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Production cotonnière et développement rural au Burkina Faso: controverses et réalité. Cas du département de Diabo dans la province du Gourma

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par Paul Marie MOYENGA
Université de Ouagadougou - Memoire de Maà®trise de Sociologie 0000
  

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II.1.2. Hypothèses secondaires

De cette hypothèse principale découlent des secondaires qui peuvent s'énoncer comme suit :

? L'enracinement de la production cotonnière menace la sécurité alimentaire des paysans.

? La production cotonnière constitue un obstacle à l'épargne sécurité en milieu rural diabolais.

? Le mirage cotonnier est un facteur de déstructuration familiale.

II.2. Identification et définition des concepts

est en question »7. C'est dans cette optique que nous nous proposons de fournir un éclairage par rapport au sens d'un certain nombre de concepts autour desquels sera bâti le présent document. Ainsi notre conceptualisation portera sur : la pauvreté, la paupérisation, la vulnérabilité, le développement humain durable, la sécurité alimentaire, le ménage agricole.

Pauvreté

Il n'existe pas de définition consensuelle reconnue du concept de pauvreté en dépit d'une abondante littérature sur le sujet. Qu'il s'agisse des courants économistes, des approches sociales, culturelles ou anthropologiques, ou encore du point de vue des institutions internationales, la pauvreté n'est jamais définie par ellemême, mais en fonction d'autres concepts comme ceux du bien-être, de besoins essentiels, de l'exclusion sociale, ~

Par ailleurs, de façon synthétique, le PNUD considère que les individus, familles ou groupes de la population peuvent être considérés en état de pauvreté quand ils manquent de ressources nécessaires pour obtenir l'alimentation type, la participation aux activités et avoir les conditions de vie et de commodités qui sont habituellement ou sont largement encouragées ou approuvées dans les sociétés auxquelles ils appartiennent. La pauvreté c'est aussi la condition dans laquelle se trouve un être humain qui est privé de manière durable des ressources, des moyens, des choix et du pouvoir nécessaires pour acquérir et maintenir son autonomie économique et favoriser son inclusion active dans la société.

A défaut de trouver une définition de la pauvreté elle-même, beaucoup d'auteurs l'appréhendent à partir de ses victimes. Ainsi, « peuvent être considérés comme pauvres les individus ou les familles dont les ressources (matérielles, culturelles et sociales) sont si faibles qu'ils sont exclus des modes de vie minimaux acceptables dans l'Etat membre dans lequel ils vivent » (A. BEITONE et al, 2002).

La diversité des références dans la définition de la pauvreté amène à en distinguer trois types : la pauvreté absolue, la pauvreté relative et l'ultra pauvreté.

7 DURKHEIM, Emile in LOUBET DEL B.J.L, 1991


· La pauvreté absolue : être pauvre au sens de la pauvreté absolue, c'est

disposer d'un revenu inférieur à un minimum conventionnel en deçà duquel l'existence biologique est menacée. Ce seuil est déterminé à partir d'un panier de consommation minimal exprimé en unité physique dont on calcule la valeur monétaire (PNUD, 1998).

· La pauvreté relative : être pauvre au sens de la pauvreté relative, c'est se trouver en deçà d'un seuil fixé en fonction du revenu moyen médian de la population à laquelle on appartient. La pauvreté est alors appréhendée comme un niveau de ressource trop faible entraînant l'exclusion de l'individu ou du ménage des modes de vie minimaux permettant une participation à la vie sociale (A. BEITONE et al, 2002).

· L'extrême pauvreté : un ménage se trouve en situation d'ultra pauvreté lorsqu'il n'est pas en mesure de satisfaire à 80% des besoins calorifiques minimaux définis par l'OMS et la FAO, et ce même lorsqu'il consacre 80% de ses revenus à l'achat de produits alimentaires (PNUD, 1998.).

Dans le but d'appréhender la pauvreté et de la mesurer sur toutes ses dimensions et aussi d'apprécier sa dynamique, des outils ont été forgés. Au nombre de ceux-ci le seuil, l'incidence et la profondeur de la pauvreté.

Le seuil de pauvretéIl indique le niveau en deçà duquel les ressources économiques ne permettent

pas de satisfaire les besoins minimaux en termes d'alimentation. Il existe trois méthodes pour mesurer la pauvreté alimentaire. Les pays en développement qui ont défini des seuils de pauvreté nationaux utilisent généralement pour cela la méthode de la mesure alimentaire de la pauvreté.

La méthode de la ration alimentaire consiste à calculer le coüt d'un budget alimentaire permettant d'acheter des éléments nutritifs en quantité tout juste suffisante. Si l'on part de l'hypothèse que le coût des nutriments essentiels représente le tiers (1/3) de la consommation totale d'un ménage, le seuil de pauvreté sera fixé à trois fois le niveau du coût des nutriments (PNUD, 1998).

Au Burkina Faso, le seuil de pauvreté a été établi à 82.672FCFA par adulte et par an selon la dernière EBCVM, notamment celle de 2003.

L'incidence de pauvreté

Elle est aussi appelée taux de pauvreté. C'est une estimation de la proportion des personnes vivant en deçà du seuil de pauvreté. C'est ainsi que l'on peut dire que, selon l'EBCVM de 2003, l'incidence de pauvreté au Burkina Faso est de 46,4%, ce qui signifie que 46,4% de la population burkinabé ont moins de 82.672FCFA/an (INSD, 2003 b).

L'acuité ou profondeur de la pauvreté

C'est le revenu à ajouter au pauvre moyen pour qu'il se présente au seuil de la pauvreté. Ce revenu manquant est généralement rapporté à l'indicateur du seuil de pauvreté pour l'exprimer en proportion. Ainsi, on peut dire que la profondeur de la pauvreté au Burkina Faso est de 15,6% (INSD, 2003b). On l'appelle aussi intensité ou acuité de la pauvreté.

En plus du fait que l'incidence de la pauvreté est plus importante en milieu rural, la pauvreté rurale semble se singulariser par rapport à celle urbaine. En effet, selon le forum européen sur la coopération sur le développement rural8, la pauvreté rurale comprend les revenus bas, un accès inéquitable aux biens de production, des connaissances insuffisantes en matière d'hygiène et de nutrition, une dégradation des ressources naturelles ainsi que vulnérabilité et faible pouvoir politique. Pour notre part, la pauvreté rurale traduit la situation de dénuement dans laquelle se trouvent les populations rurales comprenant le bas revenu, l'accès très limité aux services sociaux de base, ainsi que leur vulnérabilité socio-économique.

Paupérisation

M. GRAWITZ (1994) définit la paupérisation comme un processus d'appauvrissement et appelle à distinguer la paupérisation absolue qui est un abaissement du revenu et la paupérisation relative d'après laquelle les travailleurs ne participent pas au progrès économique proportionnellement à leur travail et à leur

8 Le courrier ACP-UE, n°194 septembre-octobre 2002, Développement rural. Réduction de la pauvreté rurale : quelles solutions ? pp68-69

nombre. Nous entendons ici par paupérisation, celle absolue telle que définie par GRAWITZ, autrement dit, une dégradation continue des conditions d'existence, un appauvrissement matériel et moral et une augmentation de la vulnérabilité.

La vulnérabilité

Selon le PNUD, ce terme renvoie à deux réalités : vis-à-vis de l'intérieur, il représente le manque de moyen de défense face aux chocs, aux tensions et aux risques et vis-à-vis du pauvre lui-même, intérieurement, cette fragilité représente l'absence de possibilité de faire face à des crises sans dommages dévastateurs. Pour R. CHAMBERS (1990), la vulnérabilité correspond à l'incapacité à faire face aux imprévus, telles que les obligations sociales (dots, mariages et funérailles), les catastrophes, l'incapacité physique, les dépenses improductives et l'exploitation. Pour le cas du Burkina Faso, l'institution qui s'occupe des études sur la pauvreté (INSD) perçoit la vulnérabilité comme une notion intimement liée à la cause de la pauvreté. Elle traduit la non faculté d'un individu ou d'un groupe social à faire face - à résister - à la survenance d'un événement générateur de pauvreté, en l'occurrence la cause. Les causes ordinaires et régulières, celles que l'on vit au quotidien, ne sont pas toutes à considérer d'emblée dans le cadre de l'analyse de la vulnérabilité. Les causes à considérer à ce titre (chocs ou risques) sont celles qui, par essence, sont ou deviennent une raison majeure d'appauvrissement accru. En général, de par sa survenance insolite, elle induit une grande incertitude dans la maîtrise de la situation jusque-là vécue et également une célérité dans la détérioration des conditions de vie et du bien être. (INSD, 2003 c, p.84).

Développement (humain) durable

La commission mondiale sur l'environnement et le développement (commission Brundtland), qui consacra la naissance du concept en 1987, le définit comme un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. Deux concepts sont inhérents à cette notion : le concept de besoins et plus particulièrement des besoins essentiels des plus démunis à qui il convient d'accorder la plus grande priorité et l'idée de limitation que l'état de nos techniques et de notre organisation sociale impose sur la capacité

de l'environnement à répondre aux besoins actuels et à venir (Rapport Brundtland). Vingt-sept (27) principes ont été reconnus dans la déclaration de RIO sur l'environnement adoptée en juin 1992 au Sommet de la terre. Ces principes servent à « guider les actions, les politiques, les lois et les règlements permettant d'atteindre les trois (3) objectifs fondamentaux du développement durable, c'est-à-dire maintenir l'intégrité de l'environnement et l'utilisation durable des espèces et des écosystèmes, améliorer l'équité sociale et améliorer l'efficacité économique » ( www.menv.gouv.qc.ca). Le concept de développement durable (ou soutenable) a été institué en opposition au développent éphémère qui utilise les ressources jusqu'à leur épuisement.

Le vocabulaire de la forêt définit le développement durable comme une approche globale de gestion des ressources naturelles dont le but est de satisfaire les besoins et les aspirations de l'être humain en veillant à la conservation des ressources énergétiques, au maintien de la biodiversité et à la minimisation des effets nuisibles sur l'air, l'eau et le sol et ce, tant pour le bien-être des générations actuelles que futures.

Le concept fait actuellement florès dans la littérature des institutions internationales de développement. Le défi se résume à comment répondre aux besoins actuels sans limiter la capacité des générations futures à satisfaire leurs propres besoins ? Le développement durable vise l'équité entre les générations et l'efficacité économique.

Le développement humain durable c'est toute forme de développement qui a l'homme comme objectif principal mais aussi toute recherche d'amélioration progressive et durable de la condition de vie humaine surtout dans les milieux de vie les plus défavorisés (SANOU, 2001). Tout en souscrivant à cette dernière conception dans le présent travail, nous entendons par développement durable une amélioration qualitative des conditions de vie des populations rurales, une amélioration s'inscrivant dans la durée et se caractérisant par une augmentation des ressources matérielles et financières au moyen de stratégies et de moyens pérennes qui resteront efficaces pour les générations futures.

Le développement rural est un concept en vogue dans les projets de développement et dans le lexique des différentes ONG intervenant dans le monde rural. Il vise à permettre à la collectivité d'atteindre une viabilité à long terme. Ainsi, par développement rural, nous entendons toute forme d'action visant à sortir le

monde rural ou paysan du cercle vicieux de la pauvreté dans lequel il est maintenu, à réduire sa vulnérabilité et à créer des conditions de vie décentes.

Sécurité alimentaire

Le concept à sa naissance en 1974 signifiait le fait de « disposer à chaque instant d'un niveau adéquat de produits de base pour satisfaire la progression de la consommation et atténuer les fluctuations de la production et des prix » ( www.fao.org). Le terme est ainsi défini parce que le rapport final de la conférence sur l'alimentation où l'expression a été employée faisait état d'une augmentation des prix des produits alimentaires et la résolution était d'encourager l'offre des denrées et de réguler les stocks. Pour la Banque Mondiale, la sécurité alimentaire consiste à l'accès à toutes les personnes à tout moment à suffisamment de nourriture pour mener une vie active et saine.

Nous nous inscrivons dans cette définition de la FAO qui, par sécurité alimentaire, entend que la nourriture est disponible en tout tant, que toutes les personnes ont les moyens d'y accéder, que d'un point de vue nutritionnel, cette nourriture est adéquate en terme de quantité et de variété, et qu'elle est bien acceptée au sein d'une culture donnée.

Ménage agricole

Selon le service des Statistiques Agricoles de la Direction des Etudes et de la Planification (DEP) du Ministère de l'agriculture, de l'hydraulique et des ressources halieutiques, le ménage agricole correspond concrètement au groupe constitué par l'ensemble des personnes vivant, produisant et consommant ensemble, qu'elles soient ou non unies par un lien de parenté. Mais ce concept de "ménage agricole" renvoie scrupuleusement à la définition synthétique que l'INSD donne au "ménage ordinaire", à savoir « l'unité socio-économique de base au sein de laquelle les différents membres sont apparentés ou non. Ils vivent ensemble dans la même maison ou concession, mettent en commun leurs ressources et satisfont en commun à l'essentiel de leurs besoins alimentaires et autres besoins vitaux » (INSD, 2006, pp.11-12). Une telle unité peut constituer un ménage agricole (cas de famille

restreinte), elle peut aussi être un sous-multiple du ménage agricole (cas d'une famille étendue, le ménage agricole comprenant alors plusieurs ménages démographiques).

Dans le présent travail, nous entendons par "ménage agricole " (ou ménage tout court), l'ensemble des individus constituant une unité de production et de consommation.

II.3. Variables et indicateurs

II.3.1. Variables indépendantes

Comme variables indépendantes, nous retiendrons celles suivantes susceptibles d'expliquer certains comportements ou variations :

> L'age : l'age du chef de ménage agricole ou de l'unité de production influe sur les priorités dans la gestion du revenu de la production

> Le sexe : selon que le chef de ménage est homme ou femme, la production

varie en quantité ainsi les allocations des dépenses aux différents postes.

> Le statut social : être aîné ou cadet (dépendant) et à la tête de l'unité de

production est déterminant dans la gestion du revenu du coton.

> Le statut matrimonial : selon que l'on est célibataire, monogame ou polygame, la problématique de la sécurité alimentaire se pose différemment ainsi que la superficie de l'exploitation.

> Le nombre de dépendants : cette variable permet de saisir le nombre de personnes à la charge du chef de ménage, ce qui est déterminant dans l'accès aux services sociaux de base et à la sécurité alimentaire.

> Le nombre d'actifs : cette variable détermine la quantité produite ainsi que la superficie exploitée et témoigne aussi des relations intra familiale en cours dans le ménage.

> Le niveau d'instruction : être alphabétisé, analphabète ou scolarisé détermine la réceptivité aux innovations, au suivi des prescriptions dans l'utilisation des intrants et le choix du coton produit.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo