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Jeux, enjeux et contraintes des grandes puissances au cours du printemps arabe. Le cas des membres du CSNU.

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par Ange Joachim MENZEPO
Université de Dschang-Cameroun - Master en Sciences politiques 2015
  

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B. Sauvegarde de ses partenariats par la Russie.

La Russie entend, au cours du printemps arabe, sauvegarder ses partenariats. Ils sont de deux ordres, partenariat pour un développement économique (1) et partenariat économique (2).

1- La préservation de son partenariat de développement économique avec les Etats-Unis et l'Europe occidentale.

Il convient de rappeler avec A. WENDT que « personne ne peut nier que les Etats agissent sur la base des intérêts tels qu'ils les perçoivent, ni même que ces intérêts sont souvent égoïstes »664(*). Au premier abord, la préservation du partenariat de la Russie avec les Etats-Unis est ce qui caractérise l'ambivalence notée dans l'attitude des Russes. Cette ambivalence est observable dans la fermeté du premier ministre V. POUTINE et dans la souplesse du président D. MEDVEDEV.

En effet, MEDVEDEV pense au développement de la Russie665(*). Sa position s'explique clairement par cette idée. En s'abstenant lors du vote de la résolution 1973 sur l'intervention militaire en Libye au lieu de la bloquer par son véto, Moscou évite de compromettre ses liens avec les Etats-Unis et l'Europe occidentale. Mark N. KATZ écrit à propos que, « cette manoeuvre diplomatique montre à la fois le malaise que génère à Moscou une intervention militaire étrangère et le souci du Kremlin de conserver de bonnes relations avec les Etats-Unis et l'Europe »666(*). Deux facteurs cruciaux sont à l'origine de cette prise de position courageuse : le besoin urgent de la Russie d'accélérer sa modernisation économique avec l'aide de l'Occident et le succès relatif de la « remise à zéro » de ses relations avec les Etats-Unis667(*). Il faut rappeler que « la Russie n'est plus une grande puissance et ne le redeviendra pas dans un avenir prévisible »668(*). Aussi, « les dirigeants tiennent un discours de la renaissance de la puissance »669(*). Et pour y parvenir le critère de puissance prioritairement choisi est le critère économique.

La Russie cherche donc à tisser des relations plus étroites avec les pays en mesure de l'aider dans son projet de modernisation économique. Les Etats-Unis se trouvent en tête de liste en raison de leurs prouesses technologiques et de la qualité de leurs universités. Une commission a d'ailleurs vu le jour, la commission OBAMA-MEDVEDEV (plus connue sous le nom officiel de Commission bilatérale présidentielle russo-américaine) constituée en juillet 2009 lors du sommet de Moscou. Bien que le choix de l'abstention sur la résolution 1973 soit extrêmement controversé au sein de l'élite politique russe, le président MEDVEDEV, par cette décision, indique clairement la nouvelle orientation qu'il entend donner à son pays670(*), à savoir la marche vers la modernisation économique.

Dans un jeu de balancier au sujet de l'intervention en Libye entre condamnation par le Premier Ministre s'inscrivant dans la tradition russe et indifférence du Président s'inscrivant dans la logique de la nouvelle dynamique qu'il entend impulser, il apparait clair que pour couper la poire en deux, la Russie se devait d'afficher une position de neutralité ainsi, advienne que pourra, afin de sauvegarder ses intérêts dont celui de l'essor économique. La Russie a en effet cherché avant tout à protéger ses intérêts dans la région671(*). Elle n'a pas manqué de sauvegarder les partenariats économiques déjà existant, dans un élan de conservation des acquis.

2- La conservation de ses acquis économiques.

La conservation des acquis est l'autre pan des enjeux économiques des actions des grandes puissances.

Dans cet ordre d'idées, la Russie tient son compte. Elle ne pouvait pas intervenir dans le printemps arabe parce que ses intérêts étaient menacés, surtout en Libye. L'enjeu de sa non intervention n'était autre que la conservation de son marché, la protection de ses partenariats, la garantie de la bonne santé de son économie.

Assurément, la guerre fait perdre à la Russie 4,5 Milliards $ de transactions d'armes avec la Libye672(*). Cet argent nourrit l'industrie de la défense et sert les intérêts égoïstes des leaders russes qui l'utilisent quelques fois pour leur caisse noire. Aussi, la Russie a reçu de KADHAFI une base navale à Benghazi673(*).

De même, la Libye est importante dans la stratégie énergétique de la Russie. Ceci se présente comme un enjeu économique au second degré d'analyse en ceci qu'il n'induit pas des dividendes immédiates mais après transformation de cette matière première qu'est le pétrole. Juste avant la révolution, elle a signé un accord avec la compagnie italienne ENI afin d'obtenir la moitié des 66% d'intérêts de ENI sur le géant pétrolier libyen Elephant Oilfield674(*). Cet accord comporte pour la Russie un objectif majeur qui est la consolidation de sa position dans le réseau de gaz de l'Afrique du Nord.675(*)

Son accord avec ENI pour le développement de la Sibérie serait ruiné par le succès de la révolution, c'est pourquoi la Russie critique les agissements de l'OTAN. En plus, le bénéfice d'une grosse emprise sur le ravitaillement de l'Europe en gaz passe par le gain d'une grosse emprise sur le gaz nord-africain notamment libyen et algérien676(*).

La Russie a aussi besoin de cet apport du gaz libyen pour les besoins de consommation interne afin de soutenir GASPROM, la multinationale russe677(*). Finalement la Russie n'avait aucun intérêt à ce que le régime libyen soit remplacé. GASPROM nécessite plus de capitaux étrangers678(*). Ces capitaux étaient fournis grâce à des accords passés avec le colonel KADHAFI.

Egalement, la crise libyenne fait peser la menace de la chute du coût du pétrole, ce qui serait d'un impact très désastreux sur le budget de la Russie. Le ministre des finances l'a souligné, « le budget connaitra un déficit si le coût du pétrole va en dessous de 120$ le baril »679(*).

Pareillement, sous un autre angle, la Russie a craint d'intervenir en raison de la menace que fait peser le printemps arabe sur les pays de l'Asie centrale, lesquels sont des partenaires de choix pour le fonctionnement de l'économie russe. Le président MEDVEDEV le relève lorsqu'il affirme : « ces révolutions concernent la Russie et ses partenaires d'Asie centrale »680(*). Il redoute la domination des talibans en Afghanistan, ce qui pourrait être un opium pour l'expansion de la crise dans cette partie du globe, situation qui viendrait plomber l'économie russe.

Pour la prévenir, Grégory KARASIN, le vice-ministre des affaires étrangères a invité les gouvernements de ces Etats à opérer des réformes envisageant la paix interreligieuse, la responsabilité des gouvernants d'assurer le bien être des populations681(*).

Cet acharnement économique à défendre des parts déjà acquises ou à conquérir de nouvelles parts de marchés est très visible chez les puissances moins actives. Pour les puissances très actives, les enjeux économiques sont davantage perceptibles au deuxième degré de lecture. Ils sont marqués par la quête du pétrole qui est davantage un enjeu stratégique à l'instar de plusieurs autres poursuivis au cours du printemps arabe.

* 664 A. WENDT cité par BATTISTELLA (D.), op. cit., p. 282.

* 665 Source : ROUSSEAU Richard, «World affairs in the 21st century», GLOBAL BRIEF, 21 April 2011.

* 666 KATZ (M.N.) op.cit., p. 70.

* 667 ROUSSEAU (R.) op.cit.

* 668 MENDRAS Marie, « La Russie en mal de politique étrangère », Pouvoirs - 88, 1999, p. 107.

* 669 Ibid.

* 670 ROUSSEAU (R.) op.cit.

* 671 KATZ (M.N.) op.cit., p. 68.

* 672 BLANK (S) op.cit.

* 673 Ibid.

* 674 BLANK (S) op.cit.

* 675 Ibid.

* 676 Ibid.

* 677 Ibid.

* 678 Ibid.

* 679 Alexei KUDRIN cité par BLANK (S) op.cit.

* 680 Dimitri MEDVEDEV cité par BLANK (S) op.cit.

* 681 BLANK (S) op.cit.

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