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Le symbole de la paix dans le processus de démocratisation des régimes monolithiques d'Afrique noire. Le cas du Cameroun

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par Fridolin Martial FOKOU
Ecole normale supérieure de l'Université de Yaoundé I - Diplôme de professeur de l'enseignement secondaire général 2ème grade 2012
  

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2- Le concept de «bonne gouvernance mitigée» : de la critique à la coordination.

S'il est une constante dans la vie politique camerounaise depuis 1990, c'est bien le fait que « l'argent coule à flot »231(*). La machine gouvernementale y est assez huilée pour dissimuler cette situation. Or, les évènements de 1990 avaient aussi inscrit à l'ordre des principes démocratiques, le respect de la Bonne Gouvernance. De manière globale, l'on conçoit la gouvernance comme « un processus d'organisation et d'administration des sociétés humaines dans le respect et l'épanouissement des diversités »232(*). En l'élargissant dans le contexte des évènements de l'après 1990 où l'ancrage démocratique y est fortement manifeste, la gouvernance prend une toute autre signification, « elle peut être analysée comme un système démocratique de gestion. Elle reprend dans une perspective de management, les ingrédients de la démocratie »233(*).

Le concept de « bonne gouvernance » quant à lui intègre d'autres éléments importants à la compréhension du concept. De fait,

La bonne gouvernance vise à épanouir et responsabiliser les populations. L'ordre, au lieu d'être imposé d'en haut et détesté, est modelé d'en bas. L'enjeu n'est plus de se mobiliser contre un ennemi extérieur mais d'obtenir le consentement de chacun à des disciplines [...] L'idée de la bonne gouvernance illustre la transformation du rôle et de la légitimité de l'Etat234(*).

Vu sous ce prisme, il est manifeste que le Cameroun était en proie à un déficit de gouvernance et même de bonne gouvernance car l'ordre continuait d'être donné d'en haut. Comme en témoigne les situations tendues au lendemain des consultations électorales. Bien sûr le gouvernement de Biya arguait haut et fort de l'existence d'une certaine « gouvernance maitrisée », interprétant ainsi autrement le concept même de la gouvernance. Peut-être pouvait-il avoir raison car « la gouvernance reste une réalité floue »235(*). Soit, mais son interprétation aussi large soit-elle ne peut éluder le fait qu'il existe un minimum d'élément convergeant. Et pour cause, « la notion de gouvernance est heureusement un concept assez solide pour cristalliser la réflexion et assez flexible pour faciliter les convergences de vues »236(*).

Quoiqu'il en soit, le Cameroun ;à la fin de la décennie 1990, pose un certain nombre d'interrogation. Les premiers sons de cloches se font sentir à la fin de l'année 1997 et prit le chemin de croisière en 1998 lorsque le rapport de Transparency International sur la corruption classe le Cameroun premier pays le plus corrompu de la planète. Le gouvernement se mobilisa pour remettre en cause la crédibilité de l'organisation Non Gouvernementale (ONG). Répondant aux critiques de l'Etat camerounais, monsieur Franck Vogt, alors vice-président de Transparency International déclare :

Le renforcement de la démocratie, l'atténuation de la pauvreté et des souffrances humaines de même qu'un développement durable des investissements et du commerce sont dans la plupart des pays [...] dépendant de la maitrise du problème de la corruption.237(*)

C'est donc dire qu'en l'absence de la maitrise et de la temporisation de la corruption, le Cameroun ne pouvait se targuer d'être un Etat démocratique, même si des élections régulières étaient organisées. Ceci n'était que la manifestation de ce que Samuel Huntington appelle sous d'autres cieux « la démocratie procédurale »238(*).

La communauté internationale à travers Transparency International remettait ainsi en cause toutes les actions entreprises par le gouvernement camerounais depuis le retour à la démocratie pluraliste. Ce qui signifiait autrement que « l'îlot de paix » n'était qu'une apparence et que des conflits bien plus importants que l'affrontement armé avait cours au Cameroun. La réaction gouvernementale fut à partir de ce moment là plus vives qu'avant.

* 231 Manga Kuoh, Cameroun, un nouveau départ..., p. 45.

* 232 P.-M. Defarges, La gouvernance, Paris, PUF, 2003, p. 6.

* 233Ibid., p. 19.

* 234 P.-M. Defarges, La gouvernance..., pp. 39-40.

* 235 J.-P. Gaudin, Pourquoi la gouvernance ? , Paris, Presse de science Politique, 2002, p. 127.

* 236 Ibid., p. 99.

* 237 J.-B. Talla, « controverse autour d'un communiqué de presse : Transparency International et le Cameroun », P. Titi Nwel, De la corruption au Cameroun, Ydé, Friedrich Ebert Stiftung, Juin 1999, p. 233.

* 238 S. Huntington, Troisième vague, les démocratisations de la fin du XXème siècle...p. 288.

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