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Les contradictions des politiques de ciblage dans les projets de lutte contre la pauvreté dans l'ouest montagneux ivoirien

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par Alexis KOFFI
Université de Bouaké - DEA 2009
  

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II.1.3- Objectifs du projet

L'objectif général qui sous-tendait le projet était la restauration du capital social des villages cibles et le rétablissement/ la redynamisation de la cohésion sociale entre les communautés autochtones, allochtones et allogènes après le retour des personnes déplacées internes.

Des objectifs spécifiques étaient liés à l'objectif global. Dans cette optique, les actions menées par CARE devaient conduire à :

Favoriser jusqu'à décembre 2006, le retour les personnes déplacées internes dans leurs villages d'origine ;

Contribuer à un accès décent et sécurisé au logement des populations aussi bien autochtones, allochtones qu'allogènes retournées ou restées sur place ;

Contribuer à l'amélioration sanitaire et hygiénique des populations à travers la construction d'installations sanitaires ;

Favoriser l'accès à la nourriture et à l'eau potable pour toutes les populations autochtones, allochtones et allogènes des villages ciblés.

II.1.4- Catégories d'activités

Le projet ECHO s'inscrit dans le volet des projets dits d'Assistance humanitaire d'urgence. En lien avec les objectifs de départ, cinq grandes catégories d'activités ont été initiés. Il s'agit de :

a) le retour des personnes déplacées internes

Le projet a oeuvré pour le retour de 90% de la population déplacée estimée à 15086 personnes au niveau des deux localités bénéficiaires. Ce retour s'est fait en vagues successives en fonction de l'indice sécuritaire de la région mais également en lien avec la réhabilitation des infrastructures communautaires et privées. En effet, les populations déplacées acceptaient de revenir dans leurs villages si un certain nombre de réalisations étaient mis en oeuvre. Parmi ces voeux, nous citons entre autres la réhabilitation de points d'eau, de l'école, du centre de santé ou la construction d'une case de santé et la réhabilitation de maison privées.

b) la restauration de la cohésion sociale

La fissure sociale dans l'Ouest ivoirien est bien profonde. Des conflits fonciers, politiques et interethniques latentes ont été exacerbés par la crise créant du coup désolation et ruine dans les rapports entre les différentes communautés du département de Duékoué. Pour restaurer la cohésion au sein de ces localités l'équipe a d'abord initié l'organisation des séances de Brainstorming et de MARP pour mieux comprendre les origines des conflits. Elle a ensuite organisé des séances de Médiation/Négociation, et enfin, l'équipe de CARE a initié des cérémonies de pardon et des réunions d'explication et d'informations aux différentes parties en présence. Ces journées de réconciliation ont été déjà organisées sur les deux sites avec le financement du PNUD. Plus de 5 séances de travail ont finalement abouti à l'organisation d'une célébration festive de la cohésion retrouvée à travers deux journées de réconciliation à Fengolo et à Toa-Zéo. Lors de ces journées, un match de football avait été organisé et opposait tous les jeunes du village et des campements environnent aussi bien les autochtones que les allochtones voire les allogènes.

c) La réhabilitation des habitats et la distribution de kits ménagers aux communautés des deux villages

Les affrontements intercommunautaires avaient conduit les belligérants à bruler et/ou à démolir partiellement ou entièrement les maisons des villages de Fengolo et Toa Zéo (voir photo 1 et 2). Ces affrontements ont mis aux prises les communautés autochtones Guéré et les migrants (Baoulé, Groussi, Mossi, Dioula...). Face à l'atrocité des actes belliqueux, les populations autochtones en infériorité numérique dans ces villages ont dû fuir pour se réfugier à Duékoué. « Quand on est parti à Duékoué, nous on a souffert là-bas. Et quand les gens ont dit de revenir au village, on a vu que ça peut nous arranger mais on avait encore peur. Bon on est venu mais y avait plus rien vous voyez ? Même les marmites que nous avons laissées ici ont été volées. Comment vous voulez qu'on revienne vivre alors ?...» (Propos issu du Focus group de Fengolo). La phase de l'accalmie caractérisée par le rétablissement du tissu social favorisait le retour progressif des déplacés. Cependant, à leur arrivée au village, ces déplacés n'avaient plus aucun patrimoine et donc se retrouvaient complètement démunis car tout ayant été pillé ou brulé. Pour pallier cette situation de précarité, CARE par le biais du projet a mené des actions en vue de reconstituer le matériel des populations rendues vulnérables.

C'est dans ce cadre que 218 maisons ont été réhabilitées à Fengolo et Toa-Zéo pour permettre aux personnes retournées de pouvoir se loger. En plus de la réhabilitation de logements, 310 kits ménagers ont été distribués aux bénéficiaires des deux villages confondus dont 150 kits à Fengolo et 160 kits à Toa-Zéo. Rappelons qu'un kit ménager était composé de : 1 moustiquaire imprégnée, 2 nattes, 2 marmites, 1 bassine en plastic, 1 bidon de 20 litres, 1 seau avec couvercle, 1 seau sans couvercle, 1 louche, 1 écumoire, 1 couteau de cuisine, 5 gobelets en plastic, 5 cuillères, 5 assiettes en plastic. Par ailleurs, 450 moustiquaires ont été distribuées aux ménages allogènes et allochtones restés sur place.

d) la réhabilitation des pompes hydrauliques

Pour permettre un accès adéquat à l'eau potable aux communautés rurales, sur le projet ECHO, l'ONG CARE a initié des travaux de réhabilitation de deux pompes hydrauliques en panne depuis des lustres dans la localité de Toa Zéo où elle exerçait. Quant au village de Fengolo, il avait déjà bénéficié d'autres bailleurs - à travers le projet ABRIS du PNUD et le projet AUDIO financé par OFDA /USAID - la réhabilitation de deux pompes hydrauliques villageoises.

e) la distribution des vivres et de semences.

L'agriculture est de loin la principale activité de la région de l'ouest à cause de son important couvert forestier. C'est d'ailleurs à cause des conflits autour de cette ressource qui se raréfie, que les communautés sont obligées de délaisser leurs exploitations pour des problèmes d'ordre sécuritaire. Cela a eu pour conséquence la menace de la famine vu que d'une part il y a eu arrêt de la production et d'autre part l'on a assisté au manque d'intrants voir de main d'oeuvre après le retour des personnes déplacées sur leurs exploitations. Cette dernière contrainte empêchait la relance de l'activité agricole. Face aux difficultés des populations, le projet a procédé à des opérations de distribution de vivres avec l'appui du PAM. Ainsi 657 individus ont bénéficié de kits alimentaires parmi lesquels nous avons les travailleurs communautaires, c'est-à-dire les personnes apportant leur contribution sur les différents chantiers de réhabilitation (école, case de santé, latrines...) et les personnes retournés du mois d'Août 2006 à Toa-Zéo. En ce qui concerne les distributions de semence prévues pour 240 ménages à Toa-zéo ; elles n'avaient pas eu lieu compte tenu du déplacement incessant des populations à cause des problèmes d'insécurité et de cohésion sociale.

Photo 1: Bâtiment démoli par une lance roquette à Tao Zéa

Source : Réalisée par CARE-CI

Photo 2: Maison détruite lors des affrontements intercommunautaire à Fengolo

Source : photo réalisée par Care-ci

f) la construction de latrines publiques

Le problème de l'assainissement couplé à l'état hygiénique général demeure au coeur des préoccupations du point de vue environnemental et sanitaire pour CARE. À la suite de l'abandon sur une période relativement longue des villages de Fengolo et Toa Zéo par leurs habitants, la broussaille avait envahi lesdits villages. Aussi les ménages des localités sus-citées utilisent la nature comme lieux d'aisances privilégiés. Cette situation est à la base de nombreux problèmes sanitaires. CARE au début du projet a incité les communautés à assainir leur différent village par le désherbage. Ensuite elle a procédé à la construction de latrines publiques pour tenir compte des besoins d'aisance de personnes âgées, des enfants voire des femmes enceintes. Au total 13 blocs de latrines ont été construites dans les deux villages comportant en tout 40 cabines dont 26 à Fengolo et 14 à Toa Zéo.

Tableau 2: Récapitulatif des résultats des activités du projet ECHO

Nature de l'activité

Nombre de bénéficiaire

Fengolo

Toa-Zéo

Total

Retour des personnes déplacées internes

4774

10312

15086

Réhabilitation de maisons privées

113

105

218

Distribution de kits ménagers

150

160

310

Distribution de vivres

0

240

240

Réhabilitation de pompe hydraulique

0

2

2

Construction de latrines publiques

7 blocs de 26 cabines

6 blocs de14 cabines

13 blocs de 40 cabines

Restauration de la cohésion sociale19(*)

6 séances de réunions + 1 journée de réconciliation

3 séances de réunions + 1 journée de réconciliation

11 séances de réunions + 2 journées de réconciliation

Source : Notre enquête Juillet 2009

* 19 Réunions d'information avec les communautés :

-31 Août 2006 à Anouanzèkro 08 Septembre 2006 à Kouassibakro

-18 Novembre 2006 à Fengolo 18, 19 et 21 Décembre 2006 à Fengolo

-23 Décembre 2006 à Georgeskro 06 Décembre 2006 à Toa Zeo

-13 Janvier 2007 à Fengolo 09 et 25 Janvier 2007 à Toa Zeo

-15 et 21 Février 2007à Toa Zeo

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand