II.1. BUDGET EQUILIBRE DANS LE MODELE NEOCLASSIQUE
Le gouvernement achète g « dépense publique
par unité de travail efficace ». Par hypothèse dans le
modèle néoclassique, les dépenses publiques n'affectent ni
l'utilité ni la production. Par exemple elles financent
l'éducation publique qui se substitue à l'éducation
privée. Le budget est équilibré à chaque date.
Examinons deux cas, celui où l'impôt est forfaitaire g =
ô , puis celui où l'impôt est une taxe sur le
rendement du capital g=ô rk
II.1.1. Impôt forfaitaire et dépenses publiques
Les dépenses publiques sont financées par un
impôt forfaitaire qui ne provoque aucune distorsion (il ne modifie pas la
productivité marginale du capital ni le taux d'intérêt).
L'évolution de la consommation reste inchangée :
Dc à ( 1 )( r ñ ó x)c
à
= ó - - .
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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|
Seule la contrainte budgétaire du consommateur, contrainte
instantanée et intertemporelle24, est affectée par les
impôts :
Contrainte instantanée :
Da=w+ra-ô-na-c.
Contrainte intertemporelle :
8 8
e
|
-rt . à .
c t
|
e ( ) dt a e ( w ) e ( )
dt
n x t rt n x t
+ - +
= à + . à - à .
ô
0
|
où ô à = gà
(1.12)
|
0 0
Donc la contrainte d'accumulation devient : Dk f ( k
) c g [ x n ]k
à à à à à
= - - - + + ä .
à
Sur la figure 5, Dcà = 0 n'est pas affecté
et Dk = 0 est déplacé vers le bas de gà
.
Pour atteindre le nouvel état régulier, il faut
que la consommation baisse du montant des dépenses publiques. Ni le
stock de capital, ni le taux d'intérêt ne sont affectés. Le
seul effet est que les dépenses publiques évincent les
dépenses privées de consommation.
0
à
Dk
*
K
Kà
à
c
Dc
=
0
à
cà
à
g
cà
**
à
Figure 5 : Dépenses publiques dans le modèle de
Ramsey25 (1928)
II.1.2. Taux d'imposition et dépenses publiques
L'impôt taxe le rendement du capital au
tauxô. Alors r est le taux d'intérêt net
d'impôt, et (1-ô).r est la
rémunération du capital après impôt. D'une part, la
contrainte
24 Voir annexe 1.
25 Le modèle de Ramsey traite de la croissance
optimale alors que le modèle de Solow traite de la croissance
équilibrée.
à
c
Dk =
0
à
Dkà(ô)=0
Dcà(ô)=0 Dcà =0
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D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
budgétaire instantanée du consommateur devient
Da= w+(1 -ô).ra-
na-c, donc la contrainte
d'accumulation devient : Dk = f ( k )
- c - [ x + n + ä ] k -
ô
à à à à rk à
à
ô rk
|
à g
|
Pour que le budget soit équilibré. D'autre part le
sentier de consommation devient :
|
Dc à ( 1 [ )( 1 ô )
r ñ ó x]c à
= ó - - - .
Où(1-ô).r = (1-ô)
. [ f'(k à )-ä]. La taxation du capital
affecte l'économie et l'allocation des
ressources. Le niveau du capital est diminué ainsi que
la consommation. Il y a un effet d'éviction non seulement sur la
consommation mais aussi sur le capital. Inversement, si l'Etat substitue une
taxe forfaitaire à l'impôt sur le revenu du capital, il peut
augmenter le niveau de l'état stationnaire tant que l'on est à
gauche de la règle d'or modifiée.
Kà * ( ô) Kà *
Kà
Figure 6: Impôt sur le revenu du capital dans le
modèle de Ramsey
II.2. DETTE PUBLIQUE ET EQUIVALENCE RICARDIENNE
Le consommateur rationnel comprend que l'Etat qui emprunte
aujourd'hui devra lever des impôts demain pour rembourser. Une
réduction fiscale financée par la dette publique ne réduit
pas le prélèvement fiscal ; elle ne fait que le
réaménager dans le temps. Ceci n'affecte en rien le
revenu permanent du consommateur et ne contribue donc nullement à
accroître la consommation. Le principe général est que la
dette publique équivaut à des impôts futurs et que, si les
consommateurs sont rationnels, les impôts futurs équivalent
à des impôts actuels.
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D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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|
Si en t0 les dépenses publiques ne sont plus
financées par les impôts courants mais par emprunt public
DB= G-T+rB , (B est la dette publique), la
contrainte budgétaire intertemporelle du gouvernement devient (voir
annexe 1) :
8
e rt
-
|
. à - g à . e n + x tdt=
bà
( ) ( )
ô 0
|
(1.13)
|
0
Le gouvernement n'a plus besoin, à chaque
période, d'équilibrer son budget et peut financer son
déficit courant en s'endettant, mais la dette initiale doit être
égale à la somme actualisée des excédents
budgétaires primaires futurs. La contrainte budgétaire
intertemporelle du consommateur devient (voir annexe 1) :
8 8
e c e ( ) dt a b e ( w ) e (
) dt
- rt n x t rt n x t
+
. à. = à + à +
+ - . à - à .
ô
0 0
0 0
|
(1.14)
|
Puisque la dette interne est interne (l'économie est
fermée), elle est due par la nation à ses propres citoyens :
« nous la devons à nous même ». Comme le consommateur
est
rationnel, il prend en compte la contrainte budgétaire du
gouvernement, il remplace bà0 par la
valeur présente des excédents budgétaires primaires futurs
(équation 1.13).
8 8
e c e ( ) dt a e ( w g ) e (
) dt
- . à. = à +
rt n x t rt n x t
+ - +
. à - à .
0
|
(1.15)
|
0 0
L'équation 1.15 que nous venons d'obtenir, est
exactement la même que dans le cas où le budget est
équilibré à chaque date (équation1 .12). Si l'agent
est altruiste et rationnel, sa contrainte ne dépend ni de la dette
publique ni des impôts. Tout ce qui compte pour les décisions de
consommation, c'est le profil temporel de g, comme on l'a vu ci-dessus.
Cette affirmation a une conséquence importante : la
méthode de financement des dépenses publiques (impôts ou
dette) est neutre sur les décisions de consommation. Ce
théorème de neutralité de la dette publique est
appelé principe d'équivalence Ricardienne (Barro 1974). Ce
principe dit que seul le sentier d'évolution de g et non celui des
impôts destinés à les financer, a un impact sur
l'économie. Les consommateurs altruistes et rationnels savent que le
recours courant à l'emprunt est synonyme d'une augmentation
différée des impôts qui sera prise en charge par les
générations futures. Le « père fondateur » ne
considère pas la baisse transitoire des impôts ou l'augmentation
des dépenses de l'Etat financées à crédit comme un
enrichissement pour sa dynastie, il réagit à la
détérioration du bien-être des générations
futures par un effort d'épargne supplémentaire. La contrainte
budgétaire de la dynastie n'est pas affectée, donc le sentier de
consommation reste inchangé.
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DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
Les modèles keynésiens supposent qu'en
remplaçant l'impôt par un emprunt, on augmente la consommation,
que la consommation dépend du revenu
disponible(w-ô). L'analyse
ricardienne implique qu'elle dépend
de(w-g), pas du mode de financement de g, que les
déficits n'ont d'effets ni sur l'accumulation du capital
ni sur la consommation.
Cette conclusion aux implications politiques pour les moins
importantes, dépend des hypothèses : rationalité,
altruisme, perfection des marchés financiers (taux
d'intérêt identique pour l'Etat et les agents), absence de
distorsion fiscale (impôt forfaitaire), respect de l'interdiction du jeu
de Ponzi26, non productivité des dépenses publiques.
Elle n'est pas corroborée économétriquement. Dans la
réalité, les agents sont victimes de l'illusion fiscale, ou ne
sont pas altruistes, ou ne peuvent pas emprunter au même taux que
l'Etat.
De plus en plus, la littérature s'intéresse non
pas à des effets pervers ou positif de la dette publique, mais recherche
plutôt le niveau du déficit, on parlera donc de la
soutenabilité de la dette publique.
II.3. SOUTENABILITE DE LA DETTE
PUBLIQUE
Le déficit public en t est : Déficitt=
Gt -T t -rB t
Il a deux composantes :
Les intérêts sur la dette publique (
trB) où B est la dette publique et le
déficit primaire
(G-T).
Le déficit primaire est un instrument de politique
conjoncturelle qui est donc soumis à la contrainte d'endettement de
l'Etat. Certes l'Etat peut financer son endettement (principal et
intérêt) par les impôts, mais il existe des
résistances à la montée de la pression fiscale.
L'Etat est soumit à une contrainte budgétaire
intertemporelle. Celle-ci se traduit par le
critère de soutenabilité de la dette publique qui
impose que le ratio d'endettement b = BY
ne soit pas croissant(Db= 0).
Si l'Etat finance son déficit par l'endettement, la
variation de la dette (DB) est :
DB= G-T+rB,
DBGTrB
En divisant par Y : = - +
Y YYY
26 Le jeu de Ponzi : est une opération par
laquelle les intérêts de la dette des anciens investisseurs sont
financés par les liquidités des investisseurs récents.
Elle provient du nom de l'escro itilien au Etats unis en 1920.
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DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
B DBY D YB
. .
-
D =
=
Y Y 2
Comme
DB DYB Y Y Y ,
On a : b D ( b)
DB DY B B
= + ã.
D = +
Y Y Y Y
Donc :
ã.b+D(b)=(g-t)+r.b
où Y
b = B , Y
g=G, Y
t = T
Et en définitive : D ( b ) = ( g
- t ) + ( r -ã . )b (1.16)
Si r =ã, la dynamique de la dette est
stable, la croissance de Y est supérieure à celle de B.
Si r ?ã, la dynamique de la dette est
explosive, le ratio d'endettement croit constamment,
c'est l'effet boule de neige, la dette
publique est insoutenable. Dans ce cas, pour stabiliser la dette, c'est
-à- dire pour queD(b)=0, il faut un excédent
primaire stabilisant qui dépend du
niveau où l'on veut stabiliser le taux d'endettement :
(t -g) = (r -ã . )b
La dette publique doit avoir pour contrepartie les
excédents primaires futurs. Cela traduit la contrainte intertemporelle
de l'Etat (voir annexe 1). Le corollaire est que le recours à l'emprunt
pour financer les dépenses publiques ne constitue pas un moyen de
réduire les impôts courants, mais seulement un moyen d'en
différer le paiement dans le temps. C'est le principe de
l'équivalence ricardienne que nous venons d'étudier.
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