Partie 1 : Revue de
Littérature
La génération
Y
Définition de la
Génération Y
Il faut être conscient que dans cette partie de mon
étude tout ce qui va suivre devra être nuancé.
Effectivement, j'ai pu noter un nombre important de traits de
personnalité, d'attitudes communs à l'ensemble de cette
génération. Cependant chaque individu étant unique,
certains membres de cette génération peuvent ne pas se retrouver
dans le cadre de définition qui suit.
De plus, malgré l'engouement d'auteurs au sujet de la
génération Y, peu de revues scientifiques ont été
rédigées sur le sujet. La grande majorité des auteurs sont
des consultants qui décrivent uniquement de façon factuelle sans
aucune analyse pour approfondir leurs propos. C'est la critique apportée
par Cécile Dejoux dans l'article « Diversité
générationnelle : implications, principes et outils de
management » lorqu'elle affirme que de nombreux auteurs
(Strauss, 2000 ; Martin, 2006, Bovis, 2010) se sont arrêtés
sur les attitudes en les faisant passer pour des caractéristiques.
De nombreux qualificatifs ont été
évoqués pour définir la génération Y :
« Millenial Generation » (W. Strauss et N. Howe,
Generations, 1991), « Net Generation » ou
« e-Génération », « Echo
Boomers » (enfants de « Baby Boomers »),
« Generation Why » (Eric Chester, Getting Them to Give
a Damn : How to Get Your Front Line to Care about Your Bottom Line,
2005). Le simple fait de nommer cette génération par autant
de qualificatifs prouve bien qu'elle n'est pas évidente à cerner
et qu'une confusion importante existe au sujet des membres de cette
génération. Ces appellations aussi différentes peuvent
s'expliquer par le contexte économique, social, culturel et
technologique dans lequel les membres de cette génération ont
évolué. En effet les années 80 et 90 ont été
une période de rupture d'un point de vue économique et
social : fin des trente Glorieuses et début d'une longue période
de croissance très ralentie en Occident, démocratisation de
l'informatique et apparition de l'Internet, des réseaux sociaux,
uniformisation des comportements de consommation, etc. Tous ces changements ont
profondément affecté les membres de la génération Y
et leur ont apporté leurs caractéristiques. Par exemple, selon
Howe et Strauss c'est la première génération du monde
à grandir en étant « mondiale »,
c'est-à-dire que des membres de cette génération habitant
sur des continents différents ont les mêmes comportements
(alimentaires par exemple). De plus, comme l'explique Rebecca Huntley dans
« The world according to Y : inside the new adult
generation » paru en 2006, en conséquence des changements
économiques des années 80 et 90, la génération Y
est la première à subir les effets du divorce, des
réductions d'effectifs et le statut d'utilisateur-payeur dans
l'enseignement supérieur. Face aux difficultés rencontrées
par leurs concitoyens, les membres de la génération Y se portent
souvent volontaires dans des associations. C'est, selon Bruce Tulgan et Carolyn
A. Martin, dans leur ouvrage Managing Generation Y : Global citizens
born in the late seventies and early eighties, 2001, la
génération la plus consciente depuis les années 60, comme
le prouve l'enquête annuelle nationale de UCLA parue en 1999: 75% des
étudiants de 1ère année sont volontaires dans des
associations.
Or malgré le fait que cette génération
soit «née dans l'ère de l'incertitude» comme l'explique
Hugh Mackay (Generations: Baby Boomers, their Parents & their
Children, 1997) elle est décrite étude après
étude comme optimiste, idéaliste, habile, ambitieuse, confiante,
engagée et passionnée. Le rapport du Spin Sweeney de 2004
constate même que les jeunes dans la tranche d'âge 16-28 ans sont
étonnamment optimistes, les ¾ des répondants pensant
même que le futur sera meilleur que le passé. Comme l'explique
Peter Sheahan, le changement est quelque chose auquel les Baby Boomers ont
résisté, la Génération X a accepté le
changement et a essayé de s'y adapter, quand la Génération
Y vit pour ce changement.
Ce changement s'illustre notamment par leur adaptation aux
NTIC avec lesquels ils ont grandi. Ils ont vu ces moyens de communication se
multiplier et se développer à une vitesse incroyable ; et
comme ils grandissent en même temps, ils ne peuvent être
dépassé par les nouveautés contrairement aux autres
générations pour qui ces NTIC sont nouvelles et évoluent
souvent trop vite. Une récente étude américaine portant
sur les déterminants cognitifs de la génération
Y (The Cognitive Determinants of Generation Y's entitlement
mentality, Christopher S. Alexander, King's College James M. Sysko, Eastern
Illinois State University, 2011) affirme que pour la plupart des membres de la
génération Y, le traitement de l'information et le rapport aux
technologies correspond à « un sixième
sens ».
Un sixième sens qu'ils paient cher. Peter Sheahan les
caractérisent même comme étant plus matérialistes
que les générations précédentes, ils sont
obsédés par le fait d'avoir le dernier, le nouveau, le plus
rapide, le meilleur et paient pour cela. Le succès du Blackberry et de
l'iPhone chez les membres de la génération Y le prouve. Le plus
souvent, « Ils pensent qu'ils ont droit à la richesse et au
succès juste en se montrant. Il n'est pas aussi facile qu'ils le
pensent. Ils ne comprennent pas le concept de cause à effet ou du
sacrifice à court terme pour un gain à long terme », ce
qui fait le défaut de leur manque de maturité pour certains. Mais
cette technologie leur permet de former des liens étroits de
loyauté avec ceux avec qui ils partagent leurs différences ainsi
que l'honneur de leur unicité. Et la technologie leur a permis de
créer des relations privilégiées avec ceux-ci.
La technologie a rapproché les membres de la
génération Y peu importe leur race, leurs origines. A tel point
que George Barna, chercheur américain, estime qu'ils ne
« respectent que 2 règles : poursuivre agressivement la
diversité au sein des personnes et que le changement est
bon ». Ou comme le rapporte Bruce Tulgan et Carolyn A. Martin,
« la plupart des membres de la Génération Y pense qu'il
est stupide de juger les personnes uniquement sur leur genre, héritage
ou orientation sexuelle. » et que « le talent devrait
être le seul facteur de succès ».
Ceci n'est qu'un petit échantillon des
différences existantes entre cette jeune génération et
celles qui la précèdent.
Or elle surprend aussi par son conformisme,
« paradoxalement, alors que c'est une génération qui a
des valeurs de liberté, de flexibilité, de choix, elle est
beaucoup plus conformistes que les précédentes. Le désir
de s'intégrer, de faire partie du groupe, qui a toujours
été présent dans la culture des jeunes, est
particulièrement important pour la Génération
Y. » comme l'explique Rebecca Huntley.
Chris Watt, chercheur sur la jeunesse, explique que de loin le
problème le plus pressant de la génération Y dans la vie
quotidienne est le « désir incessant d'être
accepté, d'appartenir à un groupe ».
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