B.4.3 Des moyens sont à mettre en oeuvre pour
parvenir à l'objectif
Pour parvenir à l'objectif général, des
objectifs intermédiaires peuvent êtres fixés et aussi des
moyens imaginés. Ils vont servir de pont vers les objectifs
généraux. Les objectifs intermédiaires vont cibler les
mécanismes défaillants qui causent un blocage à la
personne pour rejoindre l'objectif, qui cible les sites d'action.
Nous allons, donc, nous arrêter sur l'organisation des
éléments, des techniques et des moyens artistiques, art dominant
et phénomènes associés. Il faut que
l'art-thérapeute s'adapte aux difficultés du patient, à
son style, à ses goûts, à ses attentes, à ses
limites, ainsi sur l'adoption de l'art dominante et phénomènes
associés. Pour stimuler la créativité de la personne prise
en charge, l'art thérapeute doit être ainsi créatif.
Si avec Mme C. et Mme L., j'ai utilisé la danse et
l'expression corporelle comme arts dominants ( voir Etude de deux
cas), j'ai stimulé Monsieur E. et Mme B. surtout avec d'autres
moyens artistiques.
Avec Monsieur E., homme de 67ans, lequel, à la suite
d'un AVC (Accident Vasculaire Cérébral) présente des
troubles du langage et des troubles psychomoteurs, j'ai déroulé
mon cheminement thérapeutique en utilisant souvent la musique et le
dessin, des activités artistiques très aimées par Monsieur
E. Même si, avec lui, j'ai plusieurs fois essayé la danse et
l'expression corporelle, j'ai remarqué qu'il n'était pas
intéressé par nos séances, au point de ne pas se souvenir
parfois de nos rendez-vous. J'ai alors préféré diriger mon
travail en utilisant d'autres techniques artistiques. De plus, ce patient
n'aimait pas du tout la danse et, à cause de ses déficits
psychomoteurs, ne présentait ni l'envie, ni la force de bouger son
corps. Et cela créait un blocage psychomoteur, mais aussi un blocage sur
la capacité de jouissance à la vue d'un autre danser.
Malgré cela, j'ai continué mon travail avec lui, car sa situation
de solitude dans sa chambre le conduisait vers une sorte d'ennui et
d'insatisfaction envers sa vie quotidienne. Nous avons construit des histoires
autour de certaines peintures crées par lui-même. À travers
l'écoute des différentes musiques nous avons improvisé d'
autres mélodies ensemble, en utilisant des outils présents dans
sa chambre comme des
instruments musicaux. Nous avons créé des petits
histoires autour de vieilles
chansons françaises. Tous ces moyens utilisés
dans le cheminement thérapeutique
ont contribué à instaurer une communication,
puis une relation entre lui et moi. Au début, nous avons eu des
difficultés de syntonie communicative, syntonie qui, petit à
petit, s'est développée. Notre point en commun,
c'est-à-dire la sensibilité pour l'Art, nous a aidé
à créer un lien entre deux personnes de générations
différentes et de différentes nationalités. En utilisant
le chant, la lecture de poèmes et de textes musicaux, nous avons
stimulé son langage, faculté défaillante chez Monsieur E.
Si au début, il montrait des inhibitions à chanter et à
lire, petit à petit, il s'est laissé aller. Ainsi son langage
paraissait plus fluide et clair.
La peinture et le dessin ont été
exploités avec une autre de mes résidents, Madame B., femme de 81
ans atteinte de la maladie de Parkinson. Si avec Monsieur E., la syntonie
communicative et relationnelle a grandi petit à petit, avec Madame B.
une sensation de sympathie réciproque nous a aidé à vite
établir notre relation, c'est-à-dire « l'implication
relationnelle ». Cette sensation de syntonie lui a donné une
confiance en elle et l'envie de partager de beaux moments ensemble. Madame B.,
indiquée par l'équipe soignante pour son état
dépressif et apathique, au contraire de Monsieur E. ne montrait pas un
intérêt particulier à l'Art. Je trouve qu'également
dans ce cas, l'approche relationnelle et technique a bien contribué
à conduire nos séances art thérapeutique et à
entrainer Madame B. vers les activités artistiques lors de nos
séances. Nous avons effectué, pendant notre travail, autre que
la danse et l'expression corporelle, aussi le dessin et la peinture abstraite.
A travers la danse, le dessin et la peinture, nous avons créé
« l'oiseau du bonheur » (expression dite spontanément par
Madame B. lors d'une séance de dessin). Ce sujet artistique lui a
provoqué un entrainement particulier au point qu'elle-même
proposait une attitude plus constructive vers notre travail, surtout dans les
dernières séances.
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