WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Le symbole de la paix dans le processus de démocratisation des régimes monolithiques d'Afrique noire. Le cas du Cameroun

( Télécharger le fichier original )
par Fridolin Martial FOKOU
Ecole normale supérieure de l'Université de Yaoundé I - Diplôme de professeur de l'enseignement secondaire général 2ème grade 2012
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

2- La marche du 26 mai 1990 à Bamenda : et le Social Democratic Front (SDF) naquit.

De l'ordre des avocats, les signes de la démocratisation allait gagner le terrain des partis politiques. En effet, voulant prendre le gouvernement aux mots, un jeune libraire, Ni John Fru Ndi et maitre Siga Asange, déposent les dossiers administratifs pour la légalisation d'un parti politique, le SDF à Bamenda, à la préfecture de la Mezzan. En effet, ils étaient animés par le fait que Yondo Black et les autres n'avaient pas été condamnés ; comme l'affirme le gouvernement, « la démocratie n'est effectivement pas proscrit »155(*).

Trois mois après le dépôt légal, le fondateur n'avait toujours pas reçu de réponse de l'administration. Or, la législation est claire dans ce domaine, « trois mois après le dépôt légal des statuts, la non-réponse des autorités vaut reconnaissance implicite de l'organisation ou du parti »156(*). C est sur la base de cette disposition que le communique de presse numéro 2 daté du 15 Mai 1990, la décision est prise :

Le SDF annonce à ses sympathisants et militants potentiels que suite au dossier déposé à la préfecture de Bamenda, le meeting inaugural du parti aura lieu le 26 Mai dans la ville de Bamenda à partir de 14h. Le meeting commencera par une longue marche depuis le Rond point City chemist jusqu'au stade municipal Bamenda où des discours de lancements seront prononcés en même temps que les manifestes du SDF seront distribués.157(*)

Le même communiqué ajoute que la date a été choisie pour ne pas perturber la fête nationale du 20 mai. Toujours est-il que la marche sera interdite par les autorités administratives.

Le 26 mai 1990 donc, la marche est officiellement lancé. Bravant les mesures policières, une foule déferlante se rue dans la ville de Bamenda ; on parle d'environ 80000 personnes. Le bilan de la riposte policière fait état de six morts158(*). Ce sont selon les mots de Valentin Ndi Mbarga « les premiers morts de la démocratie ».

Ainsi, la marche de Bamenda, avec les conséquences qu'elle a générée, a prouvé la détermination du peuple camerounais à militer pour le multipartisme. La réaction gouvernementale, comme on peut le remarquer oscillera entre tâtonnements et adaptation. Le tâtonnement est perceptible à travers l'organisation des manifestations pro-gouvernementales contre le multipartisme à partir de juin 1990. Mené par le tout puissant maire de Yaoundé Emah Basile, les partisans du régime militent contre « le multipartisme précipité ».

Mais, les évènements de La Baule amena le gouvernement camerounais à changer de vision politique afin de faire corps non seulement avec l'environnement international, mais aussi et surtout pour témoigner de son « intention démocratique »159(*). Ainsi, lors du congrès du RDPC tenu du 28 au 30 Juin 1990, le chef de l'Etat prend la parole et, tranchant avec les divergences des cadres de son parti affirment clairement que « le RDPC doit se préparer désormais à une éventuelle concurrence »160(*). C'est le début de la concurrence politique au Cameroun161(*). Ainsi, note Luc Sindjoun,

Le passage de monopole à la concurrence, fut-elle déloyale, engendre un désordre structurel se traduisant par l'entrée dans le marché politique de nouveaux entrepreneurs tels que John Fru Ndi, Ndam Njoya, Bello Bouba Maigari [...] qui échappent, dans une certaine mesure, au contrôle du président Paul Biya, et aspirent à prendre sa place162(*).

Le président de la république entreprit donc de prendre un certain nombre de mesure pour contenir cette vague de mobilisation. Les vannes de l'ouverture démocratique s'ouvraient ainsi avec la promulgation d'une série de lois issues de la session des libertés de l'Assemblée Nationale. La plus importante de ces lois est sans doute la loi n°90/056 du 19 Décembre 1990163(*).

Ceci prouve que la conjonction des évènements aussi bien nationaux qu'internationaux a eu raison des forces de conservation. Le ver était déjà dans le fruit et il ne fallait que prendre des mesures afin qu'il pourrisse sans dégager des effluves.

* 155 G. Gueguim Zébazé, « les élections pluralistes de 1992 au Cameroun... », p.20.

* 156 P. Yambé Tchientcheu, Le Social Democratic Front...p. 22.

* 157 Http : // www.Sdfparty.org/french/communiqués/124.php/ consulté le 14 Décembre 2011 à 18h30.

* 158 Il existe une vive polémique quant à la cause des morts ; Pour le gouvernement on parle de « six morts piétinés » tandis que l'opposition parle de « morts par balle ». L'autre polémique porte sur le nombre exacte de victimes. Pendant que la presse nationale annonçait six morts des radios privées comme BBC annonçaient un mort.

* 159 C.-G. Mbock, Cameroun, l'intention démocratique, Ydé, SOPECAM, 1992, p. 8.

* 160 Allocution du chef de l'Etat au congrès du RDPC, Cameroun Tribune n°4347 du 02 Juillet 1990, p.6.

* 161 Ceci est d'autant plus vrai que durant le mois de mars 1990, Bello Bouba Maigari lance l'UNDP à paris avec l'aide de quelques amis. Dans le même temps, l'UPC est en ordre de passage pour tenter une unification de ses différentes factions.

* 162 L. Sindjoun, « Le président de la république du Cameroun... », p. 86.

* 163 «Les lois de la session des liberté », Cameroon Tribune, n°4709 du Jeudi 20 Décembre 1990, Cf. Annexe 1.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway