WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La prise de l'aérodrome de Lille-Marcq par les élus municipaux : des usages et stratégies de légitimation d'un équipement restreint devenu territoire-ressource

( Télécharger le fichier original )
par Vincent PAREIN
Université de Lille 2 - Master 1 de science politique-action publique locale et nationale 2009
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

2) Le SIGAL comme « marque » différenciée

Des éléments relatifs à la communication au niveau intercommunal nous permettent également de s'attarder sur ce qui tend à quelque peu distinguer cet échelon des communes. Avant même la naissance légale de cette intercommunalité, il y a eu un travail en amont, durant l'année 1995, pour travailler à l'identité qu'aurait celle-ci. Une commission ad-hoc a ainsi planché sur des projets de dénomination du SIVOM. Il est intéressant de voir que les partenaires communaux sont ainsi tombés d'accord pour tenter de différencier le syndicat des quatre villes en travaillant à des projets d'identité nominale ne faisant point apparaître explicitement celles-ci. Une première proposition a ainsi été SIDAL pour syndicat intercommunal pour le développement de l'aérodrome de loisirs. Une autre idée, plus originale et d'ailleurs plus appréciée parmi les élus, était ICARE, acronyme de Intercommunalité pour le développement de l'aérodrome de loisirs et la Revalorisation de son environnement. Nous voyons avec ces deux propositions non retenues qu'il s'agissait alors de construire une identité laissant à voir les vocations aéronautique et loisirs de la plateforme et à permettre, selon les souhaits des élus, une identification du grand public à ce terrain. Pour le coup, il nous semble préférable de parler de « l'image sociale » de l'intercommunalité que ces acteurs ont souhaité former et canaliser.

Dans cette perspective, nous adoptons la définition proposée par Martina Avanza et Gilles Laferté, c'est-à-dire que « la construction d'une image sociale n'est bien que la production de discours et de représentations »26. Ici, les élus locaux des quatre villes se sont mis d'accord pour mettre en visibilité les grandes vocations projetées de leur nouveau territoire, d'où le travail chrono-phage autour d'une dénomination. A ce sujet, sera finalement adopté SIGAL, pour syndicat intercommunal pour la gestion de l'aérodrome de loisirs, le choix étant explicitement fait pour stimuler une association « champêtre »27avec la cigale.

26 AVANZA M., LAFERTE G., Dépasser la « construction des identités » ? Identification, image sociale, appartenance, Genèses, n°61, 2005, pp. 134-152.

27 Terme utilisé par un représentant de l'APCA-LM; entretien du 11/05/09.

(source : SIGAL)

Si tout un travail de fond, nous l'avons vu, a été mené afin de trouver une dénomination jugée la plus optimale en terme de communication et d'identification des tierces personnes vis-à-vis de cette nouvelle entité politico-administrative, celui-ci a été accompagné d'une aussi notable démarche d'imagination, dans le sens de construction d'une représentation iconographique du syndicat intercommunal, représentation qui, là-aussi, ne laisse guère de place à des dispositifs susceptibles de rappeler l'existence des villes de Bondues, Wambrechies, Marcq-en Baroeul et Marquette-lez-Lille.

Par contre, les références construites en amont sont bel et bien là, avec la manche à air et le papillon, toujours, selon nous, dans cette optique (en l'occurrence délibérée de la part des élus municipaux) de construction d'une image spécifique de l'intercommunalité.

Cette entreprise de démarcation du SIGAL vis-à-vis des communes nous paraît encore plus évidente si nous nous attardons quelque peu sur la communication effective opérée par les fonctionnaires du SIVOM. Rappelons ici qu'il y a un agent permanent chargé de mission en communication depuis 2001. Cette personne est chargée de faire la promotion des évènements organisés par le SIGAL. Cette communication différenciée des mairies passe par plusieurs canaux et médias. Par exemple, un site a été mis en place dans le but d'y présenter l'actualité des projets définis au niveau intercommunal et de mettre en lumière les différents moyens de contacter les fonctionnaires intercommunaux. La communication passe également par la réalisation de plaquettes informatives spécifiques pour le SIGAL, au sein desquelles la marque intercommunale est mise en avant par rapport aux représentations des quatre municipalités. En outre, les fonctionnaires de l'intercommunalité ont noué des relations propres avec les journalistes de la presse quotidienne régionale, comme l'indique une des deux permanentes interrogée :

« Les journalistes ont les invite aux comités syndicaux, à chaque conseil ils sont invités et puis après on communique pendant les manifestations en fait et là c'est plus ponctuel là on les appelle on fait une petite conférence de presse. En général pour notre meeting on essaie de communiquer pas mal dessus. Bon après ça dépend aussi des évènements, ils nous appellent aussi parfois. Ils nous avaient appelé au moment du début des travaux parce qu'on les connait. Ceux qui font la presse locale (sourire), on les connait donc on

les appelle et voilà, quand on a besoin ou eux ont besoin de communiquer sur quelque chose. »28

Parallèlement à cela, un travail de terrain est mené par ces agents pour diffuser les affiches et plaquettes informatives auprès des offices de tourisme de la métropole lilloise.

Daniel Gaxie a montré29 que, comparativement à d'autres collectivités locales, les intercommunalités semblent peu communiquer. Sur ce point, notre cas nous permet ici de nuancer cette idée. Ceci dit, il s'agit peut-être plus d'une exception que d'une nouvelle tendance profonde.

Si nous avons insisté sur les indices susceptibles d 'envisager d'un certain processus d'autonomisation et de démarcation du SIGAL, c'est paradoxalement pour constater que ceux-ci nous semblent bien peu faire le contrepoids vis-à-vis des éléments nous permettant de soutenir que l'échelon intercommunal est pour le moins neutralisé par les communes, notamment par les majorités municipales. D'ailleurs, il est notable de souligner que ce qui a pu nous permettre de voir des signes d'autonomie intercommunale ont été définis par les élus délégués des quatre villes.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius