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Le dessin du bonhomme chez des enfants autistes : quatre études de cas à  l'association burkinabè d'accompagnement psychologique et d'aide à  l'enfance (abape).

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par Wendpanga Daniel OUEDRAOGO
Université Ouaga 1 Professeur Joseph Ki-ZERBO - Maitrise en psychologie clinique et pathologique 2015
  

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2.3. Problématique et hypothèses

C'est dans cette partie que nous nous proposons de présenter la problématique de la recherche, les objectifs ainsi que les hypothèses de recherche.

2.3.1. Problématique

De nombreux travaux sur les caractéristiques du dessin du bonhomme ont été effectués en Afrique. Par exemple, Aupècle (1955) a cherché à savoir si les performances des enfants éthiopiens étaient supérieures ou inférieures à celles d'enfants d'autres nationalités. Il a donc comparé les scores obtenus par 203 élèves éthiopiens âgés de 7 à 12 ans et 174 élèves français, âgés de 5 à 11 ans. En comparant les moyennes fournies à chaque âge par les 2 échantillons, pour les âges communs (7 à 11 ans), il remarque qu'à :

- 7 et 8 ans, les performances étaient identiques ;

- 9 ans, il y a un écart de 1 point en faveur des enfants français ;

- 10 ans, il y a un écart de 3 points en faveur des enfants français ;

- 11 ans, il y a le même écart de 3 points toujours en faveur des enfants français.

Pour cet auteur, les tests de dessin sont des tests de développement du dessin. C'est pour cela que lorsqu'une infériorité a été décelée par un test de dessin à l'échelle d'une population entière, elle doit s'interpréter comme une infériorité dans le développement du dessin, et non comme une infériorité dans le développement mental. Aupècle (op.cit.) pense qu'il s'agit d'une différence d'aptitude et non d'une différence de développement mental.

Didillon et Veyrinaud (1989) ont étudié l'évolution du dessin du bonhomme chez l'enfant brazzavillois (Congo). Leur étude s'est portée sur un échantillon de 548 enfants congolais âgés de 2 ans 9 mois à 6 ans 3 mois, afin de dégager des normes génétiques et différentielles de l'évolution de cette représentation graphique chez des enfants citadins fréquentant une institution préscolaire. Cette étude a révélé que l'évolution des types était proche de celle qui a été observée dans d'autres cultures et pour les deux sexes. Par ailleurs, les dessins comportaient peu d'indices culturels.

Certains chercheurs (Bardet, Moreigne&Sénécal, 1960) ont appliqué le test du dessin d'un bonhomme de Goodenough à 901 enfants de Dakar (Sénégal). Ils ont constaté queles bonshommes sont placés au milieu et en haut de la feuille, la hauteur totale du personnage s'accroît avec l'âge de l'enfant. Les quotients intellectuels de ces écoliers sont généralement compris entre 70 et 100. Ils expliquent que ce retard apparent pourrait provenir de facteurs extérieurs au développement mental. Il n'y a pas de « bonhomme typiquement africain ». Par contre, les costumes sont plus souvent européens qu'africains. Ils ont également observé l'influence musulmane dans le nombre de fez et de « grands boubous » de type « Hadji ». En ce qui concerne l'influence du sexe sur le dessin, les chercheurs ont constaté que les garçons ne dessinaient que des personnes de sexe masculin tandis que les filles dessinaient des personnes des deux sexes.

Certains auteurs se sont intéressés aux dessins des enfants autistes. Pour Tustin (1986), les enfants autistes n'ont pas de goût naturel pour le dessin car dans l'autisme, les moyens d'expression communicationnels et symboliques (parole, jeu, dessin, écriture) sont peu investis. Le dessin confronterait ces enfants à leurs angoisses de perte de substance. Les enfants autistes perçoivent mal les limites de leur corps et semblent manquer du sentiment d'enveloppe indispensable à leur sécurité interne. Ils essaient de fuir le dessin, craignant que cette trace individuée qui signe la séparation des corps ne vienne amplifier leurs angoisses extrêmes.Elle a remarqué que les autistes de type « crustacé »9(*) ne dessinent pas. Ils n'essaieront de le faire que lorsque la psychothérapie les a fait progresser. Les « enfants à segments »10(*) dessinent quelquefois et la plupart des « enfants confusionnels »11(*) dessinent dès le début du traitement. Lorsque les « enfants à carapace »12(*) commencent à dessiner, ils représentent des cercles et des lignes droites.

Haag (1995) a approximativement la même considération. Pour elle,les enfants autistes ne peuvent pas sortir du monde tactile. Ils manquent d'attache interne et conçoivent l'espace entre les corps comme un espace sidéral. Ils ne sont pas sûrs de franchir cet espace sans se retrouver en « chûtetourbillonnaire anéantissant ».Haag (1995) observe dans les productions des enfants autistes, une inhibition massive ou au contraire une compulsion répétitive (uniformité de style) et destructive. En général, la trace déborde, perfore, envahit le support ce qui est le reflet d'un état de soi fissuré, perforé, envahi, débordé par un mouvement pulsionnel ou émotionnel. Par ailleurs, elle constate que l'amélioration de la santé des autistes peut s'accompagner de l'investissement de la géographie et des recherches spatiales.

Scetbon (2013) affirme que les médias ont mis en valeur les compétences extraordinaires des autistes de type Asperger sur le plan de la mémoire ou du graphisme, alors que dans la réalité de tels autistes sont rares.

Plus récemment, Boutinaud (2013) a constaté que la représentation du bonhomme chez les enfants autistes s'étendent des formes les plus élémentaires (forme ronde, esquisse du bonhomme têtard) aux constructions les plus « abouties ». Les dessins sont marqués par le morcellement (dissociation des membres), la présence de trous, l'absence de certaines parties, des disproportions, l'ambiguïté sexuelle, la prédominance de thèmes fantastiques (monstres, figures mythologiques ou divines), la prédominance d'un corps robotique ou mécanique. Par ailleurs, on assiste à la reproduction de l'identique comme une tentative pour l'enfant autiste de se sentir exister.

En Afrique, une étude sur les représentations sociales de l'autisme a été réalisée (Ebwel, Roeyers&Devlieger, 2010). Les études s'intéressant au dessin du bonhomme des personnes autistes vivant en Afrique sont quasiment inexistantes.

Les précédents auteurs (Boutinaud, 2013 ; Haag, 1989, 1995 &Tustin, 1986) qui, pour la plupart ont travaillé avec des autistes d'Europe, suggèrent que l'autisme a une incidence sur la représentation du bonhomme chez les enfants. Qu'en est-il alors des dessins des bonshommes des enfants autistes vivant au Burkina Faso?

Au Burkina Faso, le dessin du bonhomme n'a pas encore fait l'objet d'une étude spécifique. D'ailleurs, la seule recherche qui s'est intéressée aux dessins des enfants burkinabés a été menée par De ceccoNikiema(2006). Elle a fait une étude comparative sur l'identité culturelle à travers le dessin entre les enfants burkinabè et français de 7 à 11 ans. Le but de sa recherche était de construire des repères qui serviront d'appui à un étalonnage adapté permettant le diagnostic des pathologies psychiques infantiles au Burkina Faso. Cette recherche nous a permis de savoir que les stades du dessin sont les mêmes chez les enfants normaux,burkinabè et français.

Pour mener à bien notre recherche, nous nous proposons d'apporter des réponses aux questions suivantes :

- quel est le niveau d'efficience au dessin du bonhomme chez l'autiste burkinabè?

- pouvons-nous observer les problématiques liées à la représentation du corps notamment les troubles de l'image du corps dans le dessin du bonhomme de l'autiste burkinabè ?

- les préoccupations affectives associées à l'autisme sont-elles projetées dans le dessin du bonhomme de l'autiste burkinabè ?

Pour répondre à ces questions, nous avons choisi d'étudier les dessins de quatre enfants. Il s'agit d'un groupe d'enfants autistes qui sont pris en charge à l'Association Burkinabè d'Accompagnement Psychologique et d'aide à l'Enfance (ABAPE).

* 9 C'est-à-dire dont le « moi » est totalement encapsulé de façon à exclure le « non-moi »

* 10 Dans ce cas, des segments du « moi » et du « non-moi » perçus comme « moi » sont encapsulés ensemble. Le non-moi est toujours exclut.

* 11 Il s'agit des enfants dont le développement psychologique est exagérément désorganisé mais non arrêté. Ces derniers ont des traits communs avec les adultes schizophrènes.

* 12 Cette appellation concerne à la fois les autistes de type « crustacé » et de type « segments » pour lesquels le développement psychologique s'est arrêté.

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard