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Education et autonomisation. Défis et perspectives en faveur de la femme en République démocratique du Congo

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par Jules Muhindo Katsurana
Institut Panafricain pour le Développement - Master en Programmation du Développement et Intégration regionale 2016
  

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1.2. Problématique de la subordination de la femme

D'où vient le fait que la femme soit subordonnée à l'homme. Est-ce naturel ou le fruit d'une construction sociale ? Quelle est la part de la femme dans l'établissement de cet état?

Dans la section précédente, nous venons de montrer que le but de la justice sociale est de corriger les inégalités dans l'espace social, et instaurer une justice entre hommes et femmes. Ceci passe par l'octroi des libertés fondamentales et le renforcement des possibilités permettant à chacun de décider par lui-même sur sa propre vie et de la mener suivant la voie qu'il trouve la meilleure.

La présente section cherche ainsi à comprendre l'origine ou la cause de l'assujettissement de la femme. Il s'agit en premier lieu de savoir, si cet état est naturel ou alors culturel; et, ensuite, de s'interroger sur la responsabilité de la femme dans l'établissement et la perpétuation de cet état.

1.2.1 Origine de l'assujettissement de la femme

Depuis des décennies, l'origine et/ou la cause de l'assujettissement de la femme font l'objet des multiples controverses. Pour les uns, cette subordination serait le fait de la nature qui donnerait à l'homme la transcendance par rapport à la femme. Dans ce cadre, penser à l'égalité entre homme et femme serait illusoire. Pour d'autres par contre, l'assujettissement de la femme serait issu des constructions sociales. Il aurait évolué au fil des années jusqu'à devenir la normale sociétale ; un changement social est donc possible.

Face à cette dialectique, différents mouvements et courants de pensée ont vu le jour. Ils sont connus sous le vocable du féminisme. Dans les entendements de TOUPIN L. (1998), féminisme réfère à une «prise de conscience d'abord individuelle, puis collective, suivie d'une révolte contre l'arrangement des rapports de sexe et la position subordonnée que les femmes y occupent dans une société donnée, à un moment donnée de son histoire».

Pour sortir de cette subordination, les marxistes préconisent les solutions suivantes :

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Ainsi, le mouvement féministe cherche à comprendre les raisons de la subordination des femmes et propose des voies et moyens pour un changement.

Les lignes qui suivent présentent les perceptions des trois principaux courants féministes sur les causes de la subordination de la femme et des stratégies de changement proposées par chacun d'eux.

i. Le Féminisme libéral égalitaire

Appelé également féminisme réformiste ou encore féminisme des droits égaux.

Les féministes libérales égalitaires pensent que la subordination de la femme est causée par sa socialisation différenciée. Cette socialisation serait entretenue par des préjugés, des stéréotypes, des mentalités et valeurs rétrogrades qui se font plus sentir dans l'éducation, dans le monde du travail, dans les églises, les partis politiques, les gouvernements, la famille, bref dans toute la sphère de la vie sociale. Ce courant revendique, pour les femmes, l'égalité des droits, sans discrimination, entre femmes et hommes : égalité d'accès à l'éducation, égalité de traitement en milieu professionnel, l'égalité dans les lois et égalité politique.

Pour y parvenir, deux stratégies sont proposées:

? L'éducation non sexiste, c'est-à-dire qu'il faut socialiser la femme autrement. Une telle éducation permettra de changer les mentalités et conduire au changement de la société.

? Les pressions sur le pouvoir public en vue du changement des lois discriminatoires. Cette pression prendrait la forme des mémoires adressées au gouvernement, des sessions de sensibilisation du public par des colloques, de la formation des coalitions d'appui à des revendications, etc.

ii. Le courant marxiste du féminisme

Les féministes marxistes pensent quant à eux que l'assujettissement de la femme serait issu de l'avènement du capitalisme. Ce système économique, cultivant la propriété privée, institue dans les mentalités des individus les besoins de transmettre leurs propriétés par l'héritage. Ces mentalités créant ainsi chez ces derniers le besoin de s'assurer de la certitude de leurs descendances. Ce qui conduisit finalement à l'institution du mariage monogamique dans lequel les femmes ont été placées sous contrôle de leurs maris (institution du patriarcat) et hors de la production sociale (confinée aux travaux de ménage).

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? La participation des femmes à la lutte des classes afin d'abolir la société capitaliste et la remplacer par la propriété collective.

? L'instauration d'une prise en charge collective des enfants et du travail domestique, et la réintégration des femmes dans la production sociale et au sein du marché du travail salarié.

iii. Le féminisme radical

Alors que, pour analyser la subordination de la femme, les marxistes font référence au système économique (le capitalisme), les féministes radicaux pensent plutôt au système social (le patriarcat). Pour expliquer l'assujettissement de la femme, ces derniers féministes se disent remonter jusqu'à la « racine » du problème ; d'où le qualificatif radical. Ainsi, rejetant les idées que la subordination de la femme serait la conséquence des préjugés et des lois injustes, moins encore du système capitaliste, les tenants du féminisme radical pensent plutôt que c'est le patriarcat qui explique la domination des femmes par les hommes. L'ennemi principal est donc le pouvoir des hommes qu'il faille à tout prix limiter. Le patriarcat aurait créé la culture masculine dominante et la culture féminine dominée. Ce pouvoir se manifeste par le contrôle du corps des femmes, notamment le contrôle de la maternité et de la sexualité des femmes.

Certes, il faut à ce niveau rappeler la conclusion de BOURGUIGNON ANDRE (1989) qui pense que l'assujettissement de la femme découle de la peur que l'homme éprouve devant la sexualité féminine. Et donc pour faire face à la peur de cette sexualité (qui donnait du pouvoir à la femme dans la société traditionnelle matriarcale), l'homme se serait réservé les activités professionnelles, politiques et religieuses grâces auxquelles il aurait progressivement établi et étendu son pouvoir sur la femme. Pour ce faire, des règles et lois protégeant le pouvoir des hommes ont été établies et la femme s'est retrouvée discriminée. BOURGUIGNON ajoute que cette peur de l'homme est apparue avec les bouleversements causés par le passage du nomadisme à la sédentarité, lequel passage exigeait aux hommes de transmettre de l'héritage à leur progéniture.

En plus, BOURGUIGNON soutient l'idée que la femme est l'héritière directe de l'activité sexuelle intense des femelles primates, et que, c'est seulement elle qui possède la capacité de déterminer avec précision la paternité d'un enfant. A cet effet, « l'homme chercha à tout prix à la contrôler; d'où la claustration des femmes, l'excision clitoridienne, l'immolation des veuves, etc».

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La stratégie globale de sortie proposée par ce courant est le renversement du patriarcat. Pour ce faire, il est nécessaire que les femmes se réapproprient le contrôle de leur propre corps. Les actions proposées sont par exemple la vie entre les lesbiennes ou les célibataires seulement, les manifestations contre la pornographie, les concours de beauté, les mutilations sexuelles, etc.

L'analyse des différents courants nous donnent une vision d'ensemble sur les causes possibles de la subordination de la femme. Il faut néanmoins souligner que:

? Ces courants ont connu, en leurs seins, diverses métamorphoses. On rencontre ainsi, pour le courant marxiste, le féminisme socialiste, le féminisme populaire, le courant du salaire contre travail ménager, etc; et pour le féminisme radical, le courant radical matérialiste, le courant radical de la différence, etc.

? En plus, il existe toute une panoplie des doctrines et pensées sur ce sujet. Notre objectif n'étant pas de les recenser toutes, mais, sur un plan purement pédagogique, de s'appesantir sur les points de repère à partir desquels l'évolution de la pensée féministe peut être comprise.

Tableau 1 : Résumé des trois courants féministes

Courants
féministes

Origine de la
subordination

Solutions proposées ou actions menées

Féminisme libéral égalitaire

La socialisation différenciée de la femme

? Education non sexiste

? Pressions sur le gouvernement pour supprimer les inégalités dans des lois

Le courant
marxiste du
féminisme

Le capitalisme (Système économique)

Abolition du capitalisme et réintégration de la femme dans la production sociale et le marché du travail salarié.

Le

féminisme radical

Le patriarcat (Système social)

Le renversement du patriarcat et la réappropriation par les femmes du contrôle de leurs propres corps.

Source : Tableau construit sur base de nos lectures

Après analyse de ces différents courants féministes, nous retenons que les causes de l'assujettissement de la femme sont complexes et systémiques, et que la réduction de leur analyse sur un seul fait serait limitative. En effet, dans leurs recherches sur la cause de l'assujettissement de la femme, tous ces courants

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convergent sur un fait, le pouvoir inégal entre hommes et femmes qui s'est transformé en domination de la femme par l'homme. La différence entre eux réside plutôt dans la réponse à la question de savoir pourquoi cette domination s'est-elle transformée en assujettissement.

Ainsi pensons-nous qu'une analyse véritable et complète doit prendre en compte les aspects soulevés par les trois courants car il s'agit en fait, d'après nous des éléments liés.

En effet, le système économique (capitalisme) et le système social (patriarcat) se sont mutuellement appuyés pour assoir la domination masculine et l'un des outils utilisé fut une règlementation discriminatoire à la merci de la femme. A ce sujet, le CDEG (2011) reconnait que «l'homme étant considéré comme la norme humaine, c'est l'expérience masculine qui a déterminé la manière dont les sociétés devaient être structurées, et c'est son savoir et sa théorie, bâtis dans le cadre d'un paradigme patriarcal de la société humaine, qui se sont imposés dans notre héritage intellectuel»9.

Ainsi, la lutte pour la libération de la femme doit également être holistique et coordonnée pour être efficace. Elle nécessite, de manière simultanée, des actions de lutte contre les lois et normes discriminatoires, des efforts pour accroitre la capacité productive des femmes et une détermination pour renforcer le leadership féminin.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand