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Initiatives diplomatiques et occupation de l'espace africain. le cas du golfe de guinée (2001-2008). une approche de usages géostratégiques de la diplomatie

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par Théophile Mirabeau Nchare Nom
Université de Yaoundé II - DEA sciences politiques 2009
  

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V- HYPOTHESES DE RECHERCHE

L'intellection des initiatives diplomatiques des puissances extra-africaines dans le golfe de Guinée peut se fonder sur les facteurs géographiques de cette région48(*). De ce fait, l'hypothèse centrale de cette recherche est que les relations entre les pays du golfe de Guinée et les puissances étrangères sont motivées par des impératifs géopolitiques qui font appel aux projections géostratégiques sous le couvert d'initiatives diplomatiques. Si elles les multiplient dans le golfe de Guinée, c'est en référence aux multiples atouts de cette région.

En conséquence, celles-ci viseraient soit la refonte de l'exploitation de cet espace, soit le maintien du statu quo sur leurs acquis. Il en découle l'inscription de leurs initiatives dans des actions géostratégiques puisque la multiplicité des acteurs crée le conflit et les rapports de forces qui les placent dans une dialectique des intelligences. Enfin, parler des usages géostratégiques revient à inscrire ces initiatives dans les invariants géostratégiques auquel cas toute tentative d'intelligibilisation à l'oeuvre s'avèrera vaine. A cet effet, les projections diplomatiques conduisent à la théâtralisation du golfe de Guinée, laissant entrevoir un glacis pour les acteurs majeurs du système international.

VI- BUTS ET OBJECTIFS DE L'ETUDE

Cette étude répond au préalable à une ambition académique ; celle d'apporter une contribution à l'étude des relations qu'entretiennent les Etats africains en général et plus particulièrement du golfe de Guinée avec le monde extérieur.

Par une approche géostratégique, il est question de lever le voile sur les enjeux de ces rapports pour comprendre les logiques qui les affectent. Toutefois, nous visons un but scientifique fort modeste, notamment démontrer que les initiatives diplomatiques des puissances dominantes du système international sur le continent africain sont des modus operandi géostratégiques. L'objet est de susciter auprès des hommes politiques un éveil stratégique par rapport à toute projection diplomatique étrangère en terre africaine. Cette étude se veut donc un regard stratégiste sur les initiatives diplomatiques des puissances extra-africaines dans le golfe de Guinée. Enfin, nous pensons que tous ceux qui s'intéressent à la géopolitique et à la géostratégie pourront s'y référer et y trouver quelques intérêts.

VII- CONSIDERATIONS METHODOLOGIQUES

La méthodologie est « la procédure d'une science c'est-à-dire l'ensemble des pratiques particulières qu'elle met en oeuvre pour que le cheminement de ses démonstrations et de ses théorisations soit clair, évident et irréfutable »49(*). Permettant au chercheur de transcender les obstacles que Gaston Bachelard qualifiait d'épistémologiques50(*), elle se recoupe avec la méthode51(*) avec qui elles représentent le fondement de la scientificité de toute étude. Ainsi envisagé, le cadre méthodologique qui a guidé cette étude englobe à la fois un cadre théorique (A) et des outils de collecte et de traitement des données (B).

A- Le cadre théorique

Le cadre théorique fait référence aux différentes théories qui ont été convoquées pour répondre à la problématique de cette étude. Une théorie étant un ensemble systématisé d'idées et de lois émises d'une manière logique et soumise à une vérification expérimentale afin d'établir la vérité d'un système scientifique52(*), le cadre théorique permet de ce fait de fixer le réel scientifique, de l'analyser, de le comprendre et de l'interpréter. En ce sens, le choix d'une théorie ne peut être neutre car s'organisant autour d'un objet d'étude, des concepts et des hypothèses que la recherche doit pouvoir valider ou infirmer. Ainsi, deux approches théoriques ont guidé cette étude : le libéralisme et le réalisme. Le recours exclusif à ces deux théories peut susciter quelques reproches53(*), mais elles cadrent mieux avec l'objectif de cette étude ; celui de montrer comment dans le golfe de Guinée les grandes puissances font passer des objectifs réalistes donc géostratégiques sous un habillage libéral, la diplomatie.

1- Le Libéralisme54(*) pour comprendre les initiatives diplomatiques

Le libéralisme est un courant de pensée né de ``l'Europe des Lumières'' avec comme fondement les principes de liberté et de responsabilité individuelle. Il repose sur l'idée que chaque Etre humain possède des droits inaliénables et, à cet effet, les libéraux entendent limiter au profit du libre choix de l'individu les obligations imposées par l'Etat ou par les autres formes de pouvoir quelques soient leur forme et leur mode de désignation.

Il a été appliqué aux relations internationales et théorisé par des auteurs comme John Locke (1632-1704), Montesquieu (1689-1755), Adam Smith (1723-1790), Emmanuel Kant (1724-1804), Jeremy Bentham (1748-1832), David Ricardo (1727-1823), Richard Cobden (1804-1865), Thomas Woodrow Wilson (1856-1924), Norman Angell, Robert Kehoane, David Mitrany, etc. Prenant l'individu comme principal unité d'analyse, ces auteurs insistent sur la primauté des rationalités individuelles dans les relations internationales et dans le domaine politique et économique. L'Etat quant à lui ne doit se limiter qu'à la création et au maintien des conditions propices aux échanges. En ce sens, il doit se focaliser sur la représentation et la défense des intérêts de sa population sur la scène internationale sous le couvert du libéralisme républicain, commercial ou institutionnel55(*).

Cette approche critique la perception pessimiste qu'ont entre eux les Etats et remet en cause la finalité et le fondement des systèmes d'alliance et le développement militaire qui ont entrainé la société internationale dans la spirale apocalyptique de la course aux armements56(*). Elle souligne la volonté des Etats à coopérer pour le bien être de leurs peuples suivant les principes d'équité, de justice et d'interdépendance.

Appliquée à cette étude, les initiatives diplomatiques dans le golfe de Guinée, revêtent manifestement ces principes. A entendre les plénipotentiaires extra-africains et les commentateurs de la vie publique, il est question chaque fois de ``revivifier'' les liens de coopération et d'amitié qui existent entre le pays hôte et le pays d'accueil ; coopération qu'on s'empresse de proclamer ``forte'', ``fructueuse'' ou ``gagnant-gagnant''. Il en découle un discours essentiellement tourné vers la réception hospitalière et euphorique de ``l'étranger'' et une appréhension éthique et philanthropique de ses initiatives.

Au delà de cet idéalisme, la théorie réaliste amène plutôt à voir dans ces initiatives des projections géostratégiques au travers de la diplomatie libérale.

2- Le réalisme pour comprendre les usages géostratégiques de la diplomatie

Issue des observations des auteurs tels que Thucydide (460-400 avt. J-C), Nicolo Machiavel (1469-1527), Thomas Hobbes (1588-1679), Carl Von Clausewitz (1780-1831), Raymond Aron (1905-1983), Andrew Moravcisk, Hans Morgenthau, Kennet Waltz et Henry Kissinger, l'approche réaliste s'adapte mieux à toute analyse stratégique.

Parler du réalisme, c'est évoquer un certain nombre de postulats qui sont pour ses théoriciens consubstantiels aux relations internationales. Référence est faite ici à l'Etat comme acteur privilégié des relations internationales ; la recherche de la puissance et de l'intérêt individuel, source d'anarchie de la société internationale et enfin l'équilibre de terreur comme seul stabilisateur des relations interétatiques57(*). Les réalistes se fondent sur l'appréhension des rapports entre groupes sociaux et politiques tels qu'ils sont au-delà de ce qu'on voudrait qu'ils soient au nom d'un certain idéal comme formulé par les libéraux. Il s'agit comme disait George Washington (1732-1799) « de ne croire aucune nation au delà de son intérêt »58(*). Or si chaque Etat poursuit au travers de ses représentants son propre intérêt dit ``national'', il se confronte au même désir de la part des autres Etats ; d'où le conflit. Dans ce contexte et au-delà du caractère pluriel de la théorie, les réalistes préconisent la lucidité de l'action à la spéculation normative, moraliste et institutionnelle des libéraux.

Placées sous cet angle, les initiatives diplomatiques des puissances dominantes du système international ne sont point d'actes de charité. Ce sont des initiatives stratégiques qui pour Joseph Vincent Ntuda Ebodé visent trois objectifs majeurs : « transformer les situations défavorables en situations favorables ; créer des opportunités et maintenir le statu quo »59(*). La théorie réaliste permet de ce fait de rendre au mieux les mobiles de tout projet de politique étrangère ainsi que les moyens qui sont mis en oeuvre pour le réaliser. Elle sera le principal socle paradigmatique de cette étude.

* 48 On fait référence ici à la définition de la géopolitique par Halford J. Mackinder (1861-1947) qui pour la première fois envisagea l'explication de certains faits politiques par des facteurs géographiques. Voir Philippe MOREAU DEFARGES, Introduction à la géopolitique, Paris, Seuil, Col. Points, 1994, p.47.

* 49 Omar AKTOUF, méthodologie des sciences sociales et approches sociologiques des organisations, Québec, Presses de l'Université de Québec, 1992, p.20.

* 50 Lire à ce sujet Gaston BACHELARD, La formation de l'esprit scientifique, Contribution la psychanalyse de la connaissance objective, Paris, Librairie française Jean Vrin, 1996, 257p.

* 51 René DESCARTES, Discours sur la méthode. Pour bien conduire la raison et chercher la vérité dans les sciences, Paris, Gallimard, 1970, 254p

* 52 Grand Dictionnaire Encyclopédique Larousse, Presses des Imprimeries Hérissey, Paris, 1984, p.920.

* 53 Ces théories s'inscrivent dans les approches classiques des relations internationales. Or celles-ci ont été remises en cause par les issues de l'ère bipolaire avec pour corollaire leur révision théorique sous l'épistémologie du néoréalisme, du néolibéralisme, du postmodernisme et du transnationalisme. Il peut donc nous être reproché avec raison de ne pas avancer avec la science mais, l'unanimisme courant sur ce renouveau théorique ne doit en rien occulter la pertinence de ces ``classiques'' dont l'importance demeure incontournable dans l'intellection des relations internationales.

* 54 Les principes théoriques avancés ici ont été tirés des livres de :

- Amélie BLOM et Frédéric CHARILLON, Théorie et concepts des Relations internationales, collection Crescendo, Paris, Hachette Supérieur, 2001, 143p.

- Jean- Jacques ROCHE, Relations internationales, Paris, Librairie Général de Droit et de Jurisprudence, 1999, 382p.

* 55 Pour le premier courant, les relations internationales sont le prolongement des rapports Etats/sociétés ; d'où la notion de paix démocratique qui soutient que les Etats démocratiques ne se font pas la guerre, mais sont appelés à coopérer au travers des mécanismes démocratiques de leurs systèmes politiques. Ce courant a été développé par John Locke, Montesquieu, Adam Smith, Emmanuel Kant, etc. Avec pour tenants Jeremy Bentham, David Ricardo et Richard Cobden, le second courant soutient que les échanges commerciaux sont le fondement de la coopération entre les Etats. Enfin, pour le troisième courant, si les différends entre individus peuvent être résolus par des procédures juridiques nationales, les conflits entre Etats peuvent aussi être dénoués par des instances intergouvernementales. De ce fait, la vie internationale nécessite des institutions supra nationales qui doivent jouer le rôle d'éléments stabilisateurs. Les auteurs ici sont Robert Kehoane, Joseph Nye, Ernest Haas, David Mitrany, etc.

* 56 Voir plus particulièrement ``le wilsonisme'' décrit par Colette BARBIER et al, Dictionnaire des relations internationales au 20e siècle, Paris, Armand Collin, 2002, p.265.

* 57 Jean- Jacques ROCHE, Relations internationales, op.cit. pp. 78-114.

* 58 Cité par Alain FOGUE TEDOM, « La géostratégie », op.cit., p.45.

* 59 Joseph Vincent NTUDA EBODE, « Relations Internationales », cours de Maîtrise en Science Politique, Université de Yaoundé II, année académique 2006-2007.

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