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Eglise evangélique du cameroun et coopération internationale (1957-2007)

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par Moise NKAPMENI NGAPET
UNIVERSITE DE YAOUNDE I (ENS) - DIPES II 2015
  

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3) La proclamation de l'autonomie de l'Église Évangélique du Cameroun

La proclamation de l'autonomie de l'É.É.C. fut la résultante des frottements anciens et nouveaux se sont produits entre la Mission et les Églises. Il est important de mentionner « l'affaire Bamoun » qui déclencha en 1953 entre le missionnaire Henri Martin et le pasteur Josué Muishe dans l'Église de Foumban. Ce conflit s'amplifia au point d'ébranler l'oeuvre de la S.M.É.P. au Cameroun.

Le fond de cette affaire réside en ceci que, le pasteur Muishe avait depuis de longues années assumé des responsabilités socio-culturelles qui, d'après Henri Martin, étaient une entrave à l'exercice de son ministère pastoral. Bien plus, il exerçait une influence énorme sur le plan politique et son action sur l'ensemble de l'évolution de l'Église en terre Bamoun était considérable. En effet, c'est lors de la fête des récoltes en octobre 1953 que la mésentente entre Muishe et Martin fit véritablement jour. Pendant le culte dans le temple de Njissé, au cours duquel prenaient part tous les pasteurs, évangélistes, catéchistes et anciens de la Région Synodale Bamoun, on devait faire l'appel des dons des différentes paroisses, d'après un schéma établi par Martin qui présidait le culte. A la lecture de la liste du district de Muishe, Martin constata qu'elle était différente de celle qu'il avait préparée. Cela créa un tollé général en plein culte. D'autres événements accentuèrent et envenimèrent ce conflit. C'est le cas de la fermeture de l'hôpital de Njissé par le docteur Cugnet, à l'issue d'une séance d'études et de formation. Lors de cette étude, s'appuyant sur un cours sur l'hérédité, il essaya de démontrer la vanité et l'orgueil de la race noire et fit un parallèle entre l'affaire du dimanche et l'histoire de Noé.

L'affaire fut transmise aux organes suprêmes de l'Église. Mais Martin s'opposa à ce que la Commission Synodale Générale, dont dépendait l'application de la discipline ecclésiale et

86 J.O.C., 04 avril 1951, 10 mars 1957, comme si vous y étiez, Recueil des textes rassemblés et présentés par le

Révérend. Dr. Isaac Makarios Kamta, Douala, Joseph Merrick Centre, 2007, p.5.

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le contrôle des pasteurs s'en mêla. Il prit prétexte selon lequel « chacun qui vient de Lobethal, Yabassi, Douala, etc. croit dire quelque chose alors que le fond du problème leur échappe »87.

Se basant sur la Constitution de l'Église Évangélique du Cameroun, Muishe n'accepta pas la décision du Conseil d'Administration de la Mission Protestante Française, qui, sous la pression de Martin, déclara se séparer de lui. Il s'adressa par contre à la Commission Synodale Générale, tout en faisant appel au Comité Directeur de la S.M.É.P., en priant le Directeur Bonzon d'intervenir d'urgence.

La Commission Synodale Générale prit effectivement la décision de maintenir Muishe à son poste de Foumban et de déplacer Martin à Ndoungué. Ce dernier quitta d'ailleurs le Cameroun « le coeur brisé et n'ayant d'autres désir que de voir la paix régner dans l'Église » 88 . Le docteur Cugnet fut renvoyé en raison de sa déclaration au contenu inadmissible pour un missionnaire et de sa décision de fermer l'hôpital, pour le fonctionnement duquel la Mission recevait des subventions importantes de l'administration. L'arrivée de Bonzon à Foumban signifia aussi la fin de la discorde. On décida la démolition du hangar construit par Muishe et le retour au temple, ce qui se fit solennellement en procession avec le pasteur Jocky en tête.

Les incidents de Foumban montraient clairement que le temps était venu de passer le gouvernement de l'Église aux Camerounais, et qu'il était impossible aux missionnaires de prendre les décisions seuls.

Enfin, pour enlever les derniers obstacles à la proclamation de l'autonomie de l'É.É.C., les pasteurs Jean Kotto, Eugène Mallo, Élie Mondjo, prirent l'initiative d'élaborer son plan d'avenir89. A partir de 1955, ils se réunissaient à Ndoungué, sans autorisation pour parler de l'Église, de sa naissance, de son autonomie totale et des moyens pour atteindre ce but. Les uns et les autres décidèrent d'un commun accord de soumettre la demande de l'autonomie de l'Église à la prochaine Commission Synodale Générale qui devait se tenir à Foumban en août 1956. Cette Commission, dont les missionnaires faisaient partie d'office, demanda l'autonomie à la S.M.É.P., ce qui fut solennellement réalisé six mois.

Mais, il fallait aussi régler le transfert des biens immobiliers de la Mission au Églises, et préparer une nouvelle constitution. Même le nom de l'Église autonome devait encore être

87 Lettre de Martin à Mikolasek du 29/4/1953, Archives de l'É.É.C., Douala/Affaire Muishe-Martin.

88 Lettre de Bonzon à Mikolasek du 19 janvier 1954, Correspondance Paris-Douala.

89 Rapport du Secrétaire Général de l'É.É.C., Jean Kotto à la Commission Exécutive janvier 1967, Archives É.É.C., Douala.

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trouvé. Tandis que des pasteurs et des anciens dans le Sud du Cameroun voulaient que l'Église porte le nom «Église Luthérienne du Cameroun », ou à la rigueur «Église Évangélique Luthérienne », les Églises Bamiléké préféraient lui donner le nom « Église Réformée du Cameroun » ou « Église Évangélique Réformée ». À l'arrivée, pour éviter que l'Église ne s'enferme dans un étau confessionnel, on tomba d'accord sur l'appellation « Église Évangélique du Cameroun»90.

Ainsi, l'Église Évangélique du Cameroun et les Églises Baptistes qui se nomment aujourd'hui l'Union des Églises Baptistes du Cameroun, proclamèrent leur pleine autonomie le 10 mars 195791. Cela se fit au cours d'un culte solennel au temple du Centenaire, en présence des missionnaires et des ouvriers de l'É.É.C., au rang desquels les pasteurs Heimlinger et Paul Jocky.

Photo n°1 : Les pasteurs Hemlinger et Jocky le 10 mars 1957, jour de la proclamation de l'autonomie de l'É.É.C.

Source : L'Appel n° Spécial 43ème Synode Général, 1999, p.30.

À partir de cette date, aucune société de Mission, n'était plus en mesure de définir leurs priorités ou de décider, en ce qui concerne leur organisation, leurs activités et leur vie. Ces

90 Rapport du Secrétaire Général de l'É.É.C., 1967, Archives Michel Ngapet.

91 J. V. Slageren, Les origines de l'Église Évangélique, p. 223.

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deux Églises devinrent autonomes à un moment où les autres Églises protestantes du Cameroun continuaient de rester sous le contrôle des sociétés missionnaires étrangères. Cette autonomie avant-date de l'É.É.C. ne relevait pas d'un développement spontané. La proclamation ne fut, en fin de compte qu'un résultat de la résolution des autochtones de briser les reins du paternalisme et de la cristallisation de leur conscience, en face des problèmes nouveaux qui exigeaient une prise de position autochtone chrétienne92.

En cette année 1957, les statistiques de la S.M.É.P. donnaient cette figuration : neuf (09) stations, cent vingt-cinq (125) Églises, mille vingt et un (1021) annexes, une (01) école pastorale, trois (03) écoles bibliques, une école secondaire, une école normale trois cours complémentaires, cent quatre-vingt-dix-sept écoles primaires, une école professionnelle. On comptait également trois écoles ménagères, quatre cent quatre-vingt et un (481) écoles garderies ou de paroisses, six (06) hôpitaux et dispensaires, sept (07) maternité et pouponnières et une léproserie93.L'ensemble de la population protestante à cette époque était de 200 000 chrétiens sur une population générale de 900 000 personnes et la zone couvrait l'É.É.C94.

Au demeurant, la naissance de l'É.É.C. est l'aboutissement d'un long parcours qui a débuté vers la fin du XIXè siècle avec la succession des Missions, surtout celles de Bâle et de Paris dont les traditions ont marqué sa vie. Ainsi, au lendemain de son autonomie, l'É.É.C. s'était fixée quelques objectifs : consolider et progresser95. Il s'agit de la prise de conscience d'une Église qui doit vivre dans l'unité en son sein, qui doit désormais assumer pleinement et souverainement ses propres responsabilités dans tous les domaines, et ceci devant Dieu et au sein du peuples Camerounais. Elle devra s'assumer ainsi à travers la progression par l'évangélisation à l'intérieur comme à l'extérieur par le service et le témoignage. Ceci nous amène à présenter l'organisation de l'Église après son autonomie.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus