WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Effets de la hausse des prix des denrées alimentaires sur la consommation des ménages au Togo.

( Télécharger le fichier original )
par Moubarak DJIGBA
Université de Lomé - Master en Economie 2012
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

3.3- Interprétations des résultats

3.3.1- Déterminants de la hausse des prix alimentaires et leur impact sur la consommation des ménages

Aux termes de l'analyse économétrique de l'impact des hausses de prix des denrées alimentaires sur la consommation des ménages au Togo, il ressort dans un premier temps que les facteurs climatiques (PLU) sont les principaux déterminants de la flambée des prix des produits alimentaires au Togo (estimation de l'équation [16]). Ainsi, une hausse des précipitations de un (1) point, se traduirait par une hausse des prix alimentaires de 0.007 point. En effet, les ménages togolais dépendent dans une large mesure (plus de 60%) des produits locaux pour satisfaire ses besoins alimentaires. Du coup, toute variation de la production locale, se répercutedans une moindre mesure sur les niveaux de prix des produits alimentaires. Cependant, cette influence est significativement très faible.

Par contre, les facteurs structurels (PR) et conjoncturels (MA et PA) se sont révélés non déterminants dans l'explication de la hausse des prix des produits alimentaires au Togo.

Dans un deuxième temps, l'estimation de l'équation [15] montre que seuls les indicateurs des facteurs structurels (PR) et conjoncturels (MA) se sont révélés significatifs dans l'évaluation de la flambée des prix alimentaires sur la consommation au Togo. Ainsi, une hausse du niveau de l'activité de un (1) point, a un impact positif de l'ordre de 0.78 point sur la consommation finale des ménages au Togo. Cela suppose donc que plus l'économie togolaise se porte bien, plus le bien - être des ménages ou populations augmente aussi. Cependant, la question qu'il faut se poserest de savoir si ce constat est observable dans les faits ?

Par contre, les importations alimentaires ont un impact négatif sur la consommation finale des ménages au Togo ; car une hausse de un (1) point de la valeur des importations engendre une baisse de la consommation de 0.16 point. En effet, l'accroissement de la valeur dû éventuellement aux renchérissements de la valeur des produits importés, se traduirait par un ajustement à la baisse de la consommation des ménages en réponse à une anticipation à la hausse des prix domestiques de ces produits importés. Cela indique peut être que les ménages togolais prêtent une attention particulière à l'évolution des importations alimentaires du Togo. Ces importations permettent donc d'appréhender l'évolution de la demande et du stock intérieur en produits alimentaires.

Enfin, le fait que la pluviométrie et la production alimentaire domestique n'aient pas d'impacts sur la consommation des ménages au Togo, s'explique par le fait que celles - ci ont été relativement régulières sur toute la période de l'étude (pas de saisons mortes), hormis quelques valeurs aberrantes (saisons 2000, 2001 et 2007). De plus, une grande partie des besoins alimentaires des ménages est approvisionnée par cettemême production locale, sauf quelques céréales (riz, blé) et produits manufacturés.

Cependant, s'il est vrai que les hausses de prix des denrées alimentaires influencent négativement la valeur totale des dépenses de consommation des ménages au Togo, quel est alors l'effet induit sur le pouvoir d'achat de ces ménages ?

Répondre à une telle question, revient au préalable à faire une distinction entre les différents groupes de ménages, car l'évaluation du pouvoir d'achat suite à un choc de prix varie d'un ménage à l'autre. A cet effet, cette distinction se ferra par rapport à trois situations : le milieu de résidence (urbain et rural), la situation financière (riche et pauvre) et l'attribut (consommateur et producteur purs).

Par rapport à la première dénomination, un choc de prix des denrées alimentaires a des effets moindres sur les ménages ruraux que ceux urbains. Ceci est du au fait que l'environnement socio - économique des zones urbaines, est beaucoup plus attractif et diversifié que dans les zones rurales. Les ménages ruraux s'adaptent beaucoup mieux aux changements de prix des denrées alimentaires que ceux urbains ; car ils disposent d'unpouvoir d'achat assez élevé dans l'acquisition d'un panier de biens alimentaires donné, comparativement aux ménages urbains. A ce sujet, Arndt et al. (2008) dans une étude sur le cas spécifique de la Mozambique, trouve qu'une hausse de 10% des prix alimentaires, accroît le revenu des ménages ruraux de 1% et réduit celui des urbains de 2.2%. Cela permet donc aux ménages ruraux d'avoir une marge de manoeuvre supérieure à celle des urbains ; mais dans quelle proportion comparativement à la hausse des prix alimentaires.

La seconde dénomination repose sur la capacité (en termes monétaires) du ménage à acquérir un panier de denrées alimentaires. Et se basant sur le fait que plus de 60% de la population togolaise vit en dessous du seuil de pauvreté, et sur le fait que plus de 60% des revenus des ménages au Togo sont destinés à l'alimentation, alors les chocs de prix des denrées alimentaires auront pour conséquence l'accroissement de la proportion des pauvres. Une étude de Ivanic et Martin (2008) sur l'impact de la flambée de prix alimentaires sur le niveau de pauvreté des ménages de neuf (9) PED, a montré qu'une hausse de prix du maïs de 10% réduit le niveau de pauvreté dans quatre (4) pays, l'augmente dans quatre (4) autres pays, et n'a aucun effet sur un (1) pays ; contrairement à Wodon et Zaman (2008) qui estiment qu'une hausse des prix alimentaires de 50%, accroît le taux de pauvreté de 2.5% dans dix (10) pays de l'Afrique Centrale et de l'Ouest choisis à cet effet(Cudjoe et al, 2008 ; Ulimwengi et al, 2009 ; Minot et Dewina, 2010). Ces changements de prix des denrées alimentaires dégradent le pouvoir d'achat des ménages pauvres et moyens; mais ont un effet relativement moindre sur les ménages riches, car leurs disponibilités financières peuvent leur permettre de garder le même pouvoir d'achat ou niveau d'utilité.

Enfin pour ce qui est de la dernière situation, un choc de prix des biens profitent certains aux dépends des autres. En effet, les ménages sont dépendants des marchés pour la vente et/ou l'achat de nourriture ; ce qui a une incidence sur leur revenu ou leurs dépenses. Normalement, une hausse des prix est synonyme de hausse de revenu pour un producteur ; car elle constitue un facteur indispensable au développement des activités agricoles en incitant à produire davantage, et en dotant les producteurs de capacité financière à accroitre leurs moyens productifs. A l'inverse, une hausse des prix engendre des dépenses plus importantes pour les ménages acheteurs nets ; ce qui compromet la satisfaction des autres besoins surtout pour les ménages pauvres.C'est ainsi que Ulimwengi et Ramadan (2009) dans une étude relative aux flambées de prix des produits alimentaires, et en tenant compte des changements de revenus des producteurs et des prix observés par les consommateurs, trouvent qu'une hausse des prix de céréales de 50% en Ouganda réduit la consommation des produits céréaliers de 29 - 37% dépendamment des différentes régions. Cette situation suggère donc l'importance des céréales dans la consommation des ménages Ougandais. Cependant, en raison de la nature du bien (destiné à l'alimentation), la notion de producteur pur n'est qu'une question d'a priori ;car généralement dans la pratique, aucun ménage ne peut prétendre produire un bien alimentaire sans autoconsommation.

Au Togo, les enquêtes ont révélé que la hausse des prix des denrées alimentaires (en particulier les céréales et tubercules) profite rarement aux producteurs, voire les appauvrit. Un rapport de la FAO (2009) élaboré conjointement avec l'Etat togolais montre que les ménages développent des stratégies commerciales précaires qui consistent à vendre les produits agricoles au moment où les prix sont à leur plus bas niveau (Septembre - Janvier) pour se désendetter et pour faire face aux obligations sociales et familiales. Ils reviennent sur les marchés vers avril une fois les stocks familiaux épuisés, pour y effectuer des achats au moment du pic des prix.Cependant, l'installation et l'accroissement de la capacité de gestion et de régulation de l'ANSAT(ex OSAT) à la suite de la crise alimentaire de 2008, a permis de régler dans une moindre mesure ce différentiel de prix des céréales, tout en permettant au producteurs d'avoir des revenus acceptables.

Ainsi, l'impact d'un niveau élevé de prix alimentaires sur les ménages et surtout ceux des pays en développement comme le Togo, dépend de l'interaction de ces diverses dénominations. Et de façon général, les agents producteurs et commerciauxde denréesalimentaires destinées également à l'exportation, bénéficient directement ou indirectement de la hausse des prix ; de même que des personnes travaillant dans ces secteurs (ceteris paribus). En outre, pour les ménages agricoles qui produisent généralement et/ou principalement pourl'autoconsommation ou pour des marchés locaux protégés des fluctuations de prix des marchés nationaux et internationaux, verront leurs effets atténués. Enfin,les ménages urbains pauvres subiront des impacts fortement négatifs, car ils se verront obliger s'ils veulent garder le même niveau d'utilité, d'accroître la part des revenus consacrée à l'alimentation malgré leurs revenus limités. Par exemple, chaque augmentation de 10% du prix des céréales (y compris du riz) alourdit de près de 4.5 milliards de dollars US la facture totale des importations céréalières des pays en développement importateurs nets (IFPRI, 2008).

Cependant, en se basant sur le fait que le Togo dans son ensemble, est consommateur - net de denrées alimentaires, on peut prétendre à ce qu'une hausse générale des prix alimentaires ait un effet négatif sur le pouvoir d'achat des ménages pris globalement.

Le faible pouvoir explicatif des dépenses de consommation des ménages par les déterminants de la flambéedes prix des produits alimentaires pris en compte dans le cadre de cette étude (R² ajusté = 0.3345), s'explique par la nature intrinsèque et complexe des vrais facteurs qui motivent la hausse des prix et la consommation des ménages surtout dans les pays en développement, et en particulier au Togo. Par exemple dans les pays développés, la consommation des ménages dépend de la valeur que les ménages accordent à celle - ci en temps actuel ou dans un proche avenir ; tandis que dans les pays en développement, elle l'est en fonction des facteurs relevant du temps présent, lesquels facteurs sont laissés à l'appréciation des ménages pris individuellement.

Ainsi et conformément à la théorie keynésienne de la consommation, l'effet du revenu national sur les dépenses de consommation finale des ménages s'est révélé significatif. Cependant, il convient de rappeler que le PIB réel donne à juste titre une idée sur la santé économique d'un pays, plutôt que de rendre compte du revenu échu des ménages du pays.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery