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Foncier et stratégies d'accès et de contrôle dans les anciennes plantations coloniales au Cameroun. L'exemple de la compagnie ouest Cameroun.

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par Jonas Aubert Nchoundoungam
Université de Paris 1 Panthéon Sorbonne - Master 2016
  

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? Titre foncier

C'est un document officiel attestant de la propriété de quelqu'un sur un terrain. Ce titre n'existe pas nécessairement dans tous les pays. Il apparaît dans les pays où le droit de propriété est reconnu par l'autorité administrative. Quand le principe de l'immatriculation est appliqué comme c'est le cas au Cameroun et dans les anciennes colonies françaises, le titre foncier est une copie de l'inscription des droits du propriétaire au livre foncier.

? Stratégie

Brunet R et Ferras R., dans les mots de la géographie, (2003) : définissent le concept de stratégie comme l'art de parvenir à un but par un système de dispositions adaptés. Étymologiquement, stratégie vient du mot grec stratos'' qui signifie armée .Stratégie implique un bilan, et passe par des tactiques du lieu ou de l'instant. La stratégie comporte quelques ficelles sûres, disponibles dans tous les bons hasards : exemple de la sûreté du reste de la terre. Aussi Brand et Durousset (2002), l'appréhende t'elle comme l'ensemble des jugements, des pratiques et des tendances des ruraux devant une situation préoccupante. C'est dans ce sens que nous abordons le concept de stratégie dans le cadre de ce travail. En effet, en l'appliquant à la géographie, nous définissons la stratégie comme le plan d'action coordonné, la conduite générale élaborée et à tenir pour faire face à un obstacle, une difficulté, ou pour conduire les opérations économiques, géographique de grande envergure. Les stratégies apparaissent alors ici comme les avantages décisifs que les populations rurales se créent dans

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le but de s'adapter à nouveau à la recomposition des espaces ou alors les moyens élaborés, conçus ou alors les techniques utilisées par les paysanneries afin d'accéder au foncier en vue du développement des systèmes de productions.

Concept

Stratégie

Dimension

Économique

Typologie

Spatiale

politique

-Stratégie d'accès aux

terres

-Stratégie d'accès aux

plantations

Variable

systèmes de production

- Achat

- Métayage - Fermage - Donation - Héritage

Indicateur

Tableau n°2: Opérationnalisation du concept de stratégie

- Différents types de

? Précarité foncière

Selon Jean Bonnal (1995), un droit foncier est précaire lorsqu'il ne permet pas aux exploitants de s'engager dans des actions ayant des effets à long terme, par exemple la plantation d'arbre. Elle se traduit par les droits de culture accordés temporairement (les contrats de courte durée à l'instar des prêts et locations annuels ou saisonniers) ou provisoirement de part et d'autre par la cession de droits de cultures annuelles ou saisonnières qui s'opposent aux droits de planter. Les auteurs tels que Philipe Lavigne-Delville (2001) ; Bakayogo Nouhoun (2003) ; François Jarrige (2003) (Bachir Doucoure (2004) sont du même avis que J. Bonnal.

Par ailleurs un exploitant est en situation foncière précaire lorsque les contrats de courte durée dont il bénéficie ne sont pas reconduits régulièrement ou si en cas de rupture, il ne peut plus relativement en bénéficier ailleurs, c'est-à-dire accéder à une nouvelle parcelle agricole

16

(Philipe Lavigne-Delville (2001). De tout ce qui précède, l'on parle de précarité foncière lorsque les droits d'usage sur la terre sont de courte durée ou lorsque ces droits, malgré leur caractère permanent ne permettent pas la mise en place des cultures pérennes et par ricochet ne garantissent pas l'accès régulier ou définitif sur une parcelle agropastorale.

Cadre théorique de la recherche

Une théorie est censée expliquer ou alors confirmer un fait. En effet, dans le cadre de cette étude nous avons fait appel à quelques théories pour nous permettre une meilleure lecture non seulement des rapports sociaux qui existent entre les différents acteurs, entre ces acteurs et la terre, mais aussi pour nous permettre d'appréhender l'espace d'application de cette étude.

- La théorie de la formation socio-spatiale de Guy Di Méo selon laquelle « La géographie sociale s'efforce de proposer des méthodes de conceptualisation et d'identification d'analyse et de compréhension de tels espaces/territoires ». Cette recherche de logiques constitutives, de détermination des forces, des seuils et des discontinuités qui structurent l'espace se rapproche de la démarche qui motive le jeune chercheur que nous sommes. Ainsi donc : La formation socio-spatiale est une grille détaillée de lecture du territoire qui se décompose en quatre instances.

? Les instances géographiques et économiques relevant de l'infrastructure.

? Les instances idéologiques et politiques relevant de la superstructure.

Ces quatre instances se combinent de manière dialectique pour former la Formation Socio-spatiale, et les rapports dialectiques de l'infrastructure et de la superstructure créent la spécificité qui fonde le territoire. Dans notre travail, cette théorie nous permettra d'appréhender les différentes interrelations et les corrélations qui se créent tout autour des anciennes plantations et nous permettra de mieux cerner les rapports qu'entretiennent les populations avec leurs terres.

? La théorie des maîtrises foncières d'Etienne Le Roy : celle-ci décompose la notion de possession d'une ressource en ses différentes dimensions .En ce qui concerne la terre, elle renvoie à deux niveaux de maîtrises de la ressource foncière : -« la maîtrise de l'usage »de la terre et la « maîtrise du contrôle de l'usage » de la terre. La « maîtrise de l'usage » de la terre se décompose à son tour en deux maîtrises principales : « l'accès à la ressource » et le « prélèvement de la ressource ». Au niveau supérieur, on a la « maîtrise du contrôle de l'accès à la ressource ». Celle-ci se décompose en deux maîtrises : « la gestion de la ressource » qui

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est la capacité d'autoriser et d'organiser, l'accès, le prélèvement et le « pouvoir d'exclure » qui est la capacité d'interdire l'accès et le prélèvement. Ce dernier était détenu par des « maitres de la terre »ou des « chefs de terre ». A ces différentes maîtrises s'ajoute une autre : « le droit d'abusus » ou « d'aliénation », qui interviennent quand la terre devient un bien ayant une valeur marchande. Cette théorie s'appliquera dans ce travail, dans la mesure où, elle va nous permettre de mieux comprendre le cadre de la propriété foncière tout autour et au sein même, des anciennes plantations coloniales.

? La théorie de la propriété de John Locke : d'après celle-ci, il existe trois façon d'acquérir la propriété d'une terre à la limite du monde connu, là où les terres n'ont jamais appartenu à personne, on les conquiert en apportant son travail à la terre en friche, en clôturant et en défendant son titre de propriété. Le moyen habituel pour hériter d'une terre dans une zone colonisée est le transfert de titre, c'est-à-dire, recevoir les titres des mains du propriétaire précédent, ici le concept de « chaine de titre » est important, la preuve en est que l'on peut toujours remonter cette chaine jusqu'au propriétaire originel, qui a conquis le terrain. Enfin, cette théorie prévoit le cas où, un titre de terrain serait perdu ou abandonner par exemple, si le propriétaire meurt sans héritier. Ainsi, une étendue de terrain laissée en friche peut être réclamée par une partie adverse qui s'y installe, l'aménage et la défend comme dans le cas d'une conquête. Cette théorie appliquée dans notre travail renchérira davantage la compréhension de la notion de l'appropriation foncière dans le département du Noun, mais aussi au sein des terroirs tout autour et dans les ex-plantations coloniales.

Les différentes clarifications conceptuelles et théories utilisés dans le cadre de ce travail nous ont permis non seulement de faire une lecture des rapports entre les individus au sein d'un groupe social mais aussi une meilleure compréhension du régime foncier en pays Bamoun en général et dans les plantations de la C.O.C en particulier, de façon à prévoir des améliorations futures si ces théories tendraient à ne plus être applicable dans ce contexte.

17

Question de recherche

Objectif de la recherche

Hypothèse de recherche

Plan sommaire du mémoire

Méthodes/

Outils de la recherche

Q.p. Quels sont les enjeux fonciers

O.p. comprendre les réels

H.p. Le contexte

 

Données primaires et

actuel tout autour et dans les

plantations de la C.O.C?

motifs qui poussent les

paysans à accéder aux terres

d'implantation des paysans et les modalités de reprises de

Introducti on

secondaires,

questionnaire, interview, récits

 

dans les plantations de la

cette plantation par les

générale

de vies, Cartes, Google Earth

 

C.O.C.

nationaux traduisent la

précarité foncière'' observée.

 

Pro 2015, Open Street Map, ARCGIS, G.P.S Garmin 1.4

Q.s1Que deviennent les titres

fonciers hérités de la colonisation?

O.s1Analyser et comprendre les logiques paysannes au

travers l'étude de la
situation foncière actuelle à

la C.O.C. et de la

clarification des titres de

H.p1Les multiples conflits à
caractères sanglants enregistrés
sur ce domaine ont entrainé le

dépérissement de cette

plantation industrielle et

explique l'envahissement

1

Questionnaire, interview,

photos,

figures, tableaux, observations,

cartes, SPSS, caméscope,
Quantum Gis 2.12, ARCGIS, Adobe Illustrator 2015

 

propriété de ce domaine.

illicite de ce domaine.

 

Microsoft office Word et Excel

 
 
 
 

2013...

Q.s2Qui sont les acteurs fonciers à la C.O.C (quand et comment sont-

O.s2Identifier les acteurs et

décliner leurs jeux dans

H.p2L'absence de clarification

claire, des droits d'accès et

 

Questionnaire, interviews,

photos,

ils arrivés et quels droits avaient-ils

l'acquisition des terres tout

d'usage au moment de

 

figures, tableaux, récits de vie

sur la terre)?

autour et dans les

plantations de la C.O.C.

l'implantation des paysans

explique en partie les conflits observés

2

observations, Cartes, SPSS, caméscope, Quantum Gis 2.12,

Adobe Illustrator 2015,
ARCGIS

 
 
 
 

Microsoft office Word et Excel

 
 
 
 

2013...

Q.s3Quelles peuvent être les

conflits de gouvernance afférente à

de telles situations dans un

contexte de décentralisation, de

O.s3Eclairer sur les conflits

de gouvernance foncière
locale dans le cadre de la décentralisation par le biais

H.p3Les principes de

gouvernance dans le cadre de

la Décentralisation avec

l'apparition des nouveaux

 

Questionnaire, interviews,

photos,

figures, tableaux, observations, récits de vie.

domination et de monétarisation de

des acteurs en présence

acteurs institutionnels de

3

Quantum Gis 2.12, Adobe

la terre?

 

gestion du foncier dans cette

localité expliquent les

différents rapports de force
observée.

 

Illustrator 2015, ARCGIS Microsoft office Word et Excel 2013...

18

Tableau n°3 : vue synoptique des outils et méthodes de la recherche

19

Méthodologie

Le choix de la thématique abordée dans ce mémoire n'est pas anodin et mérite quelques précisions.

Premièrement, le Master 2 recherche en géographie Pays Émergents et en Développement de l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne offre une grande liberté dans leurs orientations thématiques. Le sujet présenté ici est donc un choix tout à fait personnel, mais ayant été influencé par deux facteurs majeurs à savoir notre positionnement dans le champ scientifique et notre vécu quotidien.

? Au plan scientifique, nous avons pour ambition d'emboiter le pas à de
nombreux auteurs qui ont consacré leurs travaux aux études foncières. En effet, qu'ils soient juristes, historiens, anthropologues, géographes, politologues ou économistes, nombreux sont ceux qui se sont penchés sur ces questions. Non pas parce que les autres domaines de la recherche ne sont pas en fait intéressants, mais surtout parce que ces questions sont devenues, une réalité connue de toutes les sociétés. Nous aborderons ces questions cette fois-ci dans une perspective conflictogène dans une société rurale en pleine mutation et aux enjeux fonciers colossaux, mais partant plutôt de la situation foncière dans les anciennes plantations coloniales et les enjeux afférents dans l'analyse des systèmes fonciers ruraux, des systèmes de productions au sens large du terme pour une meilleure compréhension des dynamiques villes campagnes.

? Au plan du vécu quotidien, nous avons bien évidemment été socialisé dans la

localité de Foumbot et ce, depuis notre tendre enfance nous avons été témoin de nombreux conflits autour de la terre issus des inégalités de partage des terres laissées par les Nàssàh''16 comme nos parents ont l'habitude de dire. Ce qui fait qu'une fois que nous avons abordé le stade de la recherche universitaire, nous avons décidé d'éclairer la lanterne sur ce problème crucial qui mine la société qui est la nôtre, en termes de frein au développement.

De la conjonction entre notre positionnement sur le champ scientifique, notre vécu quotidien et l'intérêt que nous avons pour les études de géographie, résulte notre thématique : «Foncier et stratégies d'accès et de contrôle dans les anciennes plantations coloniales au Cameroun: l'exemple de la C.O.C ou le reflet d'un territoire en crise ».Cependant, cette position comporte un risque : L'attachement affectif pour le sujet couplé à notre appartenance

16 Terme local qui signifie : blanc

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ethnique, car nous sommes Bamoun, pourrait nous faire perdre de vue les enjeux spatiaux et universitaires du travail. Il sera donc important de conserver en permanence le point de vue et les réflexivités du géographe.

Le choix du terrain

La détermination de notre terrain répond à plusieurs critères et impératifs.

Tout d'abord sur le plan académique, l'un des enjeux majeurs du Master recherche Pays Émergents et en Développement de l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne est l'étude et la compréhension des questions et problèmes que l'on rencontre dans les pays en Voie de Développement, par conséquent le terrain doit nécessairement se dérouler dans un pays du sud, d'où le choix du Cameroun.

Ensuite, notre fascination pour l'étude des dynamiques Villes-Campagnes dans les pays du sud en générale et des questions foncières en particulier soutiennent cette logique. En effet, le monde rural africain en général et camerounais en particulier est en pleine mutation : tout bouge, plus rien n'est statique. Le foncier rural devient un enjeu majeur pour le développement des systèmes de productions, non seulement pour se nourrir mais aussi pour approvisionner les marchés locaux et régionaux voire sous régionaux, l'agriculture se veut un impératif, tandis que les terres sont « finies » en ville, le monde rural offre encore des opportunités en matière foncière. Or, ce monde rural est encore sous l'emprise d'une superposition de droit en matière d'appropriation et de gestion du patrimoine foncier qui le maintien dans une situation de floue totale en termes de règles et normes sensées régulées l'appropriation et la sécurisation foncière dans cet espace. L'on a en effet, des systèmes de gestion coutumière de la terre dites traditionnels qui font de la terre un bien collectif inappropriable par un individu auxquels se superposent des systèmes d'appropriation relevant du droit moderne concrétiser avec l'établissement d'un titre foncier selon la loi n°80/22 du 14 juillet 1980, portant répression des atteintes à la propriété privée et domaniale, que l'Etat camerounais se porte garant de préserver. Notre terrain en est un bel exemple: les anciennes concessions coloniales bénéficiant des titres fonciers, font l'objet de contestation de nos jours et sont davantage prisent d'assauts par les paysans qui au nom de la tradition revendiquent un droit dit « traditionnel » de gestion et d'usage de la terre qu'il convient de clarifier.

C'est donc dans les arrondissements de Foumbot et Kouoptamo, plus précisément dans les villages de Nkoupa're, C.O.C et Nkou'omboum, villages sur lesquels s'étendent les plantations de la Compagnie de l'Ouest-Cameroun sur une superficie totale de 2400 hectares, que portera notre étude.

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Carte 1 : Localisation des plantations de la Compagnie de l'Ouest-Cameroun (C.O.C) Le protocole de recherche

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À ce stade et préalablement au terrain, un protocole de recherche doit être établi. Celui-ci comporte des objectifs, une problématique et des hypothèses susmentionnés mais doit nécessairement reposer sur un choix méthodologique comportant le choix et l'explication des outils de collectes et de traitement des données.

? Les outils de collecte et de traitement des données

Les outils méthodologiques qui ont utilisés pour la rédaction de ce travail de recherche ne sont pas disciplinaire au sens où, bien des sciences connexes à la géographie que sont notamment l'anthropologie, la sociologie, l'économie pour ne citer que celles-ci, peuvent être amenées à les mettre en oeuvre dans leurs pratiques du terrain. Dans notre contexte précis, il s'agit du terrain, ses enjeux à la fois méthodologiques et théoriques qui constituent le terreau d'un dialogue interdisciplinaire basé sur des convergences réelles. Ainsi le travail effectué sur les plantations de la C.O.C qui s'étend sur trois villages à savoir : C.O.C, Nkoupa're, Nkoundoumbain, mais donc le spectre d'action s'étend aux localités de Foumbot et de Kouoptamo (Mbankouop), a été fait suivant l'élaboration d'un calendrier de recherche et couvrant une période de six mois pour la collecte des informations. Celle-ci commença au début du mois de Février et se termina au mois de juillet 2015. Ce travail s'appuie d'ailleurs sur l'exploitation des sources d'archives, de données écrites et statistiques, les levés de points au GPS pour l'ensemble de la plantation et la situation des grandes infrastructures de communication, d'un levé de parcellaire pour rendre compte de l'occupation du sol par des systèmes de productions et autres aménagements humains, combiné à cela l'utilisation des fonds d'images Google Earth, Open Street Map et des fonds de cartes préexistantes afin de réaliser une cartographie assez précise de la plantation et de pouvoir localiser les espaces les plus disputés. A cet effet les logiciels ArcGis et Quantum Gis ont été fortement utilisés. Les entretiens entendus ici comme situation particulière et artificielle ont été fortement utilisés. Le contexte de son déroulement s'est fait de façon privé, afin de rassurer les paysans de ce que nous protégeons leurs anonymats. Ainsi nous avons effectué des rencontres avec les paysans à la fois dans les champs et dans les maisons d'habitations villageoises ; les données récoltées contenant mais à part variable, des éléments référentiels, dans notre cas précis, il s'agit de la question foncière dans les plantations de la C.O.C, il a été question à la fois d'obtenir de ces paysans, un récit de vie, la narration et la nature des conflits fonciers mais aussi bien la description des pratiques et normes locales qui régulent la gestion et l'appropriation du patrimoine foncier. Au total c'est un échantillon raisonné de deux cent paysans, hors mis les autorités coutumières traditionnelles et administratives de ces localités,

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qui ont été enquêté ceci suivant l'estimation du nombre d'agriculteurs de la localité de Foumbot établie par le MINADER.

NOMBRES DE NOM DES VILLAGES

PERSONNES ENQUETES

Compagnie Ouest Cameroun

70

Nkou'omboum

30

Nkoupa're

40

Foumbot

30

Mbankouop

30

Total

200

Tableau n°4: Récapitulatif des questionnaires guide- d'entretien récoltés par villages parcourus

La phase théorique, où l'écrit occupe une place particulière dans le dispositif d'enquête sur le foncier, une étude réflexive et critique des archives, ouvrages et documents qui traitent de la thématique du foncier a été au préalable réalisée, afin de mieux appréhender les textes de lois qui régissent le foncier au Cameroun, d'avoir une idée sur la propriété et la gestion foncière avant, pendant et après la colonisation dans ce pays en général et sur le No man's land qui abrite notre plantation d'étude. Cela nous a permis en outre, de cerner et de clarifier les contours conceptuels et sémantiques du foncier, d'avoir une idée sur la zone d'étude, le mode de vie et les histoires de vies des populations dans cette zone. C'est au total, une trentaine de circulaires et sources d'archives qui ont été consultés dans les locaux du bureau national de archives de Yaoundé, du centre d'archives d'Outre-mer de Montpellier, des arrêtés et ordonnances, de textes juridiques qui ont été consulté dans les archives des départements ministériels du MINDCAF, du MINATD et du MINADER, des services d'arrondissement du MINDCAF, du MINADER et du MINATD de Foumbot qui nous renseignes sur les législations foncières et domaniales au Cameroun, son évolution à travers le temps et l'espace.

Les lectures bibliographiques ont été menées dans trois directions majeures. Des lectures assez généralistes, privilégiant des approches théoriques, ont été poursuivies dans le but de confronter des points de vue très différents de géographes, mais aussi d'historiens, d'anthropologues, de sociologues, sur l'utilisation des notions de territoire, foncier et gouvernance. Les auteurs ayant des interrogations sur les temporalités des territoires et les

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rapports de pouvoir au sujet du foncier ont été privilégies. Les références indiquées ici n'ont aucune prétention à l'exhaustivité et ne sont qu'un échantillon des influences reçues. Un deuxième axe bibliographique, plus précis, a cible les études de géographie rurale, de géographie physique et d'agronomie sur le pays Bamoun. Les références les plus récentes ont été sélectionnées ; il reste néanmoins à poursuivre les lectures dans ce sens en recherchant des écrits plus anciens. Enfin, une première recension des ouvrages, articles, colloques et thèses sur le foncier dans les pays en développement a été menée. De la question foncière dans les anciennes plantations coloniales aux stratégies de contrôle de la terre, ces études abordent des aspects très diversifies.

Les techniques d'enquêtes ici présentées ne sont pas uniquement qualitatives car, il est des aspects nécessitant l'élaboration de procédures de recension systématique (et donc pas simplement « quantitatives » au sens strict), qui peuvent prendre la forme de recensements, de cartes, de comptages, de diagrammes, de généalogies. Les données statistiques quant à elles sont celles des différents recensements généraux de la population et de l'habitat effectués en 1976, 1987 et 2005 au Cameroun. Celles-ci seront compléter par les fichiers de l'Etat Civil et de listes électorales obtenus au niveau de la mairie municipale d'arrondissement de Foumbot, afin d'avoir une idée approximative sur la taille des populations des différents villages ouvriers. Les sources statistiques des brigades de gendarmerie de Foumbot, de Mbankouop et du T.P.I de Foumbot ont été consultées, notamment pour avoir une idée sur le nombre et les fréquences des plaintes déposées au sujet des conflits fonciers entre les différents acteurs identifiés. Les registres de recensement des patients des districts de santé des différents villages de notre zone d'étude ont également été passés en revue afin de pouvoir appréhender la nature le type de conflits et d'avoir une idée approximative sur le nombre de victimes, ce qui nous a permis de caractériser l'ampleur du conflit. Cette étude nous a permis également d'identifier les dates les plus troubles et les plus mouvementées de l'histoire de la plantation. Les levés de points au GPS : cette étape a été cruciale notamment pour la réalisation de la cartographie de la zone d'étude. Pour cette cartographie, nous avons opté pour une approche multiscallaire à savoir :

? Une cartographie à l'échelle régionale : celle-ci consiste à la cartographie des différents villages sur lesquels s'étendent les plantations de la C.O.C, ceci dans le but non seulement de circonscrire notre zone d'étude mais aussi d'identifier les grandes infrastructures routières et réseaux viers, les centres de santé et les infrastructures étatiques de sécurité, d'identifier les grands villages ouvriers par rapport à la plantation.

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? Une cartographie à l'échelle de la plantation elle-même, d'une superficie de 2400 ha. Ce fut un travail fastidieux d'environ six jours, pour un parcours journalier à pieds de sept kilomètres pour la prise des points GPS. Pour ce faire l'utilisation des images Google Earth et Open Street Map mais aussi des cartes préexistante afin de faire une synthèse s'est avérée indispensable.

Selon la pluralité des acteurs identifiés à savoir les paysans, les gestionnaires de la plantation, les autorités coutumières locales et administratives, la réalisation des guides d'entretiens et des interviews a été un impératif. Ce faisant, le choix des personnes à enquêter fut exhaustif et raisonné suivant le nombre d'agriculteurs encore présents dans la zone fournie par les services déconcentrés du MINADER. Au total, ce ne fut pas moins de deux cent guides d'entretiens qui ont été élaborés, hors mis ceux destinés aux autorités coutumières, locales et administratives repartit sur les villages qui couvrent notre terrain. Leurs entretiens et interviews fut indispensables pour la compréhension des logiques des différents acteurs pour l'accès au foncier dans cette plantation en particulier et du territoire Bamoun en général. D'où la pluralité.

Nous avons aussi fait recours à l'observation directe, celle-ci étant bien plus une stratégie de recherche qu'une méthode unifiée, (cf. Davis 1999 : 67) : « lorsque l'on est inséré dans une situation sociale comme observateur et participant, on va certes observer des actions, des attitudes, écouter des discours, mais aussi recenser, compter, et encore discuter, poser des questions. Ainsi en va-t-il des discussions menées lors d'un transect, de la visite de confins litigieux ou d'une forêt classée, squattée ou non : on peut les voir comme des entretiens en contexte ou des « observations discutantes... »

Ainsi, dans la réalisation des parcours de différentes parcelles que ce soit avec les paysans eux-mêmes qu'avec les gestionnaires des plantations, cette technique nous a permis de mieux comprendre la façon dont les différents acteurs se représentent leurs espaces, leurs limites ; celle-ci nous a non seulement permis de gagner la confiance des paysanneries mais aussi de parvenir à faire une meilleure analyse des systèmes de productions y afférents.

L'illustration du mémoire par des photographies s'avérant par moments nécessaire. Notre intension première a donc été de prendre suffisamment de photos sur le terrain pour constituer une banque de donnée photographique personnelle alimentant le mémoire.

La réalisation des guides d'entretiens : la productivité de l'entretien résidant dans la capacité à faire, et à laisser, surgir des idées, hypothèses, champs d'investigation imprévus,

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qu'il va s'agir de suivre dans l'entretien même et au-delà, des questionnaires guides d'entretiens ont été élaboré sur la base des questions et objectifs de ce travail scientifique. Cette possibilité est d'autant plus élevée que l'interaction se déroule de la manière aussi détendue et « naturelle » que possible, s'approchant autant que faire se peut de la conversation et nous a permis de récolter un nombre insoupçonné de données sur le vécu quotidien de ces paysanneries, notamment le manque d'appui au développement local.

Les difficultés de terrain : La première et principale difficulté de ce travail de recherche est relative à l'objet de recherche lui-même. Si la problématique de la stratégie d'accès à la terre est abordée sans gêne par la majorité des acteurs, surtout les populations locales, il en est autrement pour ce qui est relatif au foncier lui-même : A qui appartient la terre ? Car la terre représente la vie et la mort pour ces paysanneries qui n'ont de sources de revenus que le travail de cette ressource et la vente des produits qui en résultent. Par conséquent, certaines informations restent secrètes malgré les mutations des pratiques dont la tendance est à la désacralisation du foncier.

La deuxième difficulté est liée au fait que nous sommes en zone d'accueil de migrants qui représenteraient près de 65% des habitants actuels de la commune (BUCREP, 2010). La plupart des acteurs migrants ne se prononcent pas sur certains aspects des rapports fonciers par crainte des représailles foncières (expropriations). Il est donc évident qu'il y a beaucoup de non-dits à l'heure actuelle même si les données collectées font état d'une crise foncière qui s'est déjà installée dans la commune de Foumbot (Mounvera S., 2015)17, particulièrement dans certaines localités.

La troisième difficulté est celle de rencontrer certains « nouveaux acteurs » du jeu foncier. Non seulement ils ne sont pas résidents dans la zone d'étude, mais dès lors qu'ils se rendent compte qu'il s'agit de discuter avec eux de foncier, nombreux sont ceux qui ne se montrent pas disponibles. Les formes de transactions (décrites dans la deuxième partie du document), le plus souvent non transparentes, peuvent expliquer la « clandestinité » actuelle de nombre d'entre eux.

La quatrième difficulté fut sans doute le fait pour nous d'avoir préservé notre anonymat en s'abstenant de préciser notre appartenance ethnique, pour la simple raison que le pouvoir de l'autorité traditionnel y est dans ce territoire encore très fort, ce qui fait que lorsque vous voulez remettre en doute ou en question les propos d'un notable ou dignitaire de la cour

17Mounvera Simon (2015), Insécurité foncière et gestion durable des terres dans l'Arrondissement de Foumbot, mémoire de Master 2 ; Université de Yaoundé I

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royale, cela est perçu de tous comme un mépris et peu vous valoir des représailles très violentes allant de votre endroit à celle de votre famille toute entière. De ce fait, ceux-ci ont souvent tendance à raconter des histoires connues de tous, qui parfois ne reflètent ou alors ne cadrent pas avec les réalités quotidiennes, comme va nous le révéler notre travail de terrain. Pour nous donc, ce fut très facile de nous faire passer pour un étranger'' afin d'obtenir les informations au lieu de révéler notre attachement ethnique pour récolter des informations peu pertinentes voire même erronées ; comme on dit très souvent : « nul n'est prophète chez soi ».

De l'ordre des limites, on peut noter qu'il règne une confusion entre « anciens » et « nouveaux acteurs » dont la grande majorité se livre à un accaparement des terres, (que nous tenterons de distinguer dans cette étude) dans l'entendement local. Ce qui rend encore plus ardu un travail de stratégie ou de logiques d'acteurs dans la quête foncières c'est sans doute l'hétérogénéité de leurs buts. Les effectifs des « nouveaux acteurs » dans les villages sont parfois approximatifs, certaines identités échappant même aux propriétaires terriens qui ont prêté ou « vendu » leurs terres à ces derniers.

- Le fait que l'étude s'est amorcée en saison sèche qui est une saison presque morte en matière agricole. Excepté le maraîchage et quelques cultures de contre-saison, l'activité agricole est en pause. Certains ouvriers temporaires dans les fermes étaient absents et attendaient, probablement le retour des pluies pour revenir dans la localité. Ce qui a eu pour conséquence, la multiplication des missions de terrains effectuées, ce qui nous a valu un accident de motocyclette caractérisé par une fracture de la cheville et de nombreuses lésions.

A quoi l'étude a-t-elle abouti ?

La présente étude à aboutit à la rédaction d'un mémoire qui devra permettre (et ou pas) la validation du diplôme de Master 2 Recherche option Pays Emergents et en Développement à l'Institut de Géographie de l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.

Le mémoire est structuré en trois parties :

? La première partie traite de l'histoire de la plantation de la C.O.C, de son

accaparement foncier sur l'espace environnant, depuis sa création jusqu'à nos jours. ? La deuxième partie traite du jeu d'acteurs et de leurs implications dans le foncier à la

C.O.C.

? La troisième partie quant-à-elle traite de l'éclairage sur les conflits de gouvernance qui sont ainsi révélés et des perspectives dans le cadre de la décentralisation.

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"Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots"   Martin Luther King