I.2.2.Les effets à court terme de la politique
budgétaire.
Pour analyser ces effets, nous partons d'une théorie
simple de la demande des biens et services, l'équilibre
keynésien. Il est l'interprétation la plus simple de la
théorie keynésienne du revenu national, interprétation qui
est à la base du modèle IS/LM, plus complexe et plus
réaliste.
Pour établir l'équilibre keynésien, nous
partons des déterminants de la dépense prévue E :
E=C+I+G (1.10)
En remplaçant les déterminants de la
dépense prévue par leur valeur comme dans 1.7 on aura :
E=Y=c(Y-T)+I(r)+G
(1.11)
E
E2 = Y2
E1 = Y1
Y=E
B
AY
A
AY
AG
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
Cette équation montre que la dépense prévue
est fonction du revenu Y, du niveau
exogène de l'investissement programmé I,
et des variables exogènes G et T de la
politique budgétaire. La figure 3 montre qu'une hausse des
dépenses publiques induit un accroissement
AY
plus que proportionnel du revenu : AY est plus
élevé que AG. Le rapport s'appelle
AG
multiplicateur des dépenses publiques : il nous indique de
combien augmente le revenu en réaction à la hausse des
dépenses publiques.
Figure 3 : une hausse des dépenses publiques à
l'équilibre keynésien.
L'équilibre keynésien implique que le
multiplicateur des dépenses publiques est supérieur à 1.
La raison en est que, selon la fonction de consommation, toute hausse du revenu
induit une consommation accrue. L'accroissement des dépenses publiques
augmente le revenu, et donc la consommation et ceci, à son tour,
accroît le revenu, et donc la consommation, et ainsi de suite. Dans ce
modèle donc, la hausse du revenu induite par un accroissement des
dépenses publiques est supérieure à celui-ci.
Ainsi au départ, une hausse AG des
dépenses publiques induit une hausse équivalente du revenu. Cet
accroissement du revenu se traduit à son tour par une hausse de la
consommation égale à PMC x AG, ou PMC est la
propension marginale à consommer. Cette hausse de la consommation
augmente à son tour la dépense et le revenu. Cette
deuxième hausse du revenu, égale àPMCx
AG, entraîne un nouvel accroissement de la consommation,
à concurrence dePMCx (PMCx AG), ce qui
accroît une nouvelle fois la dépense et le revenu,
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
|
38
|
et ainsi de suite. Cette boucle «
consommation-revenu-consommation » se poursuit indéfiniment.
Examinons aussi l'impact des modifications de la politique
budgétaire sur l'économie, en nous servant du modèle
IS-LM. Il nous montre comment les déplacements de la courbe IS affectent
le revenu et le taux d'intérêt.
Commençons par une hausse des dépenses publiques
ÄG .Selon le multiplicateur des dépenses publiques de
l'équilibre keynésien, pour tout taux d'intérêt
donné, cette modification
Ä G
de la politique budgétaire accroît le niveau de
revenu de ( PMC) . C'est pourquoi, comme le
1 -
montre la figure 4, la courbe IS se déplace
proportionnellement vers la droite. L'équilibre de l'économie
passe du point A au point B. La hausse des dépenses publiques
accroît tant le revenu que le taux d'intérêt.
r
LM
B
Taux d'intérêt
IS2
A
IS1
Y1 Y2
Revenu, production
Figure 4 : une hausse du revenu ou production et du taux
d'intérêt.
Y
r2
r1
Y
De même, le multiplicateur fiscal de l'équilibre
keynésien nous montre que, pour tout taux d'intérêt
donné, une baisse des impôts ÄT accroît le
niveau de revenu de ÄT× PMC(1 - PMC) . En
conséquence, comme l'illustre la figure 4, la courbe IS se
déplace proportionnellement vers la droite.
L'équilibre de l'économie passe du point A au point B : la
réduction fiscale accroît à la fois le revenu et le taux
d'intérêt.
Vous aurez remarqué que la hausse du revenu faisant
suite à une réduction des impôts est moins importante dans
le modèle IS-LM que dans l'équilibre keynésien, le
déplacement horizontal de la courbe IS est égal à la
hausse du revenu d'équilibre.
39
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
L'ampleur de celle-ci est supérieure à la hausse
du revenu d'équilibre donnée par le modèle IS-LM. La
raison est que l'équilibre keynésien suppose donné le
niveau d'investissement, tandis que le modèle IS-LM tient compte du fait
que l'investissement baisse lorsque le taux d'intérêt augmente.
Dans le modèle IS-LM, une expansion budgétaire
accroît le taux d'intérêt et évince
l'investissement.
De ce fait, l'approche traditionnelle de la dette publique
nous montre que, une hausse des dépenses publiques ou un
réduction fiscale financée par l'emprunt public exerce des effets
sur l'économie, tant à court terme qu'à long terme. A
court terme, on enregistre une augmentation du revenu et du taux
d'intérêt. A long terme, une réduction de l'épargne,
hausse du taux d'intérêt et éviction de l'investissement.
Un examen du modèle de Solow-Ramsey sera de nature à faire
progresser l'analyse théorique de l'effet d'éviction.
Section II. APPROCHE MODERNE DE L'EFFET D'EVICTION :
DEPENSES PUBLIQUES DANS LE MODELE DE SOLOW-RAMSEY
Nous examinons dans le cadre du modèle
néoclassique, trois questions relative à l'intervention de l'Etat
: celle de l'influence d'un budget public équilibré sur
l'état régulier, celle de l'influence d'un budget transitoirement
déséquilibré et de la dette publique, celle de la
Soutenabilité de la dette publique. Les deux premiers points sont repris
de Blanchard-Fisher.
|