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Exploration d'un passé et d'une culture à  travers l'étude de ça tire sous le sahel de Frédéric Titinga Pacere (étude déconstructive)

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par K. Landry Guy Gabriel YAMEOGO
Université de Ouagadougou - DEA 2008
  

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CHAPITRE II

Ancrage culturel africain.

La négritude est un mouvement littéraire et un concept philosophique qui s'est inspiré de courants socio - culturels, politiques, artistiques et littéraires. Sa finalité est d'oeuvrer à la réhabilitation des cultures africaines.

C'est d'abord les Américains noirs comme Langston Hugues, Countee Cullen, Claude Mac Kay, Jean Toomer, etc. qui ont exprimé des sentiments de révolte contre les blancs qui les opprimaient avant que les étudiants africains comme Léon Gontran Damas, Césaire, Senghor, etc. ne s'affirment à leur tour à travers leurs oeuvres.

Le mouvement de la négritude était un projet collectif qui exprimait un instinct de conservation et de développement historique. Il faut garder non seulement son authenticité mais aussi se dépasser et s'accomplir. Il faut être et non paraître, tel était le but affiché par la négritude définie par Senghor comme étant une manière spécifique d'« assumer les valeurs de civilisation du monde noir, (de) les actualiser et féconder, au besoin avec les apports étrangers » (1997) (11)

La poésie pacérienne s'inscrit dans ce sillage car elle ne cesse de développer le thème de la fierté d'appartenir à une civilisation africaine. Cette appartenance doit entraîner une révolution qui conduit au dépassement, à l'accomplissement de soi. Pour cela, le poète s'ouvre à d'autres cultures

(11) L. S. SENGHOR, Liberté 3, « Négritude et civilisation de l'universel », le Seuil, Paris, 1997, P270

qui enrichissent la sienne. Toutefois, il veille à la sauvegarde de sa culture de manière efficace. Il n'hésite pas à dénoncer tout

ce qui vient la compromettre. Affirmation de soi et révolte semblent donc caractériser cette poésie qui se veut universelle.

La célébration d'un passé ancestral, le recours à un héritage culturel africain sont des indicateurs assez satisfaisants pour que PACERE soit traité non seulement d'adepte mais aussi de continuateur de la négritude. Ardent défenseur de sa culture, le poète ne se lasse pas de fustiger certaines pratiques qui la tuent. Redonner aux sociétés africaines leur lustre d'antan est le combat noble qu'il mène et qu'il veut gagner non pas seul mais avec tous ses frères de race et de culture.

Les oeuvres négro- africaines d'expression française, depuis la période post - coloniale, présentent une originalité formelle. Par leur enracinement géographique et culturel, elles se distinguent des oeuvres de la littérature française. Les écrivains africains, grâce à leur culture, confèrent une certaine littérarité à leurs productions littéraires. Le recours à la tradition orale ou à des « fragments non traduits du vernaculaire » (12) permet de rendre spécifique leurs oeuvres, de leur donner un caractère hybride. Le sceau de la culture orale traditionnelle marque de façon indélébile les oeuvres littéraires.

Les écrivains Africains bien qu'ils aient eu un contact avec la culture occidentale refusent d'être dépossédés de leur culture, d'être mutilés par une culture étrangère. Ils n'acceptent pas la néantisation de leur patrimoine culturel. Ils ont une conscience culturelle et elle est manifeste dans les

(12) Nora - Alexandre KAZI - TANI, Roman africain de langue française au carrefour de l'écrit et de l'oral (Afrique noire et Maghreb), l'Harmattan, 1995.

écrits. Beaucoup d'oeuvres africaines témoignent de l'influence de la littérature traditionnelle africaine. Et ce qui est important à signaler c'est leur enracinement culturel. Elles perpétuent ainsi un héritage culturel.

Compte tenu du constat fait ci-dessus nous pouvons partager la réflexion de M-a M. Ngal qui dit ceci dans son ouvrage intitulé L'Errance (13) :

« La science moderne par son rouleau

Compresseur croit avoir anéanti

Ces étages qui avaient tissé les

fibres de notre moi par le

travail des contes, des chants,

des fables, des énigmes, des

forces facéties (...)

C'est que le prétendu rouleau

Compresseur n'atteint pas le

Niveau de créativité de l'Africain.

C'est que le prétendu rouleau

Compresseur n'atteint pas le

Niveau de créativité de l'Africain

Cette sphère qui en elle même

Révèle notre foyer créateur,

Reste hors d'atteinte »

(13) M.a.M. Ngal, l'Errance, Editions Clé, Yaoudé, 1979, PP11 - 12

Dorénavant l'interprétation des oeuvres africaines ne se fera plus selon les canons classiques de l'esthétique occidentale. L'adaptation de l'écriture romanesque et poétique au discours traditionnel, aux réalités culturelles africaines permet non seulement de mieux se réaliser, de mieux s'exprimer mais aussi de s'adresser à un public africain avec lequel on partage un destin commun, un passé commun et des valeurs communes. Un public étranger se verra obligé, afin d'accéder au message, d'étudier la culture qui a inspiré l'écrivain.

Une innovation stylistique remplie de symbolisme constitue aussi une autre dimension de la spécificité de l'oeuvre. La métaphore - identification est beaucoup utilisée par les poètes africains en général et Me PACERE n'en fait pas l'exception. Leur style est chargé d'images et pour nos prochains travaux, tous les éléments culturels qui créent un espace littéraire pour nos littératures nationales feront l'objet de notre attention. Ils seront recensés et analysés selon leurs emplois.

Les écrivains Africains font tout pour concilier deux cultures car un retour en arrière n'est plus possible. Aussi le poète s'impose - t-il des règles édictées surtout par son milieu culturel. Il jette le pont entre les cultures et refuse l'aliénation. Une intégration des valeurs d'ailleurs aux nôtres doit être prônée. La destruction des valeurs africaines pour les remplacer par d'autres serait un parricide. Le poète nous montre l'exemple car il intègre sa culture dans des écrits d'expression française.

Par le recensement de certaines expressions traduites littéralement, de « fragments non traduits du vernaculaire », de symboles et d'images nous rendrons palpable ce qui vient d'être dit. L'interpénétration culturelle n'a pas été source de perte d'identité.

II. 1. Traduction littérale

Certaines expressions ou certains termes issus de la langue natale sont employés par le poète et font la spécificité du texte littéraire. Ces expressions ou termes représentent des topoi africains qui renferment des structures de style et des pensées propres à la littérature traditionnelle africaine.

Ainsi certaines expressions sont la traduction littérale de patronymes des Moosé.

« Ceux qui sont étalons » est une périphrase qui désigne ceux qui portent le nom OUEDRAOGO.

« Ceux qui espèrent en des lendemains meilleurs », il s'agit de ceux qui portent le nom TIENDREBEOGO ;

« Ceux qui occupent la brousse » sont ceux qui portent le nom YAMEOGO.

« S'ajoutent aux grandeurs », il s'agit du patronyme du poète PACERE.

Ceux qui ont  « le cache - sexe en fer » désigne les habitants de Piligtenga, village voisin de Manéga.

Pour une bonne interprétation de ces périphrases il faut tout un contexte situationnel et culturel.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci