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L'Unicef et la protection des enfants au sud-Kivu. Forces et faiblesses.

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par Ibrahim NGILA KIKUNI
Université Officielle de Bukavu (U.O.B.) - Licence en Relations Internationales 2012
  

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2. CHOIX ET INTERET DU SUJET

Le choix de ce sujet a été motivé par les exigences académiques voulant que l'on traite des sujets se rapportant aux interactions entre les acteurs des R.I. sur la scène internationale. Dans le cas d'espèce, nous avons voulu étudié les interactions entre la R.D.C. et l'UNICEF qui sont des acteurs des R.I. Notre sujet est donc intitulé « l'UNICEF et la protection des enfants au Sud-Kivu : forces et faiblesses ».

Il y a lieu de situer l'intérêt porté dans le choix de ce travail sur un double plan :

Du point de vue scientifique, d'abord, notre travail s'inscrit dans la logique d'une recherche appliquée. D'une part, elle constitue un effort de confrontation des théories et paradigmes dans la résolution des problèmes pratiques vécus par une population. Cela nous permet, dans le cas d'espèce, de contribuer objectivement à la résolution des problèmes liés à la protection des enfants dans la province du Sud-Kivu. D'autre part, nous avons envisagé, à travers ce travail, constituer une banque de données pour ceux qui désirent s'aventurer sur le terrain de recherche.

Au niveau personnel et social, ensuite, ce thème a attiré notre intellect du fait que nous avons été interpellé par les conditions de marginalité et d'abandon dans lesquelles vivent nombreux enfants dans la société sud-kivutienne qui, pourtant constituent une couche sociale vulnérable, à l'instar des femmes, des vieillards, des personnes vivant avec handicap, etc.

A travers cette étude, nous avons voulu apporter notre contribution à la compréhension des mesures tendant à atténuer les souffrances dont sont victimes les enfants. Cela passe par l'évaluation des actions entreprises par l'UNICEF, organe spécialisé du système des Nations Unies, qui, grâce à la coopération internationale, vient en aide aux Etats dans la protection des droits des enfants. Par leur pertinence, les recommandations qui découlent des analyses faites dans le cadre de ce travail, pourraient inciter tous les intervenants de prendre des dispositions utiles à l'amélioration effective des conditions des enfants dans la province du Sud-Kivu en particulier et dans la République Démocratique du Congo en général.

3. PROBLEMATIQUE ET HYPOTHESE

La question relative à la protection des enfants constitue un des goulots d'étranglement dans le développement de la province du Sud-Kivu. L'accroissement en nombre des enfants orphelins, abandonnés, séparés, affectés et/ou infectés du SIDA, des enfants de la rue et des enfants délinquants pose de graves problèmes quant à la gestion de leur situation par le gouvernement. Pourtant, dans la plupart des cas, il apparait que l'enfant est plus victime innocente qu'auteur de sa situation alors qu'en réalité il a besoin d'une protection spéciale et des soins appropriés.

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En effet, la nécessité d'assurer une protection efficace aux enfants sur tous les plans s'était faite ressentie suite aux conséquences néfastes de deux premières guerres mondiales. A l'issu de ces guerres, en fait, il a été constaté que les enfants, d'une manière particulière, étaient touchés par des effets négatifs dont ils étaient pourtant victimes innocentes. Il y a lieu de citer parmi ces effets la perturbation du système éducatif (suite à la destruction des infrastructures scolaires, à la séparation des familles, etc.), l'augmentation en nombre des enfants orphelins et abandonnés, des troubles psychologiques et du traumatisme chez les enfants ayant assisté au déroulement de la guerre, etc.

C'est dans cette optique, d'ailleurs, que les Etats du monde avaient reconnu la nécessité d'assurer une protection efficace aux enfants. Le 11 décembre 1946 l'organisation universelle avait procédé à la création d'un organisme spécialisé devant se charger de la protection des enfants, l'UNICEF. Mais, c'est en grande partie grâce à une Anglaise, Eglantyne JEBB, que les droits de l'enfant bénéficient d'une reconnaissance juridique internationale. Elle crée en 1919 l'association Save the Children Fund pour remédier à la misère que connaissent des milliers d'enfants européens au lendemain de la première guerre mondiale. Ses ambitions dépassent le simple apport de secours immédiats, et en 1920, elle va vivre à Genève pour y former l'Union Internationale de secours aux enfants (qui deviendra par la suite l'Union internationale de protection de l'enfance). En 1924, la Société des nations adopte la Déclaration de Genève des droits de l'enfant, dont l'avant-projet a été rédigé par l'Union Internationale de protection de l'enfance. La déclaration énonce le droit des enfants à un développement matériel, moral et spirituel ; à recevoir de l'aide lorsqu'ils ont faim, sont malades, handicapés ou orphelins ; à être les premiers à recevoir des secours en cas de difficultés ; à être protégés contre l'exploitation économique ; et à recevoir une éducation qui leur inculque un sentiment de responsabilité vis-à-vis des autres.6 De même, il fut reconnu l'obligation de protéger l'enfant dans les statuts des autres institutions spécialisées de l'ONU et ceux des organisations internationales qui militent pour le bien-être de l'enfant dans le monde ainsi que dans la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme du 10 décembre 1948 dont l'article 25 stipule : « La maternité et l'enfance ont droit à une protection, à une aide et à une assistance spéciales. Tous les enfants, qu'ils soient nés dans ou hors mariage jouissent d'une protection de la même manière. Il faut lutter contre les maladies chez l'enfant car il est un être vulnérable et défavorisé ».7

6 UNICEF, La situation des enfants dans le monde. L'enfance en péril, New York, 2005, p. 2.

7 Article 25 de la D.U.D.H. du 10 décembre 1948.

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Par ailleurs, le préambule de la Déclaration des droits de l'enfant adoptée et proclamée par l'Assemblée Générale de l'ONU le 20 novembre 1959 affirme que l'enfant, en raison de son manque de maturité physique et intellectuelle, a besoin d'une protection juridique appropriée avant comme après la naissance. L'article 42 de la convention relative aux droits de l'enfant du 20 novembre 1989 invite les gouvernements des Etats à faire connaitre les droits de l'enfant et d'en assurer le respect par des mesures législatives et autres adaptées progressivement à l'application des principes contenus dans ladite convention. En 1990, le Sommet mondial pour les enfants a lieu à New York. Il réunit 71 chefs d'Etat et de gouvernement. Les dirigeants signent la Déclaration mondiale en faveur de la survie, de la protection et du développement de l'enfant, ainsi qu'un plan d'action pour l'application de la Déclaration, dans lequel sont énoncés des objectifs à atteindre au plus tard en l'an 2000.

En 1994, l'Année internationale de la famille réaffirme que les programmes devraient soutenir les familles dans leurs fonctions d'encadrement et de protection des enfants, au lieu de fournir des substituts à ces fonctions. En 1999, la Convention concernant l'interdiction des pires formes de travail des enfants et l'action immédiate en vue de leur élimination (Convention n°182 de l'OIT) est adoptée.

En 2000, les Objectifs du Millénaire pour le développement (ONU) comprennent des objectifs précis relatifs aux enfants, visant notamment à réduire de deux tiers le taux mondial de mortalité des enfants de moins de cinq ans et à parvenir à l'enseignement primaire universel pendant la période allant de 1990 à 2015. L'Assemblée générale des Nations-Unies adopte deux protocoles facultatifs à la convention relative aux droits de l'enfant, l'un concernant l'implication d'enfants dans les conflits armés et l'autre la vente d'enfants, la prostitution des enfants et la pornographie mettant en scène les enfants. En 2002, l'Assemblée Générale des Nations-Unies tient une Session extraordinaire consacrée aux enfants, au cours de laquelle elle examine spécifiquement, pour la première fois de son histoire, les questions concernant les enfants.8

Convaincu que la situation des enfants ne fait que s'aggraver au pays, le gouvernement de la R.D.C. a initié l'organisation régulière des enquêtes nationales sur la situation des enfants et des femmes. D'une manière globale, ces enquêtes ont visé à améliorer le respect des droits de l'enfant ; améliorer la pertinence des politiques et programmes en faveur des enfants et des femmes ; augmenter les allocations des ressources et des financements en faveur des enfants et des femmes ; mieux faire connaitre la situation des enfants et des

8 UNICEF, op.cit., p. 2.

9 UNICEF, Enquête nationale sur la situation des enfants et des femmes MICS2 /2001, Rapport d'analyse R.D.C., Ed. UNICEF, juillet 2002, p.4.

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femmes en R.D.C.; suivre les indicateurs sociaux relatifs au bien-être des enfants et des femmes en R.D.C. ; renforcer les capacités individuelles et institutionnelles en matière de recherche socio-économique concernant les enfants et les femmes.9 Il a aussi publié, en 2009, une loi visant à renforcer les mesures de protection des droits de l'enfant sur toute l'étendue du territoire national. Il s'agit de la loi n°09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de l'enfant en R.D.C. Soutenant les initiatives gouvernementales dans ce domaine, l'UNICEF a aussi initié une multitude d'actions en faveur des enfants congolais. Il publie en outre, chaque année, des rapports sur la situation des enfants dans le monde en vue de jeter un coup d'oeil sur l'état des enfants et de proposer des pistes de solution pour améliorer leur situation.

Malgré tous les efforts fournis par les différents acteurs, le constat demeure amer. La situation des enfants demeure catastrophique dans la province du Sud-Kivu comme sur presque tout le territoire national congolais. Cet état des choses prouve combien les problèmes liés à la protection des enfants se posent encore avec acuité. Ce qui nous pousse à nous poser la question suivante en guise de problématique : Quelles seraient les implications de l'intervention de l'UNICEF dans la protection des enfants au Sud-Kivu ?

En guise d'hypothèse, la réponse suivante peut être formulée à la question ci-haut posée : nous estimons que l'intervention de l'UNICEF dans la protection des enfants au Sud-Kivu n'aurait pas d'implications positives parce qu'il se constaterait une certaine stagnation, et peut-être même une aggravation de la situation des enfants dans cette partie du pays. Cette aggravation se remarquerait, par exemple, par l'augmentation des cas d'enfants dans la rue, d'enfants en conflit avec la loi, d'enfants en situation particulièrement difficile, etc., ce qui remettrait en cause l'efficacité de l'intervention de l'UNICEF dans la protection des enfants au Sud-Kivu et justifierait une nécessité de révision des mécanismes et stratégies d'intervention de cet organisme spécialisé des Nations Unies.

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