WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Diagnostic des potentialités et vulnérabilités du milieu naturel à  la commune de Gressier face à  la pression démographique liée à  la périurbanisation de Port-au-Prince (haà¯ti) comme base d'une planification du développement de son habitat.

( Télécharger le fichier original )
par Nixon SANON
Faculté Universitaire des Sciences Agronomiques de Gembloux (Belgique) - Dipleme d'Etudes Approfondies 2006
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

5.3-CARACTERISATION DE L'HABITAT

L'habitat ne peut être considéré ni comme une habitation ni comme un logement, mais comme un ensemble réunissant le logement ou l'habitation et des éléments complémentaires qui concourent à assurer le « bien-être » de ses occupants. Ces composantes complémentaires à l'habitat, quant à leur existence, varient suivant les pays et parfois même entre les villes à l'intérieur d'un même pays (SMUH, 1975). Pour éviter toute incompréhension, on peut citer comme éléments complémentaires à l'habitat ceux qui ont une fonction sociale (espace vert, place publique, mobilier urbain, etc.), une fonction éducative (écoles, maisons de jeunes, etc.), une fonction sanitaire (centres de santé, etc.), une fonction commerciale (centre commercial, boutique, marchés, etc.). En fait, l'habitat est le mode d'organisation et de peuplement par l'homme du milieu où il vit14(*).

5.3.1- Typologie de l'habitat selon le mode de production

Le mode de production de l'habitat sous-entend d'après SMUH (1975) l'ensemble de toutes les interventions, qui sont, d'une façon ou d'une autre, la cause de création, de modifications, d'évolution d'un habitat. Ce qui signifie qu'il existe des modèles de développement classiques de l'habitat.

Ainsi, le mode 1 dit « fait et fourni » (EMMANUEl et al., 2000) dénommé aussi « habitat planifié » est le mode selon lequel la conception, le financement et la réalisation des logements sont dus à la responsabilité d'un seul intervenant ou d'un nombre restreint d'intervenants, sans décision directe des futurs habitants. Ce mode peut être schématisé comme suit :

Terre

Infrastructures/services

Population

Logements

Dans le mode 2 dit « sites et services » ou « habitat administré », la construction des logements et les éléments complémentaires de l'habitat sont laissés aux initiatives des particuliers sur des parcelles ayant un statut légal. Mais un ensemble de règlements sont édictés par une administration et régissent ces constructions ; l'administration veille au respect de ces règlements. Ce mode peut être schématisé ainsi :

Infrastructures/services

Terre

Administration

Logements

Population

Le mode 3 est dit « bidonville ou bidonvilisation » ou « habitat des populations à faible revenu ». Ce mode de production résulte d'une croissance démographique élevée et de faibles revenus monétaires par la population. C'est un habitat qui se développe en général en toute illégalité15(*).

Logements précaires

(Habitat spontané)

Population

Terre/logements planifiés ou administrés abandonnés

Aucun de ces modes de production ne correspond à l'habitat à Gressier. En effet, au niveau des plaines, en dépit du fait que les logements sont « en dur », à plusieurs niveaux parfois et ayant un caractère esthétique, ils ne peuvent, malgré un certain confort qu'ils peuvent donner à leurs occupants, considérés comme faisant partie de l'habitat administré étant donné l'absence de règlements d'urbanisme qui pourraient contraindre ou préciser ce qu'on a le droit de faire, ce qu'on est obligé de faire et ce qui est interdit.

Cet habitat, vu que les acteurs interviennent pour leur compte, ne peut pas être considéré comme un habitat planifié. Cet habitat ne peut pas être considéré non plus comme celui des populations à faible revenu compte tenu des matériaux utilisés pour sa construction et son esthétique dans certains cas.

Au niveau des montagnes, l'habitat ne répond non plus à aucun des modes de production définis préalablement. Ce sont des habitations rurales traditionnelles quant à leur architecture et aux matériaux utilisés pour leur construction.

5.3.2- Typologie de l'habitat selon le mode d'agglomération

A Gressier, il existe deux types d'habitats d'origine différente :

- L'habitat urbain, formant de petites agglomérations auxquelles on attribue le nom de « bourg ». Ce type d'habitat, d'origine plus ou moins récente, se rencontre particulièrement groupé le long de la principale voie de communication reliant la capitale et le sud du pays. Les logements sont presqu'entièrement en dur.

- L'habitat rural

L'habitat rural à Gressier est formé d'habitat dispersé en hameaux. Ce type d'habitat se rencontre au niveau des montagnes et est formé majoritairement de torchis qui peuvent être en clissage (armature de lattes fendues disposées horizontalement entre les poteaux, cette armature est ensuite recouverte de pisé), en bois, en maçonnerie ou en bois et maçonnerie. Cette forme d'occupation des montagnes incultes n'est compréhensible que par une analyse historique approfondie des causes.

Le type de société qui s'est instauré dans les régions rurales est tout à fait particulier. Avec l'indépendance de 1804 disparut la grande propriété, et avec elle le type d'exploitation agricole de l'époque coloniale. Après l'indépendance la population rurale se dissémina dans les montagnes sans jamais parvenir ensuite à se regrouper véritablement en villages comportant des places ou des rues identifiables. La topographie et le manque de terres cultivables peuvent sans doute partiellement expliquer le désordre qui prévaut dans l'emplacement des habitations (BASTIEN, 1985). Le paysan réduit au minimum la largeur des sentiers vicinaux afin d'économiser le terrain, allant même jusqu'à créer un replat sur une pente en y dressant un talus pour construire sa maison, au lieu d'utiliser pour ce faire un morceau de terrain plat. Ce type d'aménagement sur des pentes dénudées ne fait que favoriser l'érosion des sols.

Comme CORNEVIN (1982) l'a souligné, une des constantes de la démographie haïtienne est la dispersion paysanne qui correspond au réflexe de l'ancien esclave face au travail forcé, au recrutement militaire et aux diverses formes de contraintes administratives. En effet, du temps de l'esclavage, les colons infligeaient toutes les formes de supplices, même les plus inimaginables, pour «contenir » les esclaves et les obliger à subir les conditions inhumaines du système exclavagiste. Selon FOUCHARD (1972), St Domingue16(*) fut un moulin à broyer les esclaves autant que la canne et le principal tombeau de la Traite. L'esclavage a conduit à la résistance permanente et multiforme des esclaves dès les premiers moments de captivité (CNVJ, 1995). L'une des formes de cette résistance était le marronnage17(*). Le marronnage était dans un premier temps l'expression du refus des esclaves du système et s'enfuyaient pour créer une zone en dehors du système, un espace alternatif aussi réduit, aussi éphémère soit-il (TOUAM BONA, 2005). Haïti étant constituée de 75 % de montagnes. Il n'y avait que les montagnes qui offraient cet espace.

Même après l'abolition de l'esclavage en 1793, le marronnage allait pourtant se poursuivre. En effet, un nouveau système de servage remplaçait formellement le système exclavagiste et qui allait être maintenu même après l'indépendance, c'est le caporalisme agraire. Ceci représente un ensemble de lois et règlements coercitifs et inhumains adoptés pour maintenir à tout prix la prospérité dans l'ancienne colonie18(*). La réaction des cultivateurs ne se fit pas attendre. Toute une catégorie composée de nouveaux libres se sont réfugiés dans les montagnes rejoignant d'anciens marrons pour fuir le caporalisme agraire institué dans les anciennes plantations de plaines, un nouveau système qui leur rappelle l'esclavage. Cette nouvelle société des montagnes allait bâtir sa propre réalité pour affronter les défis de la vie d'un nouvel environnement hostile. Il se développa alors dans les montagnes un réseau d'habitat dispersé qui conduisit, comme ANDRÉ (1968) le souligne, à l'isolement du paysan haïtien. Isolement tel qu'on ne peut lui fournir aucun équipement collectif valable, aucun service (adduction d'eau, électricité, écoles, dispensaires, centres de loisirs, etc.). Il résulte une évolution en vase clos, la survivance des mythes et de valeurs qui freinent le développement économique. Nous y reviendrons.

* 14 Le Petit Robert de la langue française (2000).

* 15 Il n'existe cependant une cloison étanche entre les différents modes de production. L'habitat administré peut aussi prendre le caractère d'un habitat planifié. (SMUH, 1975).

* 16 Haïti et la République Dominicaine formaient alors Saint Domingue.

* 17 Marron, de l'espagnol cimarron signifiant fourré, brousse et par extension celui qui vit à l'état sauvage (Cornevin, 1982).

* 18 Par exemple l'article 14 de la constitution de 1801 attachait le cultivateur à l'habitation pour la continuité des travaux de cultures. A noter également l'obligation qui a été faite aux cultivateurs de partager les revenus selon un barème qui attribue le quart des produits de l'exploitation à la masse de la main-d'oeuvre (MORAL, 1978).

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Nous voulons explorer la bonté contrée énorme où tout se tait"   Appolinaire