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Les conditions d'accès à  l'emploi des jeunes diplômés bac plus deux et plus des zones urbaines sensibles de l'agglomération nantaise

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par Jean-Baptiste DROUET
UFR de Sociologie de Nantes - DESS 2005
  

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Entretien Karim. Source : Éducation Nationale. BTS Action Commerciale, 2002. 26ans.

Mon parcours scolaire, j'ai fait une quatrième techno, puis une troisième techno. Et ensuite, un BEP Vente Action Marchande. Après, un Bac pro Commerce à Bougainville à Chantenay. Je suis allé à la Fac, pour une première année en Eco Gestion. Et après, j'ai fait le BTS puis une Licence et une Maîtrise en alternance avec le CNAM. C'était une maîtrise en marketing.

J'ai eu le BTS en 2002, la Licence en 2003, et la Maîtrise en 2004. Le BTS, c'était avec la Chambre de Commerce et d'Industrie.

En Maîtrise, j'ai eu un CDI en entreprise, j'ai démissionné à l'obtention du diplôme. Pour la recherche
d'emploi, je suis passé par l'ANPE, par les sites Internet et les offres des quotidiens. J'ai passé beaucoup
d'entretiens, j'ai eu aucun poste en CDI...c'étaient des CDD, des missions avec l'Intérim. Ca ne correspondait

pas à ce que je voulais, j'envisageais pas ça comme ça. J'ai été complètement surpris, je pensais qu'il y allait avoir plus d'offres, je ne pensais pas avoir de difficultés à trouver. On me dit souvent dans les entretiens d'embauche que c'est le manque d'expérience...il y a peut être d'autres raisons. La discrimination existe...j'ai un ami, on lui a dit clairement.

Sur mon CV, je mets mon nom et ma photo. Avec tous les entretiens que j'ai passé...en prenant du recul, je pense qu'on peut être victime de ça. Je cherchais dans le commercial, puis dans le secteur bancaire, et la VenteDistribution ; au début je ciblais...puis je me suis rendu compte que c'était saturé...j'ai essayé d'élargir pour optimiser me chances.

Les dispositifs d'aide à l'emploi, l'ANPE, ce qu'il propose...je suis capable de le faire par moi même, de faire mes propres recherches...j'ai eu des entretiens, des réunions. Mais j'avais pas vraiment besoin d'eux...pour moi...c'est non...c'est plus une formalité administrative. J'allais sur le site de l'ANPE sinon pour avoir des offres...mais les CV, les lettres de motivation...j'ai pas besoin. Ce qu'il me faut dans la recherche d'emploi, c'est la dernière touche. Je privilégie les offres.

Sinon, je fais fonctionner le bouche à oreille, des relations...un petit peu de tout.

J'ai toujours habité à la Boissière. Dans mon quartier, il y a énormément de gens qui ont fait le même diplôme, et qui ne trouvent pas...ça ne vient pas que de moi. Il y a aussi la conjoncture, le chômage, et ajouté à ça...le secteur géographique, la discrimination. Plus le manque d'expérience. Il y a de la discrimination positive, c'est que la discrimination existe.

J'ai fait des stages, j'ai fait deux ans en alternance chez Décathlon, j'étais en cours et en fin de semaine en entreprise, c'était enrichissant. Puis j'ai fait deux ans en CDI à mi temps comme vendeur à Décathlon. J'ai fait le BTS et deux en plus.

Les profs, au niveau du BTS, ils étaient très très vague, en entreprise, on était susceptible d'être embauché. Mais aujourd'hui, il y beaucoup de gens avec un BTS, le marché est saturé.

J'essaie de cibler là où je suis le plus compétent, mais on essaie d'élargir...parce que ça marchait pas. J'essaie de mettre des mots clefs dans mes lettres de motivation, des accroches. Pour les entretiens, j'essaie de faire comprendre que je n'accepterais pas le poste dans n'importe quelle condition. Mais les offres que j'ai, c'est des contrats pour deux trois mois, pas plus. Je suis mobile, j'ai fait beaucoup d'entretiens en dehors de Nantes...à Paris, à Orléans...j'essaie d'élargir, d'être plus mobile.

Je suis en recherche d'emploi depuis septembre 2004. Je travaille beaucoup par Internet, j'ai envoyé plus de 500 CV et lettres de motivation, juste une vingtaine par écrit. Je travaille beaucoup informatiquement, surtout quand j'ai pas d'emploi, je vais consulter 4, 5 sites régulièrement, matin, après midi et soir. Mais si je décroche un travail, même précaire, je le fais, je prends du coup moins de temps pour ma recherche.

Un CDD, c'est un bon moyen pour intégrer une entreprise, on m'a proposé une fois un CDI mais j'ai refusé, c'était mal payé, il y a un minimum de reconnaissance, au niveau de la valorisation de l'individu, j'ai pas envie de travailler au salaire minimum. Une deuxième fois aussi, ils étaient intéressés par mon profil, là j'attends une réponse.

J'ai très peu de contacts avec les gens de mes promos, ils sont beaucoup en dehors de Nantes, des fois, juste quelques mails. Dans le quartier, j'ai pas mal d'amis qui ont fait le BTS Action Co, certains travaillent en Intérim, ou à l'usine. Ou en aggro aussi, c'est pareil, ils sont sans emploi, au chômage ou au RMI. Y a plein de gens qui ont les compétences, mais y a de la discrimination, j'ai beaucoup d'amis qui sont issus de

l'immigration, ils ont des faciès maghrébins ou africains...c'est ça...y a beaucoup de cas comme ça. Le manque d'expérience, parfois, c'est un faux prétexte. On me l'a déjà dit en entretien...à Auchan, pour un poste de manager opérationnel, on m'a demandé si le fait de venir d'un autre pays, ça pouvais poser un problème...je sais plus trop comment ils me l'ont demandé...ou pour moi, quel problème j'avais rencontré en étant issu de l'immigration maghrébine. J'ai d'autres copains qui ont eu les mêmes réflexions...pour être commercial...'vous avez un faciès qui risque de jouer sur les résultats'.

Ma mère voulait que je fasse une année de plus. Mon frère, il a arrêté en BEP ; il s'est mis à son compte. Même moi, parfois j'y pense, me mettre à mon compte, monter mon entreprise dans les services. Ou sinon, l'autre issu, ce serait de partir à l'étranger, l'international...soit être indépendant, soit s'aventurer à l'étranger...dans des pays qui regardent plus les compétences...l'Angleterre ou le Canada...il y a beaucoup de Pakistanais là-bas par exemple.

Puis l'Angleterre, c'est à côté et c'est très ouvert, ils n'ont que 5% de taux de chômage. Si j'ai une opportunité, je la saisirais.

Pour les ressources financières, j'ai toujours vécu chez mes parents, là je vis toujours chez eux, ils m'aidaient un peu, et j'avais de l'argent de côté aussi, plus les missions à gauche, à droite. Mais les études, c'est un coût, pour la Licence, c'était 2000 euros la première année et 2000 euros pour la Maîtrise. Si je veux monter un projet, je suis en incapacité financière, j'ai investi dans les études, j'attends de rentabiliser. La famille, c'est plus un soutien, j'ai moins de pression. J'ai un frère et deux soeurs qui vont continuer leurs études, on vit tous ensemble. Mon père, il pense que les jeunes ne veulent pas travailler assez, c'est l'inverse de mon raisonnement. Pour lui, si il y a un travail, il faut le prendre, moi, je fonctionne à l'inverse. Pour moi maintenant, c'est inconcevable de travailler à l'usine, je vais pas me dévaloriser par rapport à ce que je sais faire. Pour mon père, je comprends qu'il pense ça, ils ont eu un passé plus difficile, son discours est contraint, moi j'ai pu accéder aux études et pas lui. Aujourd'hui, il est sans profession, il approche de la retraite, avant il était ouvrier agricole.

Pour la filière, j'ai toujours été libre, j'ai toujours fait mes propres choix, j'ai jamais été influencé. Mon père m'a toujours laissé faire. Il était content mais sans plus, il attendait que je sois plus tôt sur le marché du travail. Ma mère m'a encouragé à poursuivre mes études, elle voulait que je me cultive davantage, pour aussi acquérir un travail plus intéressant. Mes soeurs aussi vont continuer les études, elles veulent avoir des postes à responsabilité.

Je discute beaucoup avec des gens issus de l'immigration, pour beaucoup, les diplômes, ça sert à rien, ils ont raison quelque part...ils disent...t'as fait des études, mais tu galères. Y'en a, ils ont arrêté par la force des choses. Aujourd'hui, on ne peut pas dire faites des études et vous aurez un meilleur salaire. Beaucoup de gens ont arrêté tôt, et il y a ceux qui sont en Intérim toute l'année, ou qui montent leurs affaires...ils se débrouillent très bien...plus les emplois non déclarés.

Si je faisais un retour en arrière, je me serais arrêté après le BTS, j'ai fait ce que je pouvais, ça ne vient plus de moi. J'ai essayé de continuer pour me différencier...mais ça ne sert à rien...enfin si...pour les connaissances...pour la culture générale, ça me sert, c'est enrichissant.

Pour beaucoup d'entreprises, ils demandent juste un Bac+2, ils demandent que ça. Des fois, je suis trop qualifié. Pour une entreprise, j'ai dit que j'étais OK pour le poste Bac+2, mais ils veulent pas, moi je suis d'accord pour être payé à Bac+2. Parfois, j'ai pensé à enlever sur le CV la Licence et la Maîtrise, et mettre que BTS. Mais c'est un peu stupide, je vais pas tricher, j'ai ces diplômes, alors...

J'ai été convoqué pour plusieurs entretiens, je mets toujours mon CV et ma photo sur les CV.

La filière, je l'ai choisie parce qu'il y a des offres, le Commerce, c'est large, y a quand même beaucoup d'offres. Mais c'est le manque d'expérience aussi. La discrimination plus la conjoncture. On est tombé au mauvais moment. Le problème pour les jeunes, il est général, et si on descend, si on segmente, c'est encore plus difficile pour ceux qui sont issus de l'immigration ou qui habitent en quartier.

C'est plus la discrimination que le quartier, par exemple tu peux être `français de souche'... (j'aime pas trop cette expression) et être dans un quartier ; la personne, elle trouvera peut être plus facilement.

Pour le quartier, tous ceux qui habitent un quartier, ils veulent partir, tout le monde veut partir, on veut tous un environnement plus agréable, un meilleur cadre de vie, mais là aussi, il y a la discrimination au logement. Moi aussi, j'aimerais partir.

Pour les entretiens d'embauche, on me dit que mon profil ne correspond pas au poste recherché, ou que je manque d'expérience. On ne me propose pas de CDI en ce moment. J'ai eu des entretiens avec pleins d'entreprises...BNP, Supersport, Auchan, Konika, La MAFF...

Pour la MAFF, ils m'ont fait passer des tests, et une simulation de vente, je fais la démarche et j'ai été arrêté sur un point...en dix minutes, on m'a dit de pas revenir l'après midi parce que j'avais raté sur ce point là. Je voulais faire une vente complète, j'ai pas insisté. Pour ce détail, je correspondais pas au profil. Je n'avais pas assez insisté sur les services. Je trouve ça bidon, je suis sur qu'elle savait moins bien vendre que moi. Il faut aussi regarder les compétences des recruteurs. Ca on peut le savoir en regardant les turn-over au niveau des salariés, si il y a beaucoup de turn-over, c'est qu'il y a un problème au niveau du recrutement. C'est comme les tests, ça ne veut rien dire. J'ai vu des entretiens bidon, où il y avait des réunions, et il fallait s'imposer par rapport aux autre, en collectif, chacun veut être plus fort que l'autre, ça finit en foire. Je crois qu'il y a aussi un manque de qualité dans la façon de faire passer les entretiens.

Mon père, ça fait 35 ans qu'il est en France, moi je suis né au Maroc, je suis venu en France, j'avais six ans, on a rejoint mon père avec le regroupement familial.

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984