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Les contradictions des politiques de ciblage dans les projets de lutte contre la pauvreté dans l'ouest montagneux ivoirien

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par Alexis KOFFI
Université de Bouaké - DEA 2009
  

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I.2-...de Duékoué

I.2.1- Localisation et démographie

Située à 484 Km d'Abidjan, la ville de Duékoué est le chef lieu d'un département faisant partie de la région administrative du Moyen Cavally. Ce département est limité au Nord par celui de Bangolo, au Sud par le département de Guiglo, à l'Est par celui de Daloa et à l'Ouest par celui de Buyo. Il couvre une superficie de 3016 km2 et a une population de 198.047 habitants selon le RGPH98. Sa densité est de 68,5 hab. /km2. Aussi, le département se compose-t-il de cinq sous-préfectures notamment les sous-préfectures de : Bagohouo, Duékoué, Gbapleu, Guezon, Guiehiebly (Cf. carte page 43-44).

C'est une zone ayant un climat de type montagneux humide avec un couvert végétal constitué de forêt et de plus en plus de savane compte tenu de la déforestation avancée. Au niveau du relief, rappelons que la région de Duékoué est une région semi-montagneuse à l'instar de toute la zone Ouest du pays. Drainée par une hydrographie importante conjuguée avec une pluviométrie assez régulière, les populations du département de Duékoué se sont orientées vers l'exercice de l'agriculture qui est de loin la première activité économique.

Sur le plan du peuplement, la région de Duékoué est occupée par les autochtones Wê, un sous groupe de l'aire ethnique Mandé du Sud. Cette composante regorge en son sein des entités plus petites (Wobé et Guéré) qui sont reparties en plusieurs groupes de villages ayant des origines communes. Au-delà ce groupe ethnique, Duékoué est habité par les Yacouba et d'autres peuples migrants tels que les Baoulé, les Agni, les Andoh, les malinké, les Sénoufo, les Dioulas... Au-delà de cette composition des populations venues des pays de la sous région cohabitent avec les populations ivoiriennes de Duékoué. Nous pouvons citer entre autres : les Burkinabè, les Malien, les Guinéen, les Mauritanien, les Béninois etc. Ces communautés vivaient dans une convivialité avant que les évènements de septembre 2002 ne viennent distendre leurs relations.

Carte 2: Localisation des sites enquêtés dans le département de Duékoué

CARTE du département de Duékoué

I.2.2- Situation socio-politique et état de la pauvreté à Duékoué

Le département de Duékoué a été fortement ébranlé par la crise de septembre 2002. En effet, le déroulement du conflit ivoirien s'est vite transformé à Duékoué en des attaques intercommunautaires. Ces attaques entre communautés allogènes voire allochtones et autochtones se déroulaient, soit de façon directe, soit par milices interposées. Elles se sont soldées par des tueries tant d'autochtones que d'allochtones dont celles de Petit Bouaké et Guitrozon restent marquées dans les esprits18(*). Ces attaques sont pour tout dire l'émanation de tensions anciennes découlant de la compétition entre communautés autour de la terre. Globalement, elles rendent compte, de façon tragique, des difficultés de cohabitation entre différente communautés ayant des cultures et des origines diverses et que l'intérêt commun pour la terre et son exploitation à des fins agricoles a contribué à rassembler sur une même contrée. Il est en effet né de cette coexistence au forceps, des différences et des déséquilibres en termes de niveau de richesse et de poids démographiques. Les inégalités nées de la mise en valeur et de l'exploitation des ressources ont donc servi à entretenir et à nourrir une conflictualité dans la région dont tous disent être les victimes.

Les effets des différents affrontements dans la région de Duékoué sont dévastateurs sur les populations. Malgré l'imperfection du système d'information sur la pauvreté en Côte d'Ivoire, force est de reconnaître que la région Ouest en général, et en particulier le département a beaucoup souffert de la crise militaro-politique. En effet, la particularité du conflit à Duékoué est qu'il opposait des autochtones aux populations migrantes ou immigrantes dont l'essentiel de leur activité était de type agricole. Ainsi les divers affrontements intercommunautaires ont eu des incidences importantes sur l'économie de plantation de la région. Cette économie, dominée par les cultures du café, du cacao et de quelques produits vivriers, a connu une chute. Car les paysans installés dans les profondeurs des forêts ont abandonné leurs exploitations à cause des expéditions meurtrières dans leurs campements, ou bien de la confiscation de leurs plantations. (Gbadamassi Jeudi 2 juin 2005)

En outre, la ville de Duékoué, première ville située dans la zone dite de `'confiance''- donc en zone gouvernementale- a reçu une forte population de déplacés fuyant les affres des tueries dans les campagnes et même de la zone contrôlée par les rebelles. Cet accroissement subit de la population de la ville de Duékoué a vite fait de constituer une contrainte. En effet, le fort taux de déplacés a eu des incidences sur les conditions de vie des communautés en ce sens qu'il y a une forte pression sur les infrastructures économiques existantes, entrainant par conséquent leur surexploitation ou leur insuffisance criarde. Rappelons qu'à Duékoué et dans certains des villages attachés au département, les infrastructures avant la crise étaient souvent insuffisantes ou fonctionnaient par intermittence. Avec la destruction ou l'abandon des infrastructures socio-sanitaires et la dégradation des infrastructures routières, la déstructuration des circuits d'échanges traditionnels, le détournement des flux économiques, la paupérisation s'est renforcée dans toutes les couches sociales, les conduisant à la précarisation des conditions de vie. Dans ces conditions, le taux de pauvreté, déjà important dans la zone ne cesse de croître (Réseau d'information régional intégré des Nations Unies, 2006).

Dans de telles conditions, il s'est créé un vaste champ d'interventions touchant à des domaines variées de la vie sociale et économique dont la réhabilitation des infrastructures communautaires et la lutte contre la pauvreté. Dans ces domaines, les ONG internationales se sont positionnées en monopole et quadrillent la zone Ouest montagneuse en termes d'interventions, quand bien même leurs interventions ne constituent pas de véritables actions de développement comme elles le laissent entendre. En fait, les activités génératrices de revenus constituent un maillon important permettant aux populations à la base, du fait de la perte de leurs outils de production, de développer des activités économiquement rentables et porteuses, capables d'améliorer leurs conditions économiques. C'est donc en filigrane, à un redémarrage ou à une initiation d'activités économiques que s'adonnent les organismes de soutien dont CARE.

Quelles sont les projets conduits par l'ONG CARE à Duékoué et à Man ? Comment a-t-elle opéré la sélection des bénéficiaires des différents projets qu'elle a initié ?

* 18 Dans la nuit du 31mai au 01 Juin 2005, des massacres se sont perpétrés à Guitrozon et Petit Bouaké faisant environ 40 personnes tuées. Source : www.onuci.org/article_pdf.php3?id_article=339

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