE PARTIE

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE :
UNE ANALYSE THEORIQUE DES EFFETS D'EVICTION ET DE
LEVIER

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