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Initiatives diplomatiques et occupation de l'espace africain. le cas du golfe de guinée (2001-2008). une approche de usages géostratégiques de la diplomatie

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par Théophile Mirabeau Nchare Nom
Université de Yaoundé II - DEA sciences politiques 2009
  

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III-CLARIFICATION DES CONCEPTS ET DELIMITATION DU SUJET

Quatre concepts structurent notre sujet : les initiatives diplomatiques, l'occupation de l'espace, les usages géostratégiques et la diplomatie. La précision des contenus qu'ils revêtent dans cette étude permet de mieux délimiter notre champ de recherche.

Pour ce qui est de la notion d'initiatives diplomatiques, il convient au préalable de définir le concept de diplomatie pour mieux l'appréhender. Notion polysémique, la diplomatie désigne à la fois tout ce qui a trait à la politique étrangère ; envisagée d'une part comme l'ensemble des procédés et des mécanismes au moyen desquels celle-ci est définie et menée et d'autre part comme l'activité du diplomate37(*). La diplomatie traduit donc à la fois un art nécessitant des qualités précises, dont le sang froid, la prudence, le discernement, la précision dans les actes et la discrétion. Cependant, si les Etats disposent des centaines d'unités diplomatiques disséminées à travers le monde et se projettent d'une manière régulière en relations internationales au travers de leurs représentants, c'est sans doute parce qu'ils sont guidés par des logiques géopolitiques et géostratégiques résumées dans la triple déclinaison de la représentation, de la négociation et du renseignement38(*). Ainsi, nous entendons par initiatives diplomatiques toute projection des puissances extra-africaines dans le golfe de Guinée. Elles englobent les visites d'hommes d'Etat, d'envoyés spéciaux civils ou militaires, l'action des chefs de missions diplomatiques accrédités, les grandes rencontres diplomatiques avec les leaders de la région et l'initiation des accords de coopération économique et sécuritaire. Est donc exclu de ce champ d'investigation l'ensemble des contacts transnationaux entre organisations, individus et réseaux divers.

Cependant, parler des puissances extra-africaines renvoie à tous les Etats du monde exceptés ceux africains; ce qui ne circonscrit nullement notre champ d'étude. De ce fait, nous n'avons retenu que les Etats les plus représentatifs et offensifs tels que les Etats-Unis et le Brésil pour le continent américain ; la France et l'Angleterre pour l'Europe ; la Chine, l'Inde et le Japon pour l'Asie. Les Etats de l'Océanie n'ont pas été pris en compte. 

Pour ce qui est du concept d'occupation de l'espace, il renvoie à la mise en disposition de l'espace géographique ; envisagé au triple plan terrestre, maritime et aérien. Il s'agit des stratégies de transformation de cet espace au mieux des intérêts des puissances qui s'y projettent. En ce sens, le concept d'occupation de l'espace s'inscrit dans le champ d'application de la géostratégie, définie comme « une stratégie fondée sur l'exploitation systématique des possibilités offertes par les grands espaces en termes d'étendue, de forme, de topographie, de ressources de tous ordres »39(*). Les usages géostratégiques désignent donc les manoeuvres qui visent à placer ces espaces au service d'un intérêt politique et stratégique.

Enfin, les bornes chronologiques du sujet méritent d'être clarifiées. L'année 200140(*) est celle du repli des Etats-Unis vers les hydrocarbures du golfe de Guinée suite aux attentats du 11 septembre et de la montée de l'insécurité au Moyen Orient, jusque là pôle privilégié de son industrie pétrolière. Cette date marque aussi la ruée des puissances émergentes comme la Chine, l'Inde et le Brésil. L'année 2008 n'est qu'une borne de convenance. L'étude d'un passé trop récent étant toujours plein d'écueils car trop hâtif, elle permet d'opérer un recul dans le temps41(*) pour mieux cerner les rapprochements entre les initiatives diplomatiques des grandes puissances et l'occupation du golfe de Guinée.

* 37 Raymond ARON regroupait dans cette dénomination générique les hommes politiques, les chefs de missions diplomatiques et les envoyés spéciaux dès lors que leurs actes vont au-delà de leurs frontières étatiques. Voir, Paix et guerre entre les nations, op.cit., p.18.

* 38 Voir l'article 3 de la convention de Vienne de 1961 sur les pratiques diplomatiques.

* 39 Hervé COUTEAU-BEGARIE, Traité de stratégie, op.cit, p.743.

* 40 Il est à noter que depuis la fin de l'ère bipolaire, l'ensemble du continent africain faisait déjà l'objet des rivalités entre les Etats-Unis et la France. Sur ce sujet, on peut lire :

- André GUICHAOUA, « Les nouvelles politiques africaines de la France et des Etats-Unis vis-à-vis de l'Afrique centrale et orientale. Afrique des grands lacs et République Démocratique du Congo » in Polis, Revue Camerounaise de Science Politique, vol.4, n°2, novembre 1997, CPSR, Yaoundé, pp.39-63 ;

- Philippe LEYMARIE, « Le continent noir entre ancien et nouveau monde...Washington à la conquête ``d'espace vierge'' en Afrique », in Le Monde Diplomatique, mars 1998, pp.20-21..

- Jean-Emmanuel PONDI, « Français et Américains en Afrique Noire : nouvelle dynamique ou nouvelle dynamite ? », in Afrique 2000, n°266, Bruxelles, janvier-février 1997, pp.49-54.

- Stephen SMITH, « Les américains doublent la France en Afrique », in Libération, 4 octobre 1996, p.11.

- Claude WAUTHIER, « Une sourde concurrence sur le continent africain : appétits américains et compromissions françaises », in Le Monde Diplomatique, octobre 1994, pp.17-18.

* 41 Ce recul dans le temps sous-tend la méthode historique comme clé privilégiée de l'analyse stratégique. Voir Hervé COUTEAU-BEGARIE, Traité de stratégie, op.cit., pp.282-286. Pascal REYSSET et Thierry WIDEMANN allaient dans le même sens en affirmant que « le passé constitue le savoir du stratège et lui permet, devant le futur, d'expliquer le champ des possibles, de les évaluer, de les sélectionner, (...) et surtout de les hiérarchiser, fondant ainsi rationnellement le présent de la décision. (...) La stratégie est tentative de rationalisation du passé (...) en vue de répondre à une situation précise ». Voir La pensée stratégique, col. Que Sais-je ?, Paris, PUF, 1997, pp.121-122.

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