§2. La prise des mesures efficaces pour la
connaissance et la reconnaissance des D.E. par
tous au Sud-Kivu
La protection efficace des enfants au Sud-Kivu n'est possible
que si les droits de l'enfant sont connus et reconnus par les gens qui doivent
en assurer une protection effective.
En effet, les droits de l'enfant devraient être connus
pour être reconnus. Ainsi donc, des sensibilisations plus intenses
seraient susceptibles d'assurer une vulgarisation à grande
échelle des droits de l'enfant en vue de leur connaissance et leur
reconnaissance. La connaissance suppose la maitrise du la matière et des
principes contenus dans les instruments juridiques, alors que la reconnaissance
est le fait d'être convaincu que les droits consacrés par ces
instruments s'imposent dans leur application.119 Ainsi, des
techniques visant à atteindre tout le monde dans le cadre de la
sensibilisation sur les droits de l'enfant seraient appropriées, en
l'occurrence des affiches, des émissions régulières
médiatisées sur les D.E., l'insertion des notions d'enseignement
sur les D.E. à partir de l'école primaire et au secondaire dans
toutes les orientations confondues, des campagnes de sensibilisation sur les
D.E., etc. Le fait d'accorder une importance particulière aux services
de protection des enfants ainsi qu'à la célébration des
journées commémoratives des D.E. contribuerait également
à une connaissance puis à une reconnaissance des D.E. au
Sud-Kivu.
A ce sujet, il importe d' « informer et de sensibiliser
les enfants et les femmes sur leurs droits ; de renforcer la prise de
conscience sur l'obligation de respecter les droits des enfants et des femmes ;
de sensibiliser la communauté et de l'impliquer dans la protection des
D.E. et
118 M. MBONEKUBE, op.cit.
119 F. MULINDILWA, op.cit.
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des femmes et dans la lutte contre toutes formes de violences
et d'abus sur ces catégories ; de favoriser la culture de
dénonciation des violations des droits et sensibiliser la
communauté à briser le silence ».120
Par ailleurs, l'on doit plutôt s'attaquer aux causes de
cette situation et non à ses conséquences. Il serait donc mieux
de contrôler les naissances. L'irresponsabilité des parents (qui
mettent trop au monde sans moyens de subvenir aux besoins des enfants) serait
une des causes majeures des problèmes liés à la protection
des enfants au Sud-Kivu.121Il faut donc « développer une
capacité de prévention, étant donné que les moyens
sont souvent insuffisants pour la gestion des crises »122.
Ainsi, il faut que le gouvernement améliore le niveau des salaires et
les paye régulièrement.123 Ceci n'est possible que
grâce à la preuve d'une volonté politique et d'une
détermination ferme de la part du gouvernement provincial notamment par
la disponibilisation d'importants moyens et par la lutte contre
l'impunité. La RDC en général fait en effet, l'objet d'une
honte publique internationale124par le fait qu'il ne respecte pas
les droits de l'homme et notamment les droits de l'enfant, d'où il est
qualifié d'un nouveau Etat au regard de la considération selon
laquelle les nouveaux Etats sont ceux caractérisés par le
non-respect des droits de l'homme.125 Le fait que « la RDC a
connu des violations des droits de l'homme les plus fortes en 2008
»126 corrobore cette affirmation.
D'où, pour palier à cette situation, nous
marions les idées selon lesquelles il faut « prévenir les
conflits en s'attaquant aux causes sous-jacentes de la violence et de la
pauvreté, et en investissant davantage dans les efforts de
médiation et de règlement des conflits ; améliorer la
surveillance et la signalisation des violations des droits de l'enfant en
période de conflit ; mettre fin au recrutement d'enfants soldats par
l'accélération (de l'adoption et) de l'application du protocole
facultatif de la Convention de Genève relative aux droits de l'enfant
concernant l'implication d'enfants dans les conflits armés
».127
120 Ministère du plan, Analyse de la situation
des enfants et des femmes (ASEF), Ed. de l'UNICEF, Kinshasa,
décembre 2003, pp. 117-118.
121 L. LUKWANGOMO, op.cit.
122 K. NGUWAY KPALAINGU, Docteur en Relations
Internationales, Entretien, Bukavu, avril 2012.
123 Ministère du plan, op.cit., p. 60
124K. NGUWAY KPALAINGU, op. cit.
125 J. NSABUA TSHIABUKOLE, op. cit.
126 PNUD, op. cit., p. 191
127 UNICEF, La situation des enfants dans le monde.
L'enfance en péril, New York, 2005, p. 39
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§3. L'appui aux autres structures (associations
et ONG locales) de protection des enfants Nous suggérons au
gouvernement en particulier, d'appuyer les différentes ONG
locales qui constituent des cadres proches dont les actions
sont susceptibles de contribuer à l'amélioration de la situation
des enfants au Sud-Kivu. Ceci puisque « les activités de protection
de l'enfance nécessitent beaucoup plus des travaux de terrain et des
techniques appropriées avec des moyens importants et un personnel
formé capable de travailler avec et pour les enfants
».128 Pratiquement, le gouvernement doit financer ces ONG et
créer (ou renforcer) un cadre de collaboration avec elles en dehors de
la division des affaires sociales et celle du genre, famille et enfant en vue
de monter des politiques d'action capables de faire face aux problèmes
liés aux enfants en province du Sud-Kivu. Le parlement d'enfants serait
peut-être mieux placé à ce sujet. Beaucoup de projets en
matière de P.E. échouent peut-être puisque
élaborés dans des bureaux par des personnes prétendant
connaître les réels problèmes des enfants, alors qu'en
réalité ils n'en connaissent pas grand-chose. Pourtant, tout
projet de développement est un travail de terrain (et non de bureau), et
son élaboration doit tenir compte des besoins réels des
bénéficiaires, lesquels besoins sont identifiés par des
travaux de terrain. C'est pour cette raison qu'il convient de définir et
évaluer la pauvreté des enfants car « ...les interventions
à mener doivent se fonder sur la façon dont les enfants vivent la
pauvreté ».129En ce sens, il conviendrait d' «
impliquer la société civile dans le processus de vulgarisation
des droits »130 et de lui accorder des moyens
nécessaires pour ce fait. Non seulement la société civile,
mais également d'autres structures susmentionnées. Par ailleurs,
nous ne devons pas ignorer que la famille constitue une structure importante de
protection de l'enfance et « constitue même la première ligne
de défense des enfants »131. C'est ainsi que nous
appuyons l'idée selon laquelle la promotion de la famille132
dans le cadre de la lutte contre la pauvreté contribuerait à
l'amélioration de la situation des enfants au Sud-Kivu.
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