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Analyse des risques hydrologiques ( inondation et remontées de capillarité dans les quartiers Nkolmintag, Nylon, Tergal à  Douala).

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par Casimir Pascal KAMGHO KAMSU
Université de Douala au Cameroun - Master 2013
  

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1.1.6. Présentation des théories et des concepts liés à l'étude

1.1.6.1 Présentation des théories en rapport avec l'objet d'étude

Ø Le déterminisme et le naturalisme

Le déterminisme est une théorie énoncée pour la première fois par Laplace (1776) et largement exploitée en philosophie. Il a été introduit dans le milieu géographique par les auteurs allemands tels que, Ritter (1779 - 1859) ; Ratzel (1884 - 1904).

Ce courant de pensée appliquée en géographie renvoie à un postulat qui accorde une place prépondérante au milieu naturel dans l'analyse et l'explication des sociétés (Berdoulay V., 2005). Cette théorie accorde notamment une grande part à l'influence des éléments naturels sur les paysages et sur les sociétés humaines. Dans cette optique on peut comprendre et analyser les dislocations paysagères en milieu urbain (quartiers riches ; quartiers pauvres) ; par des contraintes naturelles qui s'y exercent. Bien plus le déterminisme étant soutenu par la loi de causalité, tout espace soumis aux mêmes conditions naturelles devrait en principe avoir des paysages identiques. En considérant l'urbanisation de la ville de Douala on s'aperçoit bien qu'il y a une forte ressemblance physionomique entre certains quartiers spontanés de la ville. En sachant que ces quartiers répondent aux mêmes conditions topographiques (bas fonds) ; édaphiques (sols hydromorphes) et climatiques ; ne faut-il pas penser qu'il y a là une mécanique sous - jacente en action (causalité) attribuable au milieu naturel ? Bref, ne peut - on pas conclure à un résultat de cause à effet ? Sans verser dans un déterminisme arriéré nous voulons simplement comprendre le poids du milieu naturel dans la production des quartiers à habitat précaire.

En rapport avec l'objet d'étude, cette théorie a fortement imprégné le courant naturaliste de l'approche du risque, forgée par les auteurs anglo-saxons. En effet, pendant longtemps la démarche explicative des catastrophes naturelles consistait à les présenter comme la déclinaison de la toute puissance de la nature « natural uncotrollable physical events » (Pigeon P., 2002). Dans cette trajectoire, l'ampleur des dégâts est intimement liée à l'intensité du phénomène naturel contre laquelle la société ne peut rien faire. De là, s'élabore le concept de « natural hazard » dont le contenu, exclut la société de la dynamique de l'aléa.

Même si elle peut être crédible cette théorie comporte plusieurs failles dont la plus prononcée est « sa méconnaissance des processus humains sur le risque » (White G., 1936) et les capacités psychiques, intellectuelles et technologiques de l'homme à dépasser l'aliénation ou la tyrannie de la nature. D'où l'intérêt pour la vulnérabilité (Veyret Y., 2004).

Ø Théorie de la formation socio - spatiale et le constructivisme

La théorie de la formation socio spatiale sera la clé de voûte de ce travail.

En effet comment donner un visage aux risques sur lesquels nous planchons, ou du moins comment les comprendre et les maitriser si un effort de territorialisation des phénomènes en question n'est pas réalisé ? En ce sens, pour mieux inscrire les risques étudiés dans le territoire nous allons recourir à l'approche de Di Méo G. (1998) qui envisage le territoire sous ses aspects superstructurels et infrastructurels.

Il est question, dans un premier temps, d'une instance immatérielle du territoire se déclinant en deux dimensions : idéologique et politique.

La sphère idéologique englobe l'ensemble des héritages culturels, cultuels, moraux... plus au moins positifs qui déterminent la mise en valeur d'un espace. Ce processus peut se traduire par des signatures spatiales (emblèmes, symboles, pratiques....), qui trahissent non seulement les perceptions qu'ont les groupes sociaux de leur espace de vie mais aussi le lien qu'ils entretiennent avec ce même espace. Partant de là et en s'appuyant sur une démarche phénoménologique -- qui, à partir des faits rend compte des mobiles qui les ont préalablement déterminés -- nous pourrions établir le rapport que la population cible entretient avec le milieu naturel.

Sachant que le territoire cristallise toutes les intensions de développement, la contrainte posée par les risques hydrologiques peut enrayer cette dynamique d'autant plus que nous sommes en milieu urbain. Alors un territoire urbain à risque oblige nécessairement une gestion spécifique. C'est ainsi que la puissance publique chargée de garantir la sécurité et le bien être des collectivités doit s'employer à fixer des règles normatives (régime foncier, Plan d'occupation du sol, schéma directeur, permis de bâtir...) dont la visibilité spatiale témoigne du niveau de territorialisation des risques hydrologiques étudiés.

Dans le cadre de ce travail, on peut s'interroger sur le poids des décisions qui relèvent de la sphère politique sur l'évolution du territoire que nous étudions. Car de l'efficacité de ces mesures dépend la limitation des dommages causés par les inondations et les remontées de capillarité.

Au total tout territoire relève d'abord de l'idéel où des considérations idéologiques et des décisions politiques s'entremêlent pour produire une vision d'un objet identitaire qui s'inscrit aisément dans l'échelon local, régional, national  ou international.

Toujours selon la théorie de la formation socio - spatiale le territoire dans sa dimension géographique comporte une facette physique qui est le milieu naturel et une facette économique qui est l'espace produit (Leberre M., 1991).

Le milieu naturel est fait de ressources valorisables et, leur mise en valeur demeure tributaire des représentations et de la règlementation en la matière. Il est à souligner que l'abondance d'une ressource peut rendre un milieu moins attractif en raison du niveau de développement technologique ou des perceptions des groupes sociaux sensés le valoriser.

Ainsi on peut comprendre que notre zone d'étude aux sols hydromorphes (gorgés d'eau), soit considérée comme répulsive par certains (natifs et classe bourgeoise) et très attrayant pour d'autres (migrants et classes défavorisées). Force est de reconnaitre que ce milieu où plane les risques hydrologiques est une niche idéale pour les populations économiquement marginalisées, car loin de tout contrôle, elles peuplent des espaces à risques. De toute évidence les catastrophes qui découleront de l'occupation de l'espace à risque ne pourront logiquement être taxées de naturelles.

De ce constat nait le constructivisme, qui entrevoit le risque comme le fruit d'un construit social où le phénomène naturel n'est qu'un facteur et non une cause. Cette dernière doit être recherchée dans les représentations, les perceptions et les discours que le corps social tient sur le risque. Selon cette théorie les déterminants de la vulnérabilité de la société face aux risques s'expriment par les déterminants sociaux (héritage colonial, représentation symbolique, niveau de vie...) et même politiques (discours, actions, gestion...) Rebotier J., (2011).

Dans le cadre de cette étude nous prendrons en compte d'une part la perception du risque dans la zone d'étude et d'autre part les logiques et les pratiques des groupes sociaux face aux contraintes du milieu physique. Cela nous permettra d'apprécier le niveau de territorialisation des risques hydrologiques étudiés.

Ø Le structuralisme et l'individualisme méthodologique

Le structuralisme est développé par le linguiste Saussure (1916). Il sera repris et divulgué par l'ethno anthropologue Levi - Strauss C. (1950). Il se construit autour de l'idée que tout phénomène s'inscrit dans un système ou une structure selon des lois plus au moins explicites. Alors il suffit parfois de remonter à l'idée inconsciente qui dicte chaque phénomène pour obtenir un principe d'interprétation pouvant se généraliser à d'autre cas.

Cette théorie fait son apparition en géographie récemment. Elle considère « qu'une catégorie de faits doit être étudiée selon un ensemble organisé, structuré ». (Bailly A. et Al., 1997). Pour donner à cette théorie une force opérante, il serait primordial d'établir des « invariants, des fondamentaux qui ont une signification pour la connaissance des systèmes sociaux et spatiaux ». (Bailly A. et Al 1997). Ainsi l'analyse de la structure socio - économique du groupe évoluant sur l'espace étudié permettra d'avoir une idée sur le profil mental des populations de Nkolmintag, Nylon et Tergal. D'autres théories complètent celle du structuralisme.

La théorie de la praxis vient du néomarxiste Althusser (1965). Elle affirme qu'il y a une relation dialectique entre d'une part l'homme et la nature et d'autre part l'homme et l'environnement social. Ce paradigme voudrait que l'homme, en transformant la nature et l'environnement social par son travail, finisse par se transformer lui - même. Cela pourrait expliquer le fait que les populations de la zone d'étude, en viabilisant le milieu naturel et en exerçant une activité économique cherchent à s'arracher définitivement aux structures écotopiques (climat, inondations, maladies) et socio - économiques (pauvreté, marginalisation, classes) parfois oppressantes.

La théorie de l'habitus de Bourdieu P. (1979) correspond à une capacité acquise socialement par un individu et qui lui permet d'avoir la réaction immédiate et approprié à un environnement. Selon cette théorie bourdienne quand l'habitus est atteint, tous semble naturel à l'individu. Celui-ci peut alors effectuer des choix correctes c'est - à - dire ceux conformes à son ethos (la culture de son groupe). D'un point de vue géographique il s'agit simplement du degré d'appropriation de l'espace par un individu et des liens sociaux qui en découlent.

Selon certains auteurs, le structuralisme ou l'holisme conduit à de redoutables à priori. Pour eux les contraintes sociales présentes, agissent exclusivement sur les individus qui sont impliqués dans la relation « Intention - action », de ce fait un individu n'ayant pas « d'intentions » n'est soumis à aucune contrainte (Boudon R. et Al., 1982).

Il est donc important de s'intéresser aux « micro comportements »pour comprendre et expliquer certains phénomènes. En rapprochant cette théorie de notre sujet d'étude cela nous aidera à mettre en évidence les logiques individuelles des populations qui vivent dans la zone. On constate justement qu'en fonction des individus cet espace est choisi suivant une stratégie de lutte contre la pauvreté ; ou de recherche d'un logement individuel, ou encore de recherche de proximité par rapport au centre ville.

Toutes ces théories nous aideront à mettre en relation les phénomènes sociaux associés aux risques et les doctrines épistémologiques qui les expliquent

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand