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La mobilisation de la démarche judiciaire dans le processus de justice transitionnelle en sociétés post-conflit: le cas du Rwanda

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par Claudette Chancelle Marie-Paule BILAMPASSI MOUTSATSI
Université protestante d'Afrique Centrale - Master II en paix et développement 2012
  

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I. Importance et intérêt du sujet

Une principale raison motive et sous-tend le choix du présent sujet

La justice transitionnelle est apparue ces vingt dernières années comme une discipline en plein essor des champs plus vastes des droits de l'homme et de résolution de conflits6. Elle est axée sur la manière dont les sociétés en transition de la guerre à la paix ou d'un régime autoritaire à la démocratie abordent le legs des exactions passées. Dans son rapport relatif au « rétablissement de l'Etat de droit et administration de la justice pendant la période de transition dans les sociétés en proie à un conflit ou sortant d'un conflit », l'ancien Secrétaire Général des Nations Unies, Kofi Annan, présente la justice transitionnelle comme un moyen de consolidation de la paix. Il affirme :

il ressort clairement de notre expérience de ces dernières années qu'il n'est pas possible de consolider la paix dans la période qui suit immédiatement la fin du conflit et de la préserver durablement, que si la population est assurée d'obtenir réparation à travers un système légitime de règlement des différends et l'administration équitable de la justice 7.

De cette déclaration, il apparaît clairement que pour sortir durablement de la violence, et mettre en place une paix durable, il est judicieux de recourir à des mesures de réparation réellement adaptées : celle de justice transitionnelle qui prend en compte les commissions de vérité et réconciliation, les programmes de réparations, les poursuites pénales8 et de nos jours, les besoins sexospécifiques9. La justice transitionnelle lutte en effet contre l'impunité pour des crimes effectués durant la période de conflit ; c'est ainsi que Ban Ki-Moon, Secrétaire

6 Depuis la fin de la guerre froide, la justice transitionnelle est devenue le nouveau mantra des relations internationales. En effet, en l'espace de deux décennies, la justice pénale internationale a connu un développement sans précédent, les commissions vérité se sont multipliées aux quatre coins du monde, les paroles de repentir et l'octroi de réparations aux victimes de violations des droits humains se sont multipliés.

7 Rapport du Secrétaire Général des Nations Unies devant le Conseil de sécurité, « Rétablissement de l'Etat de droit et administration de la justice pendant la période de transition dans les sociétés en proie à un conflit ou sortant d'un conflit », Doc. S/2004/616, 23 août 2004, p. 7, paragraphe 8.

8 Les poursuites pénales des crimes les plus graves sont des outils essentiels dans l'établissement d'un Etat de droit et d'une paix durable dans les sociétés sortant d'un conflit.

9 Il est en fait impératif de bien comprendre comment la guerre, le conflit ou la dictature affectent de manière différenciée les femmes, les hommes, les enfants et les personnes âgées. Sans mesures spécifiques pour les uns et les autres, on pourra difficilement mener à bien la réhabilitation des victimes. Il faudrait tenir compte des nouveaux rôles et fonctions assumées par les uns et les autres pendant de longues années de conflit, notamment en matière de division des rôles entre femmes et hommes peut s'avérer être une nouvelle épreuve douloureuse.

La mobilisation de la démarche judiciaire dans le processus de justice transitionnelle en sociétés post-conflit : le cas du Rwanda.

général des Nations Unies réaffirme avec vigueur « le refus collectif de l'impunité pour les auteurs de crimes contre l'humanité »10. A cet outil de nature répressive fondée sur les poursuites des auteurs d'exactions massives, s'ajoute la justice restauratrice qui vise davantage la réconciliation nationale.

La justice transitionnelle relève donc d'une importance particulière en ce sens qu'elle punit les criminels mais aussi établit une paix durable en faisant la lumière sur ce qui s'est passé et en permettant une réconciliation pour les sociétés divisées et meurtries par des abus et violations massives de droits humains lors d'un conflit. Selon les Normes de formation aux opérations ONU de maintien de la paix préalable au déploiement, modules pour la formation obligatoire préalable au déploiement, la violation des droits de l'homme est un terme qui indique que « les droits de l'homme ont été violés par l'action (ou l'omission) d'un responsable ou agent de l'Etat, par exemple un agent de police, un soldat, un juge, un administrateur local ou un parlementaire dans l'exercice réel ou présumé de ses fonctions »11. L'abus des droits de l'homme pour sa part est un terme général qui englobe « les abus des droits de l'homme commis par des acteurs non affiliés à l'Etat tels que les groupes rebelles, les personnes morales etc. »12.

Sujet d'actualité, la justice transitionnelle devient un moyen de consolidation de la paix qui attire notre attention d'où l'importance de cette étude qui s'attèle à montrer comment la démarche judiciaire se mobilise dans le processus de justice transitionnelle. Il s'agit de voir à travers un cas de figure si les institutions de la justice transitionnelle ont aidé et servi à la consolidation de la paix et à la réconciliation en situation post génocide.

L'importance scientifique et académique de ce sujet est d'enrichir des travaux académiques portant sur la justice transitionnelle et notamment sur le Rwanda. En effet, il sied de souligner que la justice transitionnelle est une discipline relativement récente ; ce n'est qu'à partir des années 2000 qu'elle est désormais enseignée dans certaines universités de par le monde. C'est aussi dans cette logique que s'inscrit notre recherche puisque la justice transitionnelle occupe maintenant une place considérable dans le milieu universitaire; elle affirme les nouvelles valeurs des sociétés et de la communauté internationale13. Il est donc

10 BAN KI-Moon, « L'ère de l'impunité des bourreaux doit se clore », Le Monde, 1er juin 2010.

11 Normes de formation aux opérations ONU de maintien de la paix préalables au déploiement, modules pour la formation obligatoire préalable au déploiement, DOMP et DAM des Nations Unies, 1e éd., 2009.

12 Idem.

13 Il ressort de nos différentes lectures que la communauté internationale a investi financièrement, politiquement et symboliquement dans les programmes de DDR ainsi que dans les politiques de pardon et de châtiment

La mobilisation de la démarche judiciaire dans le processus de justice transitionnelle en sociétés post-conflit : le cas du Rwanda.

nécessaire pour nous de faire une étude approfondie afin que les politiques à venir en matière de justice transitionnelle aient les meilleures chances d'atteindre les buts immédiats tels que mettre fin à l'impunité et restaurer la dignité des victimes, ainsi que les buts à plus long terme de stabilisation, prévention des conflits, réconciliation et restauration de la confiance au sein des populations. Cette étude permet de comprendre comment les expériences de la justice transitionnelle contribuent au renforcement des droits de l'homme et à la promotion de la réconciliation au Rwanda. Elle permet également de voir la manière dont l'ONU14, à travers les mécanismes judicaires tels que les tribunaux pénaux internationaux s'y prend pour résoudre les conflits et consolider la paix. Ce travail met en exergue les forces et les faiblesses de la justice transitionnelle au Rwanda et précise à travers nos recommandations quelles mesures devraient être préconisées pour atteindre l'objectif de reconstruction d'une paix durable.

Intérêt de l'étude : cette étude revêt pour nous un double intérêt : d'un côté, un intérêt personnel et de l'autre, un intérêt théorique et pratique. Au plan personnel, ayant perdu un grand frère qui a été exécuté et enterré dans une fosse commune lors de la guerre civile de 1997-1998 au Congo Brazzaville, ce dernier comme beaucoup d'autres congolais n'ont jamais connu de justice transitionnelle qui a pour but de s'attaquer à des évènements survenus en contexte de crise, afin de concilier les impératifs de justice (lutte contre l'impunité) et de réconciliation, seule garantie de paix et de protection des droits de l'homme (droit à la vérité, réparation dues aux victimes etc.). Suite à cet évènement tragique que nous avions vécu, il nous apparaît clairement qu'en situation post-conflit, la justice transitionnelle est l'unique voie pour panser les blessures et les rancoeurs du passé, pour surmonter les traumatismes physiques et psychiques survenus lors des événements tragiques.

Au niveau théorique, cette étude présente la justice transitionnelle comme l'ensemble des mécanismes mis en place par une société donnée pour faire face à un passé marqué par des abus et des violations graves des droits de l'homme et /ou du droit international humanitaire. Dans la présente analyse, ce passé est caractérisé par le génocide et la guerre civile. De façon globale, trois types de mécanismes de justice transitionnelle ont souvent été mis en place : des mécanismes de justice pénale qui consistent à créer des juridictions

14 Les Nations Unies sont les acteurs essentiels de la justice transitionnelle. En effet, sous l'égide du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, le Conseil de Sécurité des Nations Unies a crée des instruments de la justice pénale internationale à l'instar du tribunal ad hoc du Rwanda.

La mobilisation de la démarche judiciaire dans le processus de justice transitionnelle en sociétés post-conflit : le cas du Rwanda.

pénales- internationales15, hybrides16 ou nationales17 pour poursuivre pénalement ceux qui sont soupçonnés d'avoir commis des abus ; des institutions de justice réparatrice ou de réconciliation comme des commissions vérité et réconciliation18, et des programmes des réformes des institutions19. Dans nombre de sociétés qui sont sorties d'une période de conflits meurtriers, on a assisté au déploiement de toute une gamme de mesures visant à faire face au lourd héritage d'un passé de violations massives et systématique des droits de l'homme. Il s'agit d'efforts pour engager des poursuites judiciaires contre les auteurs des plus graves violations, de commissions de vérité et réconciliation qui sont mises en place pour rapprocher les communautés, d'efforts visant à indemniser les victimes ou leurs survivants et à honorer la mémoire des personnes tuées et des disparus. L'on est en droit de constater que la justice transitionnelle occupe désormais une place de plus en plus importante dans les analyses sur les mécanismes de résolution de conflits et d'instauration d'une paix durable ; elle a influencé la dynamique de résolution des conflits.

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