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Les contradictions des politiques de ciblage dans les projets de lutte contre la pauvreté dans l'ouest montagneux ivoirien

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par Alexis KOFFI
Université de Bouaké - DEA 2009
  

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II.2.5.2- Méthodologie d'identification et de sélection des bénéficiaires

Les critères de choix des bénéficiaires

Les sites à conflits étant nombreux avec l'avènement du conflit dans l'Ouest ivoirien, l'équipe du projet PARCI a institué des critères qui ont guidé l'équipe dans le choix des sites. Ils sont de cinq ordres :

1 - Critère démographique

Ce critère était important dans la mesure où dès le début de l'insurrection de Septembre 2002, la région de Man a accueilli des milliers de personnes dont 10.000 dans la ville de Man.23(*) Cet effectif n'a cessé de croître lorsqu'en Novembre 2002, la région de l'Ouest en générale et la ville de Man en particulier a été attaquée.

Par ailleurs, la diversité ethnique avait été un critère de choix des localités bénéficiaires du projet. D'ailleurs cette diversité ethnique était la source de tensions sporadiques mais exacerbées par l'attaque de la région. En effet, il y a belle lurette, la région connaissait des rivalités ethniques entre les principaux groupes tribaux (Dan, Wê, Toura et Yacouba). À l'avènement de la guerre, certains groupes ethniques accusaient d'autres d'être en connivence avec les agresseurs d'où des tentatives de représailles récurrentes. En ajout, de nombreux conflits fonciers entre les populations autochtones et allogènes constituaient un autre facteur très pernicieux du déplacement des populations dans la zone. Avec l'exacerbation des tensions et des difficultés à vivre à Man, des départs ont été constatés de Man vers d'autres localités. L'on a ainsi assisté à des mouvements migratoires dans deux sens : ceux qui fuyaient les atrocités perpétrées dans les villages pour se réfugier à Man et, ceux qui sortaient de Man pour des zones plus sécurisées.

2 - Critère de vulnérabilité

Les indices à partir desquels l'équipe technique a pu cerné le degré de vulnérabilité d'une localité par rapport à une autre se sont focalisés sur les éléments suivants :

Le degré sécuritaire ;

Le degré de pauvreté global ;

Le degré d'organisation communautaire ;

Le degré d'assistance humanitaire ;

La nature du conflit.

En outre, dans certains cas l'état psychologique de la population de façon générale peut donner une idée sur son degré de traumatisme vécu. C'est le cas de plusieurs localités ayant subi de pires exactions pendant la guerre et de multiples événements dramatiques.

3 - Critères ethnolinguistiques liés à la politique

Ce critère a fait son apparition depuis l'avènement du multipartisme où l'appartenance à une ethnie vous assimile systématiquement à un parti politique.

Ces dernières années avec la détérioration du climat politique due à la crise, on assiste à une exacerbation de ces cas de figure de conflits latents plus ou moins délicats qui dégénèrent rapidement en conflits violents et aux conséquences souvent dramatiques.

4 - Critère du type de conflit

Ce critère a été pris en compte par l'équipe dans le but de varier la nature des conflits à gérer et afin de voir si la stratégie méthodologique développée par l'équipe du projet pouvait s'appliquer en tout lieu et en tout temps.

v À Blolé et à Tropkadrou l'équipe du projet a travaillé sur la problématique d'un conflit intercommunautaire entre deux villages dont la nature est liée au foncier.

v À Bigouin et à Bouagleu par contre, ces conflits étaient intracommunautaires mais avec des mobiles différents. En effet à Bigouin tandis que la nature du conflit concernait la mauvaise gestion des infrastructures villageoises et du terroir, à Bouagleu le conflit avait comme origine la divergence des points de vue entre les religieux et les animistes.

v Au niveau du canton Zanhoun dans le département de Guiglo l'opposition entre plusieurs communautés (allogènes /allochtones contre les autochtones Guérés) sur fond de conflit foncier masqué par un argument de trahison pendant les périodes chaudes de la guerre a fait l'objet d'attention de la part de l'équipe.

5 - Critères historiques liés à la durée de la fracture sociale

Les évènements marquants tels que les faits malheureux ayant conduit à la fracture sociale sont des critères de sélection géographique des interventions. En effet, lorsque l'équipe CARE a connaissance d'un conflit qui dure sans trouver de solutions dans une zone, elle choisit ces localités comme bénéficiaires de ses interventions dans le domaine des projets de cohésion sociale. Par exemple, le cas du conflit intercommunautaire opposant Blolé et Troukpadrou qui dure depuis 1993, et qui a connu plusieurs interventions des autorités administratives et coutumières de l'époque sans succès a permis à ces deux localités de bénéficier d'un programme. Dans ces conditions, il appartient à l'équipe technique de relever le défi en appliquant la MARP pour pouvoir cerner toute la dimension historique du conflit et en tenir compte dans sa résolution. L'outil de la MARP généralement privilégié ici est le profil historique du village.

Méthode d'identification et de sélection des bénéficiaires

Conscient du fait que tout processus de réconciliation doit s'appuyer sur une bonne stratégie orientée vers la synergie ou la conjugaison des efforts de l'ensemble des acteurs au développement et des populations en conflit elles-mêmes, les responsables du projet PARCI ont pris le soin d'impliquer dès le départ les structures internationales et nationales, les organisations de la société civile implantées dans les zones d'intervention du projet, qui ont une expertise en matière de cohésion sociale, ainsi que les communautés cibles. Par exemple, le Bureau de Coordination des affaires Humanitaires en abrégé OCHA, qui assure sur le terrain, la gestion de l'information, qu'elle soit humanitaire ou sécuritaire et fait du plaidoyer a été identifiée par CARE pour aider à la sélection des sites d'intervention selon les critères ci-haut mentionnés. La CARITAS et le Cabinet Ivoire Conseils Consulting (ICC) qui sont connus dans la région pour leurs expériences et expertises en matière de formation et de suivi des projets, ont également été identifiés, de même que le Collectif des ONGs de Danané (CONGEDA).

L'équipe du PARCI a opté pour une méthode essentiellement basée sur la participation à tous les niveaux de décision, des acteurs concernés directement ou indirectement par ce projet et des populations des sites d'intervention, en vue d'optimiser les chances de sa réussite. «...Quand CARE est arrivé à l'ouest ici, on dit il y a des gens qui sont arrivés pour mettre tout le monde ensemble pour qu'il y ait la paix. CARE a travaillé avec tout le monde et nous, on était contents parce que on voulait la paix...» (FGD, comité de gestion et d'arbitrage de Blolé, Man).

Par ailleurs, L'équipe du projet PARCI a dans sa recherche de consensus mis en pratique un principe capital en communication qui est, et je paraphrase : « tout ce que vous faites pour moi, sans moi, vous le faites contre moi ». Pour une meilleure implication des communautés et pour créer une interface locale des actions entreprises par CARE, un comité de gestion est mis sur place dans chaque zone d'intervention de CARE. Sur le terrain, on a recensé quatre (4) comités de gestion. Leur rôle de suppléer CARE sur le terrain en veillant à ce que les conflits ne resurgissent pas, en sensibilisant les communautés pour le maintien des acquis et la participation massive aux travaux communautaires. Ces comités renferment les représentants des rivaux d'hier pour une gestion commune des conflits.

* 23 Source : recensement du comité des déplacés de Man Janvier-Février 2003.

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